Ils photographient l’âme kurde : François et Gaël exposent au Carré Lully de l’Opéra de Rennes

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François Legeait et Gaël Le Ny débordent de tendresse dans l’art de montrer à travers leurs photographies les hommes, les femmes, les enfants qu’ils rencontrent, ou plutôt leurs photos sont le reflet de la tendresse qu’ils éprouvent pour leurs personnages qui, à travers leur regard, leurs gestes leur rendent la pareille.

Photographes engagés, ils exposent au Carré Lully de l’Opéra de Rennes des photos qu’ils signent conjointement et qu’on peut retrouver dans un livre qui vient de paraître aux Editions de Juillet, accompagnées de textes d’Élie Guillou, chanteur, comédien et parolier et de René Péron, chercheur au CNRS en sociologie urbaine. Tendresse, oui, mais aussi lucidité, ces photos pleines de réalisme n’en manquent pas. François et Gaël nous font entrer au cœur d’un quartier bidonville de la ville métropolitaine de Diyarbakir, Ben û Sen, qui veut dire “Moi et Toi”. Ce n’est pas le travail de deux touristes qui font un aller et retour dans la journée et qui publient, le lendemain, un reportage photo. Non, c’est un travail qui a commencé il y a trois ans par des ateliers de photos avec les enfants du quartier. C’est le fruit d’une longue maturation qui laissera des traces. Les Amitiés kurdes de Bretagne sont fières d’être à l’origine du projet et de l’avoir soutenu.

François Legeait

f._legeais.jpgFrançois Legeait : photographe indépendant, auteur de plusieurs ouvrages aux Editions de Juillet, dont « Destins Clandestins » et « Palestine 141 ». De Naplouse à Calais et de Belfast à Diyarbakir, son travail allie toujours photographie et engagement. Droits des minorités, stigmatisation des territoires et problématique des réfugiés y sont des thèmes omniprésents :

cela fait 6 ans que je travaille sur la Palestine ; presque 4 sur le Kurdistan ; déjà 8 sur Calais : des centaines de jours sur le terrain, des milliers d’images, et des engagements bien au delà de la photographie. Le temps passé, le travail accompli, me donnent une légitimité – autant qu’une obligation morale – à prendre position. Je poserai donc de temps en temps l’appareil photo pour me saisir d’un stylo et vous faire partager mes points de vue. Mais n’est-ce pas finalement ce que je fais depuis toujours, moi qui, atelier après atelier, enseigne à mes élèves qu’une photographie, c’est avant tout un point de vue ?

Gaël Le Ny

_dsf8210_r.jpgNé en 1969, Gaël Le Ny est photographe indépendant. Passionné de reportage et de portrait, sensible aux droits des minorités, il poursuit depuis 2002 un travail au long cours relatif à la question kurde. Son reportage autour de la communauté de Rennes, “Karapinar”, l’a conduit jusqu’à Diyarbakir (Turquie), Erbil (Irak), et Qamislo (Syrie). Camps de réfugiés yézidis au Rojava, au Kurdistan d’irak et à Diyarbakir, forces combattantes du PKK dans les monts Qandil, du PYD au Rojava, peuple en fête, peuple au travail, peuple en lutte, peuple en joie, peuple dans la peine, Gaël est là. Depuis 2006, il accompagne aussi le festival Etonnants Voyageurs dans ses aventures à travers le monde (Israël, Mali, Congo, Haïti). Gaël est avant tout un photographe, c’est son métier, mais photographier les Kurdes c’est devenu pour lui une passion, c’est sa façon à lui de témoigner. Il dira à propos des Kurdes de Karapinar :

quelle émotion dans les regards de ces hommes et de ces femmes détruits en même temps que leur village incendié par l’armée turque ! La photographie permet de comprendre l’autre ; pas besoin d’interprète”. Il dira aussi, après son retour de Qandil : je voulais voir au bout de mon objectif ces hommes et ces femmes qui acceptent de vivre dans des conditions extrêmes pour défendre une cause, en sachant pertinemment que cet engagement sera sans retour avant longtemps.

André Métayer

“Ben û Sen”, une exposition photographique au Carré Lully de l’Opéra de Rennes jusqu’au 5 décembre 2015

Ouverte tous les jours (sauf les dimanches et lundis) de 13h à 19h.

Mercredi 2 décembre (18h et 20h) : La Veuve Joyeuse