Sinjâr, terre d’asile pour les Yézidis, point stratégique pour les djihadistes

La région de Sinjâr (Şengal en kurde), est située dans le nord-ouest irakien, proche de la frontière de Syrie. Une colline appelée Tell Hamoukar indique qu’une civilisation urbaine a existé dans la vallée et la plaine de Sinjâr il y a 6000 ans. La population majoritairement kurde, de religion yézidie, comprend aussi une minorité de chrétiens assyriens et de musulmans sunnites. Le yézidisme est une religion monothéiste qui puise une partie de ses croyances dans le zoroastrisme, que Nietzsche a contribué à faire connaître en Occident en publiant une œuvre philosophique magistrale “Ainsi parlait Zarathoustra” du nom de son prophète et fondateur. Comme pour les musulmans et les chrétiens, le bien et le mal occupent une place importante chez les Yézidis. On ne connaît pas le nombre exact de Kurdes yézidis (entre 300 000 et 800 000 dit-on) car, poursuivis comme des criminels en Turquie et en Irak, nombre d’entre eux ont été obligés de s’exiler en Europe. Ils seraient 50 000 en Allemagne. La ville de Sinjâr, lieu sacré des Kurdes yézidis, est devenue une cible pour les organisations islamiques depuis 2007, quand des attentats à la bombe islamistes ont fait plus de 700 victimes civiles.

Dans la mosaïque des peuples du Moyen Orient, Sinjâr n’est pas seulement le symbole de l’identité religieuse et culturelle des Yézidis kurdes, mais aussi un lieu stratégique et militaire pour les djihadistes de l’EI, Sinjâr se situant près de la frontière irako-syrienne, mais aussi entre deux régions kurdes, le Rojava et la Région autonome du Kurdistan d’Irak.

En attaquant la région de Sinjâr et en cherchant à en prendre le contrôle, l’EI cherche à enfermer totalement le canton de Djezire et le Rojava en lui interdisant les points de passage avec le Kurdistan irakien.

André Métayer