Archives du blog AKB – 2007

Paix au Kurdistan

Le Parlement turc a donné un feu vert pour mener des incursions en Irak et « nettoyer » les camps des quelques 3.500 combattants kurdes établis dans le nord de l’Irak.

La Turquie qui dispose de la deuxième armée de l’Otan, après les Etats-Unis, a massé plus de 100.000 hommes à la frontière et son aviation bombarde quotidiennement les zones frontalières.

La guerre serait catastrophique pour la Turquie toute entière, plongerait l’Irak dans le chaos et déstabiliserait tout le Moyen Orient

Déjà la répression anti-kurde s’amplifie et les appels à la haine se traduisent par des manifestations violentes même en Europe. Aux procès déjà engagés contre 53 maires kurdes (dont ceux de Diyarbakir et Hakkari) s’ajoutent des procédures lancées contre les cadres du parti pro kurde DTP (Parti pour une Société démocratique) et leurs députés au motif qu’ils refusent de déclarer « terroriste » les membres du PKK et qu’ils ont œuvré pour la libération des soldats turcs faits prisonniers dans un affrontement armé avec les forces rebelles.

L’escalade continue avec l’incarcération de ces huit soldats arrêtés puis écroués par un tribunal militaire de Van qui les accuse de manquements graves à la discipline militaire et même de désertion.

D’autre part, l’armée turque a établi six zones de sécurité militaire temporaires à proximité de la frontière irakienne, dans les départements de SIIRT, SIRNAK et HAKKARI, auxquelles l’accès est interdit et les déplacements sont formellement déconseillés dans 11 départements : HAKKARI, SIRNAK, SIIRT, VAN, BITLIS, MUS, BATMAN, DIYARBAKIR, BINGOL, ELAZIG et TUNCELI.

Au chef des armées turques qui a déclaré qu’il n’est pas encore trop tard pour une opération militaire contre les repaires des rebelles, répondons par “Il n’y a pas de solution militaire à la question kurde.” Les bases de la négociation sont connues de tous, belligérants, partis politiques, syndicats, associations des droits de l’homme, gouvernements et institutions, européennes et internationales.

  • Reconnaissance dans la Constitution turque de l’identité kurde et des droits culturels, linguistiques et politiques qui s’y rattachent (enseignement et médias en langue kurde, liberté de créer associations et partis politiques kurdes…)
  • Amnistie générale pour tous les prisonniers politiques et tous les militants du PKK comme pour les militaires turcs impliqués dans les massacres contre les Kurdes, afin de tourner définitivement le long et douloureux chapitre de la guerre et de la violence.
  • Aide à la reconstruction de près de 4000 villages kurdes détruits par l’armée et au retour dans leur foyer de plus de deux millions de Kurdes déplacés.

Le seul moyen de mettre un terme à un conflit qui dure depuis des décennies est de reconnaître aux Kurdes de Turquie leurs droits politiques et culturels, conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté par l’assemblée générale des Nations Unies et ratifié par 154 Etats.

Non à la guerre

Paix au Kurdistan

Amitiés kurdes de Bretagne, MRAP, Maison Internationale de Rennes,  Mouvement de la Paix, CIMADE, Amnesty International – Rennes

LES KURDES VEULENT LA PAIX

Ils l’ont crié dans les rues de Rennes

Samedi dernier, 10 novembre, les Kurdes de Rennes et de Bretagne, ont manifesté leur inquiétude face à la vague de violence anti kurde qui se développe en Turquie et qui commence à se propager en Europe.

Ils ont dénoncé la politique turque qui envoie 100.000 soldats sur la frontière du Kurdistan irakien et dont l’aviation bombarde quotidiennement les zones frontalières dans le but de briser la résistance kurde en lutte pour la reconnaissance de droits légitimes.

Le seul moyen de mettre un terme à un conflit qui dure depuis des décennies est de reconnaître aux kurdes de Turquie leurs droits politiques et culturels

a déclaré leur porte parole.

Sur des pancartes, on pouvait lire « Peuple turc, peuple kurde : liberté, égalité, fraternité », « Solution politique pour le Kurdistan, vive la Paix », « Les aveux sous la torture continuent en Turquie ».

Nombre banderoles et drapeaux témoignaient également du soutien des manifestants au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et à leur leader, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 8 ans et dont l’état de santé est un grave sujet d’inquiétude.

Résistance kurde : elle est légitime

La résistance kurde est légitime mais elle dérange. Elle trouble la quiétude du monde occidental qui croyait avoir réglé le problème avec les accords de Lausanne du 24 juillet 1923 dont les bénéficiaires furent les Britanniques, les Français et les Turcs.

On croyait que les Kurdes, ces « Turcs des montagnes » allaient se laisser assimiler. On avait oublié que ce peuple, l’un des plus anciens de Mésopotamie, vivant principalement de l’élevage, allait, lors des plus noires périodes de son histoire, se réfugier « dans la montagne », gardant ainsi sa langue, ses coutumes et son identité, alors que les classes marchandes et l’élite intellectuelle pactisaient avec l’envahisseur.

Dans la fable de La Fontaine, le peuple kurde aurait été plutôt roseau que chêne : « il plie mais ne rompt pas », malgré toutes les révoltes qui se terminèrent dans le sang. Pauvres Kurdes ! Ils étaient sympathiques parce que battus, et battus parce que qu’ils étaient divisés, comme nos sympathiques Gaulois qui subirent la dure loi de la « pax romana ». Mais, fait nouveau, depuis 1984, une rébellion est née sous l’impulsion d’un chef charismatique, Abdullah Öcalan ! Et oui, et même s’il nous dérange, il est le leader d’un mouvement, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui, depuis plus de vingt ans, revendique, les armes à la main, des doits culturels et politiques pour le peuple kurde. Tous les observateurs auraient dû remarquer que ce mouvement, isolé sur la scène internationale, qui ne comporterait que 3 à 4000 combattants, devrait être depuis longtemps anéanti s’il ne bénéficiait pas d’un large soutien populaire.

Öcalan, même condamné à la prison à vie et croupissant misérablement dans les geôles turques depuis 1999, dérange encore parce qu’il reste la tête pensante qui conduit une politique intelligente en tenant compte des évolutions dans le monde : oui, il a fait évoluer les revendications kurdes identitaires en ne remettant plus en cause les frontières existantes, malgré leur caractère inique, mais en faisant admettre qu’un même peuple peut vivre sur plusieurs pays et que plusieurs peuples peuvent également vivre au sein d’une même nation, pour peu qu’elle leur reconnaisse leur identité et qu’elle leur garantisse des droits culturels et politiques. C’est ce qu’on nomme aussi le fédéralisme.

Mais Öcalan, avec sa grosse moustache, ses discours redondants, son langage fleuri et ses contrepieds énerve les esprits cartésiens, trouble le jeu de la diplomatie occidentale et déstabilise la Turquie kémaliste pour qui la nation ne peut se concevoir qu’unitaire dans la « turquitude » :

heureux celui qui peut se dire turc.

La rébellion fut donc d’abord accusée d’être séparatiste, puis marxiste-léniniste et enfin terroriste.

Séparatiste, elle le fut mais cette revendication n’est plus d’actualité, sauf dans les procès intentés aux militants de partis politiques pro-kurdes ou aux maires kurdes accusés d’être « en collusion avec une organisation illégale séparatiste ». la deuxième accusation, celle d’être un parti marxiste, fait peur encore aujourd’hui, et pourtant, il n’en fut rien si j’en crois Bernard Dorin, Ambassadeur de France :

Le PKK a brandi la bannière du marxisme-léninisme, non pas que la population kurde de Turquie soit communiste, ni même les chefs du PKK, mais pour une raison géostratégique,

ajoutant qu’ Abdullah Öcalan et l’état-major du PKK avaient misé sur le soutien de l’URSS pour mener à bien leur lutte armée, mais

ce calcul politique n’a pas été judicieux car le soutien de Moscou n’est jamais venu.

L’organisation très stricte et les méthodes, parfois brutales, qu’on peut désapprouver, voire condamner, furent moins le fruit d’une idéologie « totalitaire » que la résultante découlant des contraintes de la lutte armée et clandestine.

Comme toutes les luttes armées, celle-ci cessera d’être « terroriste » lorsqu’elle aura remporté la victoire. Qui se souvient que Ben Gourion était « terroriste », que Bourguiba, Ben Bella, Nelson Mandela, étaient « terroristes », que Jean Moulin était « terroriste », sans oublier Guy Môquet, fusillé à 17 ans ? Mais les attentats du 11 septembre 2001 et les peurs qu’ils ont engendrées ont amené les Etats-Unis et l’Union européenne à dresser la liste des organisations terroristes et, de crainte d’en oublier une seule, ils ont décidé de ratisser large. La Turquie s’est trouvée confortée dans sa politique répressive et s’est enfoncée dans une impasse idéologique dont elle espère se sortir par la fuite en avant. Elle en appelle à la rue, avec la complicité d’une presse déchaînée, et ses organisations extrémistes tentent d’organiser des véritables pogromes anti-kurdes non seulement dans les grandes villes de Turquie mais aussi à Bruxelles, à Berlin et même à Salzbourg, en Autriche. Ses communiqués de victoire cachent mal son incapacité à vaincre.

Pourtant chacun connaît les termes d’un règlement politique qui mettrait un terme au conflit et que rappelle Kendal Nezan dans « Libé » datée du 29/10 :

  • Reconnaissance dans la Constitution turque de l’identité kurde et des droits culturels, linguistiques et politiques qui s’y rattachent (enseignement et médias en langue kurde, liberté de créer associations et partis politiques kurdes……)
  • Amnistie générale pour les militants du PKK et pour les militaires turcs impliqués dans les massacres contre les Kurdes, pour tourner définitivement le long et douloureux chapitre de la guerre et de la violence.
  • Aide à la reconstruction de plus de 3 000 villages kurdes détruits par l’armée et au retour dans leur foyer de plus de deux millions de Kurdes déplacés.

J’ajouterai que seule l’organisation qu’on qualifie de « terroriste » est prête à ouvrir ces négociations et a montré périodiquement sa volonté d’aboutir à un accord politique en décrétant unilatéralement des cessez-le-feu que la Turquie rejette toujours avec dédain :

on ne traite pas avec des terroristes.

André Métayer
Rennes le 30 octobre 2007

La Turquie sur le sentier de la guerre: la démocratie en danger

Il s’est passé, dimanche 21 octobre, quelque chose de très grave dans la région de Hakkari, près de Daglica, dans la zone montagneuse qui sert de frontière entre la Turquie et l’Irak.

Au travers des communiqués contradictoires de l’armée turque, relayés par les médias turcs et les agences de presse internationales, et ceux du service de presse des HPG, forces armées du PKK, ignorés des médias et des agences, il est difficile de savoir qui a commencé et qui a résisté, mais peu importe, les faits sont là et, quatre jours après le feu vert donné par le parlement turc à l’armée pour entrer en Irak, des affrontements violents ont eu lieu au point de créer une agitation importante en Turquie et dans toutes les chancelleries des pays de la Région et des grandes puissances internationales. Beaucoup d’intérêts stratégiques, politiques et financiers se télescopent et les Etats Unis, par exemple, a successivement recommandé de la retenue à la Turquie et fait état de l’éventualité d’une opération militaire conjointe. Il en est de même de la position des institutions européennes qui, après avoir désavoué, mollement, il est vrai, la Turquie, « condamne fermement le terrorisme du PKK, ». La guerre psychologique fait rage où chacun souffle le chaud et le froid. Les dépêches se succèdent, depuis 3 jours, à une cadence effrénée dont il est difficile de tirer des conclusions.

Les pertes en vie humaines subies par l’armée turque auxquelles s’ajoutent un fait sans précédent – deux officiers et 6 soldats ont été faits prisonniers – ont effrayé la Communauté internationale et porté un coup au moral en Turquie au point de conduire son gouvernement à interdire la diffusion de programmes à « l’impact négatif sur l’ordre public et le moral (…) en donnant l’impression d’une faiblesse des forces de sécurité ».

L’opinion, excitée par les médias et les forces ultranationalistes, se déchaîne et les Kurdes craignent pour leur vie : on parle de lynchage dans certaines villes de Turquie et …à Bruxelles où les « loups gris » ont pris à partie un journaliste de la gauche turque. On peut donc avoir aussi des craintes fondées concernant la situation de toutes les démocrates turcs, minoritaires, malheureusement, qui refusent l’affrontement militaire et militent en faveur de la négociation politique. La répression guette tous les militants du parti légal pro kurde, le DPT, à commencer par les responsables locaux et régionaux, les maires et surtout les députés, déjà menacés ou poursuivis.

De très fortes pressions sont exercées sur les Kurdes d’Irak pour qu’ils se désolidarisent des forces kurdes du PKK mais l’unité et la solidarité entre Kurdes prévaut pour l’instant, et les Kurdes de la diaspora se remobilisent aussi.

Le PKK, dont on sait maintenant qu’il est capable de porter la guerre en Turquie, offre une nouvelle fois un cessez le feu aussitôt rejeté par la Turquie qui ne veut pas traiter avec les « terroristes » et qui prend ainsi le risque et la responsabilité de l’escalade de violence. « La Turquie n’hésitera pas à payer le prix, quel qu’il soit, » a déclaré à l’avance le président Gül. Il est à prévoir qu’elle ne se battra pas pour récupérer ses soldats aux mains des forces HPG qui sont traités comme des prisonniers de guerre, selon les conventions de Genève que le PKK a signées, ce qui n’empêche pas la Turquie, les Etats-Unis et l’Union Européenne, de considérer le PKK comme une organisation terroriste.

Le moins qu’on puisse dire est que la Communauté internationale n’aide pas la Turquie à trouver la voie de la raison et la voix du ministre français des Affaires étrangères semble bien esseulée. Bernard Kouchner a, en effet, d’après une dépêche de l’Associated Press du 21/10, fait le rapprochement entre cette attaque et l’adoption, quatre jours plutôt, par le parlement turc d’une motion autorisant l’armée à pénétrer en territoire du nord de l’Irak et a appelé « une fois de plus à la retenue », ajoutant que « la situation était extrêmement dangereuse », et que « l’aggravation de la tension était lourde de menaces dans une région déjà très instable » :  » n’y a pas de solution militaire à ce problème » a conclut Bernard Kouchner en précisant qu’il connaît le dossier « depuis très longtemps ». C’est aussi l’opinion de Kendal Nezan, Président de l’Institut kurde de Paris, qui déclare dans « l’Orient, Le Jour » (22/10) : « il n’y a pas de solution militaire à la question kurde en Turquie parce qu’il s’agit d’un problème éminemment politique. « … »Les Kurdes demandent la reconnaissance de leur identité, des écoles et des médias dans leur langue ». Ce sont donc des questions qui doivent être traitées d’une manière politique »…. » Depuis 1984, la Turquie a mené une vingtaine d’incursions dans le Kurdistan irakien sans jamais aboutir à des résultats. Les dirigeants turcs sont conscients de cette situation, mais ils sont dans une impasse idéologique qui ne leur permet pas de remettre en cause un nationalisme qui ne reconnaît pas l’existence des Kurdes »;

Qu’est-ce qui pourrait faire reculer la Turquie ? se demande le journal « Le Monde ».

La réponse est dans la cohésion d’une Communauté internationale qui parlerait fermement d’une seule voix : la Turquie ne connaît que le rapport de force.

Oui, la Turquie, sur le sentier de la guerre, est une menace pour la démocratie.

André Métayer

Rennes le 23 octobre 2007

Coups tordus et gesticulations : la Turquie est isolée

Le mitraillage d’un minibus du 29 septembre dernier à Hemka, sur la commune de Beytüşebap (province de Şirnak), avait été, malgré les protestations kurdes, immédiatement attribué aux « terroristes » du PKK par les autorités turques, les média turcs et même la presse internationale. Seul, »Libé » émettait un doute : ne s’agirait-il pas plutôt d’une vengeance locale ou d’une provocation ?

