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Comment sortir du bourbier irakien ?

Près de 3 000 Américains sont morts au combat dans le bourbier irakien depuis mars 2003 et Sara Daniel imagine, dans le Nouvel Observateur, six scénarios pour sortir de ce que les Américains même reconnaissent comme un terrible échec.

Scénario 1 : garder le cap : Il s’agit de maintenir la présence des 140 000 soldats américains jusqu’à ce que l’armée et la police irakiennes soient en mesure de prendre le relais. Ce scénario, défendu par Bush et Cheney, est soutenu par ceux qui s’inquiètent de la montée en puissance de l’Iran, mais suscite l’hostilité de ceux qui font observer que cette stratégie a vu l’Irak s’enfoncer dans le chaos.

Scénario 2 : renforcer les effectifs : beaucoup de généraux pensent aujourd’hui que le nombre de soldats américains envoyés en Irak est très insuffisant. John McCain, le sénateur républicain, probable candidat à la prochaine élection présidentielle, demande qu’on envoie 20 000 hommes supplémentaires pour pacifier Bagdad et l’ouest de la ville. Un Américain sur sept seulement partage cet avis.

Scénario 3 : sauve qui peut ! : quitter l’Irak dans un délai de quatre à six mois, c’est l’option des militants pacifistes et de la star montante du Parti démocrate, le sénateur Barack Obama, mais le départ des Américains – les hommes politiques irakiens sont les premiers à le reconnaître – aurait pour conséquence une augmentation de la violence, consacrant par la même la suprématie des Chiites et le recul des valeurs démocratiques, en ce qui concerne, notamment, l’égalité des sexes et la promotion de la femme.

Scénario 4 : retrait graduel et dialogue avec l’ennemi (Iran et Syrie) : c’est le scénario défendu par le groupe d’études sur l’Irak présidé par l’ancien secrétaire d’Etat James Baker, qui suscite beaucoup de critiques de la part des Kurdes irakiens et des Américains Dick Cheney et G.W Bush qui pensent qu’il est très naïf de croire que ces pays pourraient contribuer à la stabilisation de l’Irak, alors que, seul, le chaos actuel les garantit contre une intervention américaine ! La situation irakienne est, d’autre part, tellement incontrôlable qu’il serait illusoire de penser que l’Iran ou la Syrie pourraient arrêter la spirale de la guerre civile.

Scénario 5 : le putsch des généraux : C’est, pour certains néo conservateurs comme Eliot Cohen, la solution la plus réaliste, face à une situation désespérée dans un pays dirigé par un gouvernement incompétent dont les ministres sont les jouets des différents partis, aux mains de milices composées de bandits. Une junte militaire moderne, s’appuyant sur le nationalisme irakien, constituerait un espoir dans un pays qui n’a pas de culture démocratique. Le “hic” est qu’on voit mal comment les généraux pourraient mettre au pas les milices qui se sont largement infiltrées dans l’armée et la police.

Scénario 6 : la partition : C’est la solution proposée par Peter W. Galbraith, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Croatie. Selon lui, alors que le pays est déjà divisé en trois groupes – Kurdes, Sunnites et Chiites, seule une partition permettrait de mettre fin à la guerre civile. Mais, Thomas Friedman, éditorialiste au ” New York Times” n’y croit pas car la guerre n’est pas seulement entre Sunnites et Chiites mais entre factions chiites mêmes qui se battent entre elles et parfois, à l’intérieur d’une même milice, sans compter que deux des villes principales du pays, Bagdad et Mossoul, sont multiconfessionnelles et que les quartiers mêmes n’y sont pas homogènes.

Sara Daniel conclut que l’option qui sera adoptée par le gouvernement américain sera forcément mauvaise et aura des répercussions dans tout le Moyen-Orient, assurément, mais aussi pour les Américains, les Arabes et les Européens.

Il est surprenant qu’aucun scénario, même le 6° qui évoque la partition, ne prenne en considération les 70 millions de Turcs, les 35 millions de Kurdes, l’Etat d’Israël et le problème palestinien.

Cette analyse de Sara Daniel, intéressante mais incomplète, montre bien qu’il n’y a pas de solution au “bourbier irakien”, dans lequel la responsabilité américaine est écrasante, sans une négociation globale des questions posées au Moyen Orient, parmi lesquelles se trouve la question kurde.

La Turquie, si elle ne veut pas se trouver hors jeu, aurait intérêt à enclencher, à marches forcées, les réformes constitutionnelles qui s’imposent, à régler ses contentieux par la voie démocratique avec Chypre et entamer des négociations sérieuses avec les représentants du peuple kurde qui demande la reconnaissance de ses droits culturels et politiques.

André Métayer

Un plan “B” pour les Kurdes

J’ai fait un rêve : je suis dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, alors que George W. Bush reçoit le Président du Kurdistan irakien, le Kurde Massoud Barzani.

Bush – my dear Massoud, il faut se rendre à l’évidence, we are in the shit et il nous faut sortir de ce bourbier irakien, la tête haute pour continuer notre combat contre l’axe du mal : Al-Qaïda, les talibans, l’Arabe wahhabite islamiste sunnite Oussama Ben Laden, mais aussi le Persan chiite fondamentaliste Mahmoud Ahmadinejad… tout en préservant nos intérêts stratégiques et notamment la route du pétrole irakien.
Barzani – Le pétrole de Kirkuk n’est pas irakien : il est kurde !
Bush – alors décrétons un Kurdistan indépendant !
Barzani – un Kurdistan indépendant cerné de toute part par de puissants voisins comme l’Iran, la Syrie, la Turquie et les sunnites de Bagdad, c’est suicidaire sans un appui durable américain.
Bush – nous avons un plan “B” pour stabiliser le Moyen orient qui passe par la réconciliation de deux frères, aujourd’hui ennemis : les Kurdes et les Turcs.
Barzani – que faites-vous du PKK ?
Bush – nous ne pouvons pas reconnaître le PKK comme interlocuteur privilégié…
Barzani – parce que terroriste !
Bush – non, parce que marxiste, ou réputé comme tel, donc persona non grata, non seulement pour les Américains mais aussi pour les Européens, qu’ils soient libéraux ou socio-démocrates. Ceci dit… le PKK… autour d’une table… mêlés à d’autres interlocuteurs… sous votre autorité… pourquoi pas !

La suite de la conversation devient inaudible… l’image se brouille et je suis de nouveau dans le bureau ovale de George W. Bush qui reçoit un autre visiteur : il s’agit Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan.

Erdoğan – Monsieur le Président, nous voulons la peau du PKK.
Bush – …et le pétrole de Kirkuk.
Erdoğan – oui, et le pétrole de Kirkuk.
Bush – alors il faut négocier la paix avec les Kurdes ! You can’t have the butter and the money of the butter !
Erdoğan – mais ce sont des terroristes !
Bush – combien de chefs d’Etat d’aujourd’hui ont été, hier, qualifiés de terroristes ? Soyons sérieux : nous avons un plan pour stabiliser le Moyen-Orient et je vous fais une offre que vous ne pouvez refuser, celle de devenir “the” puissance du Moyen-Orient, quel que soit par ailleurs votre statut de membre de l’Union européenne à part entière ou de partenaire associé : vous serez là pour garantir la paix et la prospérité. Le Moyen-Orient a besoin d’une grande Turquie qui a un pied en Europe et qui s’étendra jusqu’aux frontières de la Perse.
Erdoğan – que faites-vous du PKK ?
Bush – les Kurdes sont IN-CON-TOUR-NA-BLES et on ne peut éradiquer le PKK sans prendre le risque d’embraser tout le Moyen-Orient. Nous avons déjà assez à faire avec le Hamas, le Hezbollah, les talibans, les anciens baasistes, les Chiites de Moktada Sadr, sans parler des Etats voyous du Moyen Orient… et d’ailleurs ! Le PKK, sans lequel il n’y aura pas de paix en Turquie, est influent en Irak mais aussi, ne l’oubliez pas, auprès des 8 millions de Kurdes “iraniens”, avec sa branche armée, le PJAK (Parti pour une Vie Libre au Kurdistan), une véritable épine dans le pied de la République islamique d’Iran ! Non, croyez– moi, il faut négocier la paix avec le PKK et faire avec les Kurdes la “Grande Turquie” qui jouera le rôle de gardien de nos valeurs et de nos ressources énergétiques… à Kirkuk, bien sûr, et même ailleurs.
Erdoğan – les Kurdes seront réticents.
Bush – à vous d’être convaincants et de faire les concessions nécessaires. Négociez avec Öcalan.
Erdoğan – et l’Irak.
Bush – l’Irak ? C’est aujourd’hui un pays virtuel ! Les Kurdes irakiens étaient favorables à une République fédérale irakienne. A vous de les convaincre de faire une République fédérale avec la Turquie ! Une sorte de confédération “helvétique” kurdo- turque.
Erdoğan – l’armée turque sera réticente.
Bush – mais vous aurez avec vous les forces économiques et intellectuelles, les partis europhiles, le soutien discret de l’Union européenne… et l’appui des Etats-Unis !
Erdoğan – restera à convaincre l’opinion publique turque.
Bush – là, je vous fais confiance : quand le Pouvoir arrive à contrôler les médias comme en Turquie, il a les moyens de préparer les esprits à cette formidable opportunité.

Sentant que l’entretien touchait à sa fin, je me suis retiré sur la pointe de l’oreiller.

Oui, j’avais rêvé : la confédération kurdo-turque, à la mode helvétique, n’existe pas encore ! Le modèle suisse ne s’est jamais encore exporté (et la Suisse normande, nichée quelque part dans la vallée de l’Orne, ne doit son nom qu’à la douceur de ses paysages et non à des dispositions constitutionnelles). Ce qui semble évident c’est qu’on ne peut pas résoudre la crise irakienne sans s’attaquer à l’ensemble des problèmes régionaux et on dit que, loin des effets d’annonce et des rodomontades de circonstance, la diplomatie secrète avance, mais personne ne le sait puisqu’elle est secrète ! Un plan “B” quoi ! “B” comme Bush, Barzani ou Blair !

Tony Blair, lui, rapporte Bernard Guetta, pense qu’il faut commencer par le plus passionnel d’entre eux, la Palestine, enchaîner sur le Liban, parler avec la Syrie et n’aborder l’Iran, et donc l’Irak, qu’une fois le terrain déminé. Curieusement, il ne fait mention ni de la Turquie, ni des 35 millions de Kurdes, à la différence de Piotr Romanov, de RIA Novosti – l’une des plus importante agences de presse de Russie – qui écrit, le 5 septembre dernier, que parmi les nations représentées aujourd’hui à l’ONU, rares sont celles qui pourraient se vanter d’une histoire, évoquée déjà par les Egyptiens, les Babyloniens, les Sumériens, les Assyriens et les Ourartéens, aussi ancienne que celle des Kurdes, à qui ils ne manquent qu’une seule chose : un Etat à eux.

Ils sont nombreux, déclare ce commentateur souvent “politiquement incorrect”, entre 20 et 30 millions de personnes selon les différentes données. Il ne leur manque qu’une chose, ce dont disposent même les îlots les plus reculés du Pacifique : un Etat à eux.

Et de conclure : “le problème kurde apparaît donc si complexe et si explosif que la communauté internationale préfère garder les yeux fermés. Les amateurs d’échecs connaissent des situations où un pion se retrouve au centre de l’échiquier, coincé au milieu d’autres pièces au point que les joueurs ne peuvent se résoudre à le toucher, par crainte de briser l’équilibre et de plonger dans l’imprévisible. Le dossier kurde est aussi une sorte de “pion intouchable“.

Pion intouchable ? La partie d’échecs ne fait que commencer.

Rennes, le 19 Novembre 2006
André Métayer

Ahmet Türk critique Recep Erdogan, Abdullah Gül tacle les Kurdes et… la politique d’Ankara

D’après l’agence de Presse kurde DIHA, Ahmet Türk, co-président du Parti pour une Société Démocratique (DTP), a répondu aux propos du Premier Ministre turc tentant de minimiser les conséquences des récentes inondations qui touchent durement la région kurde de Turquie, “Je voudrais dire au Président Erdogan : 44 personnes tuées et plusieurs centaines de maisons détruites, n’est-ce pas suffisant? D’autant plus que la prise en charge des personnes sans abri n’a toujours pas été assurée et ceci nous inquiète profondément“.

Il a également réfuté les critiques de R.T. Erdogan à l’encontre de son parti, le DTP : “ces déclarations sont blessantes et mensongères. Ce sont, au contraire, les forces militaires de l’Etat turc qui ont détruit les maisons et chassé de leur village les habitants condamnés à l’exil dans les grandes métropoles. Et aujourd’hui vous nous accusez sans raison. C’est une attitude inacceptable. C’est bien le gouvernement turc qui est responsable (de la situation)“.Et de regretter une fois encore l’attitude du gouvernement turc qui refuse tout dialogue pour trouver une solution pacifique au conflit kurde.

Toujours d’après l’agence de presse kurde DIHA, Abdullah Gül, ministre des Affaires Etrangères de Turquie a, le 5/11/06, déclaré aux journalistes qu’une division religieuse et ethnique de l’Irak causerait plus de dégâts qu’elle n’aiderait à soulager les tensions : “Il y a ceux qui pensent qu’une telle division de l’Irak serait la meilleure solution pour mettre fin au chaos, mais, moi, je vous dis qu’il ne faut même pas y penser car une telle alternative mènerait l’Irak vers un nouveau chaos.
La Turquie, qui partage une frontière avec l’Irak, est très vigilante sur ce point et surveille tous les mouvements qui encourageraient la constitution d’un état séparatiste kurde en Irak, craignant par là même un effet communicatif sur sa population kurde qui serait tenté de se joindre à la partie irakienne pour former un état kurde indépendant. “Les pays voisins ne se contenteraient pas d’observer, silencieux, la partition de l’Irak, et le problème serait non seulement un problème pour l’Irak mais un problème pour le monde entier“, a ajouté le ministre des affaires étrangères turc, sans plus donner de précisions.

Par ailleurs, dans un reportage publié dans le journal Sunday, Abdullah Gül met en garde les leaders kurdes qui seraient tentés de rêver à un Etat indépendant kurde dans le nord de l’Irak, ne manquant pas de critiquer au passage le gouvernement d’Ankara (auquel il appartient) et ses approches à propos de la ville pétrolifère de Kirkuk.

Notes d’André Métayer

Nouvelle association : “Projet pour Hakkari”

Projet pour Hakkari a pour but de “réunir des fonds pour la création d’un centre municipal de santé et d’éducation à Hakkari (Turquie de l’Est)”.

Conception Ronan al Louarn

Brèves infos (réunion du 12 octobre 2006)

Situation au Kurdistan

La conjoncture évolue rapidement au Moyen Orient et le cessez-le-feu récent décrété par le PKK serait le résultat de l’amorce d’un processus de discussion de d’échanges non officiels, entrepris à la demande des autorités Américaines et des autorités kurdes de l’Irak du Nord, entre représentants du mouvement de libération et représentants du gouvernement turc. Le Parti pour une société démocratique (DTP), parti légal engagé dans la revendication de droits politiques et culturels pour les Kurdes de Turquie, a, pour sa part, lancé un appel à renoncer à la lutte armée et à s’engager dans la recherche de solutions politiques au conflit.  Abdullah Öcalan a également, de sa prison, lancé un appel identique.  

Le désarmement demandé par l’Etat turc ne pourra que résulter de négociations. Mais des signes laisseraient penser que certaines composantes de la société turque ne seraient plus catégoriquement hostiles à l’ouverture de celles-ci.

Plusieurs réactions des institutions européennes sont encourageantes. Le Parlement européen, la commission culturelle du Conseil de l’Europe (qui réunit 53 pays dont la Turquie), ainsi que le Conseil des Ministres de l’Union européenne ont, dans leurs résolutions, appelé les belligérants à dialoguer.

Plus décisives, encore aujourd’hui, seront les orientations que vont prendre les Etats-Unis et les forces qui s’affrontent en Irak où l’on parle beaucoup d’une possible partition entre Chiites, Sunnites et Kurdes. La perspective d’une plus grande autonomie, voire de l’indépendance de ces derniers inquiète l’Etat turc et donne lieu à négociations et marchandages avec les Américains.

Procès des 56 maires kurdes poursuivis devant la cour de justice de Diyarbakir

Appartenant au Parti pour une Société Démocratique (D.T.P.), ces maires parmi lesquels se trouvent les maires de Diyarbakir et de Hakkari sont poursuivis devant la Cour de justice de Diyarbakir pour avoir défendu ROJ TV, chaîne de télévision kurde qui émet depuis Copenhague et dont, malgré les pressions turques et américaines, l’instance danoise de surveillance de l’audiovisuel a estimé que les programmes ne contenaient pas d’incitation à la haine.

Prévenu des menaces qui pèsent sur ces maires, AKB alerte ses différents réseaux et notamment les élus qui sont invités à se rendre à Diyarbakir, le 21 novembre, lors de la prochaine audience

Marché brestois de la Solidarité internationale (2/12/06) et marchés du monde rennais (3/12/06)

Le Kurdistan sera présent à ces deux manifestations et AKB réactivera son soutien à l’atelier kilim de Hakkari : ventes de Kilims, tee- shirt, foulard, bijoux, mais, aussi, livres, jeux etc…. (vente également sur catalogue).

