Des négociation turco-kurdes sont engagées pour mettre fin à un conflit qui dure depuis quarante ans et trouver une solution politique à la question kurde.
Comme en 2015 ? Non, plus sérieusement. A la différence de 2015, tous les partis politiques turcs et kurdes, se sont prononcés pour qu’un accord de paix entre belligérants soit trouvé, les uns par conviction, les autres, par nécessité, devant trouver des solutions à une situation économique trop profondément dégradée pour espérer pouvoir jouer le rôle géostratégique que la Turquie ambitionne.
L’originalité fut que la proposition de négociation vienne, contre toute attente, du chef du parti du mouvement nationaliste (MHP), Devlet Bahceli. Cet allié du président turc Recep Tayyip Erdoğan veut sans doute sortir la Turquie de l’impasse dans laquelle elle se trouve : la colère gronde dans les couches populaires qui souffrent d’une inflation galopante, les milieux d’affaires sont inquiets, et la politique étrangère de président Erdoğan soulève plus d’interrogation et de méfiance que de sympathie et d’adhésion sur la scène internationale : la Turquie est un allié, certes, mais versatile , de ‘’circonstance’’ qui n’inspire que peu de confiance. Elle doit montrer une autre image : les routes du gaz et du pétrole qui traversent ou qui pourraient traverser la Turquie exigent une stabilité et des garanties.
La guerre fratricide entre Turcs et Kurdes doit cesser. C’est non seulement le sentiment de tous les partis turcs, (à l’exception de quelques formations d’extrême gauche et d’extrême droite), des partis kurdes des quatre parties du Kurdistan, mais aussi du leader historique, Massoud Barzani. https://www.akb.bzh/negociations-en-cours-pour-la-paix-au-kurdistan-barzani-mediateur/.
DEM PARTY à la manœuvre, Öcalan aussi
DEM (Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie) est fortement engagé dans le processus de négociation depuis qu’une délégation de ce parti s’est entretenue avec Abdullah Öcalan, leader charismatique du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More (Parti des Travailleurs du Kurdistan), https://www.akb.bzh/le-dem-parti-a-la-manoeuvre-porteur-du-message-docalan/, DEM Parti soutient, auprès de tous ses interlocuteurs. les propositions d’Abdullah Öcalan. Ces propositions qui furent aussi entendues par ‘’Qandil’’, les combattants du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More. Un congrès extraordinaire, – auquel Öcalan participa par téléphone-, fut convoqué et vota sa dissolution. Cette décision ayant été actée, sa mise en application , et notamment celle du dépôt des armes, fait l’objet de négociations. Une guerre qui dure depuis quarante ans ne peut s’arrêter d’un coup de baguette magique et si des combats sporadiques de défense se poursuivent, çà et là, aux abords des monts Qandil, les attaques menées par les drones contre les positions du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More sont suspendues. Au RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More également, on assiste à une certaine retenue de l’armée turque.
Abdullah Öcalan est enfin reconnu comme l’interlocuteur incontournable et ses conditions de détention s’en trouvent modifiées, Fini l’isolement total ; les visites familiales ont repris, celles de délégations aussi , plus ou moins officielles, plus ou moins discrètes. D’autres détenus ont rejoint la prison d’Imrali pour rompre l’isolement carcéral et fournir les premiers collaborateurs au ‘’négociateur en chef’’ qui a besoin de moyens de travail pour accomplir sa tâche. Des petits pas dans l’attente d’une libération totale exigée par la partie kurde. Ces petits pas sont encourageants mais pas suffisants. Si l’État turc veut sincèrement et sérieusement faire la paix, il doit répondre positivement à cette demande non négociable.
Remzi Kartal participe aux négociations
Remzi Kartal, co-président du KONGRA GEL, le Congrès du Peuple du Kurdistan, organe politique représentatif des 4 parties du Kurdistan et de la diaspora, (« organe politique » du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, pour le gouvernement français) a rejoint, à la demande d’Abdullah Öcalan, la délégation kurde qui a la lourde tâche de négocier. Il était, en Irak pour participer à deux réunions particulièrement importantes, à Erbil, la capitale du Gouvernement régional du Kurdistan, avec le leader historique kurde d’Irak Massoud Barzani, à Souleimaniyeh, deuxième grande ville du Kurdistan irakien, avec Bafel Talabani, président de l’Union patriotique du Kurdistan (UPKUnion patriotique du Kurdistan, parti du clan Talabani, dirigeant le sud du KRG. More), l’autre formation historique des Kurdes en Irak https://www.akb.bzh/negociations-en-cours-pour-la-paix-au-kurdistan-barzani-mediateur/
Il a pu, à cette occasion, avoir une conversation téléphonique avec Abdullah Öcalan. Les deux hommes se connaissent bien. Remzi Kartal élu, en 1991, à la Grande Assemblée de Turquie comme député, destitué en 1994 avait été exfiltré vers l’Europe. Homme de paix, Remzi. Kartal a participé aux négociations, dites du processus d’Oslo, entre le gouvernement turc et le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, brutalement stoppées par R.T. Erdoğan en 2015. Il a fait l’objet, en 2017, d’une tentative d’assassinat à Bruxelles par un escadron de la mort venu de Turquie. Remzi. Kartal qui jouit d’une aura auprès de diaspora kurde en France et en Europe, sait défendre avec talent et conviction le projet, élaboré par A. Öcalan, d’une confédération démocratique des peuples du Moyen-Orient qui est au cœur des négociations. La démocratisation de la Turquie, et la liberté d’opinion, c’est l’enjeu des négociations. Elles feront nécessairement débat au Parlement qui devra légiférer. La route sera longue et la pression internationale sera utile. Mais, auparavant, les Kurdes attendent un geste important : la libération de tous les détenus politiques kurdes.
Des milliers de détenus politiques kurdes croupissent encore dans les