Solidarité avec les populations du Kurdistan de Syrie contre la folie djihadiste

Au nord de la Syrie livrée au chaos depuis trois ans, le Rojava se trouve dans une situation délicate et paradoxale. Après avoir été relativement épargné par les combats, il a vu sa situation changer à partir de l’été 2013 : il est depuis l’objet d’attaques incessantes de la part des djihadistes du Front al-Nosra et de l’EIIL. Ses frontières sud sont entièrement contrôlées par les djihadistes, qui tiennent aussi deux corridors divisant la zone en trois et rendant toute circulation impossible. Coté turc, au nord, c’est un véritable blocus. La complicité du gouvernement turc avec les djihadistes ne fait plus de doute. Le CHP, parti d’opposition, accuse ouvertement le gouvernement Erdogan d’avoir envoyé des camions remplis d’armes aux militants de l’EIIL et promet d’en apporter la preuve. Le député CHP d’Istanbul Ihsan Özkes, par ailleurs, a rendu publique une circulaire au contenu éloquent :

la province de Hatay a une importance stratégique concernant le franchissement de la frontière entre notre pays et la Syrie. Le soutien logistique aux groupes islamiques, leur entraînement et la prise en charge des blessés seront principalement assurés à partir de cette région. L’Organisation nationale du renseignement (MIT) et les autres institutions concernées ont été chargées de ces missions.

Les combattants kurdes sont isolés mais déterminés

Depuis le 2 juillet, l’EIIL a lancé une nouvelle offensive sur Kobane et cette fois il dispose d’armes lourdes (tanks) et de haute technologie, sur lesquelles il a mis la main en Irak ces dernières semaines. Le Congrès national du Kurdistan (KNK) a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour “arrêter les crimes de l’EIIL contre l’humanité”. Les combats continuent à faire rage et, malgré leur isolement, les combattants kurdes résistent victorieusement. Les autorités kurdes ont décrété la mobilisation générale. Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) apporte son soutien. La Coordination nationale Solidarité Kurdistan (CNSK) demande à la communauté internationale et en premier lieu à la France de tout mettre en œuvre pour favoriser un règlement politique, dans le cadre du droit international.

André Métayer

Communiqué de la CNSK

Depuis le 2 juillet 2014, les forces djihadistes de l’EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant) ont lancé une offensive de grande envergure contre la province de Kobanê au Kurdistan syrien. De nombreuses victimes sont à déplorer et des villages entiers sous le feu de leurs armes.

Disposant de l’armement lourd abandonné par l’armée irakienne à Mossul, l’EIIL tente d’élargir le territoire autoproclamé du « Califat ». De nombreuses exactions sont commises à l’encontre des populations civiles, parmi lesquelles des enfants et des femmes.

Ces attaques représentent aussi un grave danger pour celles et ceux qui aspirent à la paix, à la démocratie et la liberté. Nous appelons de tous nos vœux un règlement politique des conflits actuels dans une région qui, chaque jour, se transforme en poudrière.

L’EIIL bénéficie du soutien de la Turquie qui organise la porosité de sa frontière avec la Syrie et permet ainsi l’acheminement de matériel et des combattants au profit des djihadistes. Ceux-ci bénéficient également de la manne financière du Qatar, de l’Arabie Saoudite et autres émirats du Golfe Persique.

Au prix de lourds sacrifices, les forces militaires kurdes résistent avec courage et détermination sur les trois fronts ouverts, afin de mettre en échec cette tentative. Elles sont aujourd’hui le seul rempart contre le terrorisme et tous les extrémismes.

Les organisations françaises soussignées, rassemblées avec la Coordination Nationale Solidarité Kurdistan, leur expriment tout leur soutien et invitent toutes les forces qui aspirent à la paix à manifester à ces populations kurdes leur solidarité.

Afin de mettre en échec les visées de l’EIIL, la communauté internationale – et en premier lieu la France – doit tout mettre en œuvre pour favoriser un règlement politique, dans le cadre du droit international.