La marche des femmes kurdes pour la libération d’Öcalan

Une centaine de femmes ont entamé une marche le 4 février depuis Berne, capitale de la Suisse, pour se rendre à Strasbourg en plusieurs étapes, dans le froid. Deux autres marches convergent également vers Strasbourg, l’une partie de Francfort le 1 février et une autre de Luxembourg le 2 février. Les marcheuses reçoivent, tout au long de leur périple, des renforts locaux. Leur arrivée est prévue pour le 13 février. Une fois sur place, elles transmettront au Conseil de l’Europe une pétition exigeant qu’il agisse pour la santé et la sécurité d’Abdullah Öcalan : “en tant que femmes du Kurdistan, nous appelons le Conseil de l’Europe à prendre en considération notre pétition en faveur de Sayın Abdullah Öcalan”.

Sayın Abdullah Öcalan

En employant le mot « Sayın », les femmes kurdes expriment tout le respect et la reconnaissance qu’elles ont envers “Monsieur” Öcalan. Toutes les femmes kurdes doivent la modernité et les perspectives démocratiques à Sayın Abdullah Öcalan, qui fustige le sexisme et qui encourage les femmes à s’organiser et à défendre leurs droits bafoués par les Etats totalitaires mais aussi par les traditions patriarcales.

La victoire de Kobanê donne des raisons d’espérer

La représentation internationale du Mouvement des Femmes kurdes, qui est à l’initiative de ces marches, rappelle tout le combat mené par les femmes depuis le dépeçage de leur patrie par “la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, quatre Etats impérialistes qui se sont partagés le Kurdistan et qui ont forcé les Kurdes à s’iraniser, à s’arabiser, à se turquiser”. Le prix de la lutte menée depuis quarante ans est lourd mais les Kurdes ont gagné le droit d’espérer un avenir libre. La victoire remportée à Kobanê, dont l’enjeu dépasse largement le conflit syrien, arrive à point nommé. Le mode de gouvernance mis en place par le PYD dans les trois cantons du Kurdistan de Syrie est celui-là même préconisé par Abdullah Öcalan et relayé par l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK). Les femmes kurdes, qui ont pris toute leur place dans ces combats, qu’ils soient politiques ou armés, reconnaissent en Abdullah Öcalan celui qui, le premier, a proposé une autre politique que celles qui conduisent aujourd’hui le Moyen-Orient au chaos.

Öcalan emprisonné depuis 1999

Mais le processus de paix piétine car les négociations avec le gouvernement turc se déroulent dans des conditions inéquitables. La représentation internationale du Mouvement des Femmes kurdes rappelle que le leader du peuple kurde est emprisonné depuis 16 ans sur l’île prison d’Imralı. C’est pourquoi elle exige de la Turquie qu’elle relâche Abdullah Öcalan et demande l’autonomie pour les régions kurdes de Turquie. Elle espère également faire sortir le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) de la liste internationale des organisations terroristes.

André Métayer