Lettre de Gülcihan Şimşek, ancienne maire détenue depuis avril 2009

Gülcihan Şimşek, cadre territoriale, maire de Bostaniçi entre 2004 et 2009 (arrondissement de Van), est avant tout une militante, syndicaliste et associative, contre la violence faite aux femmes et contre la pauvreté.

Nous avons rencontré à plusieurs reprises Gülcihan Şimşek alors qu’elle était maire de Bostaniçi et nous avons tous été séduits par son courage tranquille et sa souriante détermination malgré les nombreux procès qui étaient odieusement instruits contre elle pour des motifs particulièrement ridicules, comme l’utilisation du corbillard municipal pour le rapatriement à Bostaniçi de la dépouille d’un militant kurde tué à Bingöl, l’organisation d’une conférence de presse en soutien à la télévision kurde en exil, ou l’utilisation de la langue kurde lors de la célébration de la fête du 8 mars (Journée internationale de la femme).

Elle est détenue sans jugement depuis avril 2009, un temps enfermée dans la prison de Mydiat avec d’autres femmes, en détention provisoire comme elle ou déjà condamnées à de lourdes de peines.

Elle nous écrit le 31 octobre de sa prison de Diyarbakir, située au cœur du quartier populaire de Bağlar, un courrier qui résonne comme un appel : bonjour. Voilà longtemps que je ne vous ai pas écrit. La grève de la faim commencée dans les prisons est fondée sur deux revendications : la levée des mesures inhumaines qui frappent “Sahin” (un terme de profond respect) Öcalan, levée assortie de garanties pour sa sécurité, sa santé et sa liberté et la suppression des restrictions pesant sur la langue kurde. Près de 700 de nos amis sont en grève de la faim illimitée dans plus de 60 prisons. Je pense que vous suivez la situation. J’espère que nos revendications seront satisfaites avant que des morts ne surviennent. J’espère que le droit à la vie sera respecté. Notre procès continue. Nous n’avons pas le droit ni de parler ni de nous défendre en kurde. Nous allons bien. J’ai voulu partager la situation que nous vivons avec vous, amis très chers et sensibles à notre cause.
Amitiés, respects et salutations.

Gülcihan Simsek

E Tipi Cezaevi BK1 – Baglar – Diyarbakir – Türkiye

André Métayer