Özlem Ozen, coordinatrice de DIKASUM : “la lutte des femmes n’est pas un choix, c’est une obligation”

Le 24 mars dernier, à Sümmerpark (Diyarbakir), une délégation des Amitiés kurdes de Bretagne a rencontré DIKASUM, une association de femmes kurdes, attachée à la mairie métropolitaine de Diyarbakir et membre du DOKH (Demokratik Özgür Kadın Hareketi – Mouvement démocratique des Femmes libres).

Créée en 2001 par les femmes du DTP (parti pro kurde dissout après sa victoire aux élections locales de 2009 et remplacé par le BDP), elle fonde son action à partir de cet axiome : seule l’émancipation des femmes permettra la libération de la société. Notre interlocutrice, Özlem OZEN, coordinatrice, cite Abdullah Öcalan : « lorsque la femme kurde sera libre, le peuple kurde sera libre ».

Les femmes, principales victimes de la guerre

Les femmes, estime-t-elle, sont les principales victimes de la guerre, et notamment lors des déplacements forcés de population. Ces déplacements ont provoqué des difficultés économiques, un isolement social et institutionnel, auxquels s’ajoutent les problèmes liés à l’absence d’infrastructures dans les quartiers, rendant les femmes encore plus vulnérables face au phénomène des violences domestiques.

DIKASUM recueille les plaintes des femmes victimes de violences et recherche des solutions avec elles. Elle possède des sections dans quatre quartiers de Diyarbakir (dont Ben u Sen), organisées autour de laveries qui permettent de soulager les femmes d’une lourde charge de travail quotidien, tout en leur ouvrant un espace de vie sociale avec un soutien psychologique et des activités culturelles comme des cours de kurde, d’informatique, de musique… DIKASUM met également en place une éducation préscolaire gratuite (pour les enfants de 3 à 5 ans), avec l’aide de la mairie.

Foyer DIKASUM : un espace de vie sociale

C’est en 2008 que DIKASUM a ouvert son premier foyer pour les femmes victimes de violences, domestiques ou carcérales, qui vont souvent jusqu’à mettre en danger leur vie même. Accueillies sans discriminations, ni ethniques ni religieuses, ces femmes, dont la prise en charge est assurée par la mairie de Diyarbakir, peuvent y séjourner aussi longtemps que nécessaire.

Ces foyers font l’objet de pressions de la part du gouvernement, pour qui ces actions sont avant tout politiques et assimilées au KCK. Beaucoup de militantes féministes sont actuellement incarcérées. Özlem est elle-même sous le coup d’une peine de prison avec sursis pour avoir organisé une manifestation dans le cadre de la journée internationale contre les violences faites aux femmes (le 8 mars). DIKASUM mène également des actions communes avec d’autres associations en faveur des femmes détenues.

Appel de DIKASUM à la solidarité des femmes en Europe

Özlem précise que cette lutte n’est pas un choix, mais une obligation, et cite à nouveau Öcalan : “nous n’avons pas peur de la guerre, nous n’aurons pas peur de la paix ! “, avant de conclure en regrettant que malgré des contacts avec de nombreuses associations de femmes en Europe, aucun partenariat n’existe encore à ce jour.

AKB se promet de relayer l’information auprès des associations féministes en France et de favoriser les contacts.

François Legeait