Les tartufferies du grand Mamamouchi

Lors d’un discours retransmis à la télévision turque ce mardi et repris par toute la presse, assez complaisante en l’occurrence, le président turc Recep Tayyip Erdoğan est revenu sur l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, affirmant qu’à ce stade tous les éléments découverts indiquent que Jamal Khashoggi a été victime “d’un meurtre sauvage” et que les preuves confirment le caractère “prémédité d’un assassinat politique”. Et d’ajouter, imperturbable : “la conscience internationale ne sera apaisée que lorsque toutes les personnes impliquées, des exécutants aux commanditaires, auront été punies”.

On croit rêver !!!

Nous aimerions que les autorités françaises reviennent sur l’assassinat les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez, froidement assassinées d’une balle dans la tête en plein Paris le 9 janvier 2013. Si par pudeur ou calcul, elles ne désignaient pas nommément le président turc Recep Tayyip Erdoğan comme le commanditaire de ce triple crime, elles pourraient affirmer qu’à ce stade “les preuves confirment le caractère prémédité du triple meurtre” et que “la conscience internationale ne sera apaisée que lorsque toutes les personnes impliquées, des exécutants aux commanditaires, auront été punies”, sachant que le réquisitoire définitif du Procureur de la République de Paris conclut à l’implication directe des services secrets turcs, le MIT, placés directement sous la responsabilité du chef de gouvernement, Recep Tayyip Erdoğan, à l’époque, dans l’instigation et la préparations des assassinats.

Sachant également que le Tribunal permanent des Peuples, instance internationale indépendante des Etats, a prononcé le 24 mai dernier une condamnation sévère de L’Etat turc : “reconnu coupable de crimes d’Etat, comprenant des assassinats ciblés, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, commises par différents groupes des forces de sécurité et des services secrets, en Turquie et à l’extérieur, en particulier en France (dont l’assassinat à Paris des trois militantes kurdes Sakine Cansiz, Leyla Saylemez et Fidan Rojbîn Dogan)”.

Sachant enfin que le TPP pointe l’absence d’investigations sérieuses pour rechercher la responsabilité des autorités turques, qui démontre une politique d’impunité soutenue par l’Etat.

Si Molière était de ce temps, Recep Tayyip Erdoğan aurait pu jouer un rôle dans l’une de ses tragi comédies. Il aurait au moins inspiré l’auteur qui excellait à dénoncer l’hypocrisie.

André Métayer