Erdoğan, c’est le terrorisme d’Etat

L’attentat perpétré à Istanbul le 10 décembre dernier a été aussitôt attribué par Erdoğan au PKK. Cette affirmation sans preuve a été reprise immédiatement par toutes les agences de presse. Depuis, cet acte qui a fait des victimes civiles a été revendiqué par une autre organisation sans lien avec le PKK. L’objectif d’Erdoğan est clair, en liant à tout propos cette organisation au terrorisme il poursuit sa stratégie de discrédit de celle-ci afin de détourner l’attention de l’opinion publique nationale et européenne des graves conséquences sur les libertés publiques et la démocratie de sa politique répressive et liberticide.

D’une manière générale la Coordination nationale Solidarité Kurdistan (CNSK) n’approuve aucun acte de terrorisme qui vise des civils tel que l’attentat d’Istanbul. Ceci étant, si la Turquie connaît un regain de violence, elle est la conséquence de la rupture du cessez le feu par Erdoğan, qui a mis fin, de fait, au processus de paix et de dialogue avec le PKK qui s’était instauré depuis deux ans.

La CNSK ne considère pas le PKK comme une organisation terroriste mais comme une organisation politique avec laquelle il doit y avoir des discussions pour trouver une solution politique et pacifique à la question kurde en Turquie.

Le choix en son temps d’une résistance armée est à replacer dans le contexte de l’époque ou la violence de l’Etat turc vis-à-vis des kurdes ne leur a pas laissé d’autre choix.

Aujourd’hui c’est cette même violence qui réactive la lutte armée, seul moyen de résister à celle-ci. Quand les élu(e)s du peuple, Député(e)s, Maire, Conseillers municipaux sont destitués, emprisonnés, quand les journaux kurdes et turcs sont fermés, les journalistes emprisonnés, ainsi que les avocats, enseignants, magistrats ou tout autre fonctionnaire, il n’est pas étonnant que cela alimente le cycle de la violence. Le terrorisme, il est exercé par l’Etat turc à l’encontre du HDP et de ses dirigeant(es), élu(e)s, cadres militant(es) emprisonné(e)s pour défendre le droit des Kurdes à exister, des défenseurs des droits de l’Homme ou de tout opposant(e)s à la politique de Erdoğan.

Si on doit faire état d’actes de terrorisme, il faut parler de ceux dont se rend responsable l’Etat turc à l’encontre des populations civiles kurdes, par exemple dans les ville de Silopi, Sirnak, Sur, Cizre et bien d’autres. Dans ces villes, des massacres ont été commis par l’armée et les unités spéciales de la gendarmerie, les chars et les hélicoptères ont été utilisés contre ces populations et des quartiers entiers rasés.

C’est actes relèvent des crimes contre l’humanité, mais faut-il croire, devant le manque l’indignation de l’opinion publique, que cette notion de droit international ne s’applique pas quand il s’agit des populations civiles kurdes ? La CNSK a rendu public un rapport sur cette situation, aucun média n’en a fait écho. Ce rapport a été établi par une délégation de la CNSK qui s’est rendue sur place et qui a constaté par elle même la violence de l’Etat turc : elle peut en témoigner.

La CNSK milite pour le retrait du PKK de la liste européenne des organisations terroristes, seule solution pour ouvrir une voie à la Paix et ne plus cautionner la politique d’Erdoğan qui, sous le vocable de terrorisme, classifie tout opposant à sa personne et à sa politique.

Pour la paix, la liberté et la démocratie, il y a urgence.

Joël Dutto
Coordinateur de la CNSK