Özgür Gündem de nouveau dans les kiosques

Depuis le 4 avril 2011, le quotidien kurde Özgür Gündem est de nouveau autorisé à paraître. Pour les Amitiés kurdes de Bretagne, fut le premier contact avec la réalité brutale de la répression au Kurdistan : c’est lors de sa première mission en mars 1994, à l’occasion du Newroz (fête du nouvel an kurde) que la “délégation rennaise Kurdistan” a franchi, à Diyarbakir, la porte blindée du journal kurde pour se retrouver dans le bureau du directeur. Les portraits de tous ses prédécesseurs assassinés étaient affichés au mur (notre photo). 27 journalistes avaient été assassinés avant que ne soit prononcée, le 14 avril 1994, la fermeture définitive de ce quotidien, dont l’autorisation de parution datait de moins de deux ans (30 mai 1992).

Les petits vendeurs de journaux étaient aussi la cible des tueurs des forces spéciales (JITEM et Hizbul-Contra) : la délégation fut d’ailleurs témoin d’une tentative de meurtre en direct, dans la vieille ville de Diyarbakir. Elle fit fuir l’agresseur.

“Özgür Gündem de nouveau dans les kiosques” mais, pour autant, la liberté de la presse est loin d’être une réalité, comme le souligne un rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) :

A l’heure actuelle, 57 journalistes se trouvent en prison en Turquie et le nombre des procès en cours, qui peuvent déboucher sur l’incarcération de journalistes, est estimé entre 700 et 1 000

a déclaré dans un communiqué Dunja Mijatovic, la représentante de l’OSCE pour la liberté des médias.

Ozgur_Gunden01.jpgLes arrestations et les condamnations touchent aussi, maintenant, les journalistes enquêtant sur un complot présumé contre l’actuel gouvernement AKP.

Le parquet d’Istanbul a fait à ce sujet une déclaration pour le moins surprenante : ces journalistes n’auraient pas été inculpés pour leurs écrits ou leurs opinions mais en raison “de preuves qui ne peuvent être rendues publiques”.

André Métayer