L’aide à la scolarité des enfants 

Les dons sont versés au compte de la direction générale de l’association Göc-Der qui achète, à Istanbul, le matériel choisi par l’équipe d’Hakkari et distribué par elle aux familles concernées. Un état de l’utilisation de ces fonds sera fourni.

Le centre de santé et d’éducation 

Le Conseil Régional de Bretagne a donc voté une subvention de 21 840 euros pour la construction de ce centre dont l’activité principale est tournée vers les femmes. Les démarches auprès des autres collectivités territoriales, ministères et fondations, suivent leurs cours. La municipalité de Brest doit se prononcer sur la prise compte de la demande d’une subvention examinée favorablement en commission. Tous les Conseils généraux sont saisis et en possession du dossier. Les calendriers ont partout été arrêtés.

Situations des Kurdes menacés d’expulsion

Des familles parrainées à Brest et à Rennes ont obtenu leur régularisation. A Rennes 2 familles kurdes ont vu leurs demandes rejetées. La Préfecture, lors d’un entretien obtenu par le président d’AKB, a déclaré ne pas refuser de revoir ces deux familles dans le cadre des procédures normales. Le suivi et les aides des ” marraines républicaines”, les cours de français, sont d’une grande importance, ainsi que les attestations des responsables, enseignants et parents d’élèves.

La prise en charge de situations difficiles qui s’ajoutent à la liste des procédures en instance et des démarches à effectuer, pèse sur le fonctionnement de l’association.

André Métayer

Deuxième symposium international sur l’isolement carcéral à Istanbul

Ces 14 et 15 octobre s’est tenu Istanbul le 2e symposium international sur l’isolement organisé par l’association des familles de détenus politiques (TAYAD) et par la Plateforme internationale de lutte contre l’isolement (PILI), avec la participation de délégués venus de France, d’Italie, de Grèce, de Jordanie, du Liban et d’Irak. La courte intervention de l’avocat Behiç Asçi, en grève de la faim depuis 191 jours, a créé la surprise.

Apathie, atrophie musculaire, épuisement, dépression, maux de tête, insomnie, dyslexie, perte de mémoire, «tinnitus» (acouphènes), croissance de cas de tuberculose, de cancer…  Ces maux ne sont qu’un échantillon de toutes les souffrances qu’endurent les prisonniers politiques de Turquie dans les pénitenciers de type F. Soumis à un régime de «privation sensorielle» aigu, le prisonnier en ressort souvent diminué à vie, physiquement et mentalement. Lorsque l’on ajoute les lésions sociales, l’arbitraire juridique et les motivations politiques liés au régime d’isolement, on s’aperçoit indéniablement que les prisons cellulaires sont de véritables centres de torture. Ces prisons sont d’ailleurs officiellement qualifiées de centres de «réhabilitation». En effet, le détenu y est soumis à un véritable programme de destruction psychique extrêmement subtil et pervers où toute forme de vie sociale est bannie, où les visites de familles ou d’avocats sont sensiblement restreintes, où le courrier est arbitrairement interdit. Les prisons de type F sont en quelque sorte l’équivalent des FIES en Espagne, des QHS en France et des Stammheim en Allemagne” ont déclaré les organisateurs qui réclament l’intervention de l’Union Européenne et de tous les démocrates pour que soit mis fin à cette politique coercitive de “pacification” et de “traitement” en vigueur dans les prisons de type F.

Les courriers de protestation peuvent être adressés à :
la Direction Générale des maisons pénales et des maisons d’arrêts (Ceza ve Tevkifevleri Genel Müdürlüğü) Email: cte@adalet.gov.tr
Suat Ali Ertosun, Directeur : Fax: 0090.312.4146301; Email: ertosun@adalet.gov.tr
Cemil Çiçek, Ministre de la justice – Tel : 0090.312.4194669; Fax: 0090.312.4173954; Email: cemil.cicek@adalet.gov.tr

A.M.

Le mariage forcé tue : le C.I.K. dénonce

Elle avait 19 ans et refusait de se marier avec son cousin. Mais sa famille lui imposa le mariage. Son mari, avec qui elle ne voulait pas avoir de relations sexuelles, l’étrangle, le surlendemain de leur mariage, le 26 septembre dernier.

Le Centre d’information du Kurdistan, le Centre culturel kurde de Paris et l’association “Femmes solidaires” dénoncent ce meurtre et appellent les familles à éradiquer cette pratique traditionnelle patriarcale.

Saluons le courage des Kurdes qui rompent la loi du silence sur ce qu’on appelle pudiquement “le mariage forcé” et qui n’hésitent pas à dénoncer “le crime d’honneur” comme le meurtre d’une femme.

Le combat pour la Liberté c’est aussi celui pour un changement des mentalités et pour l’égalité des sexes.

André Métayer

Carnets d’un combattant kurde, de Stefano Savona

Akif a quitté l’Allemagne pour rejoindre la guérilla du PKK et lutter pour la libération du Kurdistan turc. Il tient le journal des doutes, des rêves et des réflexions politiques que les combattants échangent au fil des marches dans la montagne et des réunions où les filles critiquent les préjugés masculins”  (“Cinéma du réel”) (1) Evidemment, ce film peut agacer les “pro PKK” (nombreux à l’intérieur et à l’extérieur du Kurdistan) qui vont trouver ce documentaire pas assez mobilisateur, et indisposer les “anti-PKK” (qu’on trouve aussi, y compris dans les medias) par son côté jugé trop partisan.

Malgré les longueurs, le ton monocorde et le côté “surréaliste”, par moment, j’ai aimé ce film profondément humain, cernant au plus près la mentalité kurde et le pourquoi des engagements, sans gommer doutes, impatiences et même les incompréhensions : “il peut continuer à filmer, dira Siyar, le chef du groupe, nous n’avons rien à cacher“…. sauf deux ou trois choses quand même !  Le décès du père d’une des deux filles du groupe, Ozgür (tué au combat ? “liquidé” par le PKK ?) et la sexualité dans le groupe, sujet qui reste “tabou” chez les Kurdes.

Les marches sont épuisantes, même pour le spectateur, et l’attente est longue, mais toutes les énergies sont bandées pour atteindre l’objectif : “VIVRE LIBRE“. Le combat pour la libération du Kurdistan passe par les armes à la main mais rejoint la lutte politique pour la démocratie et l’égalité des sexes : les femmes, au premier rang, luttent contre “l’esprit féodal” et le PJA (Parti de la Femme Libre) apparaît comme une organisation très (trop ?) militarisée.

En faisant place à la peur, aux doutes, et même au désespoir, ce film s’éloigne des films de propagande contre-productifs et donne une vision plus humaine des situations. Les Kurdes ont la faculté de vous raconter avec une légèreté désarmante – je l’ai constaté maintes fois – des choses terrifiantes : j’aurais aimé filmer l’échange de regards  (“plus d’une minute“) entre une combattante kurde, telle qu’elle le raconte, mal dissimulée au creux d’un rocher, et le soldat turc “qui ne fit aucune geste vers son arme” et qui finit par crier à son commandant qu’il n’y a personne de ce côté.  Et que dire de la scène où le combattant vise avec son arme, comme  le raconte Aram, un autre combattant et qu’il sait qu’il va tuer non pas un ennemi mais un autre être humain, mettant en cela en cause une des règles de base qu’on lui a inculquée pour sa survie : “En temps de guerre, Il faut tuer pour ne pas être tué” ?

La vénération envers “Apo”, Abdullah Öcalan est quasi religieuse : on ne peut le voir, on ne peut le toucher (il est incarcéré depuis 1999)  mais il est là, partout, même dans les rêves, il parle, il mobilise, il est le seul à pouvoir imposer une trêve, même si cet ordre trouble les combattants et les combattantes qui piaffent d’en découdre.

L’épilogue est douloureux mais n’affadit pas le message. Ceux qui partent pour le Dersim seront tués avant d’atteindre l’objectif. Akif et Ozgür  “quitteront le mouvement” et les autres continueront le combat.

Mais n’est-ce pas là aussi la dure réalité de la vie ?

André Métayer


(1) Le film de Stefano Savona “Carnets d’un combattant kurde”, compétition internationale Cinéma du Réel 2006, Prix International de la Scam ex-aequo, mention spéciale du Prix de Jeunes – Cinéma du Réel 2006, est passé sur Arte le 2 octobre 2006 à 22h05. Il est également programmé à la Viennale, Autriche, 13 – 25 octobre 2006. (d’après Cinéma du Réel, Centre Pompidou).

Déclaration à la presse et à l’opinion publique démocratique du Koma Komelên Kurdistan (Confédération Démocratique du Kurdistan) – Conseil Présidentiel

Notre région, le Moyen Orient, est à un important tournant et les événements que nous vivons ne peuvent que nous convaincre, chaque jour un peu plus, que le nationalisme, les comportements anti-démocratiques sont des facteurs  qui développent des confrontations et qui les mettent dans une impasse. Dans la région du Moyen Orient, le seul juste chemin est de prendre la voie du dialogue qui respecte les différences de nationalité et de religion et qui donne vie à  un système démocratique contemporain.

Nous savons que le problème principal de la région est le problème Kurde et la répression exercée sur le peuple Kurde renforce sévèrement la base anti-démocratique de la région. A contrario, la résolution du problème Kurde pourrait jouer un rôle de catalyseur pour démocratiser de cette région. C’est pour cette raison que la résolution démocratique du problème kurde sera décisive pour la démocratisation à l’échelle de la région.

Nous avons, en tant que mouvement, fait, dans ce sens, beaucoup d’efforts et beaucoup de sacrifices, et notre Leader, à plusieurs reprises,  a développé des projets et lancé des appels. Nos efforts n’ont pas obtenu les résultats escomptés  mais ont créé d’importantes avancées  dans la compréhension et la popularisation du problème kurde, notamment en 2003, quand la population kurde a entrepris de résister aux attaques du gouvernement turc de façon telle que sa résistance devint un sujet d’actualité en Turquie. Durant ces deux dernières années, notre Mouvement de Liberté s’est renforcé, dans son organisation même, avec toutes  ces activités démocratiques,  ainsi que dans le mouvement de la guérilla, au point de contrer très sérieusement la politique négativiste et de destruction totale mise en place par l’Etat turc. Les luttes de libération du Kurdistan Est et Ouest ont permis, en parallèle,  à la population du Kurdistan Nord de s’opposer fortement aux gouvernements Iranien et Syrien et les avancées dans les quatre parties du Kurdistan ont mis les Kurdes en état de pouvoir  influencer et rééquilibrer les politiques internationales  à l’égard de cette région.

Les relations entre Kurdes et Turcs sont devenues un sujet important dans la région et la question du  problème kurde s’est imposée à l’actualité internationale. C’est dans ce cadre que différentes forces ont fait des déclarations et des appels relatifs à la solution du problème. Il y eut, d’abord, la déclaration des Etats Unis du 15 Août, puis les appels aux cessez-le-feu ou à rendre les armes de différentes instances ou organisations internationales, de la République fédérale d’Irak, du gouvernement régional du Kurdistan du sud et de son entourage, et ce,  à plusieurs reprises. En Turquie, certaines organisations, et premier lieu le DTP, diverses personnalités intellectuelles, des écrivains, des musiciens, ont également lancé à plusieurs reprise des appels aux cessez le feu. Tous ces appels nous sont parvenus par voie de  presse ou différents canaux diplomatiques.

Notre Leader a tenu compte de ces évolutions et fait une importante déclaration que notre mouvement a diffusé le 23 Août 2006 marquant ainsi le début d’un processus de solution démocratique. A la suite de cette déclaration,  un certain nombre d’appels et d’entretiens ont permis d’accélérer avec succès l’entrée dans une nouvelle période de paix, conformément  à l’appel au cessez le feu que notre Leader avait envoyé à notre mouvement, et qui ne fut dévoilé au public que le 7 septembre 2006.

En conséquence, la reprise militaire qui devait se faire le 15 septembre 2006 selon le Plan d’Automne mis au point par le HPG (mouvement de défense populaire) a été suspendue et sur demande de la présidence du conseil exécutif de Koma Komalên Kurdistan (Confédération Démocratique du Kurdistan), la 1ère réunion de l’assemblée de la 2nd année législative s’est tenue les 24-25 septembre 2006, réunissant la présidence du Kongra-Gel, les commissions permanentes, le conseil exécutif de Koma Komalên Kurdistan, le comité de défense populaire et le conseil de commandement du HPG, avec, comme seul point à l’ordre du jour, l’appel de notre Leader Abdullah Öcalan. Après discussion, nous sommes arrivés à prendre les décisions ci-dessous de façon consensuelle.

  1. Le cessez-le-feu rentrera en vigueur à compter du 1er octobre 2006 et la durée continuera  en fonction de l’évolution de la situation.
  2.  L’utilisation des armes sera prohibée sauf en cas de menaces de destruction de nos forces. Si le cas se produisait, nos forces se mettraient en position d’autodéfense sous toutes formes.
  3. Tout au long de la période du cessez-le-feu, le HPG s’abstiendra d’actions militaires en dehors de ses besoins logistiques et sa sécurité de base.
  4. Compte tenu de cette décision, le commandement du HPG adoptera un positionnement de ses forces, un mode opératoire et  un programme  en conformité avec la situation d’un cessez-le-feu.
  5. De même, les cadres, les organisations et instituts du Mouvement pour la Liberté et la Démocratie du Kurdistan adapteront, sur le plan idéologique, politique, organisationnel et social, leur logistique, leurs travaux  et leurs activités, afin de mettre tout en œuvre pour faire, de cette période du cessez le feu, un succès.
  6. Cette décision engage toutes les forces rattachées à Koma Komalên Kurdistan. Chacun participera, par une attitude volontaire et dans un effort intense, au succès de l’opération.

C’est à la suite de ces décisions, prises lors  de notre réunion,  qu’APO, le Leader du Koma Komalên Kurdistan,  fit, le 28 Septembre 2006, cette déclaration destinée  à notre mouvement et à l’opinion publique : “Je déclare que je suis près à faire tout ce qui est possible et j’appelle donc le PKK à décréter un cessez-le-feu. La période durant ce cessez-le-feu sera importante mais restera insuffisante. En réalité c’est après cette étape qu’il y aura beaucoup de choses à faire “

Toutes nos organisations nationales ont, après explications, ratifié les résolutions que nous avons adoptées officiellement lors de notre réunion.

Les déclarations extrêmement claires de notre Leader Abdullah Öcalan et de notre mouvement s’imposent à toutes nos organisations nationales démocratiques. Ceci concerne aussi toutes les forces nationales démocratiques. Autrement dit, ceux qui sont en dehors de notre organisation, qui prétendent agir au nom de la population Kurde et qui se disent fidèles à notre Leader Abdullah Öcalan, toutes ces forces armées qui se tiennent en dehors de notre mouvement, devront se soumettre  à l’appel de notre Leader Abdullah Öcalan.

Ceux qui ne prendraient pas compte notre appel, et qui nuiraient  aux intérêts et à la cause de notre peuple, doivent savoir qu’ils s’exposent à une sanction de notre part, au niveau national.

Notre peuple qui a fait évoluer avec succès sa lutte pour la liberté, qui a fait beaucoup d’efforts et de sacrifices, devra s’approprier ce processus de cessez-le-feu de façon décisive, pour obtenir une solution démocratique dans une union libre. Ce processus devra donc être perçu comme une revendication très forte et exprimée comme telle. Notre peuple devra, en toute lucidité, faire preuve de persévérance, sachant que ce choix est celui de la paix.

Nous ferons notre devoir  pour  travailler à la création d’une vie dans une union démocratique libre et pour trouver une solution  au sein des frontières de la Turquie. Par contre, notre peuple,  comme toujours dans son Histoire, ne baissera jamais la tête devant une politique faite de négationnisme et de violence et saura, s’il le faut, se défendre. Le pas fait par un cessez-le-feu est d’une importance historique pour une union durable entre deux peuples. Maintenant nous avons une occasion pour la paix et nous voulons la mettre en valeur. Par contre ceux qui veulent allumer un incendie et créer un sentiment d’hostilité entre les peuples, ceux qui sont du côté de la guerre, les nationalistes et les chauvinistes, créent une dangereuse alternative. C’est pour ces raisons que toutes les organisations démocratiques, les milieux proches, les organes de presse et de diffusion, les intellectuels, les artistes, tous les secteurs sensibles doivent s’approprier cette trêve que nous venons de lancer, et ne pas rester inactifs : ils doivent faire aussi leur devoir.

Il est clair maintenant que le Gouvernement Turc et son Armée ne peuvent régler le problème Kurde par la violence comme ils ont essayé de le faire  tant et tant de fois. La politique du “reddition ou destruction” n’a produit qu’un effet nuisible à notre peuple et une déstabilisation régionale, alors qu’une solution démocratique par le dialogue sera attractive et promotionnelle pour la Turquie qui se doit de répondre positivement à notre cessez-le-feu en le considérant comme une occasion historique à ne pas manquer.

