Les Kurdes syriens, objet de toutes les attentions

Des le 10 juillet, sous la houlette du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, l’union s’est faite pour contrôler la région kurde de Syrie entre tous les partis kurdes syriens et le principal parti kurde, le Parti de l’Union Démocratique (PYD) qu’on dit proche du PKK et qui travaille depuis quatre ans sur un projet d’autonomie pour la Syrie. Les Kurdes syriens peuvent compter sur la solidarité de leurs frères en Irak mais aussi dans toutes les parties du Kurdistan.

J’invite la nation kurde tout entière, tous les mouvements kurdes et tous les représentants kurdes à aider notre peuple là-bas, en Syrie. Nous sommes à leur côté. Cette conférence d’Erbil, cette conférence nationale, est d’une importance majeure pour notre unité

a déclaré le 19 février dernier à Erbil Selahattin Demirtaş, co-président du BDP, devant Massoud Barzani qui lui-même a repris :

nous allons soumettre aujourd’hui cette question de l’autodétermination car nous considérons que nous avons droit à l’autodétermination.

Et dernièrement à Mardin, Ahmet Türk, co-président du Congrès pour une Société Démocratique (DTK – une plateforme d’associations et mouvements kurdes dont le BDP, parti kurde légal de Turquie) précisait:

que tout le monde sache : les quatre parties du Kurdistan seront unies. Les Kurdes syriens sont libres parce qu’ils étaient organisés. Les voix de la liberté franchissent les frontières et font échos au Kurdistan.

La Turquie au bord de la crise de nerfs

Face à cette nouvelle stratégie du mouvement kurde, la Turquie s’affole, multiplie les mises en gardes et appelle à la solidarité tous ses alliés et protecteurs, à commencer par les États-Unis. La presse s’en fait largement écho : “Turquie : la multiplication des attaques du PKK fait craindre un débordement du conflit syrien” (RFI). “Les pires cauchemars de la Turquie sont en train de prendre forme en Syrie” (Le Nouvel observateur). “Quant à la Turquie, elle surveille au plus près sa frontière sud, très préoccupée par l’autonomie que pourraient acquérir les Kurdes de Syrie” (L’Express). “Le nord-est de la Syrie est désormais sous haute surveillance, tant à Ankara qu’à Washington” (Le Parisien). “La crise syrienne a permis aux forces armées kurdes de prendre le contrôle du nord du pays” (Le Point). “Les Kurdes syriens donnent des sueurs froides à Ankara” (France 24). “La hantise de la Turquie, qui voit à sa frontière se multiplier les villes sous influence kurde, serait de voir émerger une seconde entité kurde autonome” (Le Monde). “Un État kurde en Syrie renforcerait le PKK” (Zaman France). “La frontière turco-syrienne est en ébullition. Il faut dire que la prise de pouvoir de l’Union démocratique du Kurdistan (PYD) dans la région a de quoi inquiéter le gouvernement” (Hürriyet).

La question d’une intervention turque a déjà été discutée avec Hillary Clinton, lors de sa récente visite à Ankara, qui a dit partager les inquiétudes de la Turquie estimant que la Syrie ne peut devenir un sanctuaire pour les rebelles kurdes.

Le drapeau kurde flotte au Kurdistan occidental

kurdistan_syrien.jpgLa région kurde de Syrie est, pour l’instant sous contrôle des partis politiques kurdes syriens, principalement du Parti de l’union démocratique (PYD). La sécurité est assurée par ses “unités de défense populaire” (HPG) et des comités locaux de citoyens ont été formés pour régler les questions de la vie quotidienne (éducation, santé, commerce, rapport avec l’administration…). Le calme règne et le climat tranche singulièrement avec le reste de la Syrie où les combats font rage.

C’est le fruit d’une politique qui, tout en se situant clairement dans l’opposition, n’a pas rejoint la rébellion. Hussein Kotcher, représentant du PYD en Irak, résume la position :

nous ne sommes pas en accord avec la ligne tracée par les Américains, le Qatar et la Turquie pour soutenir les islamistes. Mais nous ne soutenons pas plus le plan de l’Iran, de la Chine et de la Russie pour protéger le régime d’Assad.

André Métayer