En Turquie, le syndicalisme révolutionnaire est en lien avec le mouvement kurde

Dans une note sur la situation des syndicalistes au Kurdistan et en Turquie, l’Union syndicale “Solidaires“, l’une des 19 organisations membres de la Coordination nationale Solidarité Kurdistan (CNSK), rappelle que le mouvement syndical est également touché par une forte répression de la part du pouvoir et relate une manifestation organisée par KESK, un syndicat que nous présentions, en 2012, comme le syndicat le plus combatif du service public :

le 21 décembre 2016, une grande marche exigeant la réintégration des membres de KESK exclu.e.s de la fonction publique par les décrets de l’état d’urgence est partie d’Istanbul. La marche est arrivée à Ankara le 24 décembre 2016, après avoir affronté le froid, la pluie et de nombreuses attaques de la police à toutes les étapes de la marche. Les marcheurs et marcheuses ont été confronté.e.s aux interventions de la police, aux gaz lacrymogènes, aux balles en caoutchouc, aux intimidations. Le co-président du KESK Lami Özgen y a déclaré que leur lutte légitime allait se poursuivre, qu’avec les décrets pris dans le cadre de l’état d’urgence, sous prétexte de lutter contre le coup d’État, le gouvernement essayait en réalité d’écarter tou.te.s les opposant.e.s et les opprimé.e.s du pays.

Dans un excellent rapport présentant les différentes confédérations syndicales en Turquie, tant dans le secteur public que privé, Solidaires livre son analyse sur le syndicalisme en Turquie, et plus spécifiquement au sein du mouvement kurde :

en Turquie, il existe un mouvement social fort composé de très nombreuses organisations et partis politiques, associations, « forums », collectifs, syndicats… En son sein, deux gauches s’opposent. Une gauche kémaliste, qui défend un nationalisme turc, et une gauche qui défend le droit des « minorités », essentiellement née à partir du mouvement kurde. Ces deux gauches cohabitent dans les syndicats révolutionnaires. Le mouvement social est donc traversé par la persistance de la lutte des Kurdes. Dans la région kurde, la politisation est très prégnante et le mouvement social a une réelle assise populaire. Cette politisation est fortement idéologique, elle s’inscrit dans le cadre du développement et de la réalisation d’un projet politique dénommé le ‘confédéralisme démocratique’, inventé au sein du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) mais aujourd’hui développé par de nombreuses structures : partis politiques, associations, mouvements, forum. Si ce mouvement a son assise au sein de la région kurde, il connaît de plus en plus de relais à travers le pays et notamment à Istanbul.

Les organisations syndicales françaises CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA ont, face à cette situation d’une extrême gravité, adressé dès le 23 novembre 2016 un message de soutien aux militants syndicalistes de Turquie pour exiger la réintégration immédiate de tous les salariés licenciés ou suspendus :

nous sommes entièrement solidaires des travailleurs de Turquie et de leurs syndicats en ces moments difficiles où sont violemment enfreints leurs libertés et droits syndicaux. Nous appelons les autorités françaises et les instances de l’Union européenne à agir résolument afin que la Turquie respecte notamment la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dont elle est signataire.

André Métayer

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