L’hypothèse d’un « coup tordu » qui consiste à faire endosser par l’adversaire un méfait voulu, permis ou couvert, est avérée mais n’intéresse plus personne car l’objectif est atteint : l’opinion a condamné le PKK et a poussé le Parlement à la faute.

Les habitants de Hemka, qui avaient été chassés en 1993 pour avoir refusé de devenir protecteurs de village, n’avaient pu revenir qu’en 2004 après avoir accepté sous la contrainte de devenir protecteurs tout en se refusant à participer à toute opération. Les vrais protecteurs de villages, qui les avaient spoliés de leur terre, n’avaient pas bien accueilli ce retour et profitèrent d’un banal litige pour tendre cette embuscade faisant 12 morts et…. un survivant qui a tout raconté. L’armée, au vu des avantages qu’elle pouvait retirer de ce règlement de compte, a couvert les auteurs en faisant croire à une opération de représailles du PKK. Faute de trouver une alternative à la guerre, comme le réclame le groupe de députés kurdes DTP (Parti pour la Démocratie), le gouvernement turc et la majorité parlementaire « néo-islamiste » AKP ont été contraints par l’Etat-major des armées, via les députés CHP (nationalistes de gauche) et MHP (nationalistes d’extrême droite), à autoriser les forces militaires à entrer en Irak pour « traquer les séparatistes du PKK ».

L’opinion publique, chauffée à blanc par la presse et meurtrie par les pertes en vie humaines de soldats tués au combat, réclamait déjà une réaction. Le mitraillage de « civils » attribué au PKK est venu à point nommé : C.Q.F.D.

A., notre correspondant au Kurdistan irakien, ne semble pas particulièrement inquiet et ne croit pas vraiment à une attaque généralisée : « la Turquie n’en a pas, à elle seule, les moyens » et sans doute pas très envie. Tout d’abord il n’y a pas de rideau de fer entre les deux pays et des centaines de soldats turcs et quelques 150 véhicules blindés sont déjà présents depuis dix ans dans quatre bases dans le nord de l’Irak. Il faut, surtout, se rappeler que le plus gros investisseur étranger au Kurdistan irakien est turc : c’est la société holding OYAK, la « Mutuelle des Forces armées », présidée par un ancien militaire, employant 30.000 personnes, et dont le capital est constitué à partir des fonds de pensions des officiers turcs.

On ne peut pas dire non plus que la décision du Parlement turc ait vraiment séduit l’opinion régionale et internationale, hormis la Syrie, mais elle a renforcé la solidarité des Kurdes – des milliers de Kurdes ont manifesté à Erbil et à Dohouk « contre la menace turque » – des partis kurdes irakiens, PDK et UPK, et de leurs dirigeants : Barzani (Président de la région autonome du Kurdistan irakien) et Talabani (Président de l’Irak), ce dernier n’hésitant pas à contredire les déclarations de son premier ministre qui veut (mais en a-t-il les moyens ?) « éradiquer le PKK ». Le Koweït exhorte la Turquie à observer « le plus haut degré de retenue », alors que l’Iran, qui a cessé ses bombardements depuis 20 jours et a réouvert sa frontière avec l’Irak, exprime sa gêne dans une déclaration alambiquée.

La Maison Blanche a fait savoir « de manière très claire » à la Turquie qu’elle ne pensait pas « qu’il soit dans son intérêt d’envoyer des troupes en Irak« , et la Russie, de son côté, a déclaré « qu’une opération armée turque en Irak portera atteinte aux intérêts russes« , tandis que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, demandait à la Turquie de chercher une solution « par le dialogue », et que le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, invitait le président turc Abdullah Gül, « à faire preuve de retenue dans ce dossier ».

Que conclure ? Effet d’annonce pour contenter la vox populi avec quelques actions belliqueuses bien orchestrées par une presse complaisante ?

Ce n’est pas certain car la tentation de Kirkuk (avec ses richesses pétrolifères) est forte. L’objectif ne serait donc pas d’aller pourchasser les rebelles du PKK dans les montagnes du Kurdistan irakien lors d’opérations au succès aléatoire, mais de faire échec au référendum que les Kurdes comptent organiser pour le rattachement de Kirkuk à la région autonome du Kurdistan d’Irak et de s’inviter à la table des négociations, au risque de déstabiliser tout le Moyen-Orient.

On comprend mieux pourquoi les pays voisins et les grandes puissances, même la Chine, s’inquiètent.

Quelles négociations secrètes se cachent derrière les gesticulations des uns et des autres ?

La menace de la reconnaissance du génocide arménien par le Congrès américain et les menaces de rétorsion de la part de la Turquie sont-elles des cartes maîtresses dans la partie de poker menteur qui semble être engagée ?

En attendant, on peut constater avec regret que les espoirs mis dans l’ouverture, après les élections législatives et la constitution d’un groupe parlementaire kurde, s’estompent : 21 régions sont déclarées « zones de sécurité » par la Turquie et interdites aux civils, et cinq maires kurdes (Viranşehir, Kiziltepe, Silopi, Küçükdikili et Bağlar) qui rendaient visite à un maire emprisonné, ont été à leur tour arrêtés et conduits à la gendarmerie. Enfin, un tribunal stambouliote a décidé que Sebahat Tuncel, députée kurde DTP accusée de soutenir le PKK, ne pourrait pas bénéficier de son immunité parlementaire.

Faut-il voir là déjà les prémices d’une interdiction du parti kurde et l’arrestation de tous ses députés comme en 1993 ? 

André Métayer
Rennes le 19/10/2007

Je hais la guerre : qui a mitraillé le minibus de Beytüşebap (province de Şirnak) ?

Le 29 septembre dernier, sur une route de campagne, au lieu dit « Hemka », sur la commune Beytüşebap (province de Şirnak), un dolmuş (transport en commun) tombe dans une embuscade faisant 12 morts dont un Mukhtar (chef de village) et 7 « protecteurs de village », force supplétive kurde à la solde de l’armée turque. L’attentat est immédiatement attribué aux « terroristes » du PKK par les plus hautes autorités turques, civiles et militaires, relayées en cela par la presse nationale et internationale ainsi que par le Conseil de l’Europe qui, d’après une dépêche de l’AFP, « condamne sans réserve cette attaque des séparatistes kurdes« . Les Etats-Unis ont également réagi dans ce sens.

Immédiatement parait, dès le 1er octobre, un communiqué des Forces combattantes (HPG) niant toute implication dans cet acte odieux et accusant les forces turques d’en être les auteurs, arguant du fait que les opérations militaires déclenchées par l’Etat-major, en dépit du cessez-le-feu décrété unilatéralement par les Kurdes, ont redoublé d’intensité dans toute la région. « Il s’agit, d’après l’AFP, des plus lourdes pertes subies par l’armée turque depuis 1995 » (AFP 08/10/07)

Un autre communiqué (01/10/07), émanant du Conseil exécutif du KCK, fait état de preuves mettant en cause l’armée turque dans cet attentat qu’il dénonce avec force « comme nous dénonçons toutes les attaques violentes menées contre le peuple kurde« . Et de conclure : « nous exigeons de l’Etat turc qu’il fasse toute la lumière sur cette opération militaire et qu’il retrouve les paramilitaires responsables de cet acte odieux ».

L’association turque des droits de l’homme (IHD) (communiqué du 01/10/07) qui condamne cet acte « inhumain et cruel » comme elle s’oppose « aux exécutions extrajudiciaires par les agents de l’Etat« , note que « la région déclarée zone de sécurité voici quelques mois est sous la haute surveillance des forces de l’ordre de l’Etat qui contrôlent toutes les entrées et sorties » et que « les médias et l’opinion publique n’ont pas accès à ce jour aux informations objectives concernant l’attaque« .

Une question légitime se pose donc : la presse a-t-elle été instrumentalisée?

Les députés DTP poursuivis par la haine des médias turcs qui les accusent d’être proches du PKK condamnent, eux aussi, l’attentat, reprochant au gouvernement de n’avoir pas cherché à prévenir les affrontements armés, et de n’avoir pas ouvert des négociations politiques : « il incombe au gouvernement d’adopter dans l’urgence une politique permettant de mettre fin à cette situation tendue« . Une commission d’enquête parlementaire devrait être créée. Des syndicats (comme KESK) et des associations (comme HRA, Mazlum Der, Diyarbakır Bar…) souhaitent aussi avoir l’autorisation de se rendre sur place.

L’ancien député DEP Selim Sadak, compagnon d’infortune de Leyla Zana et des autres députés emprisonnés, rapporte que les proches des victimes de Beytüşebap, à qui il a rendu visite, connaissent ceux qui ont massacré les leurs : « il ne s’agit pas du PKK, ont-ils déclaré, et nous connaissons le nom des vrais auteurs« . Selim Sadak note aussi quelques faits troublants comme le survol d’un hélicoptère, l’absence de traces de balles, comme si on avait voulu effacer des indices.

Qui a donc mitraillé le minibus de Beytüşebap ? Des combattants du PKK ont ils eu la gâchette trop facile ? S’agit-il d’une vengeance locale ? D’une provocation des autorités ? s’interroge Ragip Duran dans Libération du 08/10/07.

L’AFP du 30/09/70 avait déjà son hypothèse : « les membres du PKK détestent les « protecteurs de village » qui refusent de s’allier à eux et s’en prennent régulièrement aux familles qui rejoignent cette milice« . Ceci n’est plus exact (nous ne sommes plus en 1994). Dès 2004, à l’occasion des élections locales, une étude attentive des scrutins a montré que les candidats DEHAP (parti pro-kurde de l’époque) n’auraient pas été élus sans les voix des protecteurs de village et de leurs familles. En 2007, dans la région de Hakkari, région particulièrement « chaude », nous avons pu également constater que les protecteurs de village n’étaient plus considérés comme des ennemis (comme les JITEM le sont) mais plutôt comme des victimes « enrôlés de force« , « obligés pour nourrir leur famille » voire, parfois, comme des « complices » ou des informateurs.

Cette erreur d’appréciation de l’AFP permet une autre hypothèse : la Turquie n’aurait-elle pas, elle aussi, son « Capitaine Léger », ce spécialiste des coups tordus organisés par l’armée française durant les guerres d’Indochine et d’Algérie ? En sacrifiant (ou en punissant?) des protecteurs de village et en faisant porter le chapeau par le PKK, « Yuzbasi Léger » voulait-il faire coup double : susciter l’indignation internationale qui permettra à la Turquie de poursuivre les « terroristes » du PKK jusqu’au Kurdistan d’Irak et rendre plus « performantes » les forces supplétives kurdes dont l’armée a tant besoin pour ses opérations de « l’intérieur » ?

Décidément, je hais la guerre.

André Métayer

Une première : justice et police turques enquêtent officiellement sur le territoire français

On savait déjà que les services de renseignements français et turcs avaient de bonnes relations et s’échangeaient quelques « tuyaux » et on savait aussi que la justice turque sollicitait le ministère des Affaires Etrangères, jusqu’alors sans succès, pour venir enquêter sur le sol français, mais qu’une délégation turque composée de 8 membres du parquet, de la police et des services de renseignements (M.I.T.) soit venue à Paris, le 15 septembre 2007, interroger des membres présumés du PKK, « c’est une première« , comme dit le journal Sabah, (« le Matin », quotidien populaire progouvernemental tirant à 600 000 ex.) dans son édition du 17 septembre 2007. Un des membres de la délégation turque, qui a refusé de divulguer son identité, précise Sabah, a même confirmé que « pour obtenir de meilleurs résultats » ils liaient maintenant « des contacts directs« . L’autorisation, venue de Rachida Dati, ministre de la Justice, l’une des proches du Président de la République, a surpris les défenseurs des Kurdes : « c‘est l’application de la convention européenne d’entraide judiciaire signée par la Turquie, admet Me Malterre, mais c’était, jusqu’alors du jamais vu ; c’est, en fait, la suite logique d’une commission rogatoire du juge français qui s’était lui-même rendu en Turquie au printemps pour « étoffer » son dossier et qui a manifestement transmis aux turcs des informations leur permettant de diligenter, à leur tour, leur propre commission rogatoire« .

Sabah révèle encore que la délégation turque a interrogé Canan Kurtyilmaz, « la nouvelle responsable européenne du PKK« , Haci Karakoyun, « financeur« , Cemal Aslan, « le courrier« , Kazim Ergun, « un des cadres de montagne« , et Nihat Aslan, « un parent de Cemal Aslan« , tous présentés comme des « affreux, sales et méchants » et « a remis en main propre tous les documents et informations nécessaires aux autorités françaises« , « obtenus lors des aveux des terroristes attrapés« , sauf que les avocats nient en avoir eu connaissance.

Par contre, Sabah omet de rapporter que Kazim Ergun a déclaré, au grand dam des juges français, reconnaître, parmi ses « interrogateurs », l’un de ses tortionnaires en la personne du directeur de la Sûreté d’Istanbul.

« La délégation turque a demandé aux autorités judiciaires françaises la copie des 100 mille pages de documents ainsi que celle des disques durs des ordinateurs saisis » insiste Sabah et les avocats ont toute raison de craindre que la chancellerie ne s’apprête à s’exécuter ; c’est pourquoi ils ont saisi la Chambre de l’Instruction d’une requête en nullité et demandé au Garde des Sceaux de bloquer la procédure dans l’attente du résultat de la requête.

Cette affaire est évidemment d’une extrême gravité tant du point de vue du droit que de la morale, et heurte profondément les consciences.

André Métayer

Je hais la guerre : un journaliste de Hakkari assassiné, un charnier découvert à Diyarbakir

Les dépêches se succèdent et se ressemblent : ici c’est l’AFP qui rapporte « cinq militants kurdes tués lors de combats dans le sud-est turc » (à la frontière irakienne) et qu’un soldat turc a été tué à Bitlis, (20/9), que « neuf combattants kurdes tués dans des combats en Turquie » (22/9) à la frontière irano-irakienne, dans les provinces de Hakkari et Sirnak. Là, c’est le Centre de presse des Forces kurdes (HPG) qui signale (21/9) que l’armée turque a lancé une opération, dans la province de Hakkari, qui a déjà coûté la vie à 5 soldats et qu’un hélicoptère a été contraint à un atterrissage forcé. Une autre opération, dans le secteur d’Hasankeyf, (province de Batman) aurait fait cinq morts dans les rangs de la guérilla.

L’Iran, de son côté, (AFP 23/9) après avoir nié les tirs d’artillerie contre les combattants kurdes en Irak, a justifié cette violation du territoire de la province autonome du Kurdistan irakien au nom de la nécessité de sécuriser son territoire au moment où des affrontements ont lieu dans la province iranienne peuplée à majorité de Kurdes. Elle a aussi fermé sa frontière, alors que 132 sociétés iraniennes sont déjà implantées au Kurdistan irakien, pour protester contre l’arrestation par les forces américaines, d’un « honorable » commerçant iranien à Souleimaniyeh, suspecté d’être un agent des forces spéciales chargées d’armer les milices chiites.

D’autre part les HPG revendiquent la responsabilité de « l’élimination » de trois « repentis » du PKK enrôlés dans les forces spéciales turques (JITEM) à Semdinli, Diyarbakir et au Dersim. Ces situations tragiques de militants « retournés » à la suite d’arrestation, de mauvais traitements et d’actions psychologiques, et que l’on retrouve aussi dans des conflits assez proches de notre histoire, nous renvoient à toute l’horreur de la guerre.

La bataille du rail nous renvoie aussi à notre histoire quand les combattants kurdes font dérailler les trains de marchandises (ou de munitions), comme le dernier en date, le 24/9, dans la région d’Elazig.

