Raqqa : l’assaut final a été lancé le 6 juin 2017

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance kurdo-arabe composée principalement de combattants kurdes des Unités de Protection du Peuple (YPG/J) et soutenue par la Coalition internationale dirigée par les Etats Unis, sont entrées dans Mechleb, un quartier est de Raqqa.

Elles ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments dans ce secteur. Centre opérationnel pour les djihadistes du prétendu Etat islamique (EI), Raqqa est en Syrie l’égale de Mossoul en Irak. Cette importante ville de 300 000 habitants était tombée en 2014 aux mains de l’EI qui en avait fait la capitale de son “califat”. Les combattants des FDS, qui enserrent peu à peu cette ville depuis 7 mois, ont déjà pris le contrôle d’une vaste région et notamment de la ville de Tabqa, de son aéroport et du barrage hydroélectrique stratégique qui enjambe l’Euphrate, le plus grand barrage du pays, constituant une potentielle arme de destruction massive quand il était aux mains des djihadistes.

Les YPG, fer de lance des FDS

Les combattants progressent grâce à l’appui de la coalition internationale où la France prend sa part, comme l’a souligné la nouvelle ministre des armées, Sylvie Goulard, en confirmant que la France avait des forces spéciales en Syrie “pour des opérations ponctuelles”. Le Pentagone ne fait pas mystère de son appui massif avec ses forces spéciales, une assistance au sol, une couverture aérienne, des livraisons d’armes et le justifie, au grand dam de la Turquie : “les YPG sont le fer de lance de la coalition des FDS, elle-même la seule force capable de prendre Raqqa dans un futur proche”. Donald Trump s’est voulu rassurant vis-à-vis de son allié turc mais n’a pas révélé les types d’armes fournis pour reprendre Raqqa. Sur le terrain on parle de véhicules blindés de l’avant, d’artillerie lourde et légère, d’armes anti-char. Le général américain Steve Townsend, qui commande les forces de la coalition internationale, a averti dans un communiqué que la bataille sera “longue et difficile” mais qu’elle “assénera néanmoins un coup décisif au califat de l’EI”.

Risques pour les civils

Selon « l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme », une frappe aérienne de la Coalition internationale aurait fait 21 morts parmi des civils qui tentaient lundi de fuir Raqqa. 200 000 personnes auraient déjà fui mais les Nations-unies ont exprimé leurs craintes pour la sécurité de plus de 400 000 civils, dont des femmes et des enfants, potentiellement pris au piège des combats dans la ville de Raqqa. Selon Médecins sans frontières, la fuite des civils s’accélère : “800 personnes par jour arrivent dans le camp de déplacés d’Aïn Issa, situé à une trentaine de kilomètres au nord de Raqqa”.

La Turquie à l’affut

Le président Erdoğan a averti les Etats-Unis que la Turquie ne prendra pas part à une opération pour reprendre Raqqa aux côtés des YPG/J, qu’il considère comme une menace “terroriste” pour son pays. Il a également vivement réagi à la décision américaine de livrer des armes aux YPG, décision qu’il a qualifiée de “dangereuse” et a demandé au président Trump de revenir sur cette décision. Mais la chute prévisible de Raqqa semble le faire réfléchir et il n’exclut plus, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, une intervention de la Turquie : “que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, nous n’hésiterons pas à prendre les mesures nécessaires pour la sécurité de notre pays et de notre peuple. Nous l’avons fait par le passé et si cela est nécessaire, nous le referons” (Anadolu). Que se passera-t-il après la prise de Raqqa ? Trump, l’imprévisible, lâchera-t-il les Kurdes ?

André Métayer