Les dirigeants kurdes sont excédés

Nous sommes tous coupables, arrêtez-nous!” a scandé une foule de plusieurs milliers de personnes qui s’était réunie après l’annonce du réquisitoire du procureur demandant le placement en détention des prévenus ; encerclés par les panzers de la police, les manifestants parmi lesquels des députés, des maires, le Président du BDP, ont entamé un sit-in de protestation.

Libérez nos camarades ou bien arrêtez-nous tous“, a déclaré Selahattin Demirtas, député de Diyarbakir :

l’AKP cherche à reprendre par le biais de la voie judiciaire tous les lieux stratégiques qu’il a perdu dans les urnes. Les élections ont été remportées de manière légitime par le peuple de Diyarbakir, et chacun doit être respectueux de ce choix. Le peuple continuera de soutenir ses représentants. S’adressant aux représentants du gouvernement, il poursuit : Allez droit au but : si nous avons commis un délit, il a été commis par nous tous ; alors : arrêtez-nous, la loi doit s’imposer à tous de la même manière.

Même écho chez les autres députés, Gültan Kýþanak, Sevahir Bayýndýr, Ayla Akat Ata, Ýbrahim Binici, Özdal Üçer, qui, avec Selahattin Demirtas, Emine Ayna, co-Présidente du DTP dissout, Demir Çelik, Président du BDP, Osman Baydemir, Maire de Diyarbakir ont signé une déclaration commune : “nous avons commis les mêmes délits, alors arrêtez-nous“.

Osman Baydemir, Maire de Diyarbakir, a précisé que le directeur du DISKI (organisme gérant les eaux et canalisations) de la ville de Diyarbakir avait été arrêté au motif qu’il aurait failli à sa tâche :

s’il y a faute, je suis aussi responsable ; je suis là… Arrêtez-moi.

Et de poursuivre :

J’ai commis exactement les mêmes “méfaits” que Necdet Atalay (maire de Batman) et que tous les autres maires interpellés !… Alors arrêtez–nous, arrêtez tous les hommes politiques kurdes intègres, ou bien relâchez immédiatement ceux que vous détenez… 9 mois se sont écoulés depuis les élections et, depuis 9 mois cette ville (Diyarbakir) est déstabilisée ; depuis 9 mois, on ne peut plus rien produire, Il y a une rafle tous les 10 jours, un jour c’est mon Directeur général qui est emprisonné, demain, c’est mon Secrétaire général qui le sera, aujourd’hui c’est le tour de mon premier adjoint, demain ce sera celui d’un autre. Nous disons “stop” à cette politique. Ou alors : allez-y franchement, arrêtez-nous tous ; prenez-la ville et dirigez la!