Et voici que le journal turc Sabah (« le Matin », grand quotidien populaire progouvernemental tirant à 600 000 ex.), Kasim Ciftci, âgé de 46 ans et propriétaire du journal « Hakkari Province Voice » a été, le 22 septembre, assassiné près des ruines de la vieille ville de Van par deux hommes qui, après l’avoir frappé à la tête avec une grosse pierre, lui ont tiré plusieurs balles alors qu’il tentait de s’enfuir. confirme, s’il en était besoin, une dépêche de l’agence de presse indépendante BIA révélant qu’un journaliste kurde,

Il est bien sur trop tôt pour déclarer avec certitude que l’assassinat est lié aux activités professionnelles de ce journaliste mais son collègue, Necip Capraz, qui le connaît depuis 20 ans, ne laisse guère de place au doute quand il écrit dans « Yüksekova News » : « nous avons pu voir s’accumuler récemment de gros nuages noirs sur notre province de Hakkari« .

Comble de l’horreur : un charnier contenant une quantité inconnue d’ossements humains aurait été découvert à Diyarbakir, ces jours derniers, d’après l’agence d’information kurde DIHA, dans la cour du Quartier général de la 7ème Armée turque appelée parfois « armée de Büyükanit », du nom de son général devenu chef d’état-major des forces armées turques depuis le 28 août 2006. Ce site abritait aussi dans le passé la prison militaire de Diyarbakir tristement célèbre. Le pot aux roses aurait été découvert à la suite de travaux dans l’enceinte militaire nécessitant l’évacuation de terre de remblais et trouvant, dans le cadre de marchés publics, une réutilisation sur plusieurs chantiers de la ville. « La passivité des procureurs militaires turcs, qui tranche avec les investigations déclenchées par les organisations des droits de l’homme, les associations d’avocats et les agences d’information de la ville, renforce les soupçons« , souligne l’agence d’information kurde DIHA.

Hakkari, Diyarbakir, ce ne sont pas pour nous des points sur une carte de géographie. Ce sont des paysages concrets, des hommes et des femmes connus et estimés qui travaillent, étudient, rêvent d’une vie meilleure et défendent par dessus tout, leur langue, leur culture, leur identité. Ils aspirent à la paix et sont extrêmement déçus par l’attitude des européens qui préfèrent garder le silence, pour « ne pas mettre de l’huile sur le feu ».

Mais a-t-on mis de l’huile sur le feu en soutenant le tchèque Vaclav Havel et la charte 77, le sud africain Nelson Mandela ou les bonzes birmans pour ne citer que ceux là ? La Turquie a besoin de la communauté internationale pour trouver un Mendès France ou un De Gaulle (qui mirent fin, l’un à la guerre d’Indochine en 1954, l’autre à celle d’Algérie en 1962), et mettre un terme à un conflit complètement anachronique.

André Métayer

7 jours au Kurdistan de Turquie 17-24 mars 2007

Le compte-rendu de la mission 2007 des Amitiés kurdes de Bretagne au Kurdistan est mis en ligne sur le site www.amitieskurdesdebretagne.eu

Pression turque maximum sur les nouveaux députés kurdes et sur le maire de Diyarbakir

Le gouvernement et le Parlement de Turquie font pression sur le groupe DTP (Parti pour une Société Démocratique) de députés kurdes, nouvellement élus, pour qu’il déclare que le PKK est une organisation terroriste : « qu’est-ce que ça changerait à la situation ? » rétorque Osman Özçelik (Siirt), l’un des députés DTP, en ajoutant ironiquement : « avez-vous seulement un quelconque projet pour résoudre le problème kurde ?« . Et de dénoncer les entreprises d’instrumentalisation dont le DTP est l’objet de la part des différents groupes politiques du Parlement.

La justice maintient également sa pression sur plusieurs députés DTP, en instance de procès pour « soutien à une organisation terroriste » et « aide et encouragement à une organisation terroriste » dont Aysel Tuğluk (Diyarbakir) et Ayla Akat Ata (Batman) qui ont assuré, en tant qu’avocat, la défense d’Öcalan, et Sebahat Tuncel (Istanbul), ancienne porte parole des femmes du DTP : leur immunité parlementaire pourrait être levée, comme en 1993 pour Leila Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak, députés du DEP qui furent condamnés à une peine de 15 ans d’emprisonnement.

Une nouvelle (c’est à dire une énième) information judiciaire est ouverte à l’encontre de Osman Baydemir, maire de Diyarbakır, au sujet d’une polémique provoquée par le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan mettant le maire au défi d’apporter les preuves d ‘une politique gouvernementale discriminatoire envers la ville de Diyarbakir : « ce n’est pas moi qui ai provoqué la polémique, précise Osman Baydemir, je n’ai fait qu’user de mon droit de réponse en rendant publique la liste des projets qui n’ont pas été soutenus par le gouvernement et que j’avais présentés aux services du Premier ministre en août 2005 » mettant en évidence une « discrimination négative ».

Osman Baydemir, qui promet d’envoyer son rapport à tous les parlementaires, est aussi la cible du parti nationaliste d’opposition (MHP) qui « pousse les feux » en critiquant le gouvernement accusé de conduire, face au terrorisme séparatiste, une politique laxiste qui encourage des attitudes comme celles du maire de Diyarbakir.

Le CHP (Parti républicain du Peuple), premier parti d’opposition, membre de l’internationale socialiste, s’est également invité au débat, en reprochant à l’AKP de ne pas soutenir les municipalités administrées par des partis d’opposition et de traiter Diyarbakır comme une ville qui se trouverait en dehors de la Turquie.

Akın Birdal, député DTP de Diyarbakır, a, lors d’une conférence de presse parlementaire, soutenu Osman Baydemir dans sa quête pour obtenir un traitement d’équité pour sa ville.

Notons que l’association bretonne « Projet pour Hakkari » attend toujours l’autorisation du gouvernement turc pour verser au GABB (union des municipalités du Sud-est anatolien), présidée par le maire de Diyarbakir, les dons en provenance du Conseil régional de Bretagne et autres collectivités territoriales bretonnes pour la construction du centre municipal de formation et de santé spécialement conçu pour les femmes de Hakkari, province que vient de visiter le nouveau président de Turquie, Abdullah Gül : « une visite destinée à renforcer les liens du pouvoir central avec ces zones défavorisées économiquement, a-t-on indiqué dans son entourage« .

C’est précisément pour aider cette zone défavorisée que « projet pour Hakkari » est né. André Métayer

Rennes, le 15 septembre 2007

ALERTE – OQT contre la famille Okçu

ARRETE portant Obligation de Quitter le Territoire Français sur le fondement du I de l’article L 511-1 du CESEDA

Voilà ce que viennent de recevoir, en date du 10 août 2007, Metin et Menekse Okçu et leur trois filles (S., née en 1993, S., née en 1994, scolarisées à Rennes au collège des Chalais, ainsi que S., née à Rennes en 2000, scolarisée à l’école de la Croix Verte de Saint Jacques de la Lande).

Cette famille kurde est bien connue et parfaitement intégrée à la vie jacquolandine où elle réside, mais la préfecture la poursuit avec pugnacité depuis 1999 en faisant systématiquement appel des différents jugements du tribunal administratif qui leur furent favorables.

La présence de trois enfants, dont l’un né en France, ne constitue pas, pour l’Administration, un obstacle à une expulsion, au motif que cette décision ne porte pas une atteinte disproportionnée à la vie privée et familiale, puisque l’unité familiale est « préservée », les enfants étant condamnés à suivre le même sort que les parents.

Or les trois enfants sont scolarisés dans les établissements français depuis la maternelle et les plus grandes se trouvent déjà en 5° et 4° du collège !

Cette famille croyait avoir surmonté toutes les épreuves quand la préfecture accorda aux parents, après la mobilisation des familles, des enseignants et des élus locaux et départementaux qui la parrainèrent en juillet 2006, un récépissé de demande de carte de séjour de trois mois renouvelables, avec la mention « autorise le titulaire a travailler ».

Ah cette fameuse carte bleue « Récépissé de demande de carte de séjour » (à ne pas confondre avec la carte verte qui n’est qu’une « autorisation provisoire de séjour ») qui précède la délivrance d’un premier tire de séjour d’un an ! La famille avait même passé la visite médicale (obligatoire et payante) à l’O.M.I (Office des migrations internationales).

Leur titre de séjour (valable jusqu’au 05/10/07) est abrogé et, passé le délai d’un mois à la date de la notification de l’O.Q.T., la famille Okçu risque de se retrouver au centre de rétention de Rennes St-Jacques de la Lande et d’être expulsée vers la Turquie.

André Métayer

La Ville de Châteaulin soutient les Amitiés kurdes de Bretagne

La Ville de Châteaulin soutient les Amitiés kurdes de Bretagne. A retrouver sur son site officiel.

La municipalité de Douarnenez soutient le peuple kurde

La municipalité de Douarnenez a voté le 21 juillet 2007 une délibération de soutien au peuple kurde.

PDF Embedder requires a url attribute

Question kurde : la question de la question

Des élus bretons (députés, sénateurs, président du Conseil régional de Bretagne, présidents de conseils généraux, maires, conseiller généraux et régionaux) sont intervenus en faveur des 53 maires kurdes poursuivis injustement par les autorités judiciaires de Turquie au motif qu’en défendant une chaîne de télévision en exil ils apporteraient « un soutien volontaire et délibéré à un organisme illégal », ROJTV, qualifiée « d’organe de propagande ».   Organe de propagande ? Tel n’est pas l’avis du Conseil de la radio et de la télévision du Danemark qui estime que les séquences mises en cause par le RTSC turc ressemblent en tous points à des séquences d’information ou à des débats dans lesquels les informations et les points de vue sont retransmis dans le cadre d’émission dont la vocation est d’informer ou de débattre. 

Il est à noter, hélas, que ce n’est pas le seul procès intenté contre des élus du peuple et contre les cadres d’un parti légal pro-kurde, le DTP, Parti pour une Société Démocratique : le rapport de l’association turque des droits de l’homme, (IHD) ne relève pas moins, pour la période allant de janvier 2006 à juin 2007, de 33 enquêtes, poursuites, plaintes ou condamnations touchant des maires ou des cadres du DTP pour des motifs en rapport avec l’emploi de la langue kurde.

Que dire du « respect du patrimoine culturel et des particularismes identitaires » que contiendrait le cadre des réformes mises en œuvre par la Turquie au moment où l’Etat signe un prêt d’1,2 milliard d’euros pour la construction d’un barrage qui va engloutir le site historique pluri-millénaire de Hasankeyf, renfermant des trésors archéologiques appartenant aux civilisations assyrienne, romaine et ottomane ? 

Que dire de la liberté de publier et de diffuser en langue kurde quand les entraves à la liberté d’enseigner et de diffuser emprisonnent les structures dans des carcans administratifs et traînent les acteurs devant les tribunaux ?

Osman Baydemir n’est-il pas poursuivi pour avoir envoyé, en tant que Maire de la ville de Diyarbakir, des cartes de vœux rédigées en kurde, en turc et en anglais, et le maire d’arrondissement de Diyarbakir centre, Abdullah Demirbas, -et son conseil municipal – ne viennent-ils pas d’être destitués par le Conseil d’Etat de Turquie au motif d’avoir institué le multilinguisme (turc, kurde, arabe, syriaque) dans les services municipaux ?

En ce qui concerne les droits politiques, rappelons que les partis politiques pro-kurdes précédant le DTP ont été successivement reconnus et… interdits, et que de nombreuses plaintes font état des entraves mises à la campagne électorale des candidats DTP, à commencer par la mise en examen préventive et l’incarcération de cadres du DTP parmi lesquels Sebahat Tuncel, porte-parole de la section des femmes du DTP d’Istanbul, élue députée et passant donc directement de la prison, où elle était écrouée depuis novembre 2006, au Parlement de Turquie.

La Turquie va-t-elle continuer à nier la question kurde et à refuser d’ouvrir des négociations avec tous les représentants de la cause kurde, qu’ils soient combattants ou non, tous qualifiés de « terroristes » ? Peut-elle continuer à ignorer leurs nombreux appels à une paix négociée qui accorderait aux Kurdes des droits culturels et politiques dans le respect des frontières existantes ? C’est la question. 

Peut-on continuer à appeler « terroristes » des combattants, revêtus d’uniformes, clairement identifiés comme les forces armées du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), signataire de la Convention de Genève depuis le 24 janvier 1995, qui revendique sa lutte armée mais dénonce les attentats qu’on lui impute abusivement et qui sont parfois, comme ceux du 9 novembre 2005 à Şemdinli, l’œuvre de l’armée turque elle-même ou de « l’Etat profond » ? C’est la question de la question.

Metin Tekçe, le courageux maire de Hakkari, a eu le mérite d’y répondre clairement devant ses juges :  » les quelques deux millions de personnes qui forment la base de notre parti soutiennent dans le même temps les propositions du PKK en faveur d’une résolution démocratique du problème kurde. Et pour cette raison les électeurs de notre parti ne considèrent pas le PKK comme une organisation terroriste… Une grande majorité des habitants de Hakkari a des enfants au sein du PKK. Et on ne peut, par conséquent, attendre d’eux qu’ils traitent leurs propres enfants de terroristes ». 

L’argumentation qui repose sur l’accusation de « séparatisme » ou de « collusion avec une organisation terroriste » – c’est-à-dire le PKK – est confortée par le fait que les Etats-Unis et l’Union européenne ont, pour des raisons d’opportunité conjoncturelles, inscrit cette organisation dans la liste des organisations terroristes.

Appel est lancé à l’Union européenne pour qu’elle revoie sa copie.

André Métayer
Président des Amitiés kurdes de Bretagne

Un représentant du PDK déclare que le PKK n’est pas une organisation terroriste

Le représentant en Turquie de l’administration kurde du nord de l’Irak et du leader du PDK Massoud Barzani a déclaré dimanche qu’ils ne considéraient pas le PKK comme une organisation terroriste.   Kadir Eziz, représentant en Turquie du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Barzani, a déclaré que les Kurdes d’Irak n’entreront pas en conflit avec le PKK, malgré les engagements de la semaine dernière du Premier Ministre irakien d’éradiquer le PKK dans le nord de l’Irak, où il a des bases.

Eziz a déclaré que le gouvernement Maliki est en train de s’écrouler et n’est pas en mesure d’obéir aux demandes turques.

Dimanche également le ministre de l’administration kurde et responsable du PDK en charge des peshmergas, Sheih Cafer Sheih Mustafa, a déclaré qu’ils ne pensaient pas que le PKK pourrait être maîtrisé par l’utilisation de la force militaire.

Le problème est politique et la réponse ne peut être que politique, a-t-il déclaré.

(ntvmsnbc.com, 13 Août 2007)

Les Kurdes entrent au Parlement de Turquie avec quelques figures emblématiques, dont Akin Birdal, ancien Vice-Président de la FIDH

Victoire relative mais victoire quand même pour le DTP (Parti pour une Société Démocratique), parti pro kurde que d’aucuns présentent comme la vitrine légale du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Il a réussit à faire élire, sous le vocable « Mille Espoirs », malgré des obstacles en tout genre, une vingtaine de députés, dont neuf femmes. Ils ont prêté serment ce samedi 4 août 2007 devant la « Grande Assemblée Nationale », le Parlement monocaméral de Turquie, au grand dam des militaires et des ultra-nationalistes d’extrême droite (qu’on trouve aussi au CHP, parti se réclamant de la social-démocratie) qui manifestent déjà leur mauvaise humeur.

Pourtant la victoire n’est pas aussi ample qu’espérée, même si le doute persiste sur quelques sièges perdus, comme celui qui avait été déclaré gagné, puis perdu, par Sabahattin Suğvacı, Président de la section locale DTP de Hakkari. Mais si les nouveaux élus kurdes, qui ont serré la main de leurs adversaires politiques, tiennent des propos plutôt rassurants, affirmant vouloir « travailler à la réconciliation », il n’en reste pas moins qu’ils entendent militer pour un règlement politique de la question kurde et se refusent d’accepter de condamner le PKK comme une organisation terroriste.

En fait, ce qui fait grincer quelques dents, c’est la notoriété de ces nouveaux députés, à commencer par celle de la porte-parole de la section des femmes du DTP, Sebahat Tuncel (Istanbul), incarcérée comme de nombreux autres membres du DTP depuis novembre 2006 : son élection lui apportant l’immunité, elle passe directement de la prison au Parlement.

