Douarnenez, 12 décembre : pour faire reculer la haine

A l’appel d’un collectif de 21 associations douarnenistes, le collectif “Fraternité”, une foule nombreuse, venue de toute la Bretagne, s’est retrouvée samedi autour des Halles de Douarnenez « pour faire reculer la peur de l’Autre ». Caroline Troin raconte :
8H place du Marché, il fait nuit, on installe des banderoles qui disent fraternité en maya, en chinois et en kurde.
9H le camion cinéma est prêt à diffuser des courts métrages sur tout le Moyen-Orient, les gradins attendent les témoins, AKB Brest et Plouguerneau viennent de débarquer avec leurs kilims, des Kurdes de Lesneven et Lorient sont arrivés, ils collent leurs affiches et vendent des CD de musique kurde, “on vous laisse trois euros sur chaque vente pour votre collecte”.
10H la fanfare A bout de souffle réchauffe la place d’une gavotte, on collecte pour le camp de Diyarbakir, on vend des baklavas, des crêpes, on offre des infos sur la Cimade, sur les Amitiés kurdes de Bretagne, sur l’état d’urgence, des photos d’Asia sur Calais.
11H Zozan a pris la parole, elle raconte les affrontements dans la petite ville de Silvan cet été, quand elle s’y est retrouvée cloîtrée trois jours, encerclée par l’armée turque, elle dit les femmes qui tremblent, les jeunes qui veulent gagner la montagne et que leurs mères tentent de dissuader de prendre le maquis… les poèmes de Maram al Masri, syrienne, prennent le relais.
12H l’accordéon chauffe, Laetitia Gaudin nous parle de son séjour à Calais, Maryam Samaan nous dit comment elle voit la révolution dans son pays, ça va être l’heure de l’apéro.
12H30 on vend de la soupe au profit des réfugiés yézidis de Turquie, on explique aux vieilles dames, les gosses veulent des ballons.
13H les Kurdes apprennent aux Bretons à danser en ligne, le balayeur municipal tente désespérément de balayer la place. Elle est jonchée de sourires et de complicités, on ne balaie pas ça !

Nous avons collecté mille euros pour le camp de Diyarbakir, des dizaines d’adresses échangées, le bonheur de fabriquer ensemble, de ne pas rester les bras ballants, la certitude d’avoir assuré tous nos amis migrants que nous ne sommes pas indifférents à leur destin.

Notons que les maraîchers et boulangers ont offert de quoi nourrir le monde. Notons aussi l’intervention du maire de Pouldreuzic, qui a pris en main, avec un groupe d’habitants de sa commune, un chantier de réhabilitation d’appartements pour accueillir des réfugiés.

A signaler aussi un article publié par l’agence kurde ANF, signé d’un journaliste kurde habitant Lorient.

Quelques retours en photos avec Yves-Marie Quemener, très beau noir et blanc !

Hakkari : c’est pire que dans les années 90

Un de nos fidèles amis de Hakkari que nous connaissons depuis une quinzaine d’années et dont nous tairons le nom par nécessité, nous a fait passer un message particulièrement pessimiste, venant de cet homme dynamique et pondéré, habituellement confiant dans l’avenir :

nous avons passé un mauvais été et un mauvais automne. Et voilà l’hiver. Après le 7 juin, nous étions plein d’espoir quant à une paix future. Mais les tambours guerriers ont recommencé à sonner. C’est pire que dans les années 90. Répression, garde à vue, arrestations et exécutions sommaires… assassinats. Toutes les méthodes antidémocratiques que vous pouvez imaginer sont mises en œuvre de manière plus professionnelles que dans les années 90. Je crains que l’avenir du pays ne soit très sombre si l’on ne revient pas à la table des négociations en 2016.

André Métayer