Exposition Zehra Doğan à l’Opéra de Rennes

Les œuvres originales de Zehra Doğan, journaliste, artiste et auteure kurde, continuent à retrouver le public dans différentes villes européennes, pendant qu’elle compte ses derniers jours d’incarcération, dans sa prison, à Tarsus.

Le prochain rendez-vous est donné à Rennes, à la salle d’exposition du Carré Lully de l’Opéra de Rennes, du 5 au 31 mars. L’exposition est organisée par l’association Amitiés Kurdes de Bretagne, en partenariat avec l’Opéra de Rennes, la ville de Rennes, la Maison Internationale de Rennes et le bar Baba Zula. La scénographie de l’exposition sera assurée par Philippe Leduc, de l’atelier Lucie Lom, solidaire avec Zehra.

Plus de 30 œuvres originales, de deux périodes de l’artiste y seront exposées.

“La période clandestine” comprend des œuvres réalisées début 2017 à Istanbul, où, après sa première arrestation en juillet 2016 et sa libération provisoire, Zehra s’était mise en sécurité en attente de la décision de la Cour d’appel. Les dessins et peintures de cette période décrivent les événements et destructions dont Zehra fut témoin l’année précédente, couvrant en tant que journaliste, à l’époque, des couvre-feux déclarés dans les villes kurdes dans l’Est et Sud-Est de la Turquie, fin 2015.

Quant à “la période de l’emprisonnement”, elle donne à voir des œuvres réalisées par Zehra en prison, alors qu’aucun matériel artistique ne lui est autorisé. Zehra alors, déterminée et très inventive, s’exprime avec les moyens auxquels elle a accès. Elle obtient des pigments en utilisant des produits alimentaires, ou des moisissures, des déjections d’oiseaux, ou encore le sang des règles. De ses pinceaux faits des plumes de pigeons, des cheveux de ses amies de quartier, elle peint sur tous les supports qui passent sous sa main. Emballages, papier cigarette, dos de lettres, draps, taies, vieux vêtements, tout devient possible… Indomptable, elle continue à créer. Elle poursuit son expression écrite et dessinée, pour que ses pensées, celles de ses codétenues, et de touTEs les prisonnierEs politiques, puissent “quitter les prisons par milliers, comme des branches de lierres, venir jusqu’à nous à l’extérieur, et y faire éclore de belles fleurs”.

Découvrir l’œuvre de Zehra est une conversation, une transmission, une prise de conscience. Et elle nous donne en toute simplicité une leçon de résistance.

Cette exposition rennaise, inclue une date importante pour le combat de Zehra ; la journée mondiale des droits des femmes.

Se nourrissant de sa culture, des luttes de femmes, Zehra nous parle en tant que femme kurde. De sa plume et de ses pinceaux découle un propos universel, collectif et féministe, plongeant ses racines dans l’Histoire et archivant le présent. Elle souffle vérités et réflexions à l’oreille de tous et toutes, partout au monde, et lorsque les mots ne sont pas suffisants, elle passe par l’art et s’adresse aux consciences à travers les yeux.

La femme, non pas seulement kurde, mais universelle, est omniprésente dans l’œuvre de Zehra. Qu’elle soit textuelle ou visuelle. Cette femme, bien qu’elle soit depuis des millénaires, objet d’anéantissement, d’oppressions, d’agressions ciblées, n’a en vérité jamais perdu ses connaissances et expériences ancestrales. Elle puise sa force de cette “matrimoine”, de son appartenance à la nature, l’esprit de commune solidaire, son désir de révolution en commençant par retrouver son vrai soi-même. Et la clé d’un monde meilleur passe inéluctablement par cette femme…

Rennes profitera de tout un programme autour de la Journée Internationale des droits des femmes, du 5 au 29 mars… Conférences, lectures, rencontres, débats, expositions et spectacles… Et le témoignage pictural de Zehra Doğan sera un point d’orgue…

L’exposition sera ouverte du mardi au samedi de 13h à 19h. Elle sera inaugurée le 5 mars à 18h.

Des permanences seront assurées tous les mercredis de 14h à 18h. Ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur l’expression et le témoignage de Zehra, sont chaleureusement conviéEs. Kedistan y prendra sa petite part, sous forme d’une visite guidée.

Cette exposition, invitation à entendre le cri silencieux dont Zehra se fait passeuse, sera également l’épicentre d’autres initiatives.

• Une conférence débat est proposé le 10 mars à 18h30, à la Maison Internationale, au 7 quai Châteaubriand avec la participation de

  • Jacques Massey, journaliste indépendant, auteur et ex auditeur auprès de IHESI. Il a travaillé sur les assassinats des trois militantes kurdes, Rojbin, Sakine et Fidan à Paris, en 2013.
  • Hazal, membre active du Mouvement des femmes kurdes, organisation réunissant les femmes kurdes (ou non), ayant comme objectif l’émancipation des femmes partout au monde, par le combat contre le patriarcat non pas seulement sur le front mais aussi dans la vie quotidienne.
  • Duygu Erol, journaliste kurde en exil, correspondante de Jinha, l’agence d’information féminine et féministe, dont Zehra est une des fondatrice. Cette agence à été interdite et fermée par décret en 2016. Et depuis, elle renait de ses cendres sous d’autres noms, à nouveau, chaque fois qu’elle est muselée, fermée par l’Etat.
  • André Metayer, le fondateur et précieux doyen de l’association Amitiés Kurdes de Bretagne.

• Un concert le 15 mars à 21h au Bar Baba Zula, au 182, avenue Général Patton Rennes. Immersion totale dans les univers colorés du groupe Yıldız, qui puise son inspiration dans le monde oriental, sa diversité musicale et la richesse de ses langues, le kurde, l’arménien, le turc…

Le Conseil Démocratique des Kurdes de Rennes (CDK-R) et la diaspora kurde seront présentEs lors de ces initiatives…

Et vous pouvez suivre et lire Zehra sur les réseaux sociaux : sur Facebook en vous abonnant à la page Free Zehra Doğan. Voici son compte Twitter @zehradoganjinha. Ses comptes sont gérés à son absence, par ses amiEs et proches.