Il y a aussi Ayse Tugluk (Diyarbakir), avocate d’Öcalan, co-Présidente du DTP avec Ahmet Türk (Mardin). Ce dernier et Sırrı Sakık (Mus) réintègrent une assemblée dont ils avaient été exclus après la dissolution du DEP en 1993, écopant au passage d’une peine de 14 mois d’emprisonnement.

Entre également au Parlement Pervin Buldan (Igdir), née à Hakkari en 1967, qui a vu son mari assassiné en 1993, 2 mois après que Tansu Ciller, alors Première Ministre, ait juré de « punir tous ceux qui finançaient le PKK ».

Hasip Kaplan (Sirnak), un des avocats de Leyla Zana, est connu pour avoir fait condamner la Turquie par la Cour européenne des Droits de l’Homme dans une affaire où les forces de sécurité turques étaient accusées d’avoir fait manger des excréments aux villageois de Yesilyurt.

Selahattin Demirtas, un avocat de 34 ans considéré comme un proche de Ayse Tugluk, est Président de la section locale de l’Association turque des Droits de l’Homme de Diyarbakir (IHD), succédant à Osman Baydemir, devenu maire de Diyarbakir. Les deux hommes président ensemble la « Plateforme démocratique » qui organisa en mai 2005 une grande conférence sur le thème de la « Paix au Moyen-Orient ».

Notons également Hamit Geylani (Hakkari), avocat, Gulten Kisanak (Diyarbakir), journaliste, Ayala Akat Ata (Batman) et les autres, tous et toutes militants ayant connu, pour la plupart, arrestations, gardes à vue et prisons.

Mais le plus emblématique reste le Turc Akin Birdal, ancien Président de l’Association turque des Droits de l’Homme (IHD) et Vice-Président de la FIDH, traduit devant la Cour de Sûreté de l’Etat à Ankara pour « encouragement à la discrimination raciale et menaces contre l’unité territoriale de la Turquie ». Lors de la 7ème audience, le 14 mars 1994, une délégation de quatre Rennais mandatée par le Maire de Rennes était dans la salle. Le 12 mai 1998, Akin Birdal échappa à une tentative d’assassinat mais, bien que grièvement blessé, il dû néanmoins retourner en prison pour finir de purger sa peine alors que ses agresseurs restaient en liberté. Voyageur infatigable, il fut accueilli à Rennes le 20 avril 2001. Samedi 4 août 2007, son travail de député en faveur de la paix commence.

André Métayer

Liste des 21 député(e)s DTP élu(e)s en 2007 :

  • BATMAN     Ayla AKAT ATA, Bengi YILDIZ
  • BİTLİS   Mehmet Nezir KARABAŞ
  • DİYARBAKIR    Akın BİRDAL, Selahattin DEMİRTAŞ, Gültan KIŞANAK, Aysel TUĞLUK
  • HAKKARI Hamit GEYLANİ
  • IĞDIR    Pervin BULDAN
  • İSTANBUL    Sebahat TUNCEL
  • MARDİN    Emine AYNA, Ahmet TÜRK
  • MUŞ    Sırrı SAKİK, M. Nuri YAMAN
  • SİİRT    Osman ÖZÇELİK
  • ŞANLIURFA    İbrahim BİNİCİ
  • ŞIRNAK    Sevahir BAYINDIR, Hasip KAPLAN
  • TUNCELİ    Şerafettin HALİS
  • VAN    Fatma KURTULAN, Özdal ÜÇER

Au Festival de Cinéma de Douarnenez – Vendredi 24 août 2007

EXCLUSIF

Le dernier film de Bahman Ghobadi, pas encore sorti en salle :Half-Moon (Niwe mung)

Sur le site des Nouvelles d’Arménie : le film iranien banni par Téhéran donne aux femmes et aux Kurdes leur voix.

Sur le site du Monde : « Half Moon »

Sur le site des Echos : Résistance en musique

Orhan Dogan n’est plus

Je ne peux pas oublier Orhan Dogan, compagnon d’infortune de Leila Zana, Hatip Dicle et Selim Sadak, une figure emblématique de la cause kurde qui vient de disparaître.

« Orhan Dogan, ex-Député kurde du DEP (Parti de la Démocratie) est décédé ce matin, 28 juin 2007 à 6h30, à l’hôpital de Van où il était en soins intensifs à la suite d’une crise cardiaque survenue le 24 juin dernier, à Dogubeyazit, alors qu’il prononçait un discours à l’occasion du Festival de la Culture, des Arts et du Tourisme. Orhan Dogan était âgé de 52 ans. »(Communiqué de Kurdish Info)

Avec Leila Zana, Hatip Dicle et Selim Sadak, Orhan Dogan, alors qu’il siégeait à la Grande Assemblée (parlement turc), avait été en mars 1994 arrêté, incarcéré, reconnu coupable d’appartenance au PKK et condamné à 15 ans d’emprisonnement.

J’ai rencontré cet homme en mai 2005, à peine sorti des geôles turques, lors de la Conférence internationale de Diyarbakir sur la Paix et la justice au Moyen Orient organisée par la Ville et la Plateforme démocratique et je ne peux pas oublier son regard pétillant d’intelligence et de bonté, sa force de conviction et son verbe pénétrant au plus profond de soi.

Je n’ai pas oublié son cri : « je ne peux pas oublier cet enfant écrasé par un tank, à Sirnak (Kurdistan de Turquie) ; je ne peux pas oublier ce soldat turc blessé, décoré pour son courage, criant  » mes yeux » à la face de l’officier qui venait le féliciter ; je ne peux pas oublier les combattants tués, la presse qui ment, le gouvernement qui ment, les prisonniers humiliés, victimes de traitements dégradants. La guerre ne fait pas de différence entre les religions, les sexes, les nationalités… Les souffrances sont les mêmes, la douleur est identique« .

Marqué par les années de détention, Orhan Dogan, crâne dénudé, barbichette en bataille, se fait le chantre de la paix. « Je parle comme un 3ème œil » dit encore cet avocat qui n’hésite pas à manier l’autocritique pour mieux plaider une solution pacifique, globale et unitaire, que chacun souhaite, pour la question kurde : « les Kurdes veulent la paix, mais sont-ils pacifiques ? Nous ne pouvons réclamer la paix et continuer à nous disputer. Les Kurdes veulent l’unité, mais sont-ils unis ? Nous ne pouvons pas continuer à cultiver nos divisions entre les différentes parties du Kurdistan (Turquie, Iran, Irak). Les Kurdes veulent la liberté et la démocratie mais savent-ils être démocrates ? Il n’y a pas des Kurdes noirs, des Kurdes blancs, des Kurdes light, des Kurdes extra light, il y a des Kurdes« .

« Longtemps le Parti de la Démocratie du Peuple a été contraint de marcher seul. Nous ne marcherons plus seuls. Nous devons changer notre discours et prendre une autre dimension pour faciliter le processus de paix. Mais c’est à nous d’en décider les modalités ! De quel droit le Président de l’Union européenne critique-t-il l’attitude de Leila Zana, qui devrait, selon lui, s’écarter du P.K.K. ? On a besoin, certes, d’une loi générale, mais la solution au problème kurde sera spécifique et ne sera trouvée ni à Washington, ni à Bruxelles, ni dans aucune autre capitale européenne« .

Orhan n’est plus mais son message a été entendu.

André Métayer

Président des Amitiés kurdes de Bretagne.

Communiqué du Réseau Education sans Frontières (RESF)

Communiqué du Réseau Education sans Frontières (RESF) Non aux expulsions des familles des enfants et des jeunes scolarisés « sans papier »

Ce dernier mois, les arrestations de familles d’enfants scolarisés et de jeunes sans papier se sont multipliées. Les autorités n’hésitent plus à mettre les enfants en rétention et à les expulser. Parallèlement l’instauration d’un ministère « de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement » augure un durcissement accru de la politique d’immigration. Le concept même d’« identité nationale » s’inscrit, « dans la tradition d’un nationalisme fondé sur la méfiance et l’hostilité aux étrangers, dans les moments de crise »,  comme l’ont écrit les historiens démissionnaires de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Dans un communiqué, l’Association française des anthropologues (AFA) du 31 mai 2007 a déclaré : « Nous, ethnologues et anthropologues, dont la discipline à vocation comparative fonde son corpus de connaissances sur les questions de l’altérité et de l’identité, tenons à affirmer que la notion d’identité nationale ne saurait avoir de validité scientifique. Elle est une construction sociale imaginaire qui, sous couvert d’unité, tend à renforcer les divisions, les discriminations et les inégalités. »

Nous refusons, dans le programme de Nicolas Sarkozy, que doit mettre en œuvre le ministre Hortefeux, l’assignation d’objectifs quantitatifs et utilitaristes à la politique française d’immigration. De tels objectifs sont notamment incompatibles avec le droit de mener une vie familiale normale et avec le droit d’asile.

Le 14 juin, le tribunal administratif doit examiner, en une matinée, le recours de 14 personnes qui demandent l’annulation des obligations à quitter le territoire des préfectures des quatre départements bretons. C’est une première pour le tribunal administratif de Rennes. Comment garantir dans de telles conditions le droit à la défense des personnes qui demandent tout simplement à vivre librement sur le territoire français, qui fuient un pays où elles risquent peut-être la mort ? Ce traitement à la chaîne des dossiers constitue une dégradation du droit des étrangers.

Nous demandons donc au tribunal administratif d’annuler les obligations à quitter le territoire et les refus de titre de séjour prononcés par les différentes préfectures.

Rendez-vous le jeudi 14 juin 2007 à partir de 9 H devant le tribunal administratif de Rennes
(Contour de la Motte, à-côté de la piscine saint Georges).

Un rassemblement est prévu au même lieu à partir de 12 H pour un compte-rendu.

Le Tribunal Administratif a compétence pour examiner les recours contre les préfectures à propos d’obligation de quitter le territoire. Or, à la première lecture de la matinée du 14 juin 2007, que pouvons-nous remarquer ? 14 situations vont être traitées entre 9h15 et 12h…

14 situations les unes aussi douloureuses que les autres, les unes aussi particulières que les autres.

Mais peut-on encore parler réellement de recours : 9 minutes en moyenne par personne parce qu’il faut expulser, 9 minutes pour décider d’une vie, ici où l’espoir existe, là-bas où l’on est en danger.

Toutes les situations ne se ressemblent pas mais elles auront un même traitement en droit : 9 minutes.

Cela signifie-t-il que la place dans l’avion d’Air France et déjà retenue pour chacune de ces personnes par le ministère ? Au nom du peuple français ? Au nom d’une politique xénophobe, d’un Etat qui a peur des étrangers, qui a peur des individus parce qu’ils sont différents ?

Contre l’identité nationale, ne peut-on aimer la diversité du monde ?

Horaires des passages au TA le 14 juin.

  • 9h15 : monsieur D. C. contre la préfecture du Morbihan en vue de l’annulation de refus d’admission exceptionnelle au séjour de l’enfant M
  • Monsieur C. A. contre la préfecture d’Ille-et-Vilaine en vue de l’annulation de l’arrêté du 21 février 2007 portant sue le refus de titre de séjour et l’obligation de quitter le territoire.
  • Monsieur L. T. contre la préfecture d’Ille-et-Vilaine en vue de l’annulation de l’arrêté portant sur le refus de titre de séjour et l’obligation de quitter le territoire.
  • Madame Q. E. contre la préfecture d’Ille-et-Vilaine en vue de l’annulation de l’arrêté portant sue le refus de titre de séjour et l’obligation de quitter le territoire.
  • Monsieur  K. M. S. contre la préfecture d’Ille-et-Vilaine en vue de l’annulation de refus au séjour en qualité de demandeur d’asile.
  • Monsieur O. B. G. contre la préfecture d’Ille-et-Vilaine en vue de l’annulation de l’invitation à quitter le territoire et le  refus de titre de séjour 
  • Monsieur  S. M.S. contre la préfecture du Morbihan en vue de l’annulation du refus de titre de séjour suite au rejet d’admission au bénéfice de l’asile et de l’invitation à quitter le territoire.
  • À 10h30 : monsieur  L. J-P contre la préfecture du Finistère en vue de l’annulation de l’arrêté en date du 8 mars portant sur le refus de renouvellement d’un titre de séjour et l’ l’obligation de quitter le territoire et la fixation du pays de renvoi.
  • Monsieur M. J. contre la préfecture des Côtes d’Armor. En vue de l’annulation de l’arrêté en date du 5 mars portant sur le refus de titre de séjour et l’obligation de quitter le territoire.
  • Madame M. E. contre la préfecture des Côtes d’Armor. En vue de l’annulation de l’arrêté en date du 5 mars portant sur le refus de titre de séjour et l’obligation de quitter le territoire.
  • Mademoiselle A. S. contre la préfecture d’Ille-et-Vilaine. En vue de l’annulation de refus de renouvellement de titre de séjour en qualité d’étudiante.
  • Madame B. S. contre la préfecture du Finistère. En vue de l’annulation de la décision en date du 7 décembre du préfet du Finistère refusant un titre de séjour à l’intéressée et l’invitant à quitter le territoire.
  • Monsieur N. D. contre la préfecture d’Ille-et-Vilaine. En vue de l’annulation d’un arrêté du préfet d’Ille-et-Vilaine en date du 11janvier 2007 rejetant la demande de titre de séjour de monsieur N et portant l’obligation de quitter le territoire français dans le délai d’un mois.
  • Madame G. K. contre la préfecture du Morbihan En vue de l’annulation de l’arrêté en date du 21 février portant le refus de carte de séjour assorti d’une obligation de quitter le territoire dans le délai d’un mois.

Nouvelle adresse pour le site des AKB

Le site des Amitiés kurdes de Bretagne se trouve désormais sur : www.amitieskurdesdebretagne.eu

Bonne visite!

Les Kurdes ont obtenu satisfaction : des experts du Conseil de l’Europe ont examiné Öcalan dans sa prison turque

Après 39 jours de grève de la faim et plusieurs rassemblements militants devant le Parlement européen de Strasbourg, les Kurdes avaient obtenu, le 19 mai dernier, la promesse de Terry Davis, Secrétaire général du Conseil de l’Europe, d’entreprendre des actions opportunes et d’envoyer une délégation de médecins indépendants sur l’île-prison d’Imrali pour procéder à un examen médical complet du leader du PKK, Abdullah Öcalan, dont l’état de santé avait soulevé une très forte inquiétude mêlée de colère à peine contenue à la suite d’un rapport faisant état d’un empoisonnement dû à l’ingestion de métaux toxiques.

L’accusation de tentative d’empoisonnement reposait sur les résultats d’analyse faites par un éminent toxicologue, Pascal Kintz, Président de la Société française de Toxicologie, l’un des experts en médecine légale les plus réputés du monde, à l’origine de nouvelles techniques d’analyse, notamment du cheveu, qui ont contribué à sa renommée, qui a créé son propre laboratoire spécialisé en expertises judiciaires et dans la toxicologie de l’environnement.

Sauf à démontrer que les cheveux analysés n’étaient pas ceux d’Öcalan, il était difficile de ne pas entendre la demande kurde.

C’est chose faite : « une délégation du Comité pour la prévention de la torture (CPT) s’est rendue les 20 et 21 mai à la prison turque d’Imrali pour y examiner l’état de santé du seul détenu de l’établissement, le leader du PKK Abdullah Öcalan, » a annoncé vendredi à Strasbourg le Conseil de l’Europe. « Dimanche et lundi derniers, la délégation du CPT a examiné l’état de santé d’Öcalan ainsi que ses conditions de détention et la mise en oeuvre pratique de son droit à recevoir des visites. Elle a rencontré mardi le ministre turc de la Justice, Fahri Kasirga, et lui a communiqué ses observations préliminaires, indique le Conseil de l’Europe sans autre précision. » (AFP 25/05/07).

Rappelons qu’Abdullah Öcalan purge depuis 1999 une peine pour « séparatisme » et que la Cour européenne des droits de l’homme, confirmant en appel, en mai 2005, le caractère inéquitable du procès, a recommandé à la Turquie de le rejuger.

