Erdoğan aime Gül (« rose » en langue turque), mais n’en supporte pas les épines (Zaman)

Les commémorations de la fête de la République turque et la grève de la faim de prisonniers proches du PKK ont illustré à nouveau les divergences qui existent entre le président Gül (président de la république de Turquie) et (son) Premier ministre Erdogan. Pour les politologues turcs, cette division pourrait s’approfondir lors du débat sur le système présidentiel.

(Zaman).

RT Erdoğan, qui ne se cache pas de vouloir faire voter une Constitution sur mesure, en vue d’obtenir tous les pouvoirs, une fois élu Président de la République au suffrage universel, va sans doute trouver sur sa route un adversaire de poids en la personne du Président actuel. Un récent sondage donne un sérieux avantage à Gül avec 51% des intentions de vote contre 22% à Erdoğan. La lutte entre les deux hommes est engagée.

Ils se sont ainsi querellés à propos de la levée de barrages policiers qui, lors de la marche de la Fête de la République organisée par le CHP (parti kémaliste d’opposition) le 29 octobre dernier à Ankara, interdisaient l’approche du mausolée d’Atatürk. Gül et Erdogan déclarant publiquement, chacun de leur côté, qu’il ne peut y avoir d’administration bicéphale dans le pays.

Ils se sont également opposés à propos de la question kurde, l’un, Erdoğan, affirmant qu’il n’y a pas de grève de la faim dans les prisons turques (“ce n’est que du spectacle”), alors que le Président Gül qualifiait cette grève de la faim de “question très sérieuse”.

Pour autant, cette querelle a peu de chances de profiter aux grévistes de la faim, en dépit des déclarations que le Président avait faites en recevant le 18 octobre dernier une délégation du BDP : rien n’est venu depuis qui puisse faire croire à une avancée quelconque. Le Président se tait et le chef du gouvernement refuse d’étudier les revendications des grévistes :

qui peut dire que ces revendications sont injustes, irréalisables?

s’est interrogé Michel Billout (sénateur PCF) en les rappelant devant la presse turque :

pouvoir se défendre devant les tribunaux dans sa langue maternelle, avoir le droit d’enseigner le kurde à l’école, faire cesser la mesure d’isolement qui frappe Abdullah Öcalan depuis plus de 15 mois, afin que celui-ci puisse participer au règlement de la question kurde.

Erdoğan/Gül : même combat, les épines sont pour les Kurdes.

André Métayer