Le succès du cessez-le-feu que nous avons décrété sera bénéfique pour tout le peuple kurde vivant dans les quatre parties du Kurdistan. Il est clair que tant que le problème kurde ne sera pas résolu en Turquie, rien ne sera vraiment résolu de façon durable dans aucune des parties du Kurdistan. Ceci se voit chaque jour encore plus clairement et c’est pour cette raison que le PDK, en premier, le PUK et toutes les forces Kurdes, doivent apporter leur contribution pour que tous ces efforts soient couronnés de succès.

Les gouvernements régionaux comme l’Iran et la Syrie doivent aussi réexaminer  leurs positions et s’orienter vers un processus démocratique  dont la condition sine qua non est d’établir un modus vivendi pacifique avec le peuple Kurde. Notre processus de cessez-le-feu va avoir une bonne influence sur toute la région, en commençant par ses deux pays –là

Il est clair que le Moyen Orient va, ainsi, retrouver paix et stabilité, et développer  une influence rassurante  autour de lui. Les USA, en premier lieu, et toutes les forces internationales ne doivent pas utiliser des méthodes  violentes pour régler le problème Kurde, mais, au contraire, de se rapprocher d’une solution démocratique, qui favorisera un processus de paix et de stabilité dans la région et même au de-là. Des signaux positifs ont déjà été enregistrés à ce sujet depuis que nous avons décrété le cessez-le-feu. Quant au Gouvernement turc, il est injuste qu’il persiste dans une attitude de violence  et qu’il continue à considérer notre mouvement  comme une organisation terroriste alors que nous multiplions les appels à la démocratie et au dialogue. Cette politique menée depuis de dizaines d’années par le Gouvernement Turc qui est la cause de nombreux massacres, d’exodes etc … n’a donné aucun résultat, et l’a conduit dans l’impasse.

C’est pour cette raison que les Gouvernements qui ont pris  place dans le “mécanisme à trois” et qui ont placé  “les coordinateurs en relation avec le PKK”, ne doivent pas considérer notre mouvement en tant qu’association terroriste, et doivent éviter de mettre en place des plans de liquidation. Il est clair qu’il est impossible de résoudre le problème par la violence comme tant d’exemples l’ont démontré dans le passé. Ce mécanisme doit être actualisé en prenant en compte le projet d’une solution démocratique, ce qui serait le meilleur chemin. Les Etats Unis, en premier lieu, mais aussi le gouvernement Irakien, en tant  que gouvernement qui connaît bien de l’intérieur le problème kurde, doivent jouer la carte d’une solution pacifique, après que nous ayons décrété le cessez-le-feu.

Nous avons fait, de notre côté, ce que nous devions faire, en appelant à un cessez-le-feu pour favoriser la démocratie et la stabilité. Nous appelons donc les gouvernements concernés et leurs entourages  et leur demandons de prendre, à leur tour, leurs responsabilités afin de travailler dans l’intérêt de tous, y compris ceux de la population kurde, dans le cadre de ce projet juste et démocratique.

30 Septembre 2006

Koma Komelên Kurdistan (Confédération démocratique du Kurdistan) – Conseil Présidentiel

Le procès de 56 “seigneurs de la Paix” devant la cour de justice de Diyarbakir

Les maires de Diyarbakir et de Hakkari particulièrement visés

Ce ne sont pas de dangereux terroristes qui ont posé des bombes ou commandité des attentats suicides, mais 56 maires kurdes, du principal parti pro kurde, le Parti pour une Société Démocratique (D.T.P.), élus pour la plupart à une écrasante majorité et adeptes déclarés d’une démocratie locale participative dans une région qui soutient globalement ceux qui luttent pour la reconnaissance de leur identité et pour la liberté d’expression, qu’elle soit culturelle ou politique.

56 “seigneurs de la paix” pour reprendre le titre du dernier ouvrage de l’écrivain journaliste breton, Roger Faligot. “Grâce à eux, la guerre recule” : cette phrase ornant la jaquette du livre pourrait s’appliquer à ces maires militants de la liberté et de la paix.

56 maires qui sont traduits aujourd’hui devant la justice pour avoir défendu ROJ TV, chaîne de télévision kurde qui émet depuis Copenhague.

ROJ TV, dans ce contexte, est plus qu’une chaîne de télévision kurde en exil, c’est véritablement un symbole de ce combat engagé avec des moyens politiques et pacifiques : malgré les pressions turques et américaines, l’instance danoise de surveillance de l’audiovisuel a estimé que les programmes ne contenaient pas d’incitation à la haine, alors que le gouvernement turc, lui, affirme le contraire au motif que ROJ TV soutiendrait une organisation “terroriste”.

Les 56 maires ont signé une lettre collective exhortant les autorités danoises à résister aux demandes de fermeture de la chaîne et, aujourd’hui, devant le tribunal, ils signent et persistent.

Deux d’entre eux sont particulièrement visés : les maires de Diyarbakir et de Hakkari.

Osman Baydemir, avocat, maire de Diyarbakir et président de l’Union des maires du Sud est anatolien (G.A.B.B.) qui fut, auparavant, président de la section régionale de Diyarbakir de l’association turque de défense des droits de l’homme, I.H.D., affiliée à la F.I.D.H., est la “bête noire” du régime : Il encourt, dans un autre procès intenté contre lui, 10 ans de prison au motif qu’il aurait fait l’éloge du P.K.K. et de la guérilla après les émeutes de Diyarbakir, en mai dernier, alors que son rôle de modérateur a été remarqué par tous les observateurs. On ne compte plus les menaces de mort dont il est l’objet mais son aura à l’étranger et dans la population le protège pour l’instant : le New Anatolian le considère, après son voyage aux Etats Unis, comme un interlocuteur “têtu” mais respecté.

Metin Tekçe, maire de Hakkari, cette “capitale” d’une province montagneuse, à l’extrémité de la Turquie, aux frontières de l’Iran et de l’Irak, qui se trouve, géographiquement et politiquement, au centre de la question kurde, est lui aussi “dans le collimateur” après l’affaire de Semdinli où des éléments des forces militaires turques ont été pris, “la main dans le sac”, à commettre un attentat meurtrier qui fit plusieurs victimes.

Metin Tekçe, répondant à une question de la commission d’enquête, aurait déclaré : “à votre question, je réponds que le Parti des ouvriers du Kurdistan (PKK) n’est pas une organisation terroriste. C’est juste une organisation qui défend les droits de ceux qui travaillent pour une solution pacifique au problème kurde”, et il aurait ajouté : “je ne suis pas fier de ma turquitude. Je suis un citoyen de la Turquie et fier de l’être, mais pas de ma turquitude parce que je ne suis pas turc. Je suis kurde, comme d’autres sont laz ou grecs et qui sont aussi citoyens turcs, faisant également partie du peuple de la Turquie. Je suis fier d’être un citoyen de la Turquie”.

Metin Tekçe était venu en Bretagne, en décembre dernier, défendre un projet de centre municipal de soins et d’éducation pour les femmes, notamment “les exilées de l’intérieur” et avait été reçu par Christian Guyonvarc’h, Vice Président du Conseil Régional de Bretagne, Edmond Hervé, maire de Rennes, François Cuillandre, maire de Brest, Yolande Boyer, sénatrice –maire de Châteaulin et Monique Prévost, maire de Douarnenez.

Aujourd’hui il déclare craindre pour sa sécurité après une démonstration de force des militaires turcs dans sa ville et la provocation du chef d’Etat major, Ilker Basbug qui a déclaré : “dans la ville de Hakkari se trouvent certains microbes qui doivent être nettoyés.”

Ce procès est donc emblématique dans un contexte particulièrement agité et complexe.

L’armée turque défie l’Union européenne qui lui reproche de s’immiscer dans la vie politique du pays mais n’est pas désavoué par le gouvernement turc qui, dit-on, voudrait se démarquer des faucons qui se trouvent à la tête de l’Etat major des armées, mais qui, une fois de plus, rejette l’appel à la trêve lancé par Abdullah ÖCALAN, leader incontournable du Parti des Travailleurs du Kurdistan, (P.K.K.).

Le Conseil exécutif du K.K.K. (Confédération Démocratique du Kurdistan) réunissant les forces armées et politiques en assemblée générale, a, lors d’une longue déclaration solennelle, décréter le cessez-le-feu à compter du 1° octobre 2006.

Ce cessez le feu négocié sans doute avec le président irakien Jalal Talabani, d’origine kurde, lors de contacts avec le PKK, était attendu par la population kurde et ses représentants, le Parti pour une société Démocratique qui s’est réjoui de l’appel à une trêve, exhortant, en vain, Ankara à ne pas l’ignorer et à saisir, pour l’arrêt du conflit armé, cette opportunité qui a l’aval des diplomaties américaine et européenne.

Le parlement européen, dans son rapport adopté le 27 septembre, tacle sévèrement ce gouvernement  qui plonge la Turquie, candidate à l’adhésion à l’Union Européenne, dans l’impasse politique : à un an de l’élection présidentielle, aucune mesure pour sortir du conflit n’est inscrit dans son agenda.

Le texte adopté estime, par exemple, que les progrès accomplis en matière de liberté d’expression restent loin d’être satisfaisants et que la loi turque anti-terreur récemment adoptée est en particulier contraire à l’avis du rapporteur spécial sur le terrorisme du Conseil des droits de l’homme des Nations unies et sape les réformes antérieures en matière de libertés fondamentales et de droits de la personne. Il invite également la Turquie à abaisser le seuil de représentativité à la Grande Assemblée (Parlement turc) afin de permettre une représentation des minorités. Sur la question kurde proprement dite le rapport exprime la profonde préoccupation du parlement européen en ce qui concerne l’affaire Semdinli, se félicite de l’appel lancé récemment par le DTP (Parti pro kurde auquel appartiennent, rappelons-le, les 56 accusés) en faveur d’un cessez-le-feu et de négociations politiques en ce qui concerne le conflit dans le sud-est, et demande au PKK d’y répondre favorablement. Il demande au gouvernement turc de rechercher une solution démocratique à la question kurde, de procéder à des investissements en faveur du développement socio-économique du sud-est et d’engager un dialogue constructif avec les interlocuteurs pacifiques.

Dans le même temps, des bruits de bottes et une forte odeur de pétrole venant de Kirkouk, au Kurdistan irakien, inquiètent.

Une délégation de députés turcs, en visite dans cette ville, a exprimé mardi, note une dépêche de l’AFP, son soutien à la minorité turkmène d’Irak et mis en garde les Kurdes contre leurs visées sur la riche région pétrolière de Kirkouk : “La Turquie est désireuse de préserver l’intégrité de l’Irak, mais il est de notre droit, en tant que pays voisin, d’avoir une présence en Irak, tout comme les Américains sont présents”, a déclaré Turhan Comez au cours d’une conférence de presse. Cette visite des députés turcs intervient deux jours après l’ouverture, au parlement autonome kurde, du débat sur un projet de constitution kurde qui revendique la riche région pétrolière de Kirkouk.

D’un autre côté, Nechirvan Barzani, Premier ministre de la région kurde autonome d’Irak, a affirmé que les Kurdes s’opposeront avec détermination à toute tentative de les priver du droit de développer leur propre industrie pétrolière et a averti que toute ingérence extérieure dans ces affaires ne pourra que raviver les appels à l’indépendance du Kurdistan.

Le parlement autonome kurde a entamé dimanche la lecture d’un projet de constitution kurde dans lequel il revendique notamment la riche région pétrolière de Kirkouk, et s’octroie le droit à l’autodétermination s’il la jugeait justifiée.

Comme on le voit, les grandes manœuvres semblent être commencées et il est temps pour la diplomatie européenne et américaine de trouver une solution politique et pacifique avec les puissances régionales et les représentants des Kurdes vivant en Turquie mais aussi en Irak et en Iran, sous peine de voir s’embraser cette partie moyen orientale du monde.

Dans l’immédiat il faut éviter l’irréparable et arrêter cette parodie de justice qui se déroule à Diyarbakir.

Les Amitiés kurdes de Bretagne lancent un appel à tous les démocrates, et notamment aux élus locaux et nationaux pour qu’ils manifestent leur réprobation auprès des instances politiques turques et interviennent auprès de l’Union Européenne et du gouvernement français pour leur demander de prendre les initiatives appropriées à la défense de ces 56 maires injustement poursuivis.

Les élus, les avocats, les journalistes, les militants des droits humains sont invités à se relayer pour assister aux audiences qui vont se dérouler à Diyarbakir, durant les mois à venir.

Une première délégation va s’envoler pour assister à la séance du 3 octobre prochain.

Rennes le 30 /09/2006

André Métayer

 Président des Amitiés kurdes de Bretagne

Attentat de Baglar – Communiqué de presse de KON-KURD

COMMUNIQUE DE PRESSE

13 Septembre 2006

11 citoyens innocents de notre peuple ont été tués et 10 autres blessés lors d’une explosion qui s’est produite à Diyarbakir le 12 septembre 2006 à un arrêt de bus du quartier de Baglar.

Nous condamnons cette attaque sauvage visant notre peuple à qui nous présentons nos condoléances attristées.

L’attentat de Diyarbakir qui a pris pour cible des civils a été organisé le jour anniversaire du coup d’état militaire du 12 septembre 1980. C’est bien évidemment un message de vengeance et une menace pour notre peuple, montrant en cela que le comportement des autorités militaires turques n’a pas changé depuis 26 ans : l’Etat turc, qui se trouve en difficulté dans plusieurs domaines, y compris militaire, veut se venger sur la population civile. Comme à Semdinli, où furent perpétrés des semblables attentats, les groupes paramilitaires sont au travail.

Cet attentat, qui survient au moment où des organisations démocratiques, des personnalités turques et kurdes interviennent en faveur de la paix, constitue un acte de sabotage et une provocation. Cet attentat, qui survient après la déclaration pour la paix du Conseil exécutif du KONGRA GEL, montre que certaines forces de l’Etat turc font tout pour empêcher que soit trouvée, entre L’Etat turc et le peuple kurde, une solution pacifique au conflit existant.

Sur le plan international, aussi, plusieurs initiatives sont prises à propos de ce conflit. Le général Joseph W. Ralston, coordinateur désigné par les USA, est en Turquie pour s’entretenir du PKK avec les autorités turques, tandis que la question kurde se trouve sur l’agenda des discussions de l’Union Européenne et du Parlement européen.

Le choix de la date de cet attentat contre notre population n’a évidemment pas été fait par hasard et nous insistons auprès aux forces démocratiques pour qu’elles exigent des éclaircissements.

Nous appelons notre peuple et l’opinion publique à la vigilance.

Confédération des Associations kurdes en Europe

Les Kurdes de Rennes sont supporters du Stade rennais

Photos Gaël Le Ny, match Rennes – Sochaux (2-1)

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ORDRE DE MOBILISATION GENERALE donné à l’armée turque

Nous publions une dépêche de l’ANF (Firat News Agency) : 

« ANKARA (18.07.2006)

Après plusieurs réunions au sommet, Ankara a donné à l’armée turque  l’ordre de mobilisation générale pour une éventuelle opération militaire hors des frontières de la Turquie  dans Kurdistan sud  (n.d.l.r. Nord Irak.). Dans le cadre d’un large plan d’action, décidé par l’Etat Major, l’aviation  a transporté, durant toute la soirée, la logistique militaire Diyarbakir et les congés de tout le personnel de la région ont été supprimés.

Alors que les débats  se poursuivent à Ankara  concernant une éventuelle opération militaire dans le Kurdistan sud,  le gouvernement aurait déjà donné à l’état major des directives politiques pour arrêter des plans d’action concernant  des opérations militaires  hors des frontières de la Turquie

Directive politique à l’Etat major

Lors des réunions au sommet d’Ankara, il a été clairement  proposé de passer à l’action militaire unilatérale  en cas d’échec des pressions sur les Etats Unis et l’Irak pour qu’ils passent à l’offensive contre  le HPG. Ces propositions ont fait l’objet de discussion au conseil des ministres et  ordre a été donné à l’Etat–Major, de préparer un plan d’action pour des opérations militaires en dehors des frontières. L’Etat-Major  s’est exécuté et va soumettre plusieurs plans alternatifs  comportant différentes formes et évaluant les risques militaires.  Le ministère des affaires étrangères étudie, de son côté, les risques politiques. 

Ordre de mobilisation militaire

L’Etat Major  a réuni les chefs des forces terrestres et aériennes qui, conformément aux directives politiques, ont arrêté un plan d’actions qui peut débuter, si nécessaire, dès  aujourd’hui, 18 juillet,  à partir de 05.00 heures  dans Kurdistan Sud.
Les emplacements des camps  des HPG et les points de passage des guérillas sont répertoriés.

Les forces de la guérilla sont prêtes !

