Leyla Zana : ne pas faire du Kurdistan une seconde Palestine

Les manifestations se succèdent et Leyla Zana, députée de Diyarbakir, s’est adressée à Barack Obama, Président des Etats-Unis, Ban Ki-Moon, Secrétaire général de l’ONU, Anders Fogh Rasmussen, Secrétaire général l’OTAN, Jerzy Buzek, Président du Parlement européen, Herman Van Rompuy, Président du Conseil européen, Abdullah Gül, Président de la République de Turquie, pour dénoncer la politique mise en œuvre contre le peuple kurde et s’étonner du silence concernant les attaques dont il est l’objet.

Alors que le processus du changement et de la transformation connaît – tout le monde peut le constater – de nouveaux développements au Moyen-Orient, mon peuple est toujours privé d’une reconnaissance équitable au regard de l’Histoire et est contraint de lutter, au péril de sa vie, pour avoir le droit d’exister. Quand les Kurdes revendiquent un statut politique, l’opinion mondiale reste silencieuse. Cette attitude suscite chez mon peuple un grand étonnement.
Le vice-Premier ministre de Turquie, qui présente son pays comme un “modèle” pour le Moyen-Orient et qui conduit les négociations pour d’admission de la Turquie dans l’Union européenne, c’est celui-là même qui tente de justifier les derniers raids aériens sur Qandil dont les frappes ont tué une famille civile. […] Il est paradoxal, alors que les régimes dictatoriaux du Moyen-Orient tombent les uns après les autres de devoir faire face à une dictature moderne qui impose la “pensée unique”. Vouloir interdire ROJ TV, une chaîne de télévision kurde multilingue qui émet dans le monde entier, est significatif à cet égard. […] Le Kurdistan ne doit pas être une seconde Palestine et le triste exemple du Sri Lanka ne devrait pas être un modèle pour la Turquie : il ne devrait même pas être évoqué.

J’en appelle à votre conscience.

Protestation de la Coordination Nationale Solidarité Kurdistan (CNSK)

La CNSK a adressé un vigoureux communiqué de protestation contre l’invasion de la région autonome du Kurdistan irakien et lancé un appel aux autorités politiques françaises et européennes :

Criminaliser les dirigeants du BDP et du DTK, procéder à des arrestations massives font partie des moyens pervers utilisés par le gouvernement AKP pour barrer toutes les voies qui conduisent à une solution politique. La Turquie joue avec le feu, elle joue avec le futur de la région et compromet la chance d’une cohabitation pacifique entre les peuples kurde et turc. Nous demandons au gouvernement français et à l’Union européenne de condamner les opérations militaires transfrontalières menées par la Turquie, au motif qu’elles constituent des infractions au droit international et d’intervenir diplomatiquement pour que l’option militaire adoptée par la Turquie soit abandonnée au profit d’une négociation politique qui, seule, peut apporter une solution durable et juste à la question kurde.

André Métayer