La France encourage le processus de dialogue avec le PKK

S’agissant de la question kurde, la France a toujours encouragé le processus de dialogue lancé en 2013 avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui avait permis une trêve durable et des discussions avancées. Lui seul permettra de trouver une solution pacifique. C’est pourquoi le Président de la République appelle à ce qu’il reprenne le plus rapidement, afin de couper court à toute escalade de la violence.

PresidenceRepublique-2016-05-03-Beaufils

C’est le directeur du cabinet de François Hollande qui au nom du président, répond ainsi, assez promptement, à Marie-France Beaufils, maire de Saint-Pierre-des-Corps et sénatrice PCF d’Indre-et-Loire, qui lui avait fait part de ses inquiétudes dans une lettre adressée le 18 février 2016 et demandé d’œuvrer pour que la Paix s’installe dans cette partie du monde en décrétant, dans un premier temps, un cessez-le-feu immédiat dans le plus grand respect des traités internationaux.

Senat-2016-02-18-Beaufils-PresidentRepublique

C’est évidemment un message important qui retient toute notre attention, notamment dans ce contexte délétère particulièrement difficile : oui, il faut mettre le holà à la politique inacceptable d’un Erdoğan autocrate qui fait monter sans cesse les enchères dans son bras de fer avec l’Europe au sujet des migrants et qui s’attaque avec une brutalité encore jamais vue à tous ceux qui osent critiquer ou contester sa soif de pouvoir absolu, qu’ils soient journalistes, députés, professeurs responsables associatifs ou simples militants des droits de l’homme. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne lui a rappelé que parmi les 72 critères fixés par la Commission, pour exempter les citoyens turcs de visas, le 65ème exigeait la révision de sa législation antiterroriste, jugée non-conforme aux normes démocratiques européennes. Mais le monarque turc refuse catégoriquement de modifier cette loi qui lui permet de régner en maitre absolu. Il en prend même prétexte pour accuser l’UE de ne pas tenir ses engagements et de la menacer de ne pas respecter les siens.

Il est donc urgent que la France par la voix de son président sorte du langage convenu et ambigu auquel elle nous avait habitués. La seule solution, en effet, est la reprise de pourparlers de paix dont la rupture est de la responsabilité du président Erdoğan qui signe et persiste : il le dit et le répète en privé comme en public, il n’a pas l’intention, lui, de se rabaisser au niveau d’une organisation qu’il fustige comme “terroriste”. Seule la pression internationale pourra le faire céder.

On attend un changement de politique du MAE

Des questions écrites venant de députés ont été adressées en février dernier au ministère des Affaires étrangères et du développement international. Les réponses apportées à Patrick Gille, député PS d’Indre-et-Loire, à Jean-Claude Buisine, député PS de la Somme et à Paul Molac, député écologiste du Morbihan, sont loin d’être satisfaisantes : elles rappellent notamment la position constante de la France de considérer le PKK comme une organisation terroriste. La réponse qui sera faite à la question écrite posée le 22 mars par Nathalie Appéré, maire de Rennes et députée PS d’Ille-et-Vilaine, permettra de savoir si on peut espérer un infléchissement de la politique que mène la France dans cette région du monde, espérant une évolution positive dans la prise de conscience des réalités.

M-F Beaufils : “qu’ils puissent vivre en paix et décider démocratiquement de leur destin”

Marie-France Beaufils, attend également la réponse du ministère des Affaires étrangères et du développement international à sa question écrite du 18/02/2016, dans laquelle elle s’inquiète des

agressions de l’armée turque sur les habitants de la ville de Cizre, des opérations militaires à Diyarbakir et Silopi. Elle ne comprend pas que cette population, au premier rang dans l’action contre Daech, soit traitée comme des terroristes par le gouvernement turc. Elle ne supporte pas que des civils soient ainsi soumis à ces persécutions. Elle ne peut admettre qu’à Paris, le 8 février 2016, des manifestants qui se sont rassemblés pacifiquement pour dénoncer le massacre, la veille, par les forces de sécurité turques, de soixante civils kurdes dans la ville assiégée de Cizre, se soient fait gazer et arrêter. Elle s’élève contre la peine de prison à vie requise en Turquie, contre deux journalistes qui n’ont fait que leur travail d’information, en révélant par des photos et vidéos que le gouvernement turc avait livré des armes à des rebelles syriens appartenant à la mouvance salafiste. Elle ne comprend pas qu’une aide puisse être apportée à un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme ni la convention de Genève aux réfugiés. Elle souhaite que la France puisse jouer, dans cette partie du monde, un rôle prépondérant pour la paix et réclame un cessez-le-feu immédiat dans cette région de la Turquie. C’est pourquoi elle lui demande de tout mettre en œuvre et d’intervenir auprès du gouvernement turc, pour que les populations kurdes du sud-est de la Turquie puissent enfin vivre en paix et décider démocratiquement de leur destin.

André Métayer