Chacun sait  que toutes les  forces de la guérilla ont pris  leurs précautions et qu’elles se tiennent prêtes pour résister à une éventuelle opération militaire dans Kurdistan Sud.  Murat Karayilan,  président du conseil exécutif du KKK, a mis en garde le gouvernement d’AKP  et l’a prévenu des risques d’un conflit généralisé à toute la Turquie :  » Notre mouvement répondra  aux éventuelles décisions que prendra le gouvernement d’AKP, lors de sa réunion d’aujourd’hui. Ce n’est pas nous, mais lui qui portera  la responsabilité de l’extension du conflit à toute la Turquie. »  Le quartier général de HPG, pour sa part, se tient prêt  et assure qu’il a les forces suffisantes pour  contrer  tous plans d’action militaires.« 

ANF NEWS AGENCY

Ils se sont engagés collectivement et personnellement

Bravo les élus,

Vous vous êtes engagés collectivement et personnellement à accompagner, « dans une démarche citoyenne« , les enfants scolarisés – et leur famille – menacés d’expulsion,

Pour avoir souvent regretté l’apathie ou l’indifférence des medias, de l’opinion publique et de la classe politique, quand il s’agit d’examiner la question kurde, et, par voie de conséquence, la situation des immigrés kurdes qu’une guerre, qui ne veut pas dire son nom, jette sur les routes de l’exil, je ne boude pas mon plaisir de voir des élus, nombreux, et notamment les dix maires des grandes villes de l’Ouest de la France, jeter un coup de projecteur sur la situation d’enfants d’immigrés que les conflits ethniques ou la misère ont chassés de leur pays.

J’apprécie qu’à Rennes, où près de 70 parrainages ont été signés, la majorité municipale, en associant des parrains issus de la vie associative, prenne acte de l’action quotidienne de ces militants.

Bien sûr, nous serions extrêmement déçus si, après ce geste « fort », la question de l’immigration disparaissait du champ des préoccupations citoyennes.

André Métayer
Président
Amitiés kurdes de Bretagne

Parrainage civil des enfants étrangers scolarisés dans les écoles de Saint-Jacques-de-la-Lande

Le 3 juillet 2006 

La commune de Saint-Jacques-de-la-Lande a parrainé 7 enfants, cinq Kurdes et deux Géorgiens, scolarisés dans les écoles jacquolandines. commune suburbaine de la métropole rennaise.

Daniel Delaveau, Maire et Vice-Président du Conseil général d’Ille-et-Vilaine, a présidé cette séance solennelle, entouré de ses adjoints et en présence de tout le conseil municipal.

Les parents, menacés d’expulsion, ont exprimé le souhait présenter leurs enfants aux autorités communales et de les faire parrainer.

Chaque « parrain » – un élu municipal – s’est engagé à accompagner son « filleul » et sa famille dans une « démarche citoyenne ».

Ces parrainages marquent une prise de conscience de l’opinion publique et une attention particulière des élus du peuple à prendre en compte les droits de l’enfant et à assurer leur défense.

André Métayer

Rencontre avec Remzi Kartal, ex-député du DEP

Rennes, dimanche 2 juillet 2006

Remzi Kartal, ex-député du parti DEP, aujourd’hui dissout par les autorités turques et remplacé successivement par le Hadep, le Dehap et le DTP, menacé également, à son tour, de dissolution, est venu à Rennes, dimanche 2 juillet, rencontrer les militants kurdes afin de faire avec eux le point de la situation dans les différents parties du Kurdistan (Turquie, Iran, Irak) et dans la diaspora.

Les Amitiés kurdes de Bretagne s’étaient mobilisées, en janvier 2005, pour demander sa libération alors qu’il avait été mis en garde à vue par les autorités de la République Fédérale d’Allemagne à la demande des autorités turques qui réclamaient son extradition. 

« Remzi Kartal est né à Van, au Kurdistan de Turquie, dit le catalogue du Festival de Cinéma de Douarnenez qui l’avait invité en août 2003, et fut élu député de Van en 1991, condamné en même temps que Leyla Zana en 1994, pour avoir défendu les droits du peuple kurde. »

Remzi Kartal est Vice-Président de Kongra-Gel.

Nous avons été heureux de saluer ce grand militant de la cause kurde et d’échanger nos informations. Remzi Kartal s’est dit très impressionné par les actions de coopération que nous menons dans la région de Hakkari et par la défense des enfants kurdes – et des familles immigrées – scolarisés dans les écoles françaises, entreprise par les collectifs de sans papiers et par les municipalités.

Il est également très attentif à la cause des femmes et à la nécessité de développer les actions de solidarité entre les kurdes, au delà de la famille et des cercles de voisinage, mais aussi en liaison avec la population française et les autres communautés immigrées.

André Métayer

Parrainages laïcs et républicains d’enfants scolarisés à Rennes et menacés d’expulsion

Lors d’une séance solennelle, présidée par Marie-Anne Chapdelaine, élue municipale chargée de l’intégration et de l’égalité des droits, les élus de la majorité municipale de Rennes (socialistes, Verts, communistes, Rouge-et-vert/UDB, radicaux de gauche) ont, samedi 1er juillet, sous les ors de l’Hôtel de Ville et devant une salle comble, parrainé une trentaine d’enfants étrangers scolarisés dans les écoles rennaises.

Un communiqué des maires des grandes de villes de l’ouest affirme que ces enfants scolarisés montrent leur souhait de devenir de jeunes citoyens respectueux et fiers des valeurs portées par notre République : « chaque jour, dans nos écoles, qui sont aussi les leurs, ils manifestent leur volonté de se construire un avenir. »

Les enfants et leurs familles étaient accompagnés de leur parrain ou marraine associatif.

Chantal Etourneaud, au nom des Amitiés kurdes de Bretagne, Yves Préault et Nathalie Appéré, Adjoints au Maire, ont parrainé Caner, Elif, Bahar et Umut, dont la famille est originaire de Karagazy et Hinis, dans la région d’Erzerum.

Dans l’après-midi, plus de 400 personnes avaient, à l’appel de nombreuses associations, partis politiques et comités de soutien, manifesté dans les rues de Rennes leur solidarité avec les sans-papiers.

André Métayer

MANIFESTATION LE 1er JUILLET

Des enfants scolarisés dans nos écoles sont menacés d’expulsion à la fin de l’année scolaire parce que leurs parents n’ont pas de titre de séjour.
Ces enfants veulent vivre, grandir et étudier là où ils vivent depuis plusieurs années.

RASSEMBLEMENT
SOLIDAIRE ET CITOYEN

Samedi 1er  juillet

à 14h30

Place de la  Mairie
à RENNES

Joël Dutto, Vice-Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône répond à son Excellence l’Ambassadeur de Turquie en France : « Tôt ou tard, la communauté internationale sera contrainte à reconnaître un espace géographique qui a pour nom le Kurdistan »

« La notion de terrorisme est aléatoire » 

Monsieur l’Ambassadeur,

J’ai pris connaissance du courrier que vous avez adressé à M. Robert BRET, Sénateur des Bouches-du-Rhône, en réponse à sa lettre du 6 avril 2006. Vous portez à l’appréciation de celui-ci un certain nombre d’éléments qui semblent justifier l’attitude des autorités de votre pays au regard des graves évènements qui se sont déroulés au Kurdistan de Turquie durant la période du 25 au 31 mars 2006. Ceux-ci se sont soldés par la mort de 14 civils et plusieurs dizaines de blessés. Vous faite référence dans votre lettre à des « manifestations illégales manipulées par l’organisation terroriste PKK ».

Il aurait fallu par souci d’objectivité que vous indiquiez à M. BRET qu’en fait de « manifestations », il s’agissait de dizaines de milliers d’habitants de la ville de Diyarbakir qui participaient aux funérailles de trois militants du PKK tués dans des affrontements armés qui les ont opposés aux forces armées turques.

Indépendamment de la position que l’on peut avoir sur la lutte armée engagée par le PKK, il n’en est pas moins curieux que vous trouviez normal que des militaires ouvrent le feu sur des civils au seul prétexte qu’ils participent à des funérailles.

Contrairement à ce que vous écrivez, les morts n’ont pas été provoquées dans ce cas précis par le PKK, mais bel et bien par les forces armées turques. Ce sont bien des balles sorties d’armes tenues par des militaires de l’armée turque qui ont fauché des civils désarmés. Il faut avoir une conception très particulière de la réalité des faits pour tenir votre argumentation. Dans quelque partie du monde où de tels évènements se seraient produits, ils auraient suscité une égale réprobation.

Vous indiquez également que le PKK serait une organisation terroriste et reconnue comme telle par les Etats Unis et l’Union Européenne. Concernant les Etats Unis, à l’évidence ce n’est pas de mon point de vue le pays le mieux placé pour classer telle ou telle organisation sur la liste du terrorisme et ce au regard de l’histoire.

Faut-il rappeler le rôle détestable joué par ce pays dans la mise en place des différentes dictatures qui de par le monde et en particulier en Amérique Latine ont mis à mal les démocraties, les droits de l’homme, les libertés collectives et individuelles ? Aujourd’hui pas plus qu’hier, rien ne permet de considérer l’opinion des Etats Unis comme légitimée et universelle sur la notion de qui est terroriste et qui ne l’est pas.

A l’expérience des énormes mensonges et manipulations de l’opinion publique internationale sur la justification de l’intervention militaire en Iraq, illégale au regard du droit international, voilà bien un Etat complètement disqualifié pour classifier un pays ou une organisation dans le registre du terrorisme.

Concernant l’Union Européenne à laquelle vous faite référence, comment ne pas remarquer l’approche plutôt sélective que celle-ci a eu sur cette question du terrorisme.

Par exemple, on peut s’interroger sur les raisons qui ont conduit à ce que ne soit pas examinée lors de l’inscription du PKK sur la liste des organisations terroristes, au moment même où celui-ci avait décrété un cessez le feu unilatéral, l’inscription de la Turquie sur la liste des pays pratiquant le terrorisme d’Etat.

Une étude même rapide de ce qui s’est passé dans votre pays ces dernières années aurait dû conduire soit à une position plus mesurée vis à vis du PKK, soit à s’interroger sur le qualificatif à employer concernant l’attitude des forces armées turques dans la zone de conflit du Kurdistan de Turquie.

Comment qualifier les milliers de villages détruits par l’armée, les enlèvements, les tortures, les assassinats, les 30.000 morts côté kurde, majoritairement, très majoritairement civils. Il ne s’agissait pas là d’actes à créditer au compte du PKK, celui-ci ne possédait pas d’une part, les moyens de feu aérien ou terrestre pour se livrer à des destructions d’une telle ampleur sur une zone géographique aussi étendue et d’autre part n’avait pas la volonté de telles pratiques. Pourquoi dès lors ne pas appliquer la règle de la proportionnalité dans le degré de barbarie et du terrorisme ?

Avec cette règle le terrorisme d’Etat aurait dû également être retenu à l’encontre des autorités de la Turquie qui en sont responsables.

onsieur l’ambassadeur, avec tout le respect que je vous dois, comment qualifiez-vous le fait d’amputer des corps et de les présenter aux familles pour qu’elles avouent qu’un ou plusieurs de leurs membres sont militants du PKK ? Comment appelez-vous le fait de raser un village, de violer les femmes devant les maris, les enfants? Est-ce que cela est du terrorisme ou la normalité des rapports que doit avoir un Etat de droit avec ses citoyens ?

C’est cela que vous appelez « l’égalité de droits dont jouissent les citoyens d’origine kurde? »

Vous savez très bien ce qui s’est passé dans ces régions, comme le savent toutes celles et ceux qui comme moi s’y sont rendus à plusieurs reprises.

Concernant la notion de terrorisme, celle-ci est très aléatoire. En France nous avons vécu une période douloureuse durant laquelle certaines organisations ou individus étaient traités de « terroristes ». Il s’agissait en fait de femmes et d’hommes, français ou immigrés qui refusaient le joug de l’occupation nazie. Aujourd’hui nous ne les remercierons jamais assez d’avoir pris le parti de la résistance et du combat pour la liberté et la dignité.

Il y a ceux, les mêmes d’ailleurs au parlement européen, qui ont inscrit le PKK sur la liste des organisations terroristes et reconnaissaient il y a peu l’UCK comme une organisation armée légitime face au pouvoir de Belgrade et de M. Slovodan Milosévic, qui lui, à contrario parlait d’organisation terroriste.

Vous faites également référence dans votre courrier au rôle joué par « Roj TV » basé au Danemark dans l’appel à la grève, au demeurant largement suivie dans toutes les régions à large dominance de population kurde. Là encore, au risque de vous apparaître désagréable, je ne vois pas en quoi les émissions de Roj TV seraient plus condamnables que celles de « Free Radio » financée par les Etats Unis en direction de différents pays de l’Europe de l’Est et qui, en son temps, appelait à manifester pour plus de démocratie et de respect des droits de l’homme.

Il ne me semble pas avoir beaucoup entendu de représentants de vos autorités condamner cette atteinte à la souveraineté nationale des pays concernés. Mais considérer qu’il suffirait d’un appel de Roj TV pour mobiliser des dizaines de milliers de kurdes sans qu’il y ait un vrai problème non résolu depuis des décennies relèverait d’une analyse un peu courte de la situation.

Oui Monsieur l’Ambassadeur, la question kurde existe toujours dans votre pays et c’est parce qu’elle n’est pas résolue que la tension perdure. N’est ce pas  M. Recep Tayyip Erdogan, Premier Ministre de votre pays qui dans un discours prononcé en 2005 à Diyarbakir devant le maire de la ville, les élus et les différentes autorités civiles déclarait « oui, il y a un problème kurde et il faut s’attacher à trouver des solutions » ?

Effectivement, le problème existe socialement, économiquement, culturellement et politiquement.

Socialement parce que l’immense majorité des kurdes vit dans la pauvreté la plus grande, résultat du déplacement forcé, de la non-possibilité au retour dans les villages détruits ou aux mains des   « protecteurs de villages » armés, financés et protégés par vos autorités. Ces milices se sont appropriées dans nombre de cas, sans droit ni titre, des biens des villageois contraints à l’exil.

Le programme de retour des déplacés est un échec dû aux conditions que doivent accepter ces derniers pour bénéficier d’une faible aide financière sensée leur permettre de se réinstaller dans leurs villages d’origine et notamment de reconnaître que l’armée n’est pas responsable de la destruction de leur village, du fait également du manque total d’infrastructures, médicales, scolaires, publiques et de la non-possibilité d’exercer une activité économique capable d’assurer l’autosuffisance alimentaire des familles (cheptel ovin non reconstitué ou non-possibilité d’accéder à des pâturages du fait de la présence de militaires et de mines anti-personnelles).

Economiquement, parce qu’aucun investissement lourd et durable créateur d’emplois n’a été engagé par les gouvernements successifs, mis à part la réalisation de barrages qui ont ou vont engloutir des sites archéologiques millénaires et dont la fonction première outre le contrôle à la source de la richesse hydraulique de toute la région, est une production énergétique dont ne profiteront pas, en l’état actuel des infrastructures de distribution de l’énergie électrique et du coût de celle-ci les populations locales.

Culturellement, parce que contrairement à ce que vous indiquez dans votre courrier, la loi adoptée par le parlement sur l’utilisation et l’enseignement des langues minoritaires, n’a eu à ce jour aucun impact significatif dans le quotidien des kurdes. Il aurait été intéressant que vous indiquiez le nombre de maternelles dans lesquelles serait enseignée la langue kurde. A ma connaissance aucune dans tout le pays. Le kurde n’est enseigné que dans des écoles privées et payantes inaccessibles aux kurdes. A ce jour les deux à trois écoles qui se sont ouvertes au prix de tracasseries et difficultés administratives incroyables, en contradiction avec le texte de loi de référence, n’ont pu continuer de fonctionner faute de moyens financiers.

Vous auriez dû expliquer dans votre courrier pourquoi aujourd’hui encore des maires de villes kurdes, font l’objet de procédures judiciaires pour le seul fait d’avoir écrit « Newroz », jour de fête traditionnel kurde, au prétexte que le « w » n’existe pas en langue turque et que l’utiliser est de votre point de vue synonyme de séparatisme.

Nous pourrions également évoquer la diffusion audio visuelle, dont vous faites état. Combien? Oui combien d’heures d’émission par semaine? Deux heures, sur une chaîne de TV, consacrée à de la musique, sans débats, films, reportages, émissions de variété ou culturelles.

Politiquement, du fait que durant cinq ans la trêve observée par le PKK n’a pas été saisie pour ouvrir la voie au dialogue et à la recherche d’une solution politique, que durant toute cette période les différentes tentatives du PKK pour faciliter toutes approches diplomatiques n’ont pas trouvé l’écho espéré et à la hauteur des enjeux, voilà quelques-unes unes des raisons de l’exaspération de la population kurde.

Durant cette période tous les appels à la Paix et au dialogue lancés par des représentants de la société civile d’origines tuque et kurde n’ont pas été entendus et à chaque fois les auteurs ont été accusés de faire le jeu des « séparatistes ».
Aujourd’hui il y a effectivement un regain de tension dans cette partie de la Turquie, sans aucun doute plusieurs facteurs sont en prendre en compte pour tenter d’en comprendre les causes.

