Carnet de route au Kurdistan – La tournée de 10 artistes bretons

Grâce à l’initiative d’Emmanuel Smague, le Breton, et de Karim Kamar, le Kurde, 10 artistes bretons se sont retrouvés au Kurdistan irakien pour une tournée d’une semaine. Entre danse, musique et chant, récit d’une aventure forte en émotions…

Lundi 30 octobre

Dès l’arrivée à l’aéroport d’Arbil, une délégation officielle du ministère des affaires culturelles et les médias (télé, presse…) attendent les artistes. L’accueil est quasi diplomatique car ils sont l’une des premières délégations d’artistes français a être invitée par le ministère culturel kurde, ils le découvriront au fur et à mesure de leur séjour.

Mardi 31 octobre

La première journée à Arbil, capitale du Kurdistan autonome, s’ouvre sur une enfilade de bureaux : celui du chef de cabinet du ministre en tout premier lieu ; la rencontre suivante se fait avec le directeur et les étudiants de l’Institut des Beaux Arts ; ensuite, présentation d’un spectacle de danse folklorique kurde au Palais des Beaux Arts, lieu de pratique et d’expression de la musique traditionnelle kurde ; visite de la Direction Générale des Arts et de la Culture, qui est un musée de conservation des vêtements et de l’habitat traditionnel kurde ; et pour clore ce marathon, visite de l’Institut du Patrimoine, qui est l’équivalent du Dastum breton pour le collectage de la tradition orale chantée et contée. Non seulement ébahis par l’envergure des moyens mis en place pour la conservation de la culture kurde, nos artistes sont également touchés par la chaleur de l’accueil que leur réserve leurs hôtes.

Dans l’après-midi, la conférence donnée par Gaby Kerdoncuff et Iffig Troadec sur la culture bretonne, commencera à tisser les liens entre la pratique des deux traditions. Elle se terminera en apothéose, avec une gavotte chantée dans la danse par les bretons, et dansée par tous, immédiatement suivie par une danse kurde chantée elle aussi… Voilà le contact est noué…

Mercredi 1 novembre

Le premier concert se déroule à Arbil dans une salle comble où l’absence de femme est criante. Gwerz, sonneurs, kan ha diskan, danse contemporaine et danse traditionnelle composent un programme qui touche instantanément le public qui, d’ailleurs, n’hésite pas une seconde à venir se mêler aux danseurs.

Jeudi 2 novembre

Le second concert aura lieu à Al Sulaymiyah, une ville située au Sud-Est du Kurdistan, non loin de la frontière iranienne. Pour l’atteindre il faut passer de nombreux check-points, car la région contrôlée par l’UPK est très surveillée. Cette ville est présentée comme étant la plus moderne du pays, elle est en quelque sorte la capitale culturelle du Kurdistan irakien.

Comme à Erbil la visite de quelques officiels s’impose avant de monter sur scène en soirée. Nos artistes profitent des rencontres avec les musiciens et les étudiants pour échanger sur la culture bien sûr, mais également pour se faire expliquer la situation géopolitique du pays, pour écouter les récits de vie avec attention et émotion, pour entendre l’histoire de Halabja la martyre, et parler de l’enjeu de Kirkouk…

Vendredi 3 novembre

Une journée entière passée sur la route qui relie Al Sulaymiyah à Dohuk, ville située au Nord-Ouest du pays. C’est un défilé de paysages de montagne, de plaine, et de chek-points… Dohuk est située non loin de la frontière turque. On ne peut pas ne pas remarquer l’immense drapeau kurde ornant la montagne qui domine la ville.

Samedi 4 novembre

Sempiternelles visites de représentants officiels, dont le chef du PDK local qui offre à chacun un tapis à son effigie, et rencontre avec les étudiants qui chantent des chants patriotiques. Le concert se déroule dans l’après-midi. Lors de la représentation, les spectateurs kurdes se mêlent sans difficulté aux danseurs bretons. Ils montent même sur scène et finissent par transformer l’andro en danse kurde ! Quel régal de les voir pratiquer leurs danses avec autant d’enthousiasme.

Dimanche 5 novembre

Retour sur la route d’Arbil avec un large détour par Barzan, afin de nous recueillir sur la tombe de Mustafa Barzani chef historique du PDK. Le soir, la condamnation à mort de Sadam Hussein est annoncée par les médias, le procès retransmis en direct à la télévision est très suivi par la population.

Lundi 6 novembre

La dernière journée se déroule à Arbil. Un détour par le bazar, sorte de grand marché, permet de s’imprégner d’une atmosphère plus populaire. La citadelle d’Arbil vieille de 3000 ans en partie détruite et reconstruite, abrite un bidonville où se réfugie la population pauvre des montagnes. Nos sonneurs jouent quelques airs à travers les ruelles et c’est la fête qui commence… Les artistes passent également un moment au centre culturel français Arthur Rimbaud, centre non reconnu par la métropole et situé au cœur du bidonville.

Les adieux à l’aéroport d’Arbil seront déchirants… les Bretons rentrent les valises remplies d’émotions, d’amitiés, de souvenirs, et de promesses de poursuivre cette aventure…