APPEL A LA SOLIDARITE D’UN GREVISTE DE LA FAIM A STRASBOURG

manif-strasbourg_16-fevrier-2019.jpgMon nom est Yüksel Koç, j’ai 55 ans et je suis père de deux enfants. Depuis mon arrivée en Allemagne, il y a 30 ans, je travaille et suis également engagé en politique. À l’heure actuelle, je copréside le Congrès des Sociétés démocratiques du Kurdistan en Europe (KCDK-E), la plus grande organisation kurde d’Europe, qui regroupe 457 institutions et associations à travers l’Europe. Depuis le 17 décembre 2018, mes 13 camarades et moi-même, menons à Strasbourg une grève de la faim à durée indéterminée, dans le cadre de l’initiative “Liberté pour Öcalan”. Nous sommes au 65ème jour de cette action et notre santé se dégrade de jour en jour.

Pourquoi sommes-nous en grève de la faim ?

L’isolement imposé à M. Öcalan est une forme de torture

Le but principal de nos grèves de la faim est la levée de l’isolement imposé à M. Öcalan. L’isolement est une forme de torture, une violation des droits humains universels et un crime contre l’humanité. Parallèlement à l’intensification de sa politique d’isolement à l’encontre de M. Öcalan, le gouvernement turc AKP-MHP a lancé une nouvelle forme d’agression et mis en œuvre de nouvelles politiques de violations contre la population et la démocratie. L’État turc a lancé une offensive militaire contre les villes kurdes du pays, notamment Cizre, Nusaybin et Şırnak, dans le but de vider ces zones. Au cours de ces campagnes militaires brutales, plus de 200 jeunes civils kurdes ont été brûlés vifs dans des sous-sols d’immeubles. Il y a actuellement dans les prisons près de 10 000 militants politiques kurdes, dont les Coprésidents du Parti démocratique des Peuples (HDP), des députés, des maires et de nombreux membres du parti. Le gouvernement AKP-MHP a nommé des administrateurs pour gouverner les municipalités précédemment gérées par des maires du HDP élus démocratiquement. Des milliers d’universitaires ont été traduits en justice, licenciés, arrêtés ou emprisonnés pour avoir réclamé une solution pacifique au problème kurde. De même, les défenseurs des droits humains, les militants, les journalistes et toutes les personnes qui s’opposent à la politique belligérante de l’État turc ont été soumis à des pressions systématiques de la part de l’État.

Ces politiques violentes ont également été mises en œuvre au-delà des frontières de la Turquie, contre les peuples de Syrie, principalement les Kurdes, les Assyriens et les Arabes. L’État turc a poursuivi une politique de nettoyage ethnique contre les Kurdes de Syrie. […]

Une grève de la faim non pour mourir mais pour ouvrir la voie à la vie

Nous voulons que l’opinion publique sache que nous aimons beaucoup la vie. Nous avons choisi cet acte pour ouvrir la voie à la vie et non pour mourir. Pour ouvrir la voie à la vie contre la guerre et les massacres, nous avons soumis notre corps à la faim, tout comme Gandhi. Nous le faisons non seulement pour le progrès démocratique du peuple kurde, mais également pour assurer la coexistence libre et égale de tous les peuples, ethnies et groupes religieux en Turquie et au Moyen-Orient. Nous aimons toute l’humanité et, afin de protéger le droit à la vie dans un environnement libre et démocratique, nous risquons notre vie en tant qu’acte démocratique et en tant que moyen de rechercher une solution. […]

Appel à la solidarité internationale

Nous appelons l’opinion publique européenne à être solidaire, à soutenir nos revendications démocratiques et légitimes afin de convaincre les organes décisionnaires de la Commission européenne et les gouvernements européens de prendre les mesures nécessaires pour parvenir à une solution.

Strasbourg le 19 février 2019