Le Kurdistan au festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo

La 27ème édition du festival du livre et du film Étonnants Voyageurs se tiendra à Saint-Malo du 14 au 16 mai. Elle parlera beaucoup des chaos du monde et réunira plus de 200 auteurs d’une vingtaine de pays, Plus de 300 rencontres seront proposées au public, parmi lesquelles celles avec Mylène Sauloy, Pascale Bourgaux, Nishtiman et Gérard Chaliand.

« Kurdistan, la guerre des filles » de Mylène Sauloy

Jeunes recrues ou plus anciennes, ces femmes, qui luttent en première ligne contre le prétendu Etat islamique (EI), défendent dans le même mouvement – et le même sourire – l’égalité et la parité. Mais cette armée de femmes, formée militairement et politiquement, qui porte haut le projet d’une société affranchie du patriarcat, s’inscrit dans un mouvement de résistance déjà ancien, créé il y a bientôt quarante ans en Turquie autour de Sakine Cansiz. Cofondatrice du PKK, assassinée avec deux autres militantes kurdes à Paris le 10 janvier 2013, celle-ci a inspiré des générations de femmes. Passionnant, ce documentaire en forme d’hommage montre comment une utopie salvatrice s’inscrit sur le terrain. Un féminisme vivifiant, servi par une remarquable maturité politique.

Grandir sous les palmiers de Marrakech, rejoindre la Colombie par passion pour le continent latino-américain, par passion tout court, aller en Tchétchénie sous les bombes pour témoigner de la formidable résistance des civils, inventer des caravanes de solidarité, apprendre le russe, imaginer des banquets géants, tourner en Amazonie et se lancer dans le web-documentaire avec un appétit féroce, rêver de camion autonome pour monter ses films au milieu des vallées les plus isolées de la planète… Quelques-uns seulement des rêves de Mylène Sauloy, tous devenus réalité. Parce que, pour Mylène, rien n’est impossible, pas même déplacer les montagnes

sur BED – Bretagne et Diversité.

« Femmes contre Daech » de Pascale Bourgaux

Face à l’EI, des centaines de jeunes femmes kurdes ont pris les armes et se battent tous les jours, en première ligne de front. Armées de leur courage, de leur détermination et de leurs youyous, elles font fuir les djihadistes. Qui sont-elles ? Pourquoi se sont-elles engagées dans la guérilla ? Le film raconte l’histoire de Viyan, 25 ans, snipeuse et l’une des plus jeunes commandantes de la guérilla et Ararat, 25 ans elle aussi, directrice d’un centre d’entraînement. Nous les suivons pendant les combats sur le terrain, dans leurs villages, leurs bases, mais aussi dans leur intimité.
Pascale Bourgaux, grand reporter, connaît le danger, elle qui a couvert les conflits armés au Kosovo, en Irak ou encore en Afghanistan :

je me demande parfois ce que je fous là. Comment je me plonge dans certaines galères. Je ne suis ni inconsciente ni suicidaire. De manière générale, j’ai d’ailleurs le thermomètre de la peur plutôt bien réglé. Parce que oui, il faut avoir peur et tenir à la vie pour pratiquer ce métier.

Dans un livre dont elle est co-auteur avec Saïd Mahmoud, « Moi, Viyan, combattante contre Daech », elle raconte sa rencontre en mai 2015 avec Viyan, qui a pris les armes à 18 ans pour rejoindre les rangs de la guérilla et se battre contre l’État islamique. Un témoignage exceptionnel.

Nishtiman

Révélation musicale soutenue par France musique et France Inter, coup de cœur Télérama en 2015, le groupe Nishtiman avait donné un concert mémorable à l’Opéra de Rennes le 6 mars 2015.

Ils reviennent à Saint-Malo avec un nouveau répertoire. Le percussionniste Hussein Zahawy, à l’initiative du projet et le compositeur Sohrab Pournazeri, chanteur et prodige du tambûr (luth à manche long) et de kamanché (vièle à pique rustique) rassemblent cinq musiciens virtuoses, iraniens, irakiens, turc et français, pour célébrer la tradition musicale kurde dans toute sa diversité. L’harmonie des voix, la dextérité du joueur de tambûr, le son du Duduk plongent le spectateur dans une transe hypnotique jusqu’à le transporter au sommet des montagnes kurdes.

Hussayn Zahawy, kurde d’Irak, d’une famille de Peshmergas, est né en 1980 au Kurdistan d’Iran où sa famille avait trouvé refuge après que son père, emprisonné et condamné à mort par le régime de Saddam Hussein, ait réussi à s’enfuir. Musicien autodidacte, comme il se définit lui-même, il éprouva une véritable passion pour le daf, le très populaire tambour kurde, instrument qui le mena jusqu’à l’école ethnomusicologique d’Etudes Orientales et Africaines de Londres.

« Pourquoi perd-on la guerre ? » de Gérard Chaliand

Écrivain, historien, poète, traducteur, maître de conférences, Gérard Chaliand est aussi aventurier et spécialiste de l’étude des conflits armés et des relations internationales et stratégiques. A quatre-vingt ans passés, avec la publication de son livre “Pourquoi perd-on la guerre?”, il reste un observateur engagé des conflits irréguliers. Conjuguant l’histoire, la géopolitique et l’observation du terrain, Gérard Chaliand rappelle quels étaient les ingrédients de la victoire, et donc les raisons actuelles de l’échec, notamment au Moyen-Orient.

Dans cet essai percutant, Gérard Chaliand jette un regard lucide et décapant sur les interventions militaires occidentales […]. La profondeur historique de sa vision et la force de son analyse éclairent d’un jour nouveau l’imbroglio syrien.

(Hubert Védrine).

Gérard Chaliand avait été l’invité des Amitiés Kurdes de Bretagne en novembre 2011 et chacun se souvient de sa conférence donnée dans le cadre de la Semaine de Solidarité internationale (SSI), à l’auditorium de la Maison internationale de Rennes, intitulée “Terrorisme, Lutte armée, Résistance”.

Auteur de nombreux livres sur les guérillas et les « guerres asymétriques », Gérard Chaliand venait de publier aux éditions Robert Laffont “La pointe du couteau”, le premier tome de ses mémoires.

André Métayer

  • Nishtiman : samedi 14 mai à 21h, Théâtre de la Ville de Saint-Malo, 6, place Bouvet, St-Servan.
  • Femmes contre Daech : dimanche 15 mai à 21h, Théâtre Châteaubriand, débat avec Pascale Bourgaux.
  • Kurdistan, la guerre des filles : samedi 14 mai à 17h15, La Grande Passerelle – Salle 3, débat avec Mylène Sauloy.
  • Dire, penser la guerre : dimanche 15 mai à 16h15, Théâtre Chateaubriand, débat avec Gérard Chaliand auteur du livre : Pourquoi perd-on la guerre ?
  • Construction de la mémoire : lundi 16 mai à 11h15, Vauban salle 1, avec Gérard Chaliand.