Le centre culturel kurde de Nantes détruit par un acte criminel : qui se cache derrière les incendiaires ?

Le centre culturel kurde, où se trouve le siège du conseil démocratique kurde en France de Nantes (CDKF), a été en partie détruit par un incendie dans la nuit de samedi à dimanche (du 8 au 9 avril) à Saint-Herblain, près de Nantes. La piste criminelle est privilégiée par la police. (OF 09/04/2017).

La volonté criminelle ne fait aucun doute. Le ou les incendiaires sont entrés par effraction, ont été droit dans les bureaux où ils ont mis le feu aux dossiers. Les enquêteurs ont relevé plusieurs départs de feu. Tous les regards se tournent vers le consulat de Turquie à Nantes qui reste étonnement sourd et muet. Pourtant, n’est-il pas dans son rôle de protéger ses compatriotes contre les éventuels abus, exactions et discriminations dont ils pourraient être l’objet ?

Cet acte criminel arrive à une semaine du référendum constitutionnel, dans le contexte d’une campagne très agressive de la part du gouvernement turc, de ses fidèles, du parti islamiste au pouvoir AKP et de son allié le MHP, parti d’extrême droite turque.

Ce référendum, organisé en Turquie dans des conditions anti-démocratiques, vise à attribuer les pleins pouvoirs au président Erdoğan, ouvrant ainsi la voie à un système dictatorial aux portes de l’Europe. Les nombreuses arrestations et les mesures d’intimidations rendent extrêmement difficile aux opposants au référendum de faire campagne en Turquie. Et malgré tout, le “Non” est donné gagnant, ce qui amène le président Erdoğan à mobiliser ses troupes en Europe. Le ministre turc des Affaires étrangères a participé à Metz à un meeting sur fond de tension diplomatique entre la Turquie et l’Europe. Des incidents violents ont éclaté en Allemagne. On est en droit de se demander si l’incendie criminel de Nantes n’est pas un acte délibéré contre la communauté kurde qui fait campagne pour le “non” à la dictature d’Erdoğan.

Notre interrogation est d’autant plus fondée que nous avons été nous-même victimes de plusieurs tentatives, bien coordonnées, d’intimidation, comme ce fut le cas par exemple au centre social de Redon, à la Maison internationale de Rennes et même à la mairie du 1° arrondissement de Lyon. Et nous n’avons pas oublié l’assassinat à Paris de trois militantes kurdes, exécutées par un tueur, infiltré, envoyé par le MIT (services secrets turcs). Nous n’avons pas oublié qu’Ismail Hakki Musa, ambassadeur de Turquie à Paris, était, au moment de ce triple assassinat du “147”, directeur adjoint du MIT en charge du renseignement extérieur. Nous souhaitons vivement que l’enquête ouverte à la cellule de lutte contre les incendies soit menée jusqu’à son terme et qu’elle ne soit pas entravée, comme ce fut le cas pour le triple assassinat du “147” au nom du secret-défense.

André Métayer

Communiqué du Conseil démocratique kurde de Nantes

Vérité et justice pour le peuple kurde

Notre centre culturel kurde localisé à St-Herblain a été l’objet d’un terrible sinistre au cours de ce weekend. Selon les premiers éléments dont nous disposons, la piste criminelle est privilégiée. Nous le disons avec force et détermination : de tels actes sont intolérables.

Nous ne pouvons ignorer que cet incendie intervient dans un contexte délétère alors que les Kurdes combattent Daech en première ligne. La vague de répression orchestrée par le Président turc R.T. Erdoğan s’intensifie tandis qu’il soumet à référendum son projet de nouvelle loi fondamentale autoritaire et antidémocratique.

Notre dignité a été touchée en plein cœur. Nous dénonçons un acte ignoble et lâche et nous ne céderons pas aux méthodes d’intimidation. Chaque fois que l’Etat turc a voulu nous réduire en silence, nous sommes sortis vainqueurs. Ses méthodes fascistes, nous les connaissons bien : l’année dernière, des dizaines de nos camarades ont été brûlés vifs dans les caves, mais leurs cris, leurs espoirs sont restés vains.

Le Conseil démocratique kurde de Nantes demande qu’une enquête soit menée dans les plus brefs délais pour faire la lumière sur ces événements. Nous réaffirmons notre détermination pour protéger notre centre, mais aussi pour lutter contre l’obscurantisme chaque fois que cela sera nécessaire. Nous appelons l’ensemble des forces démocratiques à condamner ce crime, et à soutenir les Kurdes dans les luttes à venir. Les crimes et les violences ne feront pas taire le peuple kurde.

Fait à Nantes, mercredi 12 avril 2017