Turquie : Les réformes démocratiques se font attendre

Élections libres

Ankara, jeudi 3 février. L’union des journalistes dénonce une vague de licenciement sans précédent dans les médias turcs : sont particulièrement visés les journalistes qui auraient présenté le parti au pouvoir sous un jour défavorable ou révélé des violations des droits humains. Pour l’union des journalistes, c’est une première mesure d’un plan pour contrer l’opposition politique en vue de la préparation des élections législatives de juin prochain.

Droit syndical

Ankara, vendredi 4 février. 10 000 manifestants ont été violemment dispersés par les forces de police, faisant de nombreux blessés. Ils venaient, à l’appel de leurs syndicats, demander le retrait des lois modifiant le code du travail et réduisant sensiblement leurs droits, alors qu’ils sont déjà durement exploités. L’ironie du sort voulut qu’au même moment, dans un quartier tout proche, 16 ouvriers périssent dans les flammes de leur usine en feu, les pompiers n’ayant pas pu maitriser l’incendie faute de moyens en eau suffisants :

Les citernes des camions-pompiers étaient vides, note l’association des juristes progressistes, alors que les canons à eau des forces de l’ordre étaient utilisés pour réprimer les travailleurs défendant démocratiquement leurs droits.

Droit à une justice indépendante

Siirt, samedi 5 février. Les familles de personnes disparues ont organisé une marche sur les lieux de la découverte d’un deuxième charnier au lieu dit “Newala Kasaba” pour demander que justice soit faite. Des milliers de manifestants, dont Ayla Akat Ata, Députée de Batman, sont venus de Diyarbakir, Mardin, Sirnak et Kurtalan pour soutenir la manifestation, avec l’appui de Meya-Der (association d’aide aux familles de tués), IHD (Association pour la Défense des Droits humains) et la section de Batman du Barreau des avocats : la manifestation s’est heurtée aux forces de sécurité qui ont procédé à des interpellations. Un sit-in est organisé chaque semaine par IHD à Diyarbakir pour que soient élucidés les crimes “à auteurs inconnus” et que les coupables soient traduits en justice (photo).

Droit à étudier

Istanbul, samedi 5 février. L’IHD publie un rapport sur les violences dont ont été victimes les étudiants kurdes à l’Université de Marmara. Selon l’IHD, la pression a été telle que certains n’ont pas eu d’autre choix que de quitter l’université,

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Droit à revendiquer son identité

La revendication identitaire est venue spectaculairement sur le devant de la scène avec le procès de Diyarbakir des 151 personnalités kurdes réclamant le droit de présenter leur défense dans leur langue maternelle. Cette demande a été refusée et le procès ajourné au 18 avril prochain (en attendant, les 2 000 détenus politiques restent scandaleusement en prison). Pour autant, la campagne pour “la vie en deux langues” continue comme le montre la section de Hakkari de l’IHD qui accroche sa nouvelle enseigne écrite en deux langues.

André Métayer