L’esprit munichois du Quai d’Orsay

Je suis atterré de la réponse de M. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères et ancien président du Conseil régional de Bretagne, aux questions orales posées le 24 janvier dernier au gouvernement par les députés Paul Molac (LREM) et Clémentine Autain (LFI) au sujet des évènements d’une exceptionnelle gravité qui se passent au Rojava (Nord Syrie).

Un ministre qui signe et persiste le 30 janvier suite à la même question posée avec la même insistance par Jean-Paul Lecoq, député PCF.

Les vidéos qui courent sur les réseaux sociaux sont dévastatrices pour l’image d’un ministre dont la réponse fait état d’une méconnaissance surprenante (ou d’une mauvaise foi assumée) d’un dossier maitrisé par ailleurs par un lobby parisien pro-turc qu’on ne cesse de dénoncer.

Elles suscitent colère et indignation, telles celles de François Legeait qui relève des maladresses, comme des lapsus (révélateurs ?) des amalgames (confusions des sigles) une évocation inappropriée (qui est ce commandant « Massoud » ou « Malsum » ou « Mahsum » dans le nord-est syrien ?) et surtout une mémoire sélective : ce ne sont pas les Peshmergas de Barzani , chers aux yeux du ministre, mais les forces combattantes du PKK, qualifiées de “terroristes”, qui ont sauvé les Yézidis d’un génocide.

C’est évidemment ici que le bât blesse : comme nous l’écrivions sur ce site, pour la énième fois depuis vingt ans, la diplomatie française et européenne peine à sortir du piège “PKK= terroriste”. C’est une imposture qui permet au président Erdoğan d’imposer sa politique dévastatrice pour la démocratie et à terme pour la paix. L’histoire nous apprend que céder au chantage d’un dictateur amène tôt ou (trop) tard à des situations inextricables.

André Métayer