Par exemple le fort sentiment d’injustice que ressent la population face à ce qui s’est passé dans la ville de Semdinli, le 9 novembre 2005. M. BRET aurait été sans aucun doute très intéressé d’apprendre comment une librairie tenue par un militant d’un parti politique kurde a été l’objet d’un attentat. La déflagration a fait un mort et plusieurs blessés graves.
Très intéressé également d’apprendre que les auteurs interceptés par la population n’étaient autres que des officiers de l’armée turque en civil appartenant au GITEM, vous savez les paramilitaires, chargés des basses besognes contre les militants kurdes et si cela est nécessaire je tiens à votre disposition une liste de plusieurs centaines de noms de personnes assassinées ou disparues.

Très intéressé d’apprendre que pour la première fois dans l’histoire de la Turquie moderne un juge d’instruction a remonté son enquête jusqu’au commanditaire, un militaire de haut rang, le général Yasar Büyükant commandant de la région.

Il aurait été dans la normalité des choses comme, dans tout état démocratique que la justice poursuive son instruction par l’inculpation de celui-ci. Or, à contrario de cette normalité, le juge a été démis de ses fonctions avec interdiction d’exercer un métier ayant trait à la justice. Le chef des renseignements de la police qui avait déclaré « l’ennemi est dans nos murs » faisant référence au général, a été limogé.

Le fait également que face à quelques milliers de combattants de la guérilla pour la plupart stationnés hors des frontières de la Turquie, le gouvernement turc déploie plus de 120.000 militaires et transfère le quartier général de l’armée de terre d’Ankara vers la région de Silopi/ Sirnak, prés de la frontière Turco/Iraquienne.

Sans aucun doute aussi, le fait qu’en  contradiction avec les normes internationales en matière d’atteinte à l’intégrité physique et morale des détenus, le fait que M. Abdhulla Oçalan soit emprisonné et maintenu dans un isolement total depuis plusieurs années.

Lors du Newroz 2006, des centaines de milliers de kurdes rassemblés dans toutes les villes où ils ont pu célébrer cette fête, ont réclamé une solution politique et la libération de M. Abdhulla Oçalan. A ce jour les autorités de votre pays refusent toujours d’ouvrir un véritable dialogue politique.

Voilà M. l’Ambassadeur quelques éléments qui ne favorisent pas une approche sereine de la question kurde.

S’obstiner à ne pas entendre ces exigences ne peut que conduire à une montée des exaspérations et du climat de tension. D’autres pays à l’image de la Grande Bretagne avec la question irlandaise, de l’Espagne avec le Pays Basque ont su rechercher et trouver, malgré les difficultés et une histoire faite de douleur et de violence, les chemins de la Paix.

C’est cette voie qui peut être celle du salut pour la Turquie, une voie qui passe par l’acceptation de la notion de Kurdistan de Turquie sans que l’évocation même du mot Kurdistan provoque une montée du nationalisme cultivé par les autorités.

Que les accords de Lausanne de 1924, en contradiction avec ceux de Sèvres de 1922, aient conduit à la partition du Kurdistan, n’enlève rien à cette réalité historique et géographique.

Tôt ou tard comme cela s’est produit pour le Kurdistan irakien, la communauté internationale sera contrainte de par la situation, à reconnaître qu’il existe à l’intérieur des frontières actuelles de la Turquie un espace géographique qui a pour nom le Kurdistan.

La Turquie aurait tout à gagner à jouer un rôle dynamique dans l’évolution des choses, sans quoi les différents manquements aux critères de démocratie et de respect des droits de l’homme, qui seront le produit d’une situation de conflit perpétuel, pèseront lourdement et défavorablement sur l’opinion publique européenne et feront obstacle à la poursuite de l’idée de l’intégration de votre pays dans l’Union Européenne.

Je vous prie de croire, Monsieur l’Ambassadeur, à l’expression de mes salutations distinguées.

Joël DUTTO, Vice-Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône.

06.06.2006

JEUDI 15 JUIN 1/2 journée d’information syndicale (SNUIPP35-FSU-CNT-SGEN 35)

13h30 au local de la FSU avenue Chardonnet à Rennes – réunion ouverte à toutes et à tous
– la loi CESEDA
– la fin de l’année scolaire
– un point sur les situations d’élèves menacés d’expulsion dans le département
– « base élèves 1er degré ».   17h Rassemblement devant l’Inspection Académique
Il faut qu’on soit nombreux pour crier notre colère et faire savoir que les personnels de l’Éducation Nationale ne collaboreront pas à cette « chasse », ni en cette fin d’année scolaire, ni dans les mois à venir !

Des policiers français viennent chercher deux enfants kurdes dans une école maternelle du Mans

Les Amitiés kurdes de Bretagne ressentent douloureusement ce communiqué de l’A.F.P annonçant  que des policiers français sont venus chercher mardi dans une école maternelle du Mans deux petits frères kurdes dont la mère était en cours de reconduite à la frontière : ce n’est pas encore « Vichy » mais ça vient.

Doit-on s’indigner devant le cynisme ministériel qui ordonne cette descente de police au moment où le Ministre de l’Intérieur s’apprête à faire croire qu’il va régulariser, pour des raisons humanitaires, la situation dramatique d’un certain nombre de familles menacées, parfois depuis de longues années, d’un retour au pays jugé impossible?

Où doit-on s’indigner d’un zèle intempestif d’échelons subalternes, partie prenante d’une politique répressive initiée par le pouvoir central?

Et que dire de ceux qui « remettent les enfants aux policiers après avoir obtenu le feu vert de leur hiérarchie »? Et ce au moment où la SNCF est condamnée pour avoir affrété des trains en partance, via Drancy, pour les camps de la mort?

Mais dans quel monde vivons–nous ?  À quand l’étoile jaune ?

Les trains de la honte de la SNCF  ne peuvent nous faire oublier l’action de milliers de cheminots résistants, dont certains ont payé de leur vie leur action de résistance.

C’est pourquoi les Amitiés kurdes de Bretagne font confiance aux milliers de parents d’élèves et d’enseignants qui se mobilisent pour empêcher toutes violences faites aux enfants, en quelque sorte placés sous leur protection.

André Métayer
Président
Amitiés kurdes de Bretagne

Assemblée générale des Amitiés kurdes de Bretagne le 20 mai 2006 à Brest

Cette année, dix ans après la création officielle de la « Délégation rennaise Kurdistan », le 1er mai 1996, nous avons décidé de modifier nos statuts et de changer l’appellation. Plus qu’un changement de sigle, c’est une réforme plus importante qu’elle ne le paraît : nous réaffirmons, tout d’abord, nos objectifs (défense des droits humains dans les différentes parties du Kurdistan et actions pour aider à la reconnaissance de droits culturels et politiques du peuple kurde) et gardons notre ancrage et notre siège social à Rennes mais nous élargissons notre champ d’action avec des actions de coopération en offrant aux collectivités territoriales bretonnes une collaboration sincère et désintéressée dans le cadre d’un partenariat dont il convient d’en définir les contours dans le respect des prérogatives et des stratégies de chacun. Nous ne pouvons pas abandonner Hakkari, où des hommes et des femmes se battent pour défendre leurs droits et leur dignité. Le nationalisme exacerbé des Turcs, le chaos irakien, et le régime islamique et belliciste iranien forment une réelle menace pour la paix dans cette zone régionale dont Hakkari est l’épicentre et qui, potentiellement, peut devenir un conflit majeur. En aidant Hakkari, nous travaillons pour la paix.

Cette première assemblée générale des AMITIES KURDES DE BRETAGNE s’est tenue à Brest, samedi 20 mai 2006 à la Cinémathèque de Bretagne, avec la participation d’adhérents rennais, douarnenistes et brestois, au cours de laquelle A.K.B a présenté ses différents projets concrets en faveur de Hakkari, ville située aux confins de la Turquie dans une région particulièrement stratégique et exposée, au cœur du Kurdistan turc, irakien et iranien. Les responsables des projets ont fait état de l’avancée de quatre projets en direction de Hakkari : l’aide à la scolarité des enfants, notamment des fillettes, en liaison avec une association locale Göç-Der, le commerce équitable, avec l’atelier de kilims qui est venue en Bretagne – en décembre dernier- présenter sa production, l’assainissement, pour lequel une mission d’expert est souhaitée pour faire un diagnostic, et la construction d’un Centre de Santé et d’Education dont le maitre d’œuvre est la Municipalité de Hakkari. Le Maire de Hakkari est venu aussi en décembre dernier plaider sa cause auprès des collectivités locales et il a été entendu notamment par le Conseil régional de Bretagne.

Retour de voyage au Kurdistan turc

Une cinquantaine de personnes, accueillies chaleureusement par personnel du restaurant Le SCARABEE, ont répondu à l’invitation de l’association Amitiés kurdes de Bretagne qui avait organisé une soirée d’information le 17 mai dernier, au retour de sa mission au Kurdistan de Turquie.

La projection de photos et la  présentation des différents projets d’aide à la population de Hakkari ont suscité, dans une atmosphère très conviviale, nombreuses questions sur les Kurdes, les relations avec l’Irak, l’entrée de la Turquie dans l’Europe, et le soutien de l’association à la ville de Hakkari. Cette séance a permis de lancer la campagne en faveur de l’aide à la scolarisation des enfants, et notamment des filles, de Hakkari.

Manifeste « Droit de cité en danger »

Le manifeste « Droit de cité en danger » est publié sur le site du journal Ouest-France.

Uni(e)s contre une immigration jetable

Uni(e)s contre une immigration jetable, 450 organisations dénoncent le projet de loi CESEDA

Le gouvernement s’apprête à réformer en profondeur le Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile (CESEDA).

Ce projet de loi, sous couvert de promouvoir « une immigration choisie » et de mettre un terme à « une immigration subie » liquide les droits fondamentaux des étrangers! À l’appel des Amitiés kurdes de Bretagne, Attac-Rennes, CRIDEV, LDH-Rennes, MRAP 35, Mouvement de la Paix, Pastorale des Migrants, Relais étrangers, UD – CGT, FSU 35, Solidaires 35, Confédération paysanne 35, Syndicat des Avocats de France, Alternative Libertaire, LCR, PCF, UDB, les Verts, près d’un millier de personnes, parmi lesquels les adhérents des Amitiés kurdes de Bretagne, ont défilé à  Rennes, comme dans un certain nombre de villes de France, pour protester contre le projet de loi visant à restreindre le droit d’asile et à rendre plus difficile encore le séjour des étrangers en France.  

Une pétition circule et une manifestation nationale est organisée par un collectif regroupant 450 organisations – associations, syndicats, partis,

SAMEDI 13 mai 2006 à 15 heures

À PARIS, PLACE DE LA REPUBLIQUE Le collectif rennais organise un départ en car (30 €). Contacter le MRAP (02 99 32 04 41). Contre une immigration jetable

Le Kurdistan sera-t-il, avant la fin de ce siècle, indépendant ?

Avant la fin de ce siècle, le Kurdistan sera indépendant, déclare en substance, Chris Kutchera, écrivain journaliste, voyageur infatigable et auteur de nombreux ouvrages sur la question kurde, interviewé par Yves Calvi dans le cadre de son émission « C dans l’air » du 19 avril, à laquelle il avait invité quatre autres éminents spécialistes (1) de la question kurde et du Proche Orient.

Surprenante cette déclaration ? Non, au regard de l’histoire du peuple kurde qui a su traverser les âges en conservant sa propre langue et sa culture, sans jamais être assimilé par les peuples dominateurs. Il n’est donc pas étonnant que les tentatives de turquisation d’Atatürk et d’arabisation de Saddam Hussein aient échoué quant il s’agit des Kurdes.

Dans le chaos irakien d’aujourd’hui, le Kurdistan autonome d’Irak fait preuve d’exemplarité, géré depuis plus d’une décennie par les deux chefs de guerre kurdes, parfois alliés, parfois rivaux, qui se sont unis au point de devenir, l’un, Jalal Talabani, premier Président kurde de l’histoire moderne de l’Irak, réélu samedi dernier, 22 avril, pour un mandat de quatre ans, l’autre, Massoud Barzani, Président du Kurdistan autonome depuis 2005.

Le pétrole de Kirkouk dope le moral des Kurdes mais fait froncer les sourcils de toutes les puissances régionales, à commencer par la Turquie, alliée des Américains, qui frappe à la porte de l’Union européenne.

La situation est complexe au moment où l’Iran du président islamiste Ahmadinejad durcit son discours antisioniste et s’invite à la table du club très fermé des puissances nucléaires. Les risques d’un conflit majeur existent et les 10 millions de Kurdes iraniens, persécutés, humiliés par les régimes iraniens successifs, ne resteront pas sans réagir. Ahmadinejad qui le sait a d’ailleurs fait pilonner des positions de rebelles kurdes iraniens dans les montagnes du nord de l’Irak, révèle une dépêche de Reuters publiée dans Libération du 21 avril, qui ajoute que « selon des experts militaires, le PJAK(2) est une ramification iranienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte dans le sud-est de la Turquie contre le pouvoir d’Ankara ».

La Turquie doit trouver, pour garder (ou gagner) son leadership régional et conserver ses chances d’être admise au sein de l’Union européenne, une solution politique à la question kurde. Et, de ce point de vue, les nouvelles sont plutôt inquiétantes : le gouvernement turc a soumis au Parlement un projet de loi qui durcit la loi antiterroriste, ciblant les manifestants mais aussi les maires ! ; un procureur turc qui avait mis en cause un haut responsable de l’armée dans le cadre de l’attentat anti-kurde de Semdinli a été radié, rapporte l’agence de presse Anatolie ; Amnesty International demande que toute lumière soit faite sur les violations des droits humains qui se seraient produites dans le cadre des manifestations qui secouèrent le sud-est du pays, avec des répercutions sporadiques jusqu’à Istanbul. La presse nationale et internationale s’émeut des attentats, attribués au PKK, qui se multiplient dans l’ouest de la Turquie, suspectée, par ailleurs, de préparer une intervention en Irak : la presse turque a fait état de l’envoi de renforts de 10.000 militaires déployés le long des frontières communes avec l’Iran et l’Irak, portant les effectifs à 50.000 hommes, voire 150.000 selon certaines sources.

Chacun convient, avec Claudia Roth, leader des Verts allemands, « qu’il n’y a pas d’autre alternative que de faire taire les armes ». Mais avec qui la Turquie doit-elle négocier ? lance, à la fin de son émission, Yves Calvi à l’un de ses invités qui éluda la question. Dommage ! La réponse aurait pu être celle-là : on ne négocie pas la paix avec son ami, mais avec l’adversaire en capacité de faire appliquer les décisions négociées. Voyez comment le Général de Gaulle mit fin à la guerre d’Algérie : les accords d’Evian furent signés 18 mars 1962 entre les représentants de la France et ceux du Front de Libération Nationale algérien, le FLN. De Gaulle en est sorti grandi, inspirant le respect à tous, même à ses adversaires politiques.

Faudra-t-il attendre la fin de ce siècle pour que la Turquie et la représentation kurde signent des « accords d’Evian » ?

André Métayer


1 : Antoine Sfeir, directeur de la rédaction des Cahiers de l’Orient, Kendal Nezan, Directeur de l’Institut kurde de Paris, Ali Kazancigil, politologue franco-turc, secrétaire général du Conseil international des sciences sociales, Bernard Dorin, Ambassadeur de France. 2 : Parti pour une Vie Libre au Kurdistan

Entretien avec Metin Tekçe – Propos recueillis par le Collectif associatif méditerranéen pour le respect des droits de l’homme en Turquie.

www.bibliotheque-sonore.net/kurdistan/questionkurde.html

Traduction en français : Fidan. Propos recueillis par le Collectif associatif méditerranéen pour le respect des droits de l’homme en Turquie. Avec Bernard Granjon (Président d’honneur de Médecins du monde), Sophie Roudil (Solidarité et Liberté), Jean-Marie Plume (Ligue des droits de l’homme), Anne Drillau (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), Eric Griffe (Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture), Louis Zollet (Association de Soutien à la production indépendante de documentaires). Enregistrement et réalisation : association SPID. Transcription : Xavier Grandjean.

Le « Yok » d’Erdogan : le gouvernement turc ne veut pas entendre la rue

Sous prétexte que ce n’est pas à la rue de dicter sa loi à la République, un gouvernement peut devenir complètement autiste. N’a-t-on pas vu un gouvernement français, qui  n’a pas su  comprendre  la souffrance (la sous-France, a-t-on pu lire sur certaines banderoles) de la « France d’en –bas », aller, avec son CPE,  jusqu’à jouer de la muleta devant une jeunesse inquiète de son avenir? A l’heure où s’écrivent ces lignes, nul ne peut encore tirer un bilan des affrontements mais on sent néanmoins que des négociations devraient s’ouvrir, enfin!….. en attendant les autres échéances qui se profilent à l’horizon.

