Le cri de réprobation d’Emmanuelle Collas, horrifiée par tant de haine, mais pleine d’espoir

Je suis éditrice, française née à Caen, habitant à Paris, mais depuis longtemps je me suis enracinée au Proche-Orient, dont j’aime les cultures, les terres, les langues… Aujourd’hui je me sens perdue, condamnée comme vous à assister impuissante au terrible massacre perpétré en toute impunité en ce moment même au Rojava…

Tenir, c’est le mot qui lui vient

Garder le cap est devenu difficile depuis la guerre civile en Syrie et les milliers d’arrestations de progressistes en Turquie. Il aura fallu tenir après la bataille de Kobanê, après Charlie-Hebdo, après les attentats du 13 novembre, après l’ultime bataille d’Alep, celle de Mossoul, puis de Raqqa… et lors de l’invasion du canton d’Afrin… et encore, depuis la fin de l’année 2018, lors des menaces sur Manbij… et toujours plus de prisonniers politiques en Turquie.

Emmanuelle Collas, qui a traduit et publié le dernier ouvrage de Selahattin Demirtaş : “Bir gün olur, devran döner” (La roue finira par tourner), crie son désespoir mais témoigne de sa confiance en l’avenir : tenir, oui il faut tenir.

Tenir car les Kurdes du Rojava ont les mêmes valeurs que nous. Tenir car aujourd’hui il est une voix en prison dans le nord-ouest de la Turquie, aux confins de la Grèce et de la Bulgarie. Elle ne peut passer à la radio mais écrit des livres, cette voix, kurde de Turquie, s’appelle Selahattin Demirtaş.

« Il existait désormais une créature détestant et méprisant l’espèce humaine, une créature qui se prenait probablement pour un surhomme. Une de celles qui se considéraient comme des demi-dieux et qui se faisaient bâtir des palais luxueux sur les cadavres des autres. N’y avait-il pas d’alternative au fait d’être opprimé par une fausse idole? » Selahattin Demirtaş

André Métayer