Dilshad Questani, artiste-peintre, chanteur, conteur, ancien peshmerga, a su toucher les Rennais/es qui l’ont rencontré

Vendredi 13 novembre à la MIR, dans le cadre de la Semaine de la Solidarité internationale, on clôturait deux semaines réservées à l’accueil de l’artiste peintre franco-kurde Dilshad Questani.

Une assistance nombreuse pour honorer Dilshad

André Métayer a ouvert la fête en remerciant tous ceux qui avaient contribué à la réussite de cet événement : la Maison internationale de Rennes (MIR), l’Atelier d’Art-thérapie du Centre hospitalier Guillaume Régnier, le Conseil démocratique kurde de Rennes (CDK-R), dont plusieurs adhérentes avaient préparé les délicieux plats servis autour d’un pot et bien sûr tous les adhérents des Amitiés kurdes de Bretagne qui ont été nombreux à se mobiliser. Il a également salué Marie-Anne Chapdelaine, députée, Jocelyne Bougeard et Frédéric Bourcier, adjoints au maire de Rennes. Jocelyne Bougeard a rappelé les liens très anciens et très solides unissant les villes de Rennes et de Diyarbakir et annoncé que la Maire de Rennes proposera au conseil municipal, lors de sa prochaine séance, de voter une nouvelle aide de 30 000 euros pour le camp de réfugiés kurdes de Syrie et yézidis à la charge de la ville de Diyarbakir. Marie-Anne Chapdelaine a quant à elle souligné avec force sa détermination au sujet de la défense des droits humains – “il faut rester ferme et ne rien lâcher” – et rappelé qu’elle était une élue de terrain : “n’hésitez pas à faire appel à moi”. Les trois élus ont exprimé leur soutien aux activités des AKB et à la lutte politique des Kurdes pour la défense de leurs droits.

Il revenait à Ghania Boucekkine, Présidente de la MIR, d’évoquer la Maison des Mondes, manifestation dédiée à la solidarité internationale et à la diversité culturelle dans laquelle s’inscrit l’exposition de Dilshad Questani.

Fehmi Kaplan, Président du CDK-R, a eu ce mot en s’adressant à son frère kurde : “ta peinture nous parle parce que c’est celle d’un combattant qui a défendu son peuple, les armes à la main. C’était dans les années 80 contre Saddam Hussein. Le combat contre la tyrannie continue”.

Amparo Bereau, art-thérapeute, a attiré l’attention de l’assemblée sur la fresque réalisée avec l’aide de Dilshad Questani à l’atelier Art-thérapie du Centre hospitalier Guillaume Régnier, “Em bi wan re” (Nous avec eux), une œuvre collective sur le thème “les réfugiés, la solidarité”. “C’est un travail d’ouverture animé d’une même passion pour la peinture. Je suis sortie, un temps, de mon propre enfermement mental” écrira l’une des participants à ce travail collectif. Merci Dilshad.

Tous ont pris la parole à leur tour pour s’exprimer sur les toiles de l’artiste, la lumière et l’espérance qu’elles jettent sur les ombres d’une guerre sans fin faite à nos amis kurdes. Tous ont souligné la force du lien qui s’est tissé avec Dilshad et Dilshad lui-même n’a cessé de dire combien il avait été accueilli avec chaleur et combien il aurait souhaité désormais vivre en Bretagne.

Un rêve de printemps que rien ni personne ne viendra briser

La soirée s’est prolongée par une conférence sur l’actualité kurde au Moyen-Orient. Ceux qui n’avaient pas encore vu le film réalisé par Mikael Baudu pour France 3 ont pu en avoir un avant-goût à travers la projection de quelques minutes de film montées spécialement par le réalisateur, présent. « Rêve de printemps », ce sont les mots d’une jeune étudiante kurde du Rojava et ces quelques images, associées aux commentaires sur la géographie et la chronologie des affrontements, ont permis d’approcher la réalité de ce qui se passe là-bas : une enclave où, en pleine guerre, se vit, s’expérimente la création d’un système de gouvernance, « l’autonomie démocratique », qui tourne le dos à la forme mortifère des Etats-nations du Moyen Orient, pour lui substituer des organes laïques, pluri-culturels, appliqués à promouvoir l’égalité homme/femme, sans exclusive à l’égard d’aucune communauté religieuse, d’aucune ethnie, aucune de celles qui cohabitent sur les territoires libérés et que le prétendu Etat islamique (EI) veut dresser les unes contre les autres et, pour les plus nombreuses, les anéantir.

Laetitia et Gaël sont ensuite intervenus pour témoigner de l’expérience qu’ils ont vécue lors des deux autres délégations en juin et début novembre, lors des élections en Turquie. Ils ont raconté et dénoncé les conditions répressives dans lesquelles se sont déroulés les votes ainsi que les irrégularités dont ils ont été témoins. Ils ont exprimé beaucoup d’inquiétudes concernant la situation politique dans ce pays. Mais, il faut le souligner, la stratégie criminelle d’Erdogan n’est pas parvenue à éliminer le HDP. Ses 60 élus vont se battre pour que les Kurdes puissent enfin trouver toute la place qui leur est due. Et puis, ce vendredi, la coalition kurde reprenait Sinjar à l’EI ! Il y a aussi ce couloir gagné de haute lutte, qui unit désormais les cantons de Kobanê et de Cizîrê.

Le rêve de Printemps n’est pas entamé, au contraire !

Vers 21h45, Dilshad Questani a clos la fête en nous invitant par son chant, une grave et tendre mélopée kurde, à nous unir dans un recueillement solidaire et fraternel.