André Métayer

A la demande d’Abdullah Öcalan, les 18 Kurdes, grévistes de la faim depuis 38 jours, décident de mettre un terme à leur action

Suite au rapport d’analyse d’un éminent toxicologue français, Pascal KINTZ, faisant état d’un empoissonnement vraisemblablement dû à l’ingestion de métaux toxiques, mettant en péril la santé et la vie Abdulhah ÖCALAN, Président du Parti des Travailleurs du Kurdistan, emprisonné depuis le 15 février 1999 dans l’île –prison de haute sécurité d’Imrali, dans des conditions d’isolement particulièrement cruelle, une émotion très forte, teintée de colère et d’inquiétude, ressentie dans l’ensemble de la population kurde et des cercles amis, s’est traduite par des manifestations, notamment à Strasbourg et Rennes, et par une pétition internationale, récoltant plus de 100.000 signatures, demandant au Conseil de l’Europe d’intervenir auprès du Comité pour la Prévention de la Torture (CPT) afin d’envoyer une délégation de médecins indépendants sur l’île-prison d’Imrali pour procéder à un examen médical complet d’Abdullah Öcalan.

D’autre part, depuis le 11 avril, 18 Kurdes, parmi lesquels Remzi Kartal (qui fut député kurde du parti DEP) et d’autres responsables d’organisations kurdes en Europe, observaient à Strasbourg, dans la Maison des Kurdes, une grève de la faim, accompagnés par près de 500 de leurs compatriotes qui se sont relayés régulièrement, tous les 5 jours.
Les contacts furent nombreux, durant cette période avec les députés européens, des membres du Conseil de l’Europe et des responsables du CPT, pour demander d’agir en vue d’envoyer une délégation à Imrali.

Prenant acte des déclarations du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Terry Davis, assurant que le “Comité pour la Prévention de la Torture (CPT) suit de près l’affaire » et qu’il “entreprendra les actions opportunes à cet égard”, et à la demande d’Öcalan, lui-même qui souhaite « qu’ils résistent vivant« , refusant « qu’ils mettent en péril leur santé« , les grévistes de la faim ont décidé de mettre un terme à leur action.

« Les promesses obtenues, durant la grève, conclut le communiqué du 19 mai 2007 des grévistes de la faim de Strasbourg, tant des parlementaires européens avec qui nous avons eu des contacts directs ou indirects, que du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, les messages encourageants du CPT ainsi que l’attitude positive de la Préfecture de Strasbourg ont renforcé notre conviction qu’une délégation sera envoyée au plus vite à Imrali, et nous attendons, à présent, des actes concrets de tous les intéressés, conformément à leurs promesses et leurs messages optimistes. Nous serons, à cet égard extrêmement vigilants.« 

Rennes le 19/05/07
André Métayer

Attentat très meurtrier à Makhmur Ville (Kurdistan irakien)

Le Maire, Abdul Rahman, est blessé

Communiqué de l’association marseillaise « Solidarité et liberté » du 14 mai 2007

Triste nouvelle d’hier: un attentat très meurtrier est survenu à Makhmur Ville, blessant notamment notre ami le Maire Abdul Rahman.  Cet attentat fait suite à celui d’Erbil, très meurtrier aussi, de la semaine dernière.

Le référendum relatif au rattachement au Kurdistan de la ville de Kirkuk (ville pétrolifère), qui doit avoir lieu avant fin 2007 selon les dispositions de la constitution irakienne de 2005, risque de faire basculer le Kurdistan d’Irak dans la guerre. En effet, au vu du repeuplement kurde de cette ville (qui avait été arabisée par Saddam), le référendum aboutirait à ce rattachement au Kurdistan. Or, s’opposent farouchement à ce rattachement: les arabes chiites et surtout les arabes sunnites (dans les deux cas : population, partis politiques, milices et groupes djihadistes / terroristes, dont Al Qaeda) et les Turkmènes, ces derniers étant soutenus par la Turquie, qui menace en ce moment plus que jamais d’intervenir militairement si nécessaire. La région de Kirkuk est en effet l’une des régions d’Irak les plus riches en pétrole, et toute la question est de savoir si les revenus de ce pétrole vont bénéficier à l’Etat fédéral (où Kurdes et Chiites détiennent principalement le pouvoir, au détriment des Sunnites) ou seulement à « l’Etat fédéré » du Kurdistan d’Irak.

Le risque d’embrasement au Kurdistan est réel et imminent si les Kurdes ne renoncent pas à ce référendum au profit d’une solution négociée avec les deux autres communautés (chiite et sunnite) sur les revenus du pétrole de Kirkuk. En effet, s’ils n’y renoncent pas, compte tenu de l’enjeu financier et des rapports de force actuels, adieu la paix ; et de plus, il n’est pas certain que les Américains ne les laissent pas tomber, une fois de plus dans l’Histoire (dans cette hypothèse, ils ne tiendront pas longtemps contre tous: adieu l’expérience unique d’un Kurdistan autonome si chèrement gagnée).
Ankara craint que le rattachement de Kirkuk à la zone autonome kurde irakienne ne donne à celle-ci des moyens financiers suffisants pour proclamer son indépendance, une situation qui pourrait, selon les autorités turques, encourager le sécessionnisme des Kurdes de Turquie.

M. Barzani a par ailleurs souligné son refus de reporter le référendum sur ce rattachement de Kirkuk, estimant qu’il y avait « une sorte de complot contre les Kurdes pour retarder » cette consultation, prévue pour se tenir avant la fin 2007.Solidarité et Liberté  est une association  dont les buts sont  de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme, à la liberté d’expression et d’opinion en France et dans le monde ; favoriser coopération et jumelage ; élaborer et soutenir des projets à vocation humanitaire et de solidarité. Siège social : 11, boulevard de la Jamaïque, 13015 Marseille. Date de la déclaration : 16 juillet 1999.

Un drôle de « Pélerin »

M., nouvel arrivant aux AKB, a rencontré les Kurdes pour la première fois lors de l’édition 2003 du festival de cinéma de Douarnenez, mais son intérêt pour la question kurde ne date pas d’aujourd’hui : « quand j’avais 17/18 ans et que je commençais à m’intéresser à la culture bretonne et à apprendre le breton, j’ai découvert le Kurdistan dans les années 74/75 avec 3 articles de presse parus dans Le Pélerin, l’un des rares magazines que l’on achetait à la campagne à l‘époque« . Et oui, Le Pélerin, magazine de la très catholique Maison de la Bonne Presse, alias groupe Bayard, prenait fait et cause pour les Kurdes !

Ces articles, d’une valeur historique certaine, sont encore aujourd’hui d’une surprenante actualité : « une guerre oubliée » avec leur interlocuteur irakien de l’époque, c’est à dire le parti Baas de Saddam Hussein. « Démocratie pour l’Irak, autonomie pour le Kurdistan« , mais l’accord signé le 11 mars 1970, après dix ans de guerre, vole en éclats et le général Mustapha Barzani, père de Massoud Barzani, Président de l’actuelle région autonome du Kurdistan irakien, reprend le maquis en dénonçant la politique d’arabisation systématique de la région kurde de Kirkuk. Question centrale au parfum pétrolier qui va revenir sur le devant de la scène avec le référendum que Barzani fils entend bien organiser fin 2007 à propos de la question du rattachement de Kirkuk à la région autonome du Kurdistan d’Irak.

« Un peuple sans amis qui luttait pour son indépendance depuis 1920 vient d’être sacrifié une nouvelle fois sur l’autel de la realpolitik » et sa population civile fuit les massacres, prise en étau, dans l’indifférence générale, entre l’Iran du Shah et l’Irak de Saddam qui, par les accords d’Alger du 6 mars 1975, se sont réconciliés à ses dépens… comme en 1937 après le pacte de Saadabad, signé le 8 juillet entre la Turquie, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan, qui prévoit entre autres une coordination de la lutte contre la « subversion kurde« .

Et Paul Saint-Vallier de conclure, dans le Pèlerin de 1974 : « les événements d’Irak ne doivent pas faire oublier que le mouvement nationaliste kurde concerne, en fait, l’ensemble d’un peuple écartelé depuis la première Guerre mondiale entre cinq Etats : la Turquie (où le régime d’Istanbul soumet toujours ceux qu’il appelle les Turcs des montagnes à une dure répression), l’Iran, la Syrie (où est prônée la disparition pure et simple des Kurdes) et l’Union soviétique« .

Un peuple sans amis ? Pas tout à fait. Il y a en Bretagne, en France, en Europe, des hommes et des femmes qui ont compris que défendre les droits légitimes des Kurdes, avec qui les Amitiés kurdes de Bretagne tissent des liens… amicaux, c’est défendre les droits fondamentaux de la démocratie.

André Métayer

Abdulhah ÖCALAN est-il victime d’un empoisonnement ?

Les Kurdes de Rennes et de Bretagne manifestent leur inquiétude

Les Kurdes de Rennes et de Bretagne manifestent leur inquiétude après la publication de rapports toxicologiques faisant état, selon les avocats d’Abdulhah ÖCALAN, leur leader emprisonné depuis le 15 février 1999 dans l’île–prison de haute sécurité d’Imrali dans des conditions d’isolement particulièrement cruelles, d’un empoisonnement vraisemblablement dû à l’ingestion de métaux toxiques et mettant en péril sa santé et sa vie.

Quatre d’entre eux ont d’ailleurs participé à la grève de la faim qui se poursuit à Strasbourg, organisée par le Congrès National du Kurdistan, la Confédération des Associations Kurdes en Europe et toute la communauté kurde en Europe.

A l’appel du Centre culturel de Mésopotamie, plus de 300 Kurdes de Rennes et de Bretagne, accompagnés de nombreux amis rennais, se sont réunis samedi 5 mai pour demander de soutenir l’action de ces représentants kurdes et d’exercer les pressions nécessaires sur les institutions européennes pour obtenir l’envoi d’une délégation de médecins indépendants sur l’île-prison d’Imrali.

Partie à 17h30 de la dalle du Colombier, la manifestation s’est déroulée dans de parfaites conditions jusqu’à la place de la Mairie et s’est conclue par les prises de parole.

16/04/2007

Quatre Kurdes de Rennes parmi les grévistes de la faim à Strasbourg pour Öcalan

medium_R.Kartal_edited.jPG

Depuis le 11 avril, Remzi Kartal (qui fut député kurde du parti DEP), Ali Yigit (Président du Congrès national du Kurdistan), Nizamettin Toguc (Président de la Confédération des Associations kurdes en Europe) et d’autres responsables d’organisations kurdes en Europe sont parmi les 18 Kurdes qui se relaient à Strasbourg, dans la Maison des Kurdes, pour une grève de la faim à une durée indéterminée. Ils sont accompagnés par une cinquantaine de leur compatriotes qui se relaient régulièrement, parmi lesquels des Kurdes réfugiés à Rennes.

Ils demandent au Comité pour la Prévention de la Torture d’envoyer une délégation de médecins indépendants sur l’île-prison d’Imrali pour procéder à un examen médical complet d’Abdullah Öcalan, Président du Parti des Travailleurs du Kurdistan, où il est emprisonné à vie dans des conditions particulièrement sévères.

Les avocats d’Abdullah Öcalan ont en effet rendu publics, le 1er mars dernier, les résultats des analyses réalisées en laboratoire par des experts internationaux sur des prélèvements capillaires du prisonnier, révélant des taux de strontium et chrome anormalement élevés, synonyme de présence d’une intoxication chronique.

Cette information a créé une réelle émotion, tant dans la population kurde vivant au pays – nous avons été interpellés à ce sujet lors de notre mission à Hakkari – que dans la communauté kurde émigrée en Europe, les uns et les autres voyant là une stratégie turque machiavélique pour se débarrasser de celui qu’ils considèrent comme leur leader (rappelons que, l’année passée, 3 500 000 Kurdes ont signé la pétition «je reconnais « Sayın » Abdullah Öcalan comme mon représentant politique»).

Les grévistes de la faim interpellent depuis Strasbourg les institutions européennes et demandent qu’elles assurent leur responsabilité vis-à-vis du peuple kurde.

Ils ont déjà reçu le soutien du Parti de la Refondation Communiste qui demande au gouvernement italien d’utiliser tout son pouvoir de pression sur le gouvernement turc pour faire respecter les droits humains et aboutir à la libération d’Őcalan.

A plusieurs reprises des députés européens sont venus leur rendre visite et les Kurdes espèrent en une intervention discrète du Parlement européen qui a déjà conseillé aux autorités turques d’assouplir ce régime carcéral d’exception.

André Métayer,
Président des Amitiés kurdes de Bretagne

Les Amitiés kurdes de Bretagne ont accueilli des musiciens kurdes du Kurdistan d’Irak et leur hôte breton : l’association CHEKHANI – Bretagne Kurdistan

Tout a commencé par une rencontre entre Emmanuel Smague, le Breton, et Karim Kamar, le Kurde.

Ils ont mis sur pied un échange entre musiciens bretons et kurdes, commencé par une semaine au Kurdistan irakien, en novembre dernier, pour 10 artistes bretons qui vécurent, entre danse, musique et chant, une émotion très forte au point de créer, à leur retour, l’association « CHEKHANI – Echanges culturels Bretagne-Kurdistan ». Et de se rapprocher naturellement des Amitiés kurdes de Bretagne qui travaillent, depuis plus d’une décennie, « ici », en Bretagne auprès et avec les Kurdes émigrés principalement de Turquie, et « là-bas », au Kurdistan de Turquie, où elles développent des projets de coopération principalement dans la région de Hakkari, à la frontière turco-irano-irakienne.

En retour de leur tournée au Kurdistan irakien, Emmanuel Smague, photographe, Gaby Kerdoncuff (musicien et compositeur), Iffig Troadec (chanteur et collecteur ), Alan Madec (accordéoniste) et tous les membres de l’association CHEKHANI ont accueilli pour une tournée bretonne trois musiciens de renom (et leur interprète) : Wirya Ehmed, personnage emblématique de la musique kurde actuelle, compositeur et joueur d’oud, qui, après un exil de plusieurs années aux Pays-Bas, est revenu au pays où il s’ investit activement dans le renouveau de la musique populaire auprès du gouvernement autonome du Kurdistan irakien. Rédacteur en chef de la revue « çilawas », il a à son actif une centaine de chansons qui ont toutes connu un grand succès aux Pays-Bas et dans la diaspora kurde à travers le monde. Wirya Ehmed est accompagné par Hengaw Enwer Sêxanî (kemanché), directeur de l’Institut du Patrimoine kurde d’Erbil et Serdar Ahmad Abdula (flûte).

André Métayer, Jean Claude Riou et Gaël Le Ny, des Amitiés kurdes de Bretagne, les ont accueillis à la Maison internationale de Rennes au terme de leur tournée de concerts, en échangeant avec eux leur analyse sur la situation économique et politique au Kurdistan nord (turc) et au Kurdistan sud (irakien) convergente sur de nombreux points et en concluant sur un constat : jamais les Kurdes n’avaient été aussi unis, par dessus les frontières, ce qui représente une force et une chance pour cette région si sensible.

La Turquie veut éradiquer la représentation légale kurde

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage

Après une semaine passée à Diyarbakir et au plus profond de l’extrême sud –est anatolien, il me vient à l’esprit ce proverbe bien français pour résumer ma pensée quant à la politique turque menée face à la question kurde qu’elle n’arrive pas à résoudre : « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ».

La situation est préoccupante pour une Turquie aveuglée par un nationalisme « chauvin » contraire à ses propres intérêts qui la conduit dans l’impasse , tant à l’intérieur de ses frontières, en s’enfonçant dans une « sale guerre » contre une partie de sa population qui ne réclame que la jouissance de droits culturels et politiques accordés dans toute démocratie qui se respecte, qu’au Kurdistan irakien avec lequel elle a des relations compliquées : ses menaces de déclaration de guerre contre un pays qui abrite les « terroristes du PKK » peuvent-elles vraiment être prises au sérieux quand on sait les bénéfices importants , indispensables à sa balance commerciale, qu’elle tire d’un commerce juteux en produits alimentaires et manufacturés en échange d’un pétrole brut qui lui ferait défaut par ailleurs ? [1] Une invasion militaire serait néfaste économiquement et désastreuse politiquement : les Kurdes du Kurdistan nord (Turquie) et du Kurdistan sud (Irak) n’ont jamais été aussi unis, sans compter les contacts étroits avec les Kurdes iraniens qui pourraient jouer un rôle important dans un proche avenir.

