Présentation de l’atelier de kilims de Hakkari

L’atelier de kilims Rengin a été monté à Hakkari par l’association régionale kurde Göç-Der, qui a pour but de venir en aide aux personnes déplacées à la suite des opérations militaires.

Rengin préserve un savoir-faire menacé par les déplacements de population et resocialise les femmes, en leur permettant de gagner leur vie et celle de leurs familles dans la dignité d’un salaire modeste et d’un traitement respectueux.

Les tisseuses

Les tisseuses de Rengin sont les femmes des familles “déplacées” dans les années 90 qui ont du fuir leurs villages.
Ces familles se sont réfugiées aux abords de la ville de Hakkari dans des conditions de vie épouvantables, que la municipalité essaie d’améliorer avec le très faible budget qui est le sien.
Essentiellement constituées de paysans, ces familles vivent non seulement dans des conditions matérielles très difficiles (hygiène, promiscuité…) mais sont aussi aliénées dans leurs valeurs et modes de vie. Hakkari compte plus de 70% de chômeurs, alors comment survivre sans racines ni travail “à
la ville” ?
L’atelier de kilims Rengin offre d’une part une aide matérielle aux familles kurdes déplacées et d’autre part aide à perpétuer la tradition kurde du tissage, qui avait presque été anéantie par la guerre de ces dernières années… sans parler de la re-socialisation de ces femmes éprouvées.

Qu’est-ce qu’un kilim?

Le mot “kilim” signifie tissage à plat en turc. Les kilims sont tissés verticalement et non noués comme les tapis.
La technique du tissage est un entrelacement de fils de chaînes (fils verticaux, disposés sur toute la longueur du kilim) et de fils de trames colorés. Ces fils horizontaux, en passant en dessus et au dessous des fils de chaîne forment les motifs. Si la couleur d’un motif jouxte une autre couleur, le fil n’est pas tendu jusqu’au bout de la rangée mais repart vers l’arrière. C’est de cette façon que se dessinent les motifs géométriques. Pour qu’il n’y ait pas de trous, il faut que le fil de fin soit fermement arrêté.

Leurs motifs décoratifs, les ornements à l’aspect archaïque proviennent de la tradition populaire. On y trouve des motifs symboliques liés à l’environnement et aux conditions de vie : le serpent à deux têtes signifie l’hypocrisie envers la femme, le pied de chèvre exprime la vie, l’animal le courage… La beauté individuelle de chaque kilim réside sans aucun doute dans le secret de ses motifs et dans l’harmonie de ses couleurs.

Le tissage

Le tissage des kilims était traditionnellement le travail hivernal des femmes kurdes. Elles tissaient les kilims pour leur usage quotidien : tentures pour délimiter des espaces de leur tente, tapis, berceaux, coussins, sacoches, couvertures de selle ou simplement pour recouvrir des provisions.

Tissés par les jeunes filles pour leur trousseau de mariage, certains kilims, dont la beauté faisait leur fierté, étaient conservés dans des coffres comme valeurs sures susceptibles d’être troquées en cas de besoin. Le tissage du kilim représentait pour elles un mode d’expression comme la peinture ou la poésie, leur permettait d’exprimer leur personnalité, leurs craintes, leurs espoirs, leurs sentiments.

Chaque kilim Rengin tissé selon les méthodes traditionnelles traduit encore aujourd’hui, par ses motifs, ses ornements géométriques et ses compositions de couleurs, l’histoire de la vie de sa créatrice.

AKB-presentation_kilims_hakkari