Les grévistes de la faim de Strasbourg ont mis fin à leur action

Les Kurdes de Strasbourg, en grève de la faim depuis le 1er mars dernier, ont pris en considération l’appel d’Abdullah Öcalan qui avait fait savoir qu’il ne souhaitait pas la continuation des grèves de la faim jusqu’à la mort.

“Vous avez atteint votre objectif en attirant l’attention du monde entier” est le message que leur a envoyé la présidence du KCK (Union des Communautés du Kurdistan), rappelant que les conditions de détention d’Abdullah Öcalan restaient, avec l’exigence de sa libération, la priorité : “Guerre ou paix? Une des réponses se trouve dans le sort réservé à notre leader”.

Les Kurdes de Strasbourg ont donc annoncé la fin de leur mouvement ce samedi à 12 heures. Il aura duré 52 jours : à son 52ème jour, notre action dispose d’un très large soutien. Nous sommes aujourd’hui convaincus par les dernières déclarations que les institutions européennes vont effectuer les premiers pas dans la voie de la cessation de l’isolement qui pèse sur le Président Apo (Abdullah Öcalan). A ce titre, les déclarations du Secrétariat du Conseil de l’Europe du 13 avril, de la Présidence du Parlement Européen du 18 avril, du conseil exécutif du KCK du 20 avril et de nombreuses rencontres faites avec différents amis ont permis de renforcer notre conviction en ce que nos revendications seront entendues par les différentes institutions et traduites en pratique. Afin de permettre à ces institutions d’accélérer leur action et de travailler dans de meilleures conditions, nous déclarons que notre grève de la faim a atteint ses objectifs et qu’à partir de ce jour nous mettons fin à cette action.

Nous tenons à remercier du fond du cœur le peuple Kurde, les amis européens et turcs et la presse alternative et d’opposition qui par leurs actions et leurs idées ne nous a jamais laissés seuls.

Enfin, nous n’oublions évidemment pas de remercier les responsables de l’Eglise Saint Maurice qui ont non seulement accepté de nous héberger mais qui ont été solidaires de notre action et nous ont accompagnés dans nos actions diplomatiques.

Ont pris également la parole le père Steyert, curé de la paroisse Saint-Maurice, Marie-Christine Vergiat, députée européenne et Bernard Revollon au nom du comité de soutien et de la CNSK (Coordination nationale Solidarité Kurdistan).

Ces grèves de la faim, dans les prisons turques et dans de nombreuses villes de Turquie et d’Europe (nous avons déjà mentionné celles de Strasbourg, de Rennes et de Lorient) ont suscité un mouvement d’opinion : de nombreuses personnalités politiques et religieuses sont intervenues auprès des institutions européennes pour qu’elles fassent pression sur la Turquie afin de trouver une solution à la question kurde. La CNSK a interpellé à ce sujet tous les candidats à la présidence de la République française. Des députés kurdes, dont Leyla Zana, prix Sakharov 1994, se sont également déplacés à Strasbourg, pour soutenir les grévistes. Tous et toutes, tout en respectant leur mouvement et en se déclarant solidaires de leurs revendications, leur avaient demandé de ne pas mettre leur vie en danger.

Il faut également saluer le travail du comité de soutien qui a accompagné les grévistes au jour le jour et aidé à populariser leur action, ainsi que celui de Fidan Dogan du CIK de Paris (photo avec Hélène Flautre, députée européenne et le porte parole des grévistes).

Nous attendons maintenant un geste fort du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, qui s’était dit “fort préoccupé pour les femmes et les hommes qui mettent leur santé et leur vie en danger” et qui avait jugé la grève “contre-productive quant à ce que peut faire le Conseil de l’Europe.” Il y va de sa crédibilité.

André Métayer