Le procès contre Figen Yüksekdağ, députée et coprésidente du HDP, s’ouvrira le 4 juillet

La coprésidente du HDP Figen Yüksekdağ, arrêtée le 4 novembre 2016 en même temps que le coprésident Selahattin Demirtaş et 7 autres députés du HDP, va comparaitre devant la 16ème Cour criminelle d’Ankara le 4 juillet 2017. Selahattin Demirtaş devra attendre jusqu’au 6 septembre pour comparaître devant ses juges.

Figen Yüksekdağ est détenue depuis 8 mois dans la prison de type F de Kandira à Kocaeli, sur les bords de la Mer Noire, à 15 heures de route de Diyarbakir (1 300 km), où se trouvent également incarcérées Sebahat Tuncel, ancienne députée et co-présidente du DBP, Gültan Kışanak, ancienne députée et maire de Diyarbakir, Gülser Yıldırım, députée de Mardin, Çağlar Demirel, députée de Diyarbakir et bien d’autres qui attendent également de comparaitre devant un tribunal.

Il est reproché à Figen Yüksekdağ d’avoir fondé ou dirigé une organisation terroriste, de faire la propagande pour une organisation terroriste, d’avoir incité la population à la haine et l’hostilité, de l’avoir poussée au crime, incitée à violer la loi, à participer à des manifestations et à des réunions interdites. L’acte d’accusation comporte pas moins de huit dossiers reposant sur les discours prononcés en tant que dirigeante du HDP, dans lequel il lui est reproché d’avoir qualifié de “résistance” les manifestations qui ont eu lieu dans les villes kurdes placées sous couvre-feu, d’avoir soutenu l’autonomie démocratique, d’avoir qualifié de “massacre” la mort de centaines de civils durant les opérations menées par les forces de sécurité turques, d’avoir appelé à manifester pour défendre Kobanê. A propos de ce dernier chef d’accusation, rappelons que, durant ces manifestations organisées à l’appel du HDP et qui se sont déroulées dans tout le pays, du 6 au 8 octobre 2014, la police turque avait usé d’une extrême violence, tuant au moins 50 personnes qui étaient pour la plupart des membres ou des sympathisants du HDP.

Figen Yüksekdağ

Figen Yüksekdağ est particulièrement visée en tant que femme et en tant que socialiste turque. Née en 1971 sur les bords de la Méditerranée, à Yumurtalık, près d’Adana, elle a connu la prison dès l’âge de 18 ans, ce qui fut déterminant pour son engagement militant dans l’ESP (Parti socialiste des opprimés), petit parti turc d’orientation marxiste-léniniste, très actif sur les questions politiques et sociales en Turquie, qui soutient également les luttes des organisations kurdes, notamment sur la question du Rojava ou face à la répression sanglante de l’Etat turc au Kurdistan. On se souviendra que l’attentat de Suruç du 20 juillet 2015 avait visé particulièrement de jeunes militants socialistes de l’ESP qui s’étaient rassemblés pour participer à un programme de reconstruction à Kobanê.

Journaliste, Figen Yüksekdağ fut une rédactrice en chef d’un magazine pour la jeunesse, Özgür Gençlik Dergisi, très attentive à la cause des femmes. Elle fut élue le 22 juin 2014 co-présidente du HDP et est entrée en 2015 comme députée de Van dans la “Grande Assemblée” de Turquie.

Appel à observateurs pour suivre le procès de Figen Yüksekdağ

En ciblant des membres non kurdes du HDP, cette répression vise à détruire la coalition multi-ethnique, multilinguistique et multiculturelle qu’incarne notre parti. A travers la personne de Figen Yüksekdağ, elle porte atteinte à la parité et à la représentation des femmes dans la vie politique,

s’insurge Hisyar Ozsoy, responsable de la commission des affaires étrangères du HDP, qui lance un appel pour que des délégations viennent à Ankara soutenir Figen Yüksekdağ.

Première audience : le 4 juillet 2017 à 14h, devant la 16ème Cour criminelle d’Ankara.

André Métayer