Message historique d’Öcalan à son peuple : « aujourd’hui commence une ère nouvelle »

Nous sommes arrivés à une phase dans laquelle les armes doivent se taire et faire place à la lutte politique. Le temps de la lutte armée est révolu. Il faut créer les conditions pour un nouveau système démocratique qui va concerner non seulement les peuples anatoliens [[turcs, kurdes, assyro-chaldéens…]] mais également tous ceux de la Mésopotamie dont l’un des plus anciens est le peuple kurde.

C’est devant une foule énorme (entre 1 million et 1 million et demi selon les sources), rassemblée à Diyarbakir pour célébrer le Newroz, que Pervin Buldan, députée BDP d’Igdir et Sırrı Süreya Önder, député BDP d’Istanbul, ont lu, la première en kurde, le second en turc – tout un symbole ! – le message tant attendu du leader incontesté du peuple kurde, embastillé sur l’ilot d’Imrali depuis 14 ans et reconnu de fait aujourd’hui comme incontournable dans les négociations de paix turco-kurdes. Pervin Buldan et Sırrı Süreya Önder avaient été autorisés, avec Selahattin Demirtaş, à rencontrer Abdullah Öcalan le 18 mars dernier.

La foule ovationne ‘’Apo’’

En célébrant avec son peuple la fête du Newroz, fête de la lumière, de l’espérance et de la libération, ‘’Apo’’ (Abdullah Öcalan) a salué l’ouverture d’une ère nouvelle, une ère de paix et de fraternité et communiqué sa foi à une foule enthousiaste :

Paix, liberté, égalité, nous avons gagné la reconnaissance de notre identité. Le temps où l’identité kurde était niée est passé. Les guerres impérialistes ont créé des barrières artificielles. La refondation démocratique ne concerne pas que les peuples anatoliens mais aussi tous les peuples du Moyen-Orient. Ce moment présent n’est pas une fin, un aboutissement, c’est un nouveau départ. Une nouvelle porte s’ouvre qui nous invite à quitter le conflit armé pour aller vers la mise en place d’une politique de démocratisation. Nous avons payé un prix élevé, mais aucun des sacrifices n’a été inutile.

Le PKK, prêt à toute éventualité

En écho depuis le nord de l’Irak où se trouve le commandement militaire du PKK, Murat Karayilan déclare qu’il a parfaitement entendu le message d’Abdullah Öcalan demandant le retrait des combattants du territoire de Turquie – retrait qui sera d’ailleurs conditionné par un accord sur le rôle et la composition d’une commission parlementaire supervisant cette opération – mais ne disant mot d’un quelconque désarmement :

tout le monde doit savoir que le PKK est prêt à la paix comme à la guerre. Nous allons nous inscrire concrètement et avec détermination dans le processus lancé par le président Apo.

Le projet d’Abdullah Öcalan

Le processus lancé va au delà d’un accord a minima, l’ambition affichée étant d’œuvrer à la création d’une Confédération démocratique du Moyen-Orient où tous les composants de cette région trouveraient leur place avec leurs différences et leur autonomie. Le projet d’Abdullah Öcalan, qui ne peut être considéré comme un simple projet de paix entre Turcs et Kurdes, repose sur trois axes : la démocratisation de la Turquie, l’autonomie démocratique pour les Kurdes et la confédération moyen-orientale, la démocratisation de la Turquie étant la première étape.

André Métayer