La tension monte au Kurdistan

 

A moins de trois semaines d’une importante échéance électorale en Turquie, la tension est au maximum au Kurdistan de Turquie. Malgré toutes les déclarations en faveur de la paix, des événements sanglants sont venus endeuiller des familles et la colère a monté d’un cran : les obsèques de combattants kurdes du PKK tués au cours d’affrontements avec les forces militaires de l’Etat turc donnent lieu à de nombreuses manifestations réprimées avec violence.

Les candidats indépendants à la députation, soutenus par le bloc “Travail, Démocratie, Liberté” emmené par le parti pro kurde BDP, protestent publiquement et accusent le gouvernement du premier Ministre Erdogan, chef du parti islamo-conservateur AKP, de vouloir réduire la population au silence. Abdullah Öcalan, leader emprisonné du PKK, qui – chacun le sait – est en Turquie un interlocuteur incontournable avec lequel les émissaires du gouvernement discutent depuis trois ans, s’impatiente et menace d’une guerre totale si rien ne bouge après les élections. Les rassemblements autour des tentes de la désobéissance civile se font de plus en plus nombreux (50 000 personnes à Diyarbakir lors du dernier meeting à l’appel du Bloc).

La presse turque rapporte que la police a arrêté plus de 250 Kurdes pour la seule journée du lundi 16 mai dans 14 villes, ce qui porte le nombre des arrestations à 771 depuis début mai. Parmi eux figurent des enfants, des étudiants et de nombreux responsables du BDP. Il devient très difficile de tenir une comptabilité exacte des arrestations, des mises en gardes à vue et des incarcérations. le rapport de la très respectable Association des Droits de l’Homme en Turquie (IHD), rendu public le 13 mai dernier, donne des chiffres tout à fait alarmants :

Au moins 2 788 personnes ont été arrêtées et 747 d’entre elles ont été écrouées dans la seule région kurde pendant les quatre premiers mois de l’année 2011, ce qui porte à 3 559 le nombre d’arrestations depuis début de l’année. Les arrestations sont multipliées par deux et les cas de torture et de mauvais traitements ont brutalement augmenté de 200 %.

Malgré tous les empêchements pour un bon déroulement, selon des règles démocratiques, de la campagne électorale, où tout est fait pour museler la contestation, le BDP croit à ses chances de pouvoir constituer un groupe parlementaire, en faisant élire une trentaine de députés “indépendants” sur un programme ratifiés par le Bloc.

André Métayer