Triple assassinat des militantes kurdes à Paris : 10 ans d’infamie, ça suffit !

C’était le 9 janvier 2013, un mercredi. Ce jour-là, trois militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, ont été froidement assassinées, en plein jour, au cœur de Paris, par un agent du service de renseignement turc (MIT). 10 ans après, l’horreur, la tristesse et la colère restent toujours vivantes dans le cœur et la mémoire des Kurdes et de leurs amis.

Le Conseil démocratique kurde en France (CDKF) lance un appel pour une grande manifestation à Paris pour exiger des autorités françaises la levée du secret défense, premier pas d’une opération Vérité et Justice qui doit être conduite jusqu’à son terme.

Pourquoi l’État français protège-t-il les commanditaires ?

C’est évidemment la question dont nous exigeons la réponse. Le 9 janvier 2014, un an jour pour jour après ce triple assassinat, j’interpelais Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, en visite à Rennes et lui demandais de dénoncer ce crime, ajoutant que je craignais que cette affaire ne soit étouffée au nom de la raison d’Etat. Le Ministre, entouré de journalistes et de cameramen, m’a répondu en substance que cette affaire lui tenait à cœur et que la procédure irait jusqu’à son terme. Dans « Rojbîna me » (édité par les AKB, juillet 2018) où je relate la scène, je rappelle que la justice française a pu recueillir de nombreux éléments lui permettant, de “suspecter l’implication le MIT (Services secrets turcs), dans l’instigation et la préparation des assassinats” comme le démontre le réquisitoire définitif. C’est pourquoi je suis particulièrement choqué par les obstructions des autorités françaises. Le revirement fut spectaculaire, l’émotion passée, la raison d’Etat, à l’évidence, a primé et il n’a plus été question de rechercher l’origine de ce triple assassinat. La priorité a été donnée, dès le 27 janvier 2014 “au renforcement du cadre stratégique de coopération en matière de sécurité et de défense” avec la Turquie dans la lutte contre Daech. Malgré la gravité du fait, Le président Hollande et son Premier ministre Manuel Valls oublieront les assassinats de Paris “au nom de la sécurité nationale” comme l’a confié un haut fonctionnaire qui veut rester anonyme. La preuve en fut donnée le 10 février 2015 quand, après avis de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), les juges se trouveront en possession d’une quarantaine de notes confidentiel-défense qu’une déclassification partielle a rendu inutilisables. Que cachent ces notes ? Il est essentiel que le secret défense soit levé, que la vérité soit établie et que la justice soit rendue.

Tous à Paris, Gare du Nord, le 7 janvier 2023 à 10h

C’est pourquoi, avec le CDKF, nous appelons les citoyennes et citoyens français à se joindre à la grande marche du 7 janvier 2023.

Nous appelons les élus de la République, de quelque bord qu’ils soient, à se joindre à notre manifestation avec leur écharpe tricolore afin de revendiquer la justice et de mettre fin à cette impunité qui menace l’honneur de la France.

Nous appelons les défenseurs de la justice, les avocats, à se joindre à la manifestation avec leur robe afin de symboliser la primauté du droit et de revendiquer la justice aux côtés des familles des victimes et de milliers d’autres manifestants.

Nous demandons aux organisations politiques, syndicales et associatives de nous rejoindre pour porter haut nos voix et notre quête de justice.

André Métayer

communique9janvier