Et en Turquie, pendant ce temps ? De sanglantes émeutes kurdes ont fait 15 morts, des centaines de blessés, et de nombreuses arrestations, qualifiées par l’AFP comme « les plus violentes depuis la reprise des combats par le PKK qui a mis fin, en juin 2004, à une trêve unilatérale qui a duré cinq ans ». Les manifestations imposantes et pacifiques  qui avaient mobilisé plusieurs millions de kurdes, les jours précédents, à l’occasion du Newroz, n’avaient pas ouvert les yeux du gouvernement turc dont la réponse fut de déclencher une opération militaire contre les rebelles du PKK. Il n’a pas compris la souffrance d’une population qui réclame, depuis des décennies, le droit de vivre « normalement », en tant que kurde, sans discrimination, « Je veux chanter dans ma langue natale, c’est mon droit le plus légitime », explique Nilüfer Akbal, une chanteuse populaire kurde qui exhorte à la levée de toutes les restrictions imposées sur la langue kurde en Turquie, pays qui espère rejoindre les valeurs européennes. « Je suis un citoyen de la Turquie et fier de l’être, mais pas de ma turquitude parce que je ne suis pas turc, a déclaré Metin Tekce, maire de Hakkari,  Je suis kurde, comme d’autres sont lazes ou grecs et qui sont aussi citoyens turcs, faisant également partie du peuple de la Turquie. Je suis fier d’être un citoyen de la Turquie ». Droits culturels, droits politiques …tout est dit.

La réponse gouvernementale, c’est  aussi l’arrestation de notre ami Sabahattin Suvagci, de Hakkari, militant du Parti pour une Société Démocratique (DTP) qui a remplacé le Dehap, dont il fut le président de la section locale, c’est la mise en examen des maires de Hakkari et Batman, c’est une enquête judiciaire, pour « apologie du terrorisme » lancée contre Osman Baydemir, maire de la ville métropolitaine de Diyarbakir et président de l’Union des mairies de l’Anatolie du Sud est, tous membres du  DTP  « créé en 2004 par d’anciens députés kurdes (dont Leyla Zana est la plus connue d’entre eux),  qui, précise encore une dépêche de l’AFP, s’était illustré au début par une rhétorique modérée prônant le dialogue interethnique ».

Au lieu de saisir la chance d’avoir face à lui un interlocuteur constitué par un parti légal et reconnu des kurdes, le gouvernement turc en est toujours à des déclarations incantatoires et bellicistes, affirmant que les émeutes qui ont pendant six jours enflammé Diyarbakir et d’autres villes du sud-est anatolien avant de se s’étendre à Istanbul ont été orchestrées par le PKK et son chef Abdullah Öcalan, et que dirigeants locaux du DTP se sont activement engagés auprès des « émeutiers ». Son refus de rencontrer un parti légal kurde est d’autant plus incompréhensible et irrationnel qu’il n’a pas hésité à recevoir à Ankara, voici quelques semaines seulement, le mouvement islamiste palestinien Hamas qui revendique, lui, la responsabilité d’un grand nombre d’attentats suicides.

Comme ses prédécesseurs, le DTP risque donc d’être interdit par la justice et dissous, au motif d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Et après ? Un autre parti renaîtra ses cendres, avec le même souci d’être en phase avec la population. D’autres rebelles seront tués et leurs funérailles donneront lieu aux mêmes scènes de douleur, de désespoir et, pour fini, de révolte. Les fils cadets iront remplacer les aînés.

Il serait temps que l’Union européenne qui a recommandé à la Turquie de la « retenue » dans la répression des manifestations entende vraiment le cri du peuple kurde.

L’autisme en politique, c’est dramatique.

André Métayer

06/04/2006

Micro-trottoir

18 mars 2006 à 19 heures, je filme, face aux « Champs libres », la marche aux flambeaux des Kurdes qui célèbrent à Rennes le Newroz.

– « Que se passe-t-il ? » demandent deux jeunes filles.

– « Ce sont des Kurdes qui fêtent le Newroz et lancent des slogans pour la défense de leurs droits culturels et politiques et pour réclamer la libération de leur leader emprisonné« .

Les jeunes écoutent, intéressées, et repartent en remerciant avec un sourire.

– « A bas l’Islam » dit une passante sans s’arrêter.

Dommage, je lui aurais expliqué que le mouvement auquel se réfèrent les Kurdes n’est pas islamiste mais était à l’origine marxiste-léniniste.

Enfin, un retraité m’aborde, pas content : « Vous êtes avec eux ? Vous savez ce qu’ils font à leur femme infidèle ou soupçonnée comme telle ? Le poignard dans le vagin, etc.« .

Comme quoi, il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau de l’information !

André Métayer

LA DRK DEVIENT « AMITIES KURDES DE BRETAGNE »

Lors de l’assemblée générale ordinaire, le 4 février dernier, il a été décidé à l’unanimité de convoquer une assemblée générale extraordinaire en vue de modifier les statuts pour changer d’appellation et permettre aux collectivités locales, partie prenante du projet de partenariat avec le Kurdistan, d’être membres observateurs.

Ce changement d’appellation et de statut permettra également à l’association d’être davantage en conformité avec la dimension régionale de son champ d’action.


L’assemblée générale extraordinaire s’est tenue le samedi 8 avril 2006 à 11 heures, à la Maison Internationale de Rennes, 7 quai Chateaubriand, salle Atlantique (2° étage).

Ordre du jour : modifications statutaires.
Cette assemblée générale a été suivie d’une rencontre avec la délégation de retour du Kurdistan, qui rendra compte de sa mission (17/27 mars 2006) à Hakkari et à Diyarbakir :

  • évolutions politiques au Moyen Orient et notamment au Kurdistan de Turquie ;
  • rencontres avec Metin Tekce, Maire de Hakkari, et Osman Baydemir, Maire de Diyarbakir ;
  • rencontres avec la société civile et politique ;
  • points fixes sur les différents projets dans le cadre de l’association ou dans celui du partenariat Bretagne/Kurdistan.

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Déclaration du Conseil d’Administration du MRAP

Paris le 1/04/2006

Le MRAP condamne la répression au Kurdistan
Le MRAP condamne la répression déclenchée par l’armée turque contre la population kurde, notamment à Diyarbakir, capitale du Kurdistan. Cette répression a déjà fait de nombreux morts dont un enfant de 12 ans et des dizaines de blessés.

Le MRAP réaffirme l’urgence d’une solution politique à la question kurde respectant les droits fondamentaux du peuple kurde. L’Union Européenne et notamment la France doivent sortir de leur silence complice et exiger la fin de la répression, la libération des prisonniers politiques détenus dans des conditions violant tous les droits humains et l’ouverture de négociations entre l’Etat turc et les représentants du peuple kurde.

Une enquête judiciaire est lancée contre le maire de Diyarbakir

Nous avons appris avec émotion, de plusieurs sources, dont l’agence France Presse, que le parquet de Diyarbakir (sud-est de la Turquie) avait lancé jeudi une enquête contre Osman Baydemir, maire de Diyarbakir, pour « apologie de la rébellion kurde », indique-t-on de source judiciaire. On reproche au maire, venu pourtant sur place pour éviter les actes de violences et demander le « respect des lois », d’avoir salué le courage des jeunes manifestants.

Depuis plusieurs jours de véritables émeutes secouent Diyarbakir, d’autres villes du Kurdistan de Turquie ( Siirt, Batman, Hakkari …) et même des villes turques à forte minorité kurde comme Adana, suite aux opérations militaires déclenchées contre les combattants du PKK par un gouvernement qui n’a pas pris en considération les manifestations imposantes qui se sont déroulées dans tout le Kurdistan à l’occasion des fêtes du Newroz.

Les funérailles des rebelles tués par l’armée, qui aurait employé l’arme chimique, ont donné lieu à des affrontements sévères entre l’armée, appelée en renfort, et la population civile, faisant des morts et des blessés.

Osman Baydemir, Maire de Diyarbakir et Président du G.A.B.B. (Guneydogû Anatolu Belodiyeler Birligü – Union des  Mairies du Sud Est Anatolien) avait reçu la délégation des Amitiés kurdes de Bretagne (Délégation rennaise Kurdistan)  de passage à Diyarbakir, samedi 25 mars, et s’était montré très préoccupé par la situation de Metin Tekce, maire de Hakkari  et  de celle identique du maire de Batman, mis en examen pour délit d’opinion.

Il avait demandé le soutien financier et politique des collectivités territoriales européennes, notamment pour le projet de centre de santé et d’éducation, destiné en priorité aux femmes victimes de « l’exil intérieur », piloté par la Ville de Hakkari, dans une région particulièrement « sensible », et évoqué l’important programme de logement social de Diyarbakir pour lequel la ville de Rennes a promis d’apporter son aide.

Deux de nos adhérentes sont encore à Diyarbakir.

Coup d’état militaire à Diyarbakir (Kurdistan de Turquie) – L’armée turque prend le contrôle de la ville

Les affrontements entre les manifestants kurdes et les forces militaires turques se poursuivent dans tous les quartiers de Diyarbakir. Les forces de sécurités turques ont attaqué violemment pour disperser les manifestants rassemblés lors des cérémonies d’inhumation de quatre citoyens du Diyarbakir, membres de la guérilla appartenant au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), assassinés par armes chimiques dans la région de Mus.

Malgré les renforts provenant des villes avoisinantes comme celle de Mardin, la révolte civile n’a pu être maîtrisée et, pour la première fois depuis le coup d’état militaire de 1980, l’armée de terre turque occupe, depuis ce matin 29 mars, la capitale du Kurdistan.

Les manifestants ont refusé de se disperser et ont demandé, en brandissant les drapeaux du PKK, que justice soit faite et réclamé une solution politique pour la question kurde. Mais l’intervention sauvage de forces de sécurité turques a transformé la ville en état de siège : plus de 50 civils ont été blessés, de nombreuses personnes ont été arrêtées, les commerces ont gardé les rideaux baissés et les écoles de la ville sont désertées.

Des affrontements identiques se sont produits dans les villes de Adana et de Siirt, lors d’obsèques de combattants de la guérilla.

Le peuple kurde a célébré cette année, par millions, le Newroz, son nouvel an, sans incidents notables, malgré toutes les provocations de l’Etat turc. Les organisateurs, les participants, et même les maires élus des grandes villes kurdes ont envoyé aux opinions publiques nationales et internationale un message fort qui se traduit par :

  • Le peuple kurde considère le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) comme son représentant légitime.
  • Abdullah Öcalan est le représentant du peuple kurde.
  • La guerre n’est pas une solution et il faut trouver une solution pacifique à la question kurde.

Le gouvernement turc a répondu en lançant une grande opération militaire dans toute la région du Kurdistan, en assassinant, au moyen de gaz toxiques, 14 combattants de la guérilla, dans la région de Mus, en emprisonnant l’ancien président du DEHAP de Hakkari et en mettant en examen les maires des villes de Hakkari et de Batman.

L’intensification de la guerre dans la région ne sert ni les intérêts des peuples kurde et turc, ni, à long terme, les intérêts économiques européens. C’est la raison pour laquelle nous demandons à l’Union Européenne de cesser la vente d’armes au gouvernement turc et nous le prions d’exercer tout son pouvoir pour encourager un dialogue entre la Turquie et représentants du peuple kurde, dans le but de trouver une solution politique, comme c’est le cas pour l’Irlande et le Pays Basque.

Paris, 29 mars 2006 – Centre d’information du Kurdistan (CIK Paris) – 14 heures

La Région Bretagne et le Maire de Douarnenez prennent la défense du maire de Hakkari

La Région Bretagne est intervenue vendredi 24 mars en faveur du maire de Hakkari, auprès de Son Excellence M. Korutürk, Ambassadeur de Turquie en France, de M. Douste-Blazy, Ministre français des affaires étrangères et de M. Javier Solana, Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune.

« Je veux vous exprimer, ma très vive préoccupation au sujet de la liberté et de la sécurité de Monsieur Metin Tekçe, maire de la commune de Hakkari (Kurdistan de Turquie) visé par une enquête criminelle et (faisant) l’objet de menaces de mort à la suite de l’affaire de l’attentat de Semdinli dans lequel sont impliqués des responsables de l’armée turque » écrit notamment Christian Guyonvarc’h, Vice-Président du Conseil régional, chargé des affaires européennes et internationales, qui poursuit : « la Bretagne est d’autant plus préoccupée par le sort du maire de Hakkari que le Conseil régional et d’autres collectivités bretonnes l’avaient reçu officiellement, en décembre 2005, pour étudier avec lui un projet de centre municipal de soins et d’éducation pour jeunes femmes« .

Il demande à MM. Solana et Douste-Blazy de prendre des initiatives en direction des autorités de la République de Turquie afin que soient levées les menaces qui pèsent sur la liberté et l’intégrité physique de Monsieur Metin Tekçe. « Au moment où la Turquie négocie les conditions de son adhésion éventuelle à l’Union européenne, il est essentiel, dit encore l’élu breton, que l’Union et ses composantes rappellent aux autorités turques qu’elles sont dans l’obligation d’adopter les normes européennes du droit et de respecter les libertés fondamentales et les droits de la personne humaine. » Le 27 mars, Monique Prévost, Maire de Douarnenez, rend public un communiqué dans lequel elle « exprime son soutien à ce maire courageux et enthousiaste profondément attaché aux valeurs démocratiques que nous défendons, qui nous avait présenté son projet de centre d’éducation et de soin pour les femmes… » (1) 
André Métayer 


(1) concernant le projet de Centre de Santé et d’Education de Hakkari, un dossier technique est en voie de finalisation.

La famille Okçu est « invitée » à quitter le territoire

En date du 16 mars 2006, La Préfecture d’Ille-et-Vilaine fait savoir à M. Metin Okçu, d’une part, et à Mme Menekse Okçu, d’autre part, qu’ils doivent quitter le territoire français dans un délai d’un mois, sous peine de recevoir un arrêté de reconduite à la frontière pouvant entraîner des poursuites judiciaires pour séjour irrégulier.

OKÇU est le nom d’une famille très éprouvée par la guerre et plusieurs de ses membres ont été exécutés ou condamnés à de très lourdes peines. Les Okçu sont de Beydere, un des villages de Karakoçan, en Turquie, ville connue pour être un des berceaux de la résistance kurde. Metin, né le 1/1/1966, est venu se réfugier en France une première fois de 1989 à 1993 puis à compter de 1998. En juillet 1999, son domicile est forcé et saccagé au cours d’une action de représailles et son épouse Menekse, née Domnez le 23/12/1969, est victime de mauvais traitements.

Après une tentative de suicide, elle se résigne à s’enfuir, laissant sur place ses deux très jeunes enfants qui ne pourront venir la rejoindre qu’en 2003.

Le 9 novembre 1999, elle dépose une demande de statut de réfugié politique qui est rejetée par l’OFPRA le 10 octobre 2001 et le recours qu’elle introduit immédiatement est, à son tour, rejeté par la Commission des Recours le 4 juin 2004.

Une demande de statut d’étranger malade ne trouve pas non plus grâce auprès du médecin inspecteur de la santé publique qui estime, le 7 décembre 2005, que la patiente pourra recevoir un traitement approprié dans son pays d’origine.

Menekse est une femme « battante », apprenant le français et manifestant une volonté de s’intégrer. Son assiduité aux cours de français est attestée par les éducateurs et enseignants.

La famille réside à Saint-Jacques-de-la-Lande et les enfants (nés en 1993, 1994 et 2002) sont scolarisés dans les établissements publics de Rennes et de Saint-Jacques-de-la-Lande. La faculté d’adaptation et la joie de vivre de ces enfants font plaisir à voir mais les dernières lettres recommandées préfectorales sont venues ternir le sourire de ces fillettes qui veulent rester dans ce pays où elles sont parfaitement intégrées.

La présence de trois enfants, dont l’un né en France, ne constitue pas non plus pour l’Administration un obstacle à une expulsion, au motif que cette décision ne porte pas une atteinte disproportionnée à la vie privée et familiale, puisque l’unité familiale est « préservée », les enfants étant condamnés à suivre le même sort que les parents.

Ce n’est pas l’avis de tous ceux qui pensent que « l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale » (art. 3-1 de la Convention internationale des Droits de l’Enfant, ratifiée par la France).

André Métayer

Le commandant en chef de l’Armée de Terre blanchi – le maire kurde de Hakkari mis en examen

Le scandale de Semdinli : de plus en plus scandaleux
« Le 9 novembre 2005 à midi un quart, un homme a été tué et plusieurs autres ont été blessés à la suite d’un attentat à l’explosif perpétré contre la librairie Umut Kitabevi à Semdinli (province de Hakkari), dans le sud-est de la Turquie. Le propriétaire de la librairie et d’autres personnes ont réussi à appréhender l’auteur présumé de l’attentat ainsi que deux autres hommes qui l’attendaient apparemment dans une voiture garée à proximité. On a découvert dans le véhicule des armes, des listes d’opposants politiques, des renseignements à propos d’habitants de Semdinli, ainsi que des cartes, entre autres documents. Le nom du propriétaire de la librairie figurait apparemment sur une liste et un plan de son domicile et de son magasin a également été retrouvé. On a appris que les trois hommes appréhendés par la foule appartenaient aux services de sécurité » (Amnesty International, rapport du 17 novembre 2005).

