Demande d’aide d’urgence pour le Rojava des députés kurdes en grève de la faim à Genève, devant le palais des Nations

Trois députés kurdes de Turquie (groupe HDP – Parti démocratique du Peuple) et une ex-députée allemande au Parlement européen ont commencé, le 21 septembre à 13 heures, une grève de la faim place des Nations à Genève, pour attirer l’attention sur les offensives meurtrières que l’Etat islamique a lancé, notamment à Sinjâr (Irak) et dans le canton de Kobanê au Kurdistan de Syrie (Rojava) et demander une aide humanitaire d’urgence pour le peuple kurde :

nous sommes aujourd’hui en grève de la faim devant les Nations-unies pour demander une action internationale urgente contre les offensives de l’Etat islamique sur Kobanê, au Rojava (Kurdistan de Syrie). Nous sommes ici pour sensibiliser l’opinion publique et les politiques contre les atrocités perpétrées par l’EI à l’encontre des peuples arabe, kurde, turkmène, syriaque et des groupes religieux yézidis, chrétiens et chiites, à Sinjâr (au Kurdistan d’Irak) et au Rojava. Nous appelons les Nations-unies à soutenir par tous les moyens possibles les forces de résistance qui luttent actuellement contre l’Etat islamique au Rojava et à Sinjâr. Nous appelons toutes les forces démocratiques, toutes les organisations humanitaires et de défense des droits humains et toutes les personnes attachées à l’humanité et la dignité à entendre le cri de ces peuples menacés de génocide.

Cette action est lancée est lancée par trois femmes et un homme particulièrement combatifs.

Sebahat Tuncel

Sebahat Tuncel, députée du HDP et co-présidente du HDK (Congrès démocratique des Peuples), kurde, alévie, féministe, socialiste, n’a rien perdu de sa fougue militante depuis ses années estudiantines. Engagée en politique depuis 1998, porte parole de la commission des femmes du parti pro-kurde, poursuivie pour appartenance au PKK, elle est placée en détention au cours de l’année 2006. Elle est élue députée en juillet 2007, après avoir fait campagne à partir de sa prison. Réélue députée d’Istanbul en juin 2011, condamnée en 2012 à 8 ans et 9 mois d’emprisonnement pour « appartenance au PKK », une demande de levée de son immunité parlementaire est soumise à l’assemblée nationale turque.

Selma Irmak

Selma Irmak, députée du HDP et co-présidente du DTK (Congrès de la Société Démocratique), fait partie également de ces femmes qui, très jeunes, commencent à militer dans les organisations étudiantes. Elle connaîtra la prison dès 1994. Vice-présidente du parti kurde, elle est arrêtée en mars 2009 et mise en détention. Elle est élué députée à Sirnak en juin 2011, sans pour autant pouvoir bénéficier de l’immunité parlementaire. Elle lance en février 2012, avec Faisal Sarıyıldız, autre député de Sirnak incarcéré, la grande grève de la faim qui sera suivie par des centaines de détenus. Elle n’est libérée que le 4 janvier 2014.

Kemal Aktaş

Kemal Aktaş, député indépendant de Van (rattaché au groupe parlementaire HDP) et co-président du DTK, a déjà un long parcours de militant kurde. Il est arrêté lors du coup d’Etat de 1980, torturé et condamné par une cour martiale à 22 années de prison. Il en sortira en septembre 2001. Il adhère, après sa libération, au HADEP, puis au DTP dont il est membre fondateur. Elu en 2006 vice président chargé des questions de l’écologie, il est interpellé le 14 avril 2009 et mis en détention pour liens présumés avec des combattants séparatistes. Il en sort 4 ans et 8 mois plus tard. Elu député de Van, depuis juin 2011, il bénéficie désormais de l’immunité parlementaire.

Feleknas Uca

Feleknas Uca, députée européenne de 1999 à 2009 et membre du Conseil exécutif du DTK, née à Celle, en Allemagne, est une grande figure de la diaspora kurde. Kurde yézidie, engagée politique en Allemagne au sein du parti Die Linke, elle siège durant dix ans au Parlement européen dans le groupe GUE/NGL. Très active dans les commissions, elle milite pour faire partager ses convictions en faveur de la cause kurde. Elle siège au sein de la commission parlementaire mixte UE- Turquie. Elle participe en 2012 à la longue marche, à travers Europe, pour la libération d’Öcalan et la reconnaissance d’un statut juridique au Kurdistan.

André Métayer