Le 9 janvier 2013 reste une plaie ouverte : nous n’avons rien oublié

Depuis cet appel téléphonique du 10 janvier 2013, à une heure matinale inhabituelle, annonçant l’assassinat à Paris de trois militantes kurdes, dont Rojbîn, nous n’avons rien oublié et continuons à crier “Vérité et Justice” pour que ce triple crime ne reste pas impuni. Chaque année nous tenons à participer, avec des milliers de Kurdes et amis des Kurdes, aux manifestations pour rappeler à l’opinion publique, aux médias, à nos dirigeants, aux femmes et aux hommes politiques que nous avons élus, que notre détermination est intacte et qu’ils doivent œuvrer pour que soient jugés les commanditaires, les services secrets turcs dont la responsabilité ne fait de doute pour personne.

Erdoğan, porte une responsabilité directe

Dans son verdict rendu le 24 mai 2018 devant le Parlement européen à Bruxelles, le Tribunal permanent des Peuples a reconnu comme “crime d’État les assassinats ciblés à Paris le 9 janvier 2013 de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez” et noté que “le Président de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdoğan, porte une responsabilité directe pour les crimes de guerre et les crimes d’Etat”.

Si les jugements du TPP n’ont pas force de loi, note dans son blog Nils Andersson, ils sont rendus selon les normes des documents internationaux et, ce n’est pas leur moindre contribution, ils mettent en évidence les lacunes ou les limites du système international de protection des droits de l’homme et des droits de la guerre… le plus grand nombre de victimes (des assassinats ciblés) sont des militants pour les droits sociaux et de libération de leur peuple comme Sakine Cansiz, Fidan Dogan, et Leyla Söylemez, militantes, victimes, le dossier judiciaire le démontre, d’un crime d’État commandité par l’État turc en violation du droit international et de la souveraineté territoriale de l’État français.

Le moment est venu de rappeler à nos élus politiques, à l’Exécutif et au président de la République française cette violation de la souveraineté territoriale de l’État français. C’est le point de vue du Conseil démocratique kurde en France (qui fédère 24 associations de la diaspora kurde à travers toute la France), que nous partageons :

Il ne suffit pas d’interdire les Loups gris ou de menacer la Turquie de sanctions qui n’aboutissent pas. Si la France veut lutter contre l’expansion du fascisme et de l’islam politique turc, elle doit avant tout juger les crimes commis par le régime turc sur le territoire national. C’est la première étape, fondamentale, pour dire STOP à Erdoğan.

Nous écrivions le 16 décembre dernier à Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, que la Turquie n’est plus un allié sûr, que son président-dictateur, qui s’appuie sur deux leviers, l’islamisme et le nationalisme, ne connait que les rapports de force et que son agressivité est sans limites : “il est temps d’y mettre un terme. Le Président de la République française est même devenu une cible pour RT Erdoğan dont les réseaux plus ou moins dormants deviennent, en France même, de plus en plus menaçants“. Nous précisions que les sanctions économiques sont sans doute nécessaires mais pas suffisantes et rappelions que nous n’avons pas oublié “l’assassinat, le 9 janvier 2013, en plein Paris, par le MIT, de trois militantes kurdes, dont une amie très chère, Rojbin ‘Fidan’ Dogan”. Triple assassinat pour lequel nous réclamons depuis huit longues années, “Vérité et Justice”.

L’affaire n’est pas close, elle ne l’est pas et ne pourra l’être.

André Métayer