Par la suite, alors que le procureur procédait à des investigations sur les lieux, des coups de feu furent tirés depuis une voiture en direction de la foule et un civil fut tué et plusieurs autres blessés. Un sergent des forces spéciales de la gendarmerie fut placé en détention et poursuivi pour « usage disproportionné de la force ayant entraîné la mort. »

Amnesty International en avait appelé au gouvernement turc, le priant de désigner une commission indépendante pour enquêter, en particulier, sur la chaîne de commandement et le niveau d’implication de responsables de l’armée et de la gendarmerie dans l’utilisation d’armes à feu au cours de manifestations de protestation à Semdinli et dans d’autres villes de la région comme Yuksekova et Hakkari, où l’on releva des morts et des blessés par balles.

Le Premier ministre turc, le Ministre de la Justice, le Ministre de l’Intérieur, tous s’étaient déclarés déterminés à faire toute la lumière sur cette affaire et une enquête avait même été ouverte par le procureur de Van. Mais le même Ministre de la Justice, Cemil Cicek, donnait le 6 mars dernier son feu vert à l’ouverture d’une enquête sur ce même procureur qui mettait en cause le commandant en chef de l’Armée de Terre, le général Yasar Büyükanit, numéro 2 de l’armée turque, ainsi que plusieurs de ses subordonnés. C’est donc sans surprise que l’autorisation d’entamer les poursuites judiciaires demandées par le procureur fut refusée, le 20 mars, par l’Autorité militaire, les jugeant « infondées » et exigeant même du gouvernement qu’il fasse toute la lumière sur cette attaque « injustifiée » envers l’un de ses chefs.

Dans le même temps, une enquête criminelle est ouverte par le procureur de Hakkari visant Metin Tekçe, maire de Hakkari, accusé d’avoir, lors de sa déposition devant la commission parlementaire enquêtant sur les attentats à l’explosif de Semdinli et dans la province de Hakkari, « favorisé une organisation terroriste ». Le procureur d’Ankara a sommé la dite Commission parlementaire, malgré ses protestations, de lui remettre les minutes de l’audition.

D’après la presse, Metin Tekçe, répondant à une question de la commission, aurait déclaré : « à votre question, je réponds que le Parti des ouvriers du Kurdistan (PKK) n’est pas une organisation terroriste. C’est juste une organisation qui défend les droits de ceux qui travaillent pour une solution pacifique au problème kurde » et il aurait ajouté : « je ne suis pas fier de ma turquitude. Je suis un citoyen de la Turquie et fier de l’être, mais pas de ma turquitude parce que je ne suis pas turc. Je suis kurde, comme d’autres sont lazes ou grecs et qui sont aussi citoyens turcs, faisant également partie du peuple de la Turquie. Je suis fier d’être un citoyen de la Turquie« .

Interrogé par la presse, Metin Tekçe, membre du Parti pour une Société Démocratique (DTP), a dit jeudi qu’il maintenait ses déclarations faites devant la commission : « je maintiens ce que j’ai dit et ne reculerai pas : le PKK n’est pas une organisation terroriste et je suis fier d’être kurde. S’il est nécessaire de donner ma vie pour résoudre le problème kurde, et bien….. qu’il en soit ainsi« . Depuis, le maire de Hakkari est l’objet de menaces qui n’ont point entamé sa détermination. Metin Tekçe a encore révélé qu’il avait déposé un rapport contenant de mesures démocratiques pour résoudre le problème kurde et réclamant leur mise en œuvre.

Metin Tekçe était venu en Bretagne, en décembre dernier, défendre sont projet de centre municipal de soins et d’éducation pour les femmes, notamment « les exilées de l’intérieur » et avait été reçu par Christian Guyonvarc’h, Vice -Président du Conseil Régional de Bretagne, Edmond Hervé, Maire de Rennes, François Cuillandre, Maire de Brest, Yolande Boyer, Sénatrice–Maire de Châteaulin et Monique Prévost, Maire de Douarnenez.

André Métayer

Newroz à Hakkari

Une délégation de dix personnes des Amitiés kurdes de Bretagne (Délégation rennaise Kurdistan) est partie pour 10 jours dans l’extrême Sud-Est de la Turquie, à Hakkari, pour finaliser des projets de coopération à caractère social et éducatif.

La délégation a été très chaleureusement accueillie et a pu fêter dans cette province kurde à la frontière irako-iranienne, la plus reculée de Turquie, le Newroz, dont la célébration a été finalement autorisée par les autorités : la présence de plusieurs délégations étrangères a peut être pesé dans la prise de décision gouvernementale.

Malgré les difficultés liées à la situation politique de la région, la délégation bretonne espère avoir la possibilité de rester plusieurs jours avant de repartir vers Diyarbakir  et le chemin du retour.

La presse turque fait état de poursuites judiciaires engagées contre Mettin Tekce, maire de Hakkari, pour des prises de position en faveur de la cause kurde.  Mettin Tekce est venu en Bretagne en décembre dernier pour présenter au Conseil régional de Bretagne et à différents maires de Bretagne  (Rennes, Brest, Châteaulin, Douarnenez) le projet municipal de Centre de soin et d’éducation pour les femmes, notamment celles victimes de la guerre.

André Métayer

Newroz à Rennes

Les Kurdes de Rennes et de Bretagne ont célébré, nombreux et avec l’esprit militant et festif qu’on leur connaît, Newroz 2006, fête du nouvel an kurde.

C’est aussi pour eux l’occasion de se faire voir et entendre pour réclamer la libération de leur leader, Abdullah Öcalan, et revendiquer les libertés culturelles et politiques auxquelles ils ont droit en tant que peuple de la Mésopotamie. 
Les organisateurs ont fait preuve de sang froid et de sagesse en acceptant de modifier le parcours de leur défilé et en renonçant à se rendre place de la Mairie où s’affrontaient aux forces de l’ordre des bandes de casseurs qui risquaient de faire courir un risque sérieux à un rassemblement comptant des femmes et des jeunes enfants. C’est donc dans un périmètre contenu entre le Champ de Mars, la rue de l’Alma, la gare et l’avenue Janvier que plusieurs centaines de Kurdes ont défilé, flambeau à la main, en chantant et scandant des slogans en faveur de la cause kurde, au milieu de la foule rennaise, interrogative et bienveillante, sortant des Champs Libres ou de Colombia. Et c’est sur la dalle du Colombier que les Kurdes allumèrent le très symbolique feu du Newroz, symbole de la lutte contre l’oppresseur. 


André Métayer

Entre le doute et l’espoir

De nombreux intellectuels turcs et kurdes, des politiques et des journalistes se sont réunis samedi 11 mars à Istanbul pour chercher une solution pacifique au vieux conflit kurde en Turquie, où la question reste un sujet sensible : pouvoir organiser dans l’université Bilgi d’Istanbul une rencontre ayant pour titre « La question kurde de la Turquie, la recherche d’une solution démocratique » montre que quelque chose a bougé dans ce pays : « il est certain que l’Union Européenne a joué un important rôle pour que nous puissions discuter de ce problème aujourd’hui, » affirment les organisateurs.

Des grands partis politiques européens commencent aussi à s’intéresser sérieusement à la question et semblent devoir ouvrir des discussions avec les différents protagonistes du conflit.

La mise en cause par le procureur de Van, dans le cadre d’un attentat commis en novembre dernier à Semdinli dans la province de Hakkari, du général Yasar Büyükanit et de plusieurs de ses subordonnés, soupçonnés par ailleurs d’avoir créé une « organisation clandestine criminelle » est aussi un événement qui a surpris nombre d’observateurs. Yasar Büyükanit est numéro 2 de l’armée turque et commandant en chef de l’Armée de Terre.

L’annonce d’émissions télévisées en langue kurde (deux heures par semaine) peut faire aussi l’effet d’une hirondelle annonçant le printemps.

Tout ceci n’est pas le fruit du hasard et il faut saluer le travail discret et incessant des « seigneurs de la paix » (1), comme les appelle Roger Faligot, écrivain et journaliste, qui les a suivis en Irlande, au Pays Basque, dans les Balkans, au Burundi, au Soudan, au Guatemala, au Sri Lanka, au Cachemire (3).

Les « seigneurs de la paix » existent aussi pour la « recherche d’une solution démocratique » à la question kurde : ils sont diplomates, journalistes, syndicalistes, fonctionnaires, avocats, écrivains, parlementaires, élus locaux, religieux mais aussi militants pour la liberté d’expression, militants pour les droits humains, militants de la cause kurde, travailleurs émigrés, « mères de la Paix », détenus politiques.

Une amnistie générale pour les 5 000 détenus politiques et les quelques milliers de combattants – qui serait un signe fort d’une volonté politique turque qui se fait attendre – renforcerait cette armée de la paix.

Des signaux contraires continuent à inquiéter : le ministre turc de la Justice Cemil Cicek vient de donner son feu vert à l’ouverture d’une enquête sur le procureur de Van qui, comme il est dit plus haut, a mis en cause le général Yasar Büyükanit dans le cadre de l’attentat de Semdinli.

La pratique de la torture est monnaie courante encore aujourd’hui : Amnesty International Allemagne dénonce la Turquie qui considère les aveuxobtenus sous la torture comme des éléments de preuves devant un tribunal, et Holly Cartner, Directrice de la division Europe et Asie Centrale à Human Rights Watch, confirme que les détenus continuent à être torturés ou maltraités dans les postes de police, malgré d’importantes garanties de protection qui existent officiellement.

Les réformes « cosmétiques » concernant les droits culturels et politiques ne peuvent être considérées comme des avancées importantes : le principal parti pro-kurde de Turquie, le DTP (Parti pour une société démocratique) a, pour sa part, demandé au gouvernement d’accorder à la langue kurde le statut de langue officielle et d’annuler les restrictions légales empêchant une représentation des Kurdes au Parlement : « toutes les restrictions concernant la langue kurde doivent être levées et cette langue doit accéder au statut de langue officielle aux côtés du turc dans les régions peuplées par les Kurdes. La loi sur les partis politiques, et notamment le seuil minimum requis pour être représenté au parlement, doit être révisée afin que chacun puisse exercer son droit à être représenté politiquement« . Le DTP réitère également son appel à une amnistie générale pour les rebelles du parti interdit des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

En l’absence de réponse à des négociations de paix , la guerre continue : le PKK a rétorqué à une opération militaire de ratissage dans la région de Mardin, qui a coûté la vie à sept de ses militants, par deux attaques contre les forces de sécurité, l’une contre un fourgon policier, lundi à Batman, qui a fait deux morts et cinq blessés dans les rangs de la police et l’autre contre un véhicule militaire à Cizre, qui a fait un mort et trois blessés parmi les soldats. Un autre accrochage, faisant 2 tués et dix blessés a été aussi signalé à Silopi.

Mais l’escalade de la violence ne s’arrête pas là : deux octogénaires, les parents de Ferho Derwich, Directeur de l’Institut kurde de Bruxelles, ont été assassinés à coups de couteaux dans leur maison, à Mizizah (proche de Mardin), et un attentat suicide a fait 3 morts et 19 blessés à Van. (l’attribution de cet attentat au PKK s’est avérée infondé).

Les Kurdes vont célébrer partout dans le monde le Newroz, le nouvel an kurde : « nous vous saluons avec la chaleur de la fête du Newroz » écrit la FEYKA, la Fédération des Associations kurdes en France.

Les Kurdes de Bretagne organisent tous les ans une manifestation de rue à Rennes (3) à l’occasion du Newroz, pour commémorer la naissance du peuple kurde.

D’après la légende de Newroz (612 av J.C.) les Kurdes seraient les descendants d’adolescents livrés en sacrifice au tyran Dahuk et délivrés par le forgeron Kawa. En allumant des feux de joie, les Kurdes sont censés répéter le geste du forgeron qui mit le feu à son tablier pour signaler sa victoire sur le tyran. Cette fête traditionnelle, ponctuée de chants et de danses collectives, accompagnés par des instruments comme le saz, est donc lourde de symbole alors que les Kurdes réclament toujours des droits qui leur sont, aujourd’hui encore, refusés.

André Métayer

(1) Editions le Seuil (sortie 13 avril 2006).

(2) mais… pas encore ceux du Kurdistan.

(3) A Rennes : rassemblement à 18 h dalle du Colombier, marche aux flambeaux à partir de 18 h30, chants et danses, place de la mairie à partir de 19h30.

Félicitations

Félicitations à Annabelle et Vincent, heureux parents de Manon, née 26 février 2006. Vincent, l’un des quatre mousquetaires fondateurs de la DRK qui se rendirent à Diyarbakir en 1994, participa notamment au tournage du film « Kurdistan, je reviens d’un pays qui n’existe pas » en 1996.

Circulaire du 21 février 2006 – Nouvelles conditions de l’interpellation et de la garde à vue des étrangers en situation irrégulière

A lire attentivement et à diffuser, cette circulaire relative aux « conditions de l’interpellation et de la garde à vue des étrangers en situation irrégulière » qui remplace la circulaire du 13 avril 1987.

L’annexe 1 en particulier concerne les « interpellations aux guichets des préfectures ».

La famille Kayaalp ne sera pas expulsée

L’avocat, dont la défense a été remarquable d’intelligence et d’humanité, avait reproché à l’administration d’avoir ignoré l’état de santé de plusieurs membres de la famille Kayaalp qui nécessite des soins, un suivi médical, et même, pour certains, une intervention chirurgicale, alors qu’elle en avait été informée par une lettre du 10 novembre de la Délégation rennaise Kurdistan et par un courrier de M. Jean-Louis Tourenne, Président du Conseil général d’Ille-et-Vilaine, du 15 novembre.

L’administration avait contesté point par point : elle avait notamment déclaré que « la lettre du Président de la Délégation rennaise Kurdistan est sans influence sur la légalité de la décision attaquée » (texte repris du jugement).

Le Tribunal administratif de Rennes n’a pas suivi cette position et a estimé « qu’il y a là un vice de procédure et qu’il y a lieu d’annuler cette décision » (arrêté de reconduite à la frontière ).

Désormais le « parcours du combattant » continue : l’administration préfectorale peut faire appel du jugement ou… donner un titre de séjour !

C’est donc un succès, mais encore provisoire, qui demande confirmation dans les prochains jours.

C’est un soulagement, même partiel, pour la famille Kayaalp, qui commence à entrevoir le bout du tunnel.

C’est une satisfaction associative au moment où le Ministre de l’Intérieur demande aux préfets, dans son discours du 9 septembre 2005, de « savoir résister aux pressions de tels ou tels « collectifs » ou « coordinations », qui ne représentent qu’eux-mêmes.« 

Merci aux parents d’élèves, aux enseignants et aux enseignantes, merci à tous ceux qui sont intervenus.

Ça bouge en Turquie… frémissement ou illusion ?

La Turquie qui a reçu, au grand dam de son allié israélien, une délégation du mouvement islamiste palestinien Hamas, responsable d’un grand nombre d’attentats suicides, peut-elle continuer à refuser le dialogue avec le PKK

« Non », c’est du moins ce qu’affirme Murat Karayilan, le commandant en chef de la guérilla kurde, prédisant un dialogue prochain avec les autorités turques,  si j’en crois une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP 21/02/06) .

Cette éventualité n’est peut-être pas aussi utopique qu’elle ne le paraît quand on lit, par ailleurs, dans une autre dépêche (AFP 23/02/06), la déclaration de l’envoyé de l’Onu, Martin Scheinin, rapporteur spécial sur les droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme, qui, au terme d’une visite d’une semaine en Turquie, a critiqué la loi antiterroriste, adoptée en 1991 contre « une rébellion séparatiste kurde », au motif qu’elle définit le terrorisme  de cette rébellion « en se fondant sur ses objectifs plutôt que de faire référence à des actes spécifiques ». On ne peut être plus clair en langage diplomatique  surtout quand on fait remarquer, en sus, un certain flou en ce qui concerne cette organisation « dite terroriste ».

L’embellie viendra-t-elle à la suite de la conférence organisée les 11 et 12 mars prochains sur la question kurde à l’Université Bilgi d’Istanbul ?  Pourquoi pas ?  « Il faut débattre de cette affaire sous tous ses aspects, sociaux, économiques et psychologiques », dit un ancien ministre social-démocrate turc de la Culture impliqué dans ce projet , Ercan Karakas, qui ajoute « la Turquie fait semblant d’avoir réglé la question comme si elle n’existait pas ». Plus de 45 intellectuels turcs et kurdes de tous bords, ainsi que des journalistes, devraient prendre la parole et un communiqué appelant le gouvernement turc à faire plus pour une solution à la question kurde pourrait être adopté à la fin de la conférence. (AFP 23/02/06).

Tous les pas en faveur de la paix doivent être encouragés, sachant qu’il n’y a pas de solutions durables aux problèmes sociaux, économiques et psychologiques sans réponse politique aux revendications des Kurdes, au demeurant légitimes et raisonnables, et aux conditions de l’arrêt de la lutte armée qui ont été portées à la connaissance de tous depuis longtemps.

Les Etats européens et l’Union Européenne pourraient peser de tout leur poids, directement ou indirectement, dans les négociations avec la Turquie concernant son entrée dans l’Union, en s’appuyer sur les critères de Copenhague, Mais ils ne le font pas.

