Arrestations massives en Turquie dans les rangs du HDP

Le parquet d’Ankara a émis le 25 septembre des mandats d’arrêt contre 82 personnes, dont de nombreux membres du principal parti pro-kurde, le HDP, deuxième force d’opposition au Parlement. Les faits qui leur sont reprochés remontent à l’automne 2014, à l’époque où des manifestations de soutien à la ville syrienne de Kobanê avaient éclaté en Turquie. Le HDP dénonce des arrestations politiques.

Protestation du groupe S&D du Parlement européen

L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) au Parlement européen condamne cette nouvelle répression contre le HDP. Parmi les détenus figurent l’ancien adjoint et maire HDP de la ville de Kars Ayhan Bilgen, les anciens députés HDP Ayla Akat Ata, Sırrı Süreyya Önder, Altan Tan, Nazmi Gür, Emine Beyza Üstün et Emine Ayna, et Alp Altınörs, membre du Conseil exécutif central du parti

Déclaration de Kati Piri, vice-présidente S&D responsable des affaires étrangères

Malgré les messages répétés de l’Europe et de la communauté internationale, les autorités turques poursuivent leurs attaques contre les politiciens pro-kurdes. La détention de ces personnes, y compris d’anciens parlementaires, est un autre pas en arrière poussant la Turquie encore plus loin de l’UE. Le HDP est l’un des deux partis frères du groupe S&D, la branche démocratique et pacifique de la minorité kurde, qui représente 6 millions d’électeurs. Ils doivent tous être libérés immédiatement !

Nacho Sánchez Amor, rapporteur du Parlement européen sur la Turquie, a exprimé sa profonde inquiétude face à cette nouvelle campagne de répression contre les membres du HDP pour leur implication présumée dans des événements remontant à 2014 :

il s’agit simplement de projeter l’état d’urgence de facto vers le passé, à une période même antérieure à la tentative de coup d’État ratée. Les autorités turques semblent déterminées à instaurer une sorte d’état d’urgence rétroactif global afin de réprimer davantage l’opposition et toute voix critique. L’ancien coprésident du HDP Selahattin Demirtaş est également accusé d’implication similaire dans ces événements et 6 ans après qu’il soit toujours en prison – contre la décision de la Cour européenne des Droits de l’Homme – et même toujours en attente d’une mise en accusation !

Parmi les détenus figurent l’actuel maire de Kars, Ayhan Bilgen, l’un des très rares maires du HDP qui n’avaient pas encore été démis de leurs fonctions par le gouvernement central. S’il devait être remplacé par un administrateur, ce serait la énième attaque contre la volonté démocratique du peuple exprimée lors des dernières élections locales.

André Métayer