Les Amitiés kurdes de Bretagne à Çukurca

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C’est un événement de voir arriver une délégation étrangère à Çukurca (Çelê en langue kurde). Rares sont les journalistes étrangers, encore moins les parlementaires, qui ont visité ce chef lieu de district de quelques milliers d’habitants accroché à flanc de montagne à 1 200 mètres d’altitude. Cette région, frontalière de la province autonome kurde d’Irak, est un haut lieu de la résistance kurde et la population civile subit durement les contrecoups d’une guerre sans merci.

Mehmet Kanar, maire BDP élu en 2009, a été destitué après une condamnation à 6 ans et 8 mois de prison par la Haute Cour criminelle de Van pour avoir prononcé des discours jugés subversifs propres à “aider sciemment et volontairement l’organisation [le PKK]”. Il a fait appel de cette condamnation. Après quatre ans de procédure sans résultat, le conseil municipal de Çukurca a élu à l’unanimité Hidir Demiroglu le 29 mars 2013 en remplacement de Mehmet Kanar, qui soutenait la candidature de son ancien adjoint. cukurca.jpg

Les Amitiés kurdes de Bretagne se sont rendues à plusieurs reprises à Çukurca, notamment en 2009, précisément à l’occasion des élections municipales où plusieurs de leurs membres ont accompagné les représentants de l’HID (Association turque des Droits de l’Homme) pour observer les opérations de vote.

En octobre 2011, une série d’attaques coordonnées contre 8 postes militaires turcs a fait 24 morts et 18 blessés dans les rangs de l’armée turque et 5 parmi les combattants du HPG, l’aile militaire du PKK. Ce fut l’attaque la plus meurtrière de ces dernières années, menée par une centaine d’hommes armés opérant depuis les montagnes du Kurdistan irakien. La riposte turque fut ponctuée par une série de bombardements aériens et par l’envoi de commandos aéroportés en territoire irakien pour pourchasser les assaillants.

La délégation, qui s’est rendue le 27 avril à Çukurca, a été chaleureusement accueillie par Hidir Demiroglu, nouveau maire en exercice, Mehmet Kanar, l’ancien maire et Servet Tunc, responsable local du BDP.

La route du retour a été marquée par un incident significatif : la délégation s’est vue interdire de prendre la route passant par Roboski, au motif que la circulation des étrangers, dans cette zone, serait réglementée par une nouvelle loi. Ce prétexte est sans doute à mettre en rapport avec le rapport publié à la suite de notre passage à Roboski en avril 2012. Personne n’a oublié l’acte délibéré de l’aviation turque faisant 34 morts parmi les habitants de Roboski, en majorité des enfants.

André Métayer