Les villes des différents Etats de l’Union Européenne pourraient donner un message fort si elles s’engageaient résolument, aux côtés de villes kurdes, pour  faire respecter l’état de droit et permettre aux maires et conseillers municipaux,  élus de la population, de remplir leurs tâches d’élu, sans être sous la menace d’une inculpation ou d’un procès en vertu de l’article 301, ou d’un autre,  d’un code pénal d’un autre âge.

Il ne s’agit pas là, bien entendu de sous estimer les efforts, tant des associations que des collectivités locales, consentis pour des projets à caractère sociaux comme les projets de coopération pour la construction de logements sociaux ou de Centre de soins et d’éducation, ou visant à favoriser le commerce équitable, mais de replacer la dimension  politique au centre des préoccupations : « défense des droits culturels et politiques des Kurdes ».

Et dans les droits culturels il y a bien sûr le droit de parler sa langue maternelle et  le droit à l’éducation,  et dans les droits politiques, il y a, bien sûr, le droit à l’expression et celui de former librement des partis politiques démocratiques, sans être sous la menace d’une dissolution, pour les organisations, ou d’une arrestation, pour les responsables.

Il faut donc s’attaquer aux causes du conflit  avant que l’irréparable ne se produise. Les exemples historiques, y compris dans l’histoire contemporaine  et dans l’actualité d’aujourd’hui sont sans conteste à cet égard.

Et comme dirait le linguiste Alain Rey, chroniqueur à France inter, le mot qui s’impose aujourd’hui est « négociations ».

Au fait, comment dit-on  « négociations » en turc ?

Rennes le 27/02/06

André Métayer

“France terre d’asile. – Mon cul, dirait Zazie” (Vincent Roca)

France-Inter,  émission  « Le Fou du Roi » (24/02/06) avec Tahar Ben Jelloun

– Et toi, que veux-tu faire plus tard ?
– Partir !
– Partir… ce n’est pas un métier !
Mais si, c’est un métier. Ça s’apprend. A l’école. Buissonnière. ou sur le tas, sur le tarmac, sur les quais, sur les routes… Il faut faire le mur, faire la mer, apprendre à fuir et à caleter. A déguerpir, à  écaniller… Se débiner. Se tirer. Prendre des cours d’eau, se mettre aux courants d’air, embarquer sur de gros encriers qui laissent des traits d’écume sur la mer,  enfin il faut essayer d’être là quand ils jettent leur ancre et quand leurs sirènes s’époumonent… Il faut user ses culottes sur les bancs de poissons, il faut franchir le C.A.P, le cap, passer le bac, être admis à l’universalité, surnager, plancher, être repêché. Poursuivre ses études, loin, très loin… Il faut apprendre les ficelles du métier : les  drisses, les haubans, les câbles, les écoutes, les  cordées, les filins, les élingues, les amarres… Partir : c’est une kyrielle de petits métiers : tireur de révérence, videur de lieux, tourneur de talons, plieur de bagages, leveur de camp, débarrasseur de plancher, changeur de crémerie… Bien sûr, les études, ça ne suffit pas ! Pour partir, il faut avoir le physique : un visage au long cours, avec des valises sous les yeux, et des orbites autour, un nez en tempête, une peau maquillée à la poudre d’escampette et le cerveau qui se fait la moelle. Des fourmis dans les jambes, des vagues sur les côtes, des ailes aux talons… L’aisselle volatile, le plexus solaire, le bassin méditerranéen, le nerf asiatique, deux grands bras de mer et le séant atlantique. Le cœur qui bat le pavé, l’aorte grande ouverte, des vaisseaux sous la peau, et la Terre entre les épaules, épaule Nord, épaule Sud. Pour partir, il faut avoir la bougeotte, la jugeote, la polyglotte, la melting-pot… il faut être barge, vaurien, corsaire, cuirassé, destroyé. Il faut aussi avoir la tenue : enfiler une paire de là-bas, des fuseaux horaires, des bretelles d’autoroute, des ferry-bottes, boucler ses lacets de montagne, prendre ses cliques et ses claques, mettre une canadienne ou une saharienne, un fez, un tyrolien, un bolivar, un panama ou tout simplement un passe-montagne et prendre la porte. Et pendant qu’on y est, prendre aussi la poignée, le chambranle, le battant, l’embrasure ou l’espagnolette, filer à l’anglaise, en suisse, sans prévenir personne. Partir, c’est le Pérou, Tataouine, Pétaouchnok, un tramway nommé… des îles ! 

Le premier voyage, c’est comme dans le roman de Tahar Ben Jelloun : c’est souvent en rêve. Un peu de kif et vogue les esprits… Un visa pour des visions… Voyage et rêve, c’est kif-kif. Clé des songes, clé des champs. Regardez-les, ils sont partis… ils ont les yeux fermés, ils regardent ailleurs. Ils lisent l’avenir dans les lignes de la mer : les vagues, les côtes, l’écume, l’horizon. A force de regarder de l’autre côté de la mer, ils en perdent leur lointain ! Les barques leur sortent par les pores. Ils rêvent de prendre le large. A la nage ou au nuage. Enfourcher un chenal et enjamber la mer du détroit. Cheval de ciel. Un cheval sans œillères, juste des ailleurs. Plein Pégase ! Partir pour s’en sortir, s’envoler. Voyager. Voyager jeune, voyager âgé. Partir, voyager, deux mots pour un seul : partager. Partir sur un coup de tête. Partir. Prendre de l’altitude. De la latitude. Prendre sa solitude et la porter sous d’autres cieux. Quitte à tout quitter. Se dépayser. Se dénationaliser. Prendre la tangente. Et puis, la nuit tombe, on met les chaises sur les tables, plus de voyage, plus de kif : Tout le monde des cendres…….  « On ferme ! » Fin du rêve : on dit souvent les rats quittent le navire, mais là, c’est le navire qui quitte les rats !
Et eux, les rats, ils restent à quai. Amarrés à vie. Ils n’ont pas pris le large, ils n’ont que l’étriqué, l’étranglé, l’exigu.
– Partir ? Ça ne sert à rien !
– Au contraire ! Ça sert aérien…
Son rêve, il faut lui tordre le cou. Lui faire rendre son jus. Prendre l’air. Se faire la belle. La belle vue. La belle âme. La belle lurette. L’échappée belle. Brûler l’océan. Brûler la politesse, brûler les étapes, fausser la compagnie, changer d’air. Décamper, déguerpir. S’arracher. Où est-il ? Il est parti. Il est ailleurs. Tailleur ? Non, ailleurs. Il a taillé la route. Une maille à l’endroit, à l’endroit où l’on est, où l’on naît, une maille allant vers… allant vers où ? Verrou ? Faire sauter les verrous et les portes… Où ? Qu’importe. N’importe où. Là où le hasard vous porte. Il a filé. Il s’est taillé. Il avait maille à partir avec son pays.

Il a eu du mal à partir. Il s’est fait la malle. Le baluchon. Les bagos. Les bagos : le lumbago du voyageur ! Le clandestin, lui, part sans bagos. C’est un voyageur au noir, rongé par la soute. Il n’a pas de papiers, il y met le feu. Le clandestin, on l’empêche de partir. On l’empêche d’arriver. Barbelés au départ, barbelés à l’arrivée. Dans clandestin, il y a destin. Destinée. Destination. Ailleurs. Au diable. Il va au diable. France terre d’asile. Mon cul, dirait Zazie. Terre d’amnésie, oui ! Dans les sous-sol du palais de Justice, à Paris, il y a un centre de rétention. Joli mot, rétention. Ça sonne comme détention, mais on a mis un r, c’est plus doux, rétention. Rétention, c’est médical.  « Rétention des matières fécales ». Le clandestin, c’est de la merde, alors on le retient. : on retient le clandestin. Comme s’il voulait repartir ! Non ne partez pas ! On va vous ramener chez vous !
Je vous en prie, passez devant, après vous, pardon… France, terre d’asile, terre de Sarkhozy. Une France cosy. Une France sarcasme. Protégée. Pas partagée. Partir, c’est un métier. Le clandestin, c’est un voyageur
intérimaire. Mis au chômage partiel. Enfin par ciel… par terre, oui ! Alors il faut changer de métier. Rentrer. Ou bien remettre le couvert : re-partir. Aïe. Aïe. Aïe. Ailleurs.

Vincent Roca

Les contestations des arrêtés de reconduite à la frontière engorgent le Tribunal Administratif de Rennes

On note une accélération sans précédent des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière (APRF). Le nombre de contestations est tel que le Tribunal Administratif de Rennes n’arrive plus à suivre la cadence : Le jugement d’une affaire plaidée le 8 /2, par exemple, concernant cette jeune kurde du quartier de Rennes Bréquigny Clôteaux, et mise en délibéré jusqu’au lundi 13/2, n’est pas encore connu. L’audience concernant la famille Kayaalp a été repoussée au 16 février et le jugement, mis en délibéré, ne sera pas rendu avant le 20 de ce mois.

Famille Kayaalp : toujours dans la tourmente

L’avocat a donc contesté les APRF concernant les époux Kayaalp lors de cette audience prévue à cet effet devant le Tribunal Administratif de Rennes (T.A.).

Une forte délégation d’enseignants et de parents d’élèves des établissements fréquentés par les enfants Kayaalp était venue soutenir cette famille kurde, porteuse d’une pétition signée des habitants du quartier et de courriers émanant des enseignants et des Conseils de Parents d’Elèves. Pendant ce temps des camarades de classe des enfants menacés d’expulsion participaient à un travail dirigé, sous forme de débats, dont le thème était « citoyenneté et solidarité. »

La presse écrite et France 3 étaient également présents.

L’avocat a contesté la légalité des refus de séjour, au regard de l’article 8 de la Convention européenne des Droits de l’Homme qui garantit le respect de la vie privée et familiale.

Il s’est aussi appuyé sur la Convention internationale du droit de l’enfant , dite « Convention de New York », ratifiée par la France et entrée en vigueur le 6 septembre 1990 qui considère que « l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale » (art. 3-1).

Il a bien sûr évoqué la situation en Turquie, pays de tous les dangers pour les Kurdes, surtout pour les Kurdes issus de villages qui ont été victimes d’exactions militaires, comme le village natal des Kayaalp, celui de Karapinar.

On note un certain agacement de l’administration quand le nom de Karapinar est prononcé : c’est vrai qu’il est gênant d’expulser des gens dans une région particulièrement déshéritée où la lutte armée a repris, vers ce village, toujours interdit par les forces militaires et para militaires, et qu’il est difficile de soutenir que les enfants pourront suivre une scolarité normale et qu’ils pourront bénéficier des soins nécessités par leur état de santé. Nos nombreux témoignages à ce sujet viennent d’être, malheureusement, corroborés par les reportages télévisés sur la grippe aviaire, « la maladie des pauvres » comme a titré ARTE dans son reportage sur Dogubayazit.

L’avocat a également reproché à l’administration d’avoir ignoré l’état de santé de plusieurs membres de la famille Kayaalp qui nécessite des soins, un suivi médical, et même, pour certains, une intervention chirurgicale, alors qu’elle en avait été informée par une lettre du 10 novembre de la Délégation rennaise Kurdistan et par un courrier de M. J.L.Tourenne, Président du Conseil Général d’Ille-et-Vilaine, du 15 novembre.

Bien sûr, l’administration a contesté point par point et il appartient maintenant à Madame la Présidente du T.A. de rendre son jugement.

L’administration a tenu à rappeler « solennellement » que Mme la Préfète avait donné des consignes, suivant en cela les propos tenus devant l’Assemblée nationale par M. Horetefeux, au nom du Ministre de l’Intérieur, pour que les APRF ne seront pas exécutés, pour les familles avec enfants scolarisés, avant la fin de l’année scolaire.

Bien entendu, pour nous, et pour tous les parents et enseignants, la fin de la scolarité, pour les enfants Kayaalp, ne s’arrête pas en juin 2006.

André Métayer
Président
Délégation Rennaise Kurdistan – Amitiés kurdes de Bretagne

Les APRF : vous connaissez ?

  • Les parents d’une famille kurde de cinq enfants ont reçu, chacun, par lettre recommandée avec A.R., leur arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF).

    La décision  ministérielle de reporter les expulsions à la fin de l’année scolaire, pour les familles dont les enfants mineurs sont scolarisés, va-t-elle s’appliquer ?

    L’état de santé de plusieurs membres de la famille nécessitant des soins, un suivi médical, et même, pour certains, une intervention chirurgicale, justifie une demande de « titre de séjour à titre exceptionnel pour raison de santé ». La réponse devrait arriver dans un délai d’un mois. Le Tribunal Administratif de Rennes a été saisi.

  • La soeur d’un commerçant kurde, très estimé dans son quartier, a, elle aussi, reçu son arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF) :  en France depuis plus de cinq ans, déboutée du droit d’asile politique, alors que sa famille a déjà payé un lourd tribu à la guerre,  candidate à occuper un emploi créé dans le restaurant de son frère auquel elle est associée, cette jeune kurde va être expulsée alors que la quasi totalité de sa famille vit désormais en Europe. Le Tribunal Administratif  de Rennes a été saisi. Jugement en délibéré.

Yeni Özgür Politika

A quelques jours des élections générales en Allemagne, le quotidien kurde Özgür Politika avait été brutalement fermé par le gouvernement.

Yeni Özgür Politika a désormais pris la relève.

Appel aux spectateurs de ROJ TV !

Afin d’appeler le Gouvernement danois à résister aux pressions turques et américaines pour fermer ROJ TV, signez la pétition.

ROJ TV continue aujourd’hui à émettre.

Abdullah Öcalan victime d’un infarctus

Les avocats italiens d’Abdullah Öcalan (Giuliano Piasapia, Luigi Saraceni et Arturo Salerno) ont déclaré que ce dernier avait été victime d’un infarctus et se trouvait dans un état grave selon une dépêche de l’AFP du 8 février.

Le Ministère turc de la Justice a quant à lui déclaré qu’Abdullah Öcalan « ne souffrait d’aucun problème sérieux ».

Abdullah Öcalan a été enlevé par des services spéciaux en 1999 au Kenya et condamné à mort en Turquie la même année. En 2002, cette condamnation a été commuée en prison à vie. Abdullah Öcalan est actuellement emprisonné au secret sur l’île-forteresse d’Imrali. Ses avocats réclament le droit de le visiter, ainsi que ses médecins et sa famille, notamment afin de se rendre compte de son état de santé réel.

Inquiétude de la Délégation Rennaise Kurdistan

Une dépêche de l’AFP du 26/1/06 nous apprend que Selim Sadak et Hatip Dicle, deux anciens parlementaires du Parti de la Démocratie, emprisonnés pendant dix ans avec Orhan Dogan et Leyla Zana, sont poursuivis pour avoir, lors d’un entretien accordé en septembre à la chaîne de télévision kurde Roj TV,  » tenu des propos élogieux à l’égard du chef séparatiste kurde emprisonné Abdullah Ocalan » et risquent jusqu’à deux ans de prison chacun. Les deux hommes sont accusés notamment d’avoir qualifié l’emprisonnement d’Ocalan en Turquie d’ »isolation » et d’avoir affirmé que « cela ne sera jamais accepté par le peuple kurde ». Cette nouvelle suscite une certaine émotion au sein de la Délégation Rennaise Kurdistan qui avait rencontré Selim Sadak , lors de sa mission à Hakkari, en mars 2005. De même André Métayer n’a pas oublié sa rencontre, lors d’une réunion d’information organisé à Bruxelles, au Parlement Européen, avec Hatip Dicle, qui fit une intervention remarquée, ni celle, lors d’un colloque organisé à Diyarbakir par la « Plaforme Démodratique » et la ville de Diyarbakir, en mai 2005, avec Orhan Dogan et Leyla Zana. Il n’a pas oublié le cri d’Orhan Dogan : « Je ne peux pas oublier cet enfant écrasé par un tank, ce soldat turc blessé, décoré pour son courage, criant  » mes yeux », les combattants tués, la presse qui ment, le gouvernement qui ment, les prisonniers humiliés, victimes de traitements dégradants. La guerre ne fait pas de différence entre les religions, les sexes, les nationalités. Les souffrances sont les mêmes, la douleur est identique« . La Délégation Rennaise Kurdistan fait part de sa préoccupation et salue le courage de Selim Sadak, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Leyla Zana, pour leurs prises de position courageuses, en dépit des menaces qui planent au dessus de leurs têtes.

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Archives du blog AKB – 2009

27/09/2009 Retrouvez les AKB sur son site Les Amitiés kurdes de Bretagne ne mettent plus à jour ce blog… retrouvez désormais toutes nos actualités sur www.amitieskurdesdebretagne.eu Bonne visite ! 20/06/2009 Une…
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23/12/2008 Kadir, un Kurde breton détenu à Izmir dans une prison de type F, clame son innocence « J’aurai voulu vous écrire cette lettre en français moi-même, mais comme je vous…
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Archives du blog AKB – 2007

18/11/2007 Paix au Kurdistan Le Parlement turc a donné un feu vert pour mener des incursions en Irak et « nettoyer » les camps des quelques 3.500 combattants kurdes établis dans le…