La situation est exaspérante pour une Turquie aveuglée par un nationalisme « chauvin » qui n’arrive pas à semer la division dans une population kurde restant globalement unie derrière son Leader charismatique, « Sayın » Öcalan[2], embastillé depuis 8 ans et condamné à la prison à vie. Même les protecteurs de villages, recrutés par l’Etat turc pour surveiller la population et lutter contre la guérilla votent, « derrière le rideau » pour les candidats pro-Kurdes et ne sont plus considérés comme des traîtres à abattre mais plutôt comme des victimes (« ils n’avaient pas le choix » nous dit-on), voir comme des alliés dans une guerre où le renseignement a pris une place importante.

Les entraves à la liberté de circulation, que de nombreux contrôles routiers, pointilleux et bureaucratiques, -nous les avons expérimentés-, rendent insupportables à la population, n’arrêtent pas pour autant la circulation des idées et, aux dires de nos interlocuteurs, tant en conversations privées qu’en contacts officiels, chaque vexation, chaque arrestation, chaque condamnation renforce la résistance de la population. Le retour triomphal du maire de Hakkari, condamné à 7 ans de prison, accompagné jusqu’à sa mairie par des centaines de ses concitoyens, dont nous avons été témoin, les manifestations à l’occasion des fêtes du Newroz (nouvel an kurde), aux quelles nous avons participé à Şemdinli, tout proche de la frontière irakienne, attestent de cette mobilisation : drapeaux, banderoles, slogans, discours, dont les contenus sont passibles de poursuites, fusent, se déploient sous le nez de la police et de l’armée qui contrôlent, fouillent, y compris les étrangers, notent, enregistrent, photographient, surveillent, avec en sus le bourdonnement de l’hélicoptère qui provoque, à chaque passage, lazzis et bras d’honneur.

Procès en kurditude

La fuite en avant est, pour l’instant, la seule réponse d’une Turquie aveuglée par un nationalisme « chauvin » qui, tout en continuant à pourchasser, malgré une trêve décrétée unilatéralement, ceux qui ont pris les armes et qui se sont réfugiés « dans la montagne », s’en prend à tous les représentants légaux de la population.

Les prochaines élections législatives, en automne prochain, dont l’enjeu n’échappe à personne, sont déjà l’objet, de part et d’autre, de manœuvres stratégiques. Le DTP, (Parti pour une Société Démocratique), parti de la représentation kurde, conscient qu’il ne pourra, dans les conditions actuelles du scrutin faites aux candidats présentés par les partis politiques, obtenir des sièges à la Grande Assemblée (Parlement turc), envisage de présenter des candidats « indépendants » qui ne sont pas soumis aux mêmes règles[3], et pense ainsi obtenir un nombre de députés suffisant pour constituer, une fois élus, un groupe à l’assemblée, avec tous les avantages d’un groupe parlementaire y compris celui du droit d’expression.

Pour contrer cette stratégie, la Turquie met en place une politique d’intimidation et procède à des arrestations de cadres du DTP et des élus locaux dans le but de les faire condamner par une justice dont l’indépendance par rapport à « l’Etat profond » laisse à désirer, et ainsi de les rendre inéligibles. Plus de 70 cadres, responsables locaux, régionaux et nationaux font déjà l’objet de procédures, comme Sabahattin Suvagci, Président de la section locale du DTP de Hakkari, condamné à un an de prison et 3 jours pour avoir déclaré que le PKK n’était pas une organisation terroriste, comme Hilmi Aydogdu, président du DTP de la province de Diyarbakir, placé en détention provisoire depuis le 23 février pour avoir déclaré à la presse que les Kurdes de Turquie « considéreraient une attaque turque sur Kirkûk comme une attaque sur Diyarbakir », comme Ahmet Türk, Président du DTP condamné à six mois de prison ferme et incarcéré pour avoir appelé Abdullah Öcalan ‘Sayın » c’est à dire « Monsieur Öcalan ».

Quant aux maires, ils font l’objet d’un traitement particulier et d’un harcèlement continuel frisant parfois le ridicule[4]. La jeune femme, maire de Bostaniçi (commune suburbaine de Van), Gülcihan Simsek, ne compte plus le nombre de convocations, d’interrogatoires ou de procédures lancées contre elle. Le fait d’avoir envoyé un véhicule de la mairie chercher le corps d’un enfant du pays tué au combat vaut procédure pouvant aboutir à mise en examen et condamnation. Elle a, bien sur, avec ses collègues maires –une cinquantaine-, signé la lettre aux autorités danoises pour défendre Roj TV, la télé kurde en exil qui émet depuis le Danemark et menacée de fermeture, et comme ses collègues, elle est mise en examen au motif de soutien à une organisation terroriste. Le mot est lâché : en voulant diaboliser la guérilla, la Turquie a réussi à faire taire les querelles intestines et à unir la population, ses élus, les cadres politiques et les combattants dans une même lutte, celle de la liberté d’expression, qu’elle soit culturelle, linguistique ou politique.

Parmi les maires, deux d’entre eux sont particulièrement visés : les maires de Diyarbakir et de Hakkari.

Osman Baydemir, avocat, maire Métropolitain de Diyarbakir, président de l’Union des maires du Sud est anatolien (G.A.B.B.), qui fut, auparavant, président de la section régionale de Diyarbakir de l’association turque de défense des droits de l’homme, I.H.D., affiliée à la F.I.D.H., est la « bête noire » du régime : Il encourt, dans un autre procès intenté contre lui, 10 ans de prison au motif qu’il aurait fait l’éloge du P.K.K. et de la guérilla après les émeutes de Diyarbakir, en mars 2006, alors que son rôle de modérateur a été remarqué par tous les observateurs. On ne compte plus les menaces de mort dont il est l’objet.

Metin Tekçe, maire de Hakkari, « capitale » de cette province montagneuse qui se trouve, géographiquement et politiquement, au centre de la question kurde, est lui aussi « dans le collimateur » après l’affaire de Semdinli où des éléments des forces militaires turques ont été pris, « la main dans le sac », à commettre un attentat meurtrier qui fit plusieurs victimes. Il craint pour sa sécurité depuis que le chef d’Etat major, le commandant Ilker Basbug a déclaré que « dans la ville de Hakkari se trouvent certains microbes qui doivent être nettoyés « . Lettres et appels téléphoniques anonymes, fouilles humiliantes à chaque check point -et ils sont nombreux -, entraves dans ses fonctions de maire[5], Metin n’en a cure et refuse l’exil malgré la crainte réelle de la prison.

Le 19 mars dernier, en effet, il vient d’être condamné par la cour d’assises de Van à 7 années et 1 mois d’emprisonnement à l’issue d’une procédure lancée contre lui concernant plusieurs dossiers : condamnation à 6 ans et 3 mois pour une affaire datant de 2003 où il est jugé coupable d’appartenance au PKK – au vu d’un seul témoignage à charge émanant d’un détenu qui s’est rétracté par la suite devant le tribunal et dont on peut penser que les aveux avaient été extorqués sous la torture-, à laquelle s’ajoute une condamnation à 10 mois de prison pour propagande en faveur d’une organisation terroriste, dans un communiqué de presse confirmant ses déclarations devant la commission d’enquête parlementaire (pour lesquelles il était aussi poursuivi mais finalement relaxé) dans lequel il affirmait que le PKK n’est pas une organisation terroriste.

Ce n’est pas l’attitude frileuse, voire complice, de la diplomatie européenne et des différents pays européens comme la France et l’Allemagne qui va convaincre la Turquie à changer de politique et les responsables politiques kurdes, les avocats, les défenseurs des droits de l’Homme s’en plaignent amèrement au point de douter de la sincérité de ceux qui se proclament par ailleurs les défenseurs de la démocratie et des droits humains.

Fort heureusement, les prises de positions d’hommes et de femmes politiques en faveur des maires kurdes émanant de la Bretagne sont une éclaircie dans un ciel encore sombre.

Malgré tout, les Kurdes gardent confiance en eux : ils sont indestructibles.

André Métayer
Président des Amitiés kurdes de Bretagne


[1]Avec le bouclage des frontières ce pays producteur de pétrole aux raffineries détruites est soumis à un embargo de fait par la Turquie qui lui fournit l’essentiel des produits alimentaires et de première nécessité à un prix exorbitant : le prix de l’essence flambe ! Un comble !

[2] appeler A. Öcalan « Sayın », c’est à dire « Monsieur » avec une certaine marque de respect, vaut à plusieurs hommes politiques kurdes six mois de prison aux termes de l’article 215 du code pénal turc qui réprime l’éloge du crime et du criminel et, aujourd’hui, un procureur d’Ankara a lancé une enquête préliminaire à l’encontre du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan soupçonné d’avoir fait l’apologie d’Abdullah Öcalan, qu’il aurait appelé « Monsieur Öcalan » il y a sept ans ! Qui gouverne en Turquie ? Une nébuleuse qu’on appelle, ici, « l’Etat profond »

[3] Pour qu’un parti puisse gagner un siège à l’assemblée, il lui faut et ce, quel que soit son résultat à l’intérieur de la circonscription, pouvoir se prévaloir d’au moins 10 % des suffrages à l’échelle du pays. Mais cette règle n’est pas applicable aux candidats indépendants.

[4] Les demandes d’autorisation de célébrer le Newroz sont restées bloquées au motif qu’elles comportaient la lettre W (dans Newroz), et ce, en violation de la loi 1355 sur l’utilisation de lettres (W, X et Q) qui n’existent pas dans la langue turque.

[5] La ville de Hakkari n’a toujours pas reçu de son ministère de tutelle, celui de l’intérieur, l’autorisation de recevoir, de l’étranger, des dons conditionnels pour construire un centre de santé de d’éducation en direction des femmes, prioritairement.

Nouvelle adresse pour Kurdish Info

L’adresse de Kurdish Info ayant été bloquée par les USA, selon ses responsables, le site est désormais accessible à http://kurdish-info.net/

Communiqué du Centre Culturel de Mésopotamie

Les Kurdes de Rennes et de Bretagne entendent manifester leur inquiétude et leur colère après la publication de rapports toxicologiques faisant état, selon les avocats d’Abdulhah Öcalan, d’un empoissonnement vraisemblablement dû à l’ingestion de métaux toxiques, mettant en péril la santé et la vie de leur leader, emprisonné depuis le 15 février 1999 dans l’île–prison de haute sécurité d’Imrali, dans des conditions d’isolement particulièrement cruelles.

Ils  se rassembleront 

samedi 3 mars, à 14 heures, place de la mairie, à Rennes 

pour sensibiliser l’opinion publique rennaise et les medias sur la situation alarmante de leur leader Abdulhah Öcalan.

Ils demandent qu’une délégation internationale indépendante d’experts scientifiques se rende immédiatement à Imrali  pour procéder à des analyses et faire un bilan de santé de celui qui fut livré à l’Etat turc à la suite d’un complot international.

Abdulhah ÖCALAN empoisonné

Inquiétude et colère de la communauté kurde de Bretagne 

La communauté kurde de Bretagne souhaite attirer l’attention sur la situation d’Abdulhah Öcalan :

« Abdulhah Öcalan, notre leader, détenu en Turquie à la suite d’un complot international, souffre d’un empoisonnement vraisemblablement dû à l’ingestion de métaux toxiques, affirment ses avocats, qui ont rendu public jeudi à Rome les résultats d’analyses faites sur des cheveux du prisonnier.

Les analyses ont été  réalisées par  Pascal Kintz, toxicologue français – et confirmées par deux laboratoires à Oslo et Rome – qui a indiqué avoir identifié des doses de chrome « sept fois supérieures à la moyenne » ainsi que des doses de strontium extrêmement élevées.

Me Giuliano Pisapia, l’un de ses défenseurs italiens, affirme qu’Abdulhah Öcalan souffre « d’un empoisonnement progressif », « empoisonnement par la nourriture ou par l’eau ».

L’avocat turc Irfar Dundar, qui lui a rendu visite récemment, a affirmé jeudi qu’Öcalan souffre de problèmes respiratoires, dermatologiques et de fortes douleurs qui l’empêchent de dormir.

L’un de ses avocats turcs, Mahmut Sakar, a demandé au cours d’une conférence de presse que l’ONU, le Conseil de l’Europe ou son comité pour la prévention de la torture prennent l’initiative d’envoyer une « délégation médicale indépendante » pour procéder à un examen médical complet du condamné » « La communauté kurde de Bretagne demande qu’une délégation internationale indépendante d’experts scientifiques se rende immédiatement à Imrali pour procéder à des analyses et faire un bilan de santé de celui qui fut livré à l’Etat turc à la suite d’un complot international. »

Catalogue des kilims en stock

Le catalogue des kilims actuellement en stock est disponible. N’hésitez pas à prendre contact avec l’association pour plus de renseignements.

Possibilité de paiements échelonnés, bien entendu sans aucuns frais. 

Libérés

Les 8 Kurdes, parmi lesquels Riza Altun et Firat, qui sont passés, en appel, devant la Chambre de l’Instruction, ont été remis en liberté (sous contrôle judicaire, ce qui est la procédure normale). Le cas des 7 autres doit être examiné mardi et il serait étonnant que la décision soit différente.

Qui sont donc ces dangereux « terroristes » accusés « d’association de malfaiteurs, de blanchiment d’argent en relation avec une entreprise terroriste » et de « financement du terrorisme« , interpellés les 5 et 6 février à grand fracas de publicité, aux termes de perquisitions aux méthodes contestables dans des locaux associatifs, mis en examen et incarcérés depuis le 9 février ?

« Ce qui a frappé la Cour (d’appel), c’est que nous avons démontré que les autorités françaises entretenaient des relations suivies entre 2000 et 2006 avec nos clients, tolérant ainsi leurs collectes (d’argent), et qu’on ne voyait pas comment elles auraient pu fermer les yeux sur les infractions dont on les accuse« , ont déclaré à l’AFP Mes Antoine Comte, Jean-Louis Malterre et Sylvie Boitel.

De son coté, la DST n’a pas nié les contacts qu’elle entretient avec ces militants de la cause kurde.

Dès le 10 février, lors de notre assemblée générale, nous nous étions associés au communiqué du Collectif Méditerranéen pour le Respect des Droits de l’Homme en Turquie qui s’élevait contre l’assimilation quasi systématiquement faite entre militants kurdes et terroristes par la presse et les politiques, en rappelant que le peuple kurde, minorité de Turquie, lutte pour le respect de ses droits les plus fondamentaux, lesquels sont bafoués quotidiennement en Turquie.

Aujourd’hui même deux responsables du principal parti pro-kurde de Turquie ont été arrêtés et écroués pour « soutien aux rebelles kurdes » et pour des « propos sur l’éventualité d’une action militaire turque en Irak du nord » : il s’agit de Ibrahim Sunkur, chef provincial du Parti pour une société démocratique (DTP) à Van et de Hilmi Aydogdu, chef local du DTP à Diyarbakir.

Tout en nous réjouissant de cette remise en liberté, à Paris, des militants de la cause kurde, nous nous perdons en conjecture sur les motifs de ces manœuvres dilatoires d’une diplomatie dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle manque de lisibilité.

Quel gâchis !

André Métayer

Haro sur les Kurdes

« La famille kurde » a hérité du rôle de bouc émissaire dans le discours de plus en plus obsessionnel que tient Le Pen sur l’immigration.

Ces pelés, ces galeux d’où nous vient tout le mal

Plus le discours de Le Pen se dépénalise, plus il se polarise sur cette seule cible. Attentif à ne pas trop gravement déraper, s’en tenant à ses allusions mondaines pour toujours jouer avec les mêmes tabous, tel  l’affichage goguenard de sa préférence nationale pour les soldats français morts pendant nos guerres qui le dispenserait d’émettre la moindre compassion ou repentance dans le sujet à la mode des génocides, Monsieur Le Pen, n’a jamais aussi clairement diagnostiqué la peste qu’il a choisi de dénoncer.

Pas d’autre explication au chômage que l’immigration. Pas d’autre cause à la crise du logement que l’immigration. L’immigration est responsable de la faillite de l’école républicaine. L’immigration est la source de nos problèmes sanitaires, du déficit de la Sécurité Sociale, de la baisse du pouvoir d’achat. Est-il encore besoin de revenir sur la responsabilité de l’immigration en matière d’insécurité ? Pas vraiment ; d’autres s’en chargent ; qui sèment. Lui, récolte, selon une de ses fanfaronnades favorites.

L’immigration donc, ces centaines de milliers, ces millions d’étrangers, poussés par la pauvreté, attirés par la garantie de trouver chez nous un toit, des soins, des formations, passent avant les vrais français, nous poussent à la ruine.

D’un côté le nombre, les flux torrentiels, de l’autre, la personnification du mal : cette famille kurde prise pas tout à fait au hasard, pour l’exemple !

D’émission, en débat, en interview, jeudi sur la 2 sur A vous de juger, dimanche sur la 5 chez F.O.G., lundi sur TF1 à Je pose une question … à chaque fois, le même coupable, la même phrase « Quand notre citoyen français emblématique, avec deux enfants, attend depuis douze ans un logement, eh bien il ne l’aura jamais parce qu’il y a une famille kurde qui vient d’arriver avec 5 enfants tout nus, qui trouvera, elle, immédiatement un hébergement. »

C’est dans la pure tradition des propagandes haineuses où l’ennemi nous est donné à voir à travers la figure d’un personnage stéréotypé dont les particularismes, si possible rapportées à des traits physiques, au plus près de la caricature, sont sensés incarner les dangers qui nous menacent.

Ils arrivent nus : toute la misère du monde

Avec cinq enfants : la démographie galopante qui va nous submerger.

Tous musulmans !

Opérations de pacification, villages incendiés, populations déplacées, tortures

Français, nous connaissons bien, Monsieur Le Pen connaît bien : voici l’histoire de la famille kurde à laquelle je pense chaque fois que le tribun en désigne l’anonyme image à la vindicte publique.

1994 : Les K., furent recherchés par l’armée turque parce que deux frères de Mehmet avaient rejoint la guérilla. Ils y étaient morts. La punition s’acharnait sur les survivants.  Mehmet, après avoir subi interrogatoires et tortures, n’avait pas eu d’autre solution que de fuir son village dans la montagne qui, comme des milliers d’autres, était devenu l’objet de représailles répétées visant tout le monde et n’importe qui, le groupe, la famille, les proches, les voisins, dans le seul but, en terrorisant, de vider les maisons où les combattants trouvaient des soins, de l’approvisionnement, des aides. Le village incendié a éclaté, les familles sont parties chacune dans une direction, dans les villes voisines un peu grandes, dans les très grandes métropoles, Diyarbakir, Ankara, Istanbul. La police a continué à les soupçonner, à les menacer. Condamnés à la débrouille au fond de bidonvilles surpeuplés, dès qu’ils purent rassembler assez d’argent pour deux passages, ils sortirent du pays.

Une fois physiquement anéanti, un village dans la vieille société rurale de la région, continue à exister. Ses habitants continuent de dépendre les uns des autres, quand bien même les distances qui les séparent atteignent plusieurs milliers de kilomètres. Cette dépendance est affective, est économique. Ce sont des liens généreux, des liens contraignants. C’est du sentiment, c’est du social. Comme le village réel, celui-ci nourrit, conforte, ordonne, règle, oblige, rassure, recueille. Et cela explique que, pendant cinq, dix ans, à travers d’invraisemblables périples, plusieurs dizaines de familles élargies d’un village d’éleveurs et de bergers des montagnes de l’Anatolie du Sud-Est se sont regroupés en France, dans les grands ensembles périphériques de la même ville. Les uns ont obtenu l’asile politique, les autres non. Ils ont tous vécu la même agression, pris peur, vendu ce qui avait une valeur marchande, cherché des refuges, passé plusieurs années dans la semi clandestinité dans leur pays, avant de payer les passeurs. Ils ont trouvé auprès de leurs proches la solidarité qui leur permet de survivre : beaucoup en attente de régulation ne sont pas autorisés à travailler, plusieurs, de plus en plus chaque année, ont été déboutés.

Respecter les immigrés c’est d’abord refuser de les considérer et de les traiter comme du nombre, en termes de stocks. Entrants, reconduits. Chacune de ces personnes, de ces familles a une histoire.

Du délit de misère à l’accusation de terrorisme

Les histoires de Kurdes que je connais, leur misère, leur immigration, ont quelque chose à voir avec la politique. Avec la politique chez eux, évidemment, en Turquie. Et maintenant avec la politique chez nous, avec notre politique étrangère. Avec la campagne présidentielle.

La rocambolesque perquisition du Centre d’Information du Kurdistan et du Centre Culturel Kurde Ahmet Kaya voisin de la permanence électorale de Nicolas Sarkozy, l’arrestation et la mise en examen de 15 militants poursuivis au motif d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, portent toutes les marques d’une opération de complaisance dans la ligne logique des positions prises par le candidat.

Il en est ainsi de l’engagement de Sarkozy en faveur d’une collaboration plus compréhensive avec les Etats-Unis au Moyen Orient : il est de notoriété publique que le gouvernement Bush, pour résister aux envies de l’armée turque de détruire les forces du PKK repliées dans le nord de l’Irak, cherchent à donner des preuves que son camp s’active à démanteler l’organisation. Les actions menées dans ce sens en Allemagne et en France attestent l’existence d’un plan concerté.

Il en est ainsi de la volonté de Sarkozy de doubler son refus d’accepter la Turquie dans l’Union européenne par une proposition d’étroite association spécifique ouvrant droit à toutes sortes de coopérations renforcées : sans attendre, cette soudaine réactivation de la chasse aux responsables kurdes vient témoigner des avantages que Ankara pourrait retirer de ces offres. Les informations directes détenues par la DST depuis dix ans concernant les activités des personnes poursuivies, montrent bien que l’action d’éclat prend place dans la conjoncture électorale, dans le programme présidentiel.

De ce mal naîtra peut-être un bien. D’autres candidats, dont certains ont déjà demandé la libération des personnes placées en détention, diront alors que leur soutien aux droits culturels et politiques élémentaires des peuples les empêche, indépendamment du jugement porté sur la guérilla, de faire l’amalgame entre une entreprise terroriste et ce qui relève historiquement d’une lutte de libération. Que dans le cadre de ce même soutien, ils se placent du côté, dans les deux camps, de ceux qui se prononcent pour substituer à l’affrontement armé la recherche de solutions politiques conduisant à la paix. Que celle-ci, comme dans toutes les situations qui ont mis fin à ce genre de conflits, suppose l’acceptation de l’amnistie.

René Péron Chercheur CNRS – UMR  Espaces géographiques et Sociétés, Rennes.

500 manifestants contre les mesures policières

Samedi 17 février, à Rennes, plus de 500 personnes, majoritairement kurdes, ont manifesté contre les mesures policières à l’encontre de 15 militants kurdes interpellés à Paris et Vannes et pour la libération des 14 militants emprisonnés.

Les manifestants ont également dénoncé l’enlèvement le 16 février 1999 et la détention depuis lors d’Abdullah Öcalan dans des conditions indignes et à l’issue d’un procès jugé inéquitable par la Cour européenne des Droits de l’Homme.

La manifestation, partie de la dalle du Colombier, s’est parfaitement déroulée. Elle s’est terminée par les prises de parole place de la Mairie, occasion pour les jeunes notamment de dénoncer « la criminalisation du peuple kurde pour répondre à la demande turco-américaine de répression sur le sol européen« .

medium_IMG_1282.2.jpg

Adhésion 2007

Le bulletin d’adhésion ou de don à l’association pour 2007 est téléchargeable ici. Pensez-y!

Appel à manifester du Centre culturel de Mésopotamie

Les Kurdes de Rennes et de Bretagne qui entendent protester contre les mises en examen de militants kurdes écroués dans différentes maisons d’arrêt de la région parisienne organisent une marche pacifique de protestation pour sensibiliser l’opinion publique rennaise et les medias.

Rassemblement samedi prochain, 17 février, à 15 h dalle du Colombier

Marche : rue de l’Alma, place de la Gare, avenue Janvier, pont Pasteur, les quais, place de la Mairie

Dislocation place de la Mairie

Protestation de la communauté kurde de Bretagne contre l’incarcération de militants kurdes

Quinze Kurdes interpellés en Ile-de-France et en Bretagne ont été mis en examen pour des activités terroristes présumées et quatorze d’entre eux sont placés en détention provisoire.

Ils sont victimes du contexte électoral en France et des pressions de la Turquie et des Etats-Unis.

La communauté kurde de Bretagne s’élève contre l’assimilation qui est effectuée quasi systématiquement entre militants kurdes et terroristes et rappelle que le peuple kurde lutte pour le respect de ses droits les plus fondamentaux, bafoués quotidiennement en Turquie, et dénonce le fait que des militants de la cause kurde en France soient arrêtés et leurs locaux perquisitionnés, qui plus est avec des méthodes contestables, sous couvert de lutte anti-terroriste.

« Ce n’est pas la première fois que, sous couvert d’accusations de terrorisme, des Kurdes sont arrêtés alors que leurs dossiers sont entièrement vides« , ont déclaré des représentants d’associations et de partis politiques français, réunis en collectif de soutien.

« Ces mises en examen s’inscrivent dans un mouvement de criminalisation et donc de disqualification de peuples qui luttent contre l’oppression et pour la reconnaissance de droits fondamentaux« , déclare Me William Bourdon, l’un des avocats des militants kurdes arrêtés dont dix d’entre eux un statut de réfugié politique depuis plus de dix ans.

La communauté kurde de Bretagne en appelle à toutes les organisations démocratiques pour demander la libération des personnes interpellées et l’arrêt des mesures policières à l’encontre des organisations kurdes.

Suite aux arrestations de Kurdes et aux perquisitions à Paris

Suite aux arrestations de Kurdes dans la région parisienne et aux perquisitions dont ont été l’objet, à Paris, lundi dernier, 5 février 2007, le Centre Culturel Ahmet Kaya et le Centre d’Information du Kurdistan,

Le Centre Culturel de Mésopotamie et la communauté kurde de Rennes

organisent une manifestation,

A Rennes

 place de la mairie,

mercredi 7 Février, à 14 heures,

Pour protester contre  cette politique qui consiste à s’en prendre à la diaspora kurde, solidaire du peuple kurde, dans le cadre d’un grand marchandage compensatoire avec la Turquie qui ne cesse de demander aux Etats Unis, sans succès pour l’instant, de déclencher une offensive qui lui livrerait le pétrole de Kirkuk et la débarrasserait de la résistance kurde.

Communiqué du Centre culturel kurde Ahmet Kaya, 16 rue d’Enghien 75010 Paris

« Le 05/02/2007, entre 5h30 et 6h30, les forces de l’ordre ont effectué une perquisition, non fondée et sortant du cadre légal, contre le centre culturel kurde d’Ahmet Kaya, à une heure où il n’y avait personne de présent dans les locaux, et ont défoncé toutes les portes, abîmant l’ensemble du mobilier et différents objets. Ils ont également emporté trois ordinateurs ainsi que des dossiers. 

Nous protestons et condamnons fermement cette pratique injuste  envers le centre culturel kurde qui, à maintes reprises, a répondu aux interrogations des services de l’ordre. Plusieurs projets de notre association sont  d’ailleurs subventionnés  par les pouvoirs publics et nos locaux sont couramment utilisés par plusieurs associations de tous genres.

Les pays européens, qui ont des liens économiques ou politiques avec la Turquie exercent régulièrement, par le biais d’action comme celle-ci, des pressions sur la communauté kurde, et c’est au moment où les plus modestes défenseurs des droits de l’homme sont de nouveau assassinés en Turquie que plusieurs de nos associations sont perquisitionnées en Allemagne,  et, aujourd’hui, en France.

Au moment où la Turquie insiste auprès  des Etats-Unis pour une opération de grande envergure  en Irak contre les kurdes, quelle est la politique de France et/ou de l’Union Européenne pour les Kurdes en Turquie ? Un enjeu de campagne électorale ou un objet de marchandage avec la Turquie?

Alors que la communauté kurde n’a jamais été un danger pour l’ordre public, en Europe comme en France, pourquoi s’en prendre aux associations kurdes légalement basées dans ces pays ? Nous, la communauté kurde de France, sommes prêts à discuter avec tous ce qui ont un projet pour améliorer la vie sociale en France.

La peuple kurde n’a d’autres demandes que la Paix, la Démocratie et la Reconnaissance de son Identité. Nous appelons toutes les organisations démocratiques et respectueuses des droits de l’homme à condamner cette action et être solidaire avec le peuple kurde.

Afin de protester contre ces agressions, la communauté kurde en France donne rendez-vous demain, 06/02/2007 à partir de 15h00, au 16 rue d’Enghien  pour une marche partant de notre association, perquisitionnée, vers la Place de République.

 Nous vous invitons à être avec nous, pour dire

« ENSEMBLE TOUT DEVIENT POSSIBLE MAIS AVEC LA DEMOCRATIE ET LE RESPECT DES DROITS DE L’HOMME »Dernière minute : réel succès de la manifestation  qui s’est déroulée cet après-midi, à Paris, sans incident, de la rue d’Enghien à la place de la République, regroupant plusieurs milliers de Kurdes et… quelques Français. »

Manifestation disciplinée qui s’est terminée à 16 heures, avec un appel à une grève de la faim au Centre culturel kurde.

« Je suis une journaliste et une fille kurde en exil à la poursuite d’un rêve d’enfant »

Interview de Gulbahar Koker

Gulbahar Koker est journaliste kurde, réfugiée en France après avoir été arrêtée, torturée et détenue durant près de trois ans à Istanbul à la prison de Bayrampasa tristement célèbre pour avoir été, en 1996, le théâtre d’évènements graves durant lesquels trois détenus ont tenté de s’immoler par le feu. Deux sont décédés, la troisième a survécu : c’est Gulbahar qui a accepté de répondre à nos questions.

Bonjour, Gulbahar. Mon premier contact avec le Kurdistan date de mars 1994, à l’occasion du Newroz, à Diyarbakir où j’ai rencontré, après moult précautions, le directeur de « Özgür Gündem », et je garde de cette rencontre un souvenir très précis au siège du journal transformé en bunker, tant les journalistes étaient, alors, des cibles privilégiées. Gulbahar, où étiez-vous en mars 1994 ? En 1994, j’avais 17 ans, j’étais à Istanbul, je voulais devenir journaliste et je préparais l’examen d’entrée à la faculté d’édition et de presse   Vous êtes stambouliote ? Non, je suis née à Elbistan, district de Maras, dans une famille riche de kurde alévi, en 1977, selon ma mère, en 1975 selon l’Etat civil, mais il faut dire que, dans mon pays, nous n’attachons que peu d’importance à la date de naissance : au Kurdistan, le temps n’arrive pas à trouver sa place. Par contre je peux dire que la situation d’émigrée me « colle à la peau » depuis ma naissance et a commencé par un exil de toute la famille qui migra de Maras à Istanbul. Mes parents divorcèrent peu après et mon père se remaria. C’est ma mère, une femme totalement dévouée à ses enfants, qui nous éleva.  

Et vous êtes entrée à la faculté de la presse… Non, l’entrée m’en fut interdite car j’avais déjà été arrêtée au cours de mes années de lycée. Puis je fus détenue durant trois ans… Mais, même privée d’une formation supérieure, j’ai pu, néanmoins, réaliser mon rêve et exercer le métier de journaliste.   On a voulu vous « casser » ? Oui, dès 1995, à 18 ans, à l’occasion de la fête du 1° mai, j’avais déjà été repérée et placée en garde à vue, au motif que j’avais commis, en célébrant la fête des travailleurs, un acte terroriste. Des milliers de personnes avaient participé à cette manifestation mais Il fallait réduire au silence cette jeune Kurde alévie que j’étais, passionnée, par ailleurs, par le journalisme et l’écriture.   Vous étiez militante ? Je militais au sein du Parti Démocratique du Peuple (HADEP).   Un parti politique légal pro kurde… …qui s’efforçait d’être une réponse aux besoins du peuple kurde. Mes activités étaient destinées à réveiller les jeunes esprits que le coup d’Etat militaire de 1980 avait privés de personnalité et d’identité. Ces jeunes, sans passé ni avenir, il fallait qu’ils sachent d’où ils venaient pour qu’ils puissent se projeter dans l’avenir.   Alors ? Militante ou journaliste ? Née kurde et alevi, j’avais déjà un passé politique et on pourrait considérer qu’il y avait un lien entre mon passé politique et mon métier, mes opinions politiques me poussant vers le journalisme et le journalisme jouant un grand rôle dans l’affirmation de mon identité, mais je ne peux dire de quelle nature est ce lien. Ecrire et faire des recherches sont pour moi un rêve d’enfant. et dans mes écrits et mes recherches, je m’évertue à suivre les règles et principes du journalisme. Mes opinions et mes écrits reflètent, certes, ma vision de la vie mais, malgré ce que j’ai vécu, je pense être restée fidèle au principe de l’objectivité. Il m’est arrivé de faire des reportages sur les militants et de partager avec eux de très bons moments, et je peux même ajouter qu’ils ont contribué à ma progression dans la profession de journaliste… mais…je ne me considère pas comme une militante, d’autant plus que je n’ai pas choisi ce que j’ai vécu. Je suis une journaliste et une fille kurde en exil à la poursuite d’un rêve d’enfant…   1995, c’est pour vous, le début d’années douloureuses… J’ai été arrêtée par la police et placée en garde à vue durant 14 jours selon le procès-verbal, mais durant 20 jours en réalité. Tout au long de cette garde à vue, j’ai été sévèrement torturée. j’en garde des séquelles neurologiques qui me réveillent la nuit et pour lesquelles je suis toujours en traitement.   Quelles étaient les accusations portées contre vous ? Le crime dont on m’accusait, c’était d’être membre du PKK. J’ai été détenue pendant trois ans à la maison d’arrêt de Bayrampasa sur le fondement d’une dénonciation sans preuve d’une personne dont je ne connais même pas l’identité, et finalement libérée pour insuffisance de preuves. Mais la procédure n’est pas close… car si le tribunal m’acquittait, j’aurais le droit d’engager une action en justice contre l’Etat turc pour le préjudice subi.   Et puis il s’est passé quelque chose de très grave le 27 septembre 1996 à la prison d’Istanbul Bayrampasa : trois détenus se sont immolés par le feu. Deux sont décédés et l’une a survécu, et c’est vous. Le suicide par le feu, c’est difficile à expliquer… mais auparavant il est très important de rappeler qu’à la prison Bayrampasa les détenus, en grand nombre, étaient membres du PKK , c’est à dire des militants qui s’étaient battus pour libérer le peuple kurde… la liberté pour le peuple kurde c’est quelque chose de profondément ancré au fond de mon cœur, même si je sais par ailleurs qu’il y a des Kurdes qui n’y croient pas ou même qui cherchent à tirer profit de la situation… A la prison Bayrampasa, les détenus étaient représentés auprès de la direction de la prison par des infiltrés, télécommandés par l’Etat turc, au grand dam des autres détenus du PKK, alors que dans toutes les autres prisons, les détenus menaient la résistance conte la torture, comme à la prison de Diyarbakir, par exemple, où la répression fut terrible. Face à cet éternel recommencement de l’histoire du peuple kurde, entre patriotisme et trahison, je me sentais impuissante et démunie, et même le fait d’écrire pour dénoncer les collaborateurs me paraissait dérisoire : je me sentais déshonorée de vivre dans ces conditions. C’est alors que, le 27 septembre 1996, avons décidé, deux de mes amis et moi, de nous immoler par le feu pour dire « non » aux traîtres, et « halte » aux actes de barbarie de l’Etat turc. Plutôt mourir que vivre dans le déshonneur ! Mes deux amis n’ont pas survécu et moi, je suis restée dans une situation insupportable, entre la vie et la mort. Comment exprimer ce qu’on peut ressentir quand on décide de mettre fin à sa vie ? survivre fut plus dur que mourir et j’ai désormais en moi des blessures qui ne guériront jamais.   Pouvons-nous parler d’avenir ? quelle évolution politique de la Turquie est possible aujourd’hui ? Il n’est pas aisé de réformer un Etat comme la Turquie où la structure militariste est très forte, et. c’est pourquoi je pense qu’un changement politique en Turquie ne me paraît pas possible à court terme, bien que le processus d’adhésion à l’Union européenne ait ouvert la voie à certains développements, mais le blocage politique est tel que la Turquie ne respecte ses engagements. Aucune évolution ne semble possible tant que la Turquie n’aura pas réglé les comptes avec son passé et tant qu’elle refusera de regarder en face les problèmes : on se ment à soi-même, on se créé des ennemis, on assure des rentes de situations à ceux qui profitent des conflits, au lieu de favoriser les développements sociaux, politiques, culturels et économiques dont le pays a besoin. De plus, je doute que la Turquie puisse être aidée dans ces domaines par les Etats européens qui, dans les négociations en vue de l’adhésion, ne prennent pas en compte la question kurde. Les avancées que l’Union européenne attend de la Turquie concernent surtout l’union douanière, Chypre, les ports et les questions économiques.   Et l’union des Kurdes de Turquie, d’Iran et d’Irak ? Est-elle souhaitable ? possible ? déjà réelle ? L’union des Kurdes de Turquie, d’Irak et d’Iran ? c’est un concept, à dire vrai, séduisant qui marquerait un progrès considérable pour le développement du Moyen Orient, mais utopique si nous considérons l’ensemble des équilibres politiques qui ont obligé cette région moyen-orientale, complexe et mystérieuse, riche en ressources naturelles, et placée au carrefour de deux vieux continents, à courber la tête. nuls signes de progrès ne sont perceptibles aujourd’hui, ou alors, il y a quelque part une volonté de les cacher. Mais j’ai la conviction qu’au cours des prochaines décennies le Moyen Orient se délivrera des guerres qui l’écrasent, fera taire ceux qui le méprisent et vaincra un sous-développement qui est aussi politique et culturel. Je pense que les peuples du Moyen-Orient sauront relever, avec honneur, le défi de l’avenir.   Comment voyez-vous votre propre avenir ? La situation actuelle n’est pas très positive et je suis profondément affectée par les difficultés liées à l’exil. Aux graves ennuis de santé résultant des tortures dont j’ai été victime s’ajoute un désarroi moral propre à l’exilé. j’ai, pour l’instant arrêté d’écrire… ne pas connaître le français est, pour moi, très handicapant mais la vie continue : je me fais soigner, d’une part, et je suis, par ailleurs, inscrite à des cours de français à la Sorbonne. Quel est mon avenir ? Je suis issue d’un peuple du Moyen Orient et je ne peux envisager mon avenir détachée de lui. Combien de temps mon exil durera-t-il ? Je sais aussi que je suis apatride et que je ne peux pas retourner en Turquie. je pense que je serai une journaliste qui, de Paris, essayera d’écrire… J’ai hâte de bien connaître cette langue (le français, ndlr) et d’exercer mon métier.  

André Métayer

Le Kurdistan à Douarnenez

samedi 10 février 2007

Le Kurdistan à Douarnenez

Journée d’animation organisée par les Amitiés kurdes de Bretagne et le Festival de cinéma de Douarnenez avec le soutien de la Ville de Douarnenez et de Toile d’Essai

De 9h à 13 heures, sous les halles de Douarnenez

Vente de kilims et autres produits artisanaux en provenance de l’atelier de Kilim de Hakkari, dont le but  est d’apporter une aide concrète à la population de Hakkari, et notamment aux femmes, victimes de la guerre qui perdure dans cette région.

A 12h, sous les halles de Douarnenez

Conférence de presse de Gulbahar Koker, journaliste kurde, réfugiée en France, libérée après avoir été détenue  près de trois ans à la prison de Bayrampasa (Istanbul).

De 14h30 à 17 heures, à l’Hôtel de Ville

Assemblée générale des Amitiés kurdes de Bretagne :

  • rencontre avec Gulbahar Koker, journaliste kurde ;
  • informations sur les projets en cours avec la région de Hakkari dont la situation stratégique, aux frontières turco irano irakiennes retient l’attention des observateurs ;
  • informations sur la situation politique au Kurdistan ;
  • organisation de la mission à Hakkari à l’occasion du Newroz.

A 17 h30, au cinéma le Club

« Carnets d’un combattant kurde« , documentaire de Stephano Savona, 2006, présenté par le Festival de cinéma de Douarnenez et Toile d’Essai.

Tiré du journal de Akif, engagé dans le PKK pour lutter pour la libération du Kurdistan turc, le documentaire de Stephano Savona met en image les doutes, les rêves et les réflexions politiques des combattants hommes et femmes au fil des marches dans la montagne.

Entre 19h00 et 20h30, hall de la Mairie,

Dégustation de spécialités kurdes (à découvrir avec Zozan Ozterin qui propose de préparer ces spécialités au cours d’un mini-stage atelier cuisine. Inscriptions atelier cuisine : akbdrk@free.fr – place limitées).

A 21h au cinéma le Club

« Les chants du pays de ma mère » Ce film de Bahman Ghobadi décrit la réalité du génocide kurde : dans les années qui suivent la guerre Iran-Irak, alors que l’aviation irakienne bombarde toujours la région kurde, un chanteur kurde iranien part en compagnie de ses fils à la recherche de sa compagne.

 (Tarif spécial : 8 euros les deux films !)

Carnet de route au Kurdistan – La tournée de 10 artistes bretons

Communiqué de nos amis de « SCHIRANI – Echanges culturels Bretagne-Kurdistan »

« Grâce à l’initiative d’Emmanuel Smague, le Breton, et de Karim Kamar, le Kurde, 10 artistes bretons se sont retrouvés au Kurdistan irakien pour une tournée d’une semaine. Entre danse, musique et chant, récit d’une aventure forte en émotions…

 Lundi 30 octobre

Dès l’arrivée à l’aéroport d’Arbil, une délégation officielle du ministère des affaires culturelles et les médias (télé, presse…) attendent les artistes. L’accueil est quasi diplomatique car ils sont l’une des premières délégations d’artistes français a être invitée par le ministère culturel kurde, ils le découvriront au fur et à mesure de leur séjour.

 Mardi 31 octobre

La première journée à Arbil, capitale du Kurdistan autonome, s’ouvre sur une enfilade de bureaux : celui du chef de cabinet du ministre en tout premier lieu ; la rencontre suivante se fait avec le directeur et les étudiants de l’Institut des Beaux Arts ; ensuite, présentation d’un spectacle de danse folklorique kurde au Palais des Beaux Arts, lieu de pratique et d’expression de la musique traditionnelle kurde ; visite de la Direction Générale des Arts et de la Culture, qui est un musée de conservation des vêtements et de l’habitat traditionnel kurde ; et pour clore ce marathon, visite de l’Institut du Patrimoine, qui est l’équivalent du Dastum breton pour le collectage de la tradition orale chantée et contée. Non seulement ébahis par l’envergure des moyens mis en place pour la conservation de la culture kurde, nos artistes sont également touchés par la chaleur de l’accueil que leur réserve leurs hôtes.

Dans l’après-midi, la conférence donnée par Gaby Kerdoncuff et Iffig  Troadec sur la  culture bretonne, commencera à tisser les liens entre la pratique des deux traditions. Elle se terminera en apothéose, avec une gavotte chantée dans la danse par les bretons, et dansée par tous, immédiatement suivie par une danse kurde chantée elle aussi… Voilà le contact est noué…

 Mercredi 1 novembre

Le premier concert se déroule à Arbil dans une salle comble où l’absence de femme est criante. Gwerz, sonneurs, kan ha diskan, danse contemporaine et danse traditionnelle composent un programme qui touche instantanément le public qui, d’ailleurs, n’hésite pas une seconde à venir se mêler aux danseurs.

 Jeudi 2 novembre

Le second concert aura lieu à Al Sulaymiyah, une ville située au Sud-Est du Kurdistan, non loin de la frontière iranienne. Pour l’atteindre il faut passer de nombreux check-points, car la région contrôlée par l’UPK est très surveillée. Cette ville est présentée comme étant la plus moderne du pays, elle est en quelque sorte la capitale culturelle du Kurdistan irakien.

Comme à Erbil la visite de quelques officiels s’impose avant de monter sur scène en soirée. Nos artistes profitent des rencontres avec les musiciens et les étudiants pour échanger sur la culture bien sûr, mais également pour se faire expliquer la situation géopolitique du pays, pour écouter les récits de vie avec attention et émotion, pour entendre l’histoire de Halabja la martyre, et parler de l’enjeu de Kirkouk…

 Vendredi 3 novembre

Une journée entière passée sur la route qui relie Al Sulaymiyah à Dohuk, ville située au Nord-Ouest du pays. C’est un défilé de paysages de montagne, de plaine, et de chek-points… Dohuk est située non loin de la frontière turque. On ne peut pas ne pas remarquer l’immense drapeau kurde ornant la montagne qui domine la ville.

 Samedi 4 novembre

Sempiternelles visites de représentants officiels, dont le chef du PDK local qui offre à chacun un tapis à son effigie, et rencontre avec les étudiants qui chantent des chants patriotiques. Le concert se déroule dans l’après-midi. Lors de la représentation, les spectateurs kurdes se mêlent sans difficulté aux danseurs bretons. Ils montent même sur scène et finissent par transformer l’andro en danse kurde ! Quel régal de les voir pratiquer leurs danses avec autant d’enthousiasme.

 Dimanche 5 novembre

Retour sur la route d’Arbil avec un large détour par Barzan, afin de nous recueillir sur la tombe de Mustafa Barzani chef historique du PDK. Le soir, la condamnation à mort de Sadam Hussein est annoncée par les médias, le procès retransmis en direct à la télévision est très suivi par la population.

 Lundi 6 novembre

La dernière journée se déroule à Arbil. Un détour par le bazar, sorte de grand marché, permet de s’imprégner d’une atmosphère plus populaire. La citadelle d’Arbil vieille de 3000 ans en partie détruite et reconstruite, abrite un bidonville où se réfugie la population pauvre des montagnes. Nos sonneurs jouent quelques airs à travers les ruelles et c’est la fête qui commence… Les artistes passent également un moment au centre culturel français Arthur Rimbaud, centre non reconnu par la métropole et situé au cœur du bidonville.

Les adieux à l’aéroport d’Arbil seront déchirants… les Bretons rentrent les valises remplies d’émotions, d’amitiés, de souvenirs, et de promesses de poursuivre cette aventure…« 

LogoAKB.jpg

Archives du blog AKB – 2009

27/09/2009 Retrouvez les AKB sur son site Les Amitiés kurdes de Bretagne ne mettent plus à jour ce blog… retrouvez désormais toutes nos actualités sur www.amitieskurdesdebretagne.eu Bonne visite ! 20/06/2009 Une…
LogoAKB.jpg

Archives du blog AKB – 2008

23/12/2008 Kadir, un Kurde breton détenu à Izmir dans une prison de type F, clame son innocence « J’aurai voulu vous écrire cette lettre en français moi-même, mais comme je vous…
rubon3-170×166

Archives du blog AKB – 2007

18/11/2007 Paix au Kurdistan Le Parlement turc a donné un feu vert pour mener des incursions en Irak et « nettoyer » les camps des quelques 3.500 combattants kurdes établis dans le…