Kadir quitte la prison de type F d’Izmir pour une libération prochaine

Je m’appelle Abdulkadir Dilziz, je suis détenu dans la prison de type F n°2 d’Izmir. Je suis retourné en Turquie après avoir travaillé environ un an à Roj TV en 2004. C’est pour cette raison que j’ai été arrêté, mis en garde à vue, torturé et incarcéré à Manavgat (district d’Antalya).

Kadir, le “Kurde breton” adopté par toute la Bretagne, condamné à 11 ans et 3 mois de prison et incarcéré à Izmir depuis le 9 juillet 2008, est libérable en juillet 2016. Pendant toute cette période durant laquelle Kadir a beaucoup écrit, dessiné, de nombreux amis l’ont soutenu par leurs lettres. Ces années ont été difficiles : longues périodes en quartier d’isolement, privation de soins médicaux nécessaires, éloignement de sa famille qui réside à Birecik (région de Gaziantep, à 1 200 km d’Izmir), participation à des grèves de la faim avec d’autres codétenus…

Le 17 août, nous pouvons espérer qu’il aura quitté la prison d’Izmir pour celle de Cizre (région de Sirnak) plus proche de sa famille et passage obligé pour une libération anticipée :

il n’existe pas d’autres solutions, pour être libéré, que d’être d’abord transféré dans une prison de district. Tous nos amis font la même chose : le Procureur d’Izmir n’a jamais libéré aucun d’entre nous jusqu’à maintenant. 20 camarades qui étaient incarcérés ici avec moi ont été libérés ainsi. Je sais que ce n’est pas logique mais, je pense que c’est un moyen de punir les prisonniers politiques une fois de plus. Il y a quelques mois, FB et YS ont demandé à être libérés d’Izmir, le Procureur d’Izmir a rejeté leur requête ; alors, ils ont demandé leur transfert. Chacun a dû payer 1 150 € avant d’être libérés. Je ne sais pas combien je vais devoir payer pour mon transfert (billets d’avion, indemnisation des gardiens accompagnateurs…)

(lettre de Kadir du 13 mai).

Grâce à la solidarité des militants de Bretagne et d’ailleurs, nous avons pu envoyer, dès le 15 juin, 1 100€ à Halide, l’épouse de Kadir. Kadir et Halide ont été très touchés par ce geste qui devrait permettre à Kadir de se rapprocher de sa région. Sans ce geste, Kadir était sûr de rester encore une année derrière les barreaux, jusqu’en juillet 2016. Avec cet argent récolté, Kadir a pu adresser une requête au Procureur pour être transféré à Cizre. Il annonçait, dans un courrier du 27 juillet :

ma requête a été acceptée le 24 juillet. Mon transfert sera donc possible dans 15 ou 20 jours. Je cesserai bientôt d’écrire car je pourrai téléphoner !

Nous attendons avec impatience l’appel téléphonique de Kadir annonçant son arrivée à Cizre. Kadir adresse un grand merci à tous ceux qui l’ont soutenu par leurs lettres, leurs gestes d’amitié et l’aide financière qui a rendu possible ce transfert. Un premier pas vers une prochaine libération définitive.

Françoise Plissoneau