Elections municipales en Turquie : appelés à nouveau aux urnes, les électeurs confirment la victoire du BDP à Ağrı et Bitlis-Güroymak

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A l’injonction du parti islamo conservateur au pouvoir (AKP), le Haut Conseil électoral (YSK) avait annulé le résultat des élections qui avait vu le Parti (pro-kurde) pour la Paix et la Démocratie (BDP) vainqueur à Ağrı et à Bitlis-Güroymak.

Les nouvelles élections, qui se sont déroulées le 1er juin, ont été gagnées à nouveau par le BDP.

A Ağrı, notamment, le vote BDP progresse de 7 %, passant de 45 % à 52 %. Le nouveau maire de cette ville de 140 000 habitants est le député Sirri Sakik, connu à Rennes où il a été reçu en octobre 2010. Madame Mukaddes Kubilay est co-maire de ce bouillant député.

Le rôle scandaleux du Haut Conseil électoral

Le BDP peut se réjouir du résultat global des élections locales et régionales dans la région du Kurdistan : “nous avons gardé 8 grandes villes, gagné trois autres (dont Ağrı) et plusieurs villes moyennes, accumulant au total plus de 103 mairies”.

Et ce malgré les tricheries, les intimidations, les achats de votes. Même un chat est venu au secours du pouvoir en pénétrant, soi-disant, dans un transformateur électrique, privant inopinément d’électricité une quarantaine de ville au moment du dépouillement des votes. Trop c’est trop ! L’AKP a triché. Toutes les forces politiques et même la presse turque, ont, cette fois-ci, dénoncé ces manœuvres. L’attitude partisane du YSK est venue renforcer le malaise : toutes les demandes d’annulation venant des partis d’opposition ont en effet été rejetées alors que celles présentées par l’AKP ont été systématiquement retenues. Bien mal lui en a pris car les électeurs retournés aux urnes ont confirmé leurs votes dans 8 circonscriptions (3 pour le CHP, 3 pour le MHP, 1 pour le SP et 2 pour le BDP : Ağrı et à Bitlis-Güroymak).

Sirri Sakik, député, co-maire d’Ağrı, compagnon de détention de Leyla Zana

1-dsc05091.jpgSirri Sakik est né le 1 août 1957 à Mus, près du lac de Van, au Kurdistan de Turquie. Il a fait son entrée à la Grande Assemblée de Turquie en 1991 comme député du DEP (Parti de la Démocratie), parti pro-kurde interdit en 1995. Arrêté en 1994 en pleine séance en compagnie de Leyla Zana, Orhan Dogan, Hatip Dicle et Selim Sadak, jugé et condamné, il a purgé une peine de trois ans d’emprisonnement pour propagande séparatiste. Ce combattant né s’est fait réélire député de Mus en 2007, sous l’étiquette du parti pro-kurde non encore interdit DTP, dont il a été membre fondateur. A la dissolution du DTP en 2009, il adhère naturellement au BDP, puis, en compagnie de tous les députés BDP, il rejoint en avril dernier le HDP (Parti de la Démocratie du Peuple) avec comme objectif de rapprocher les forces pro-kurdes et celles de la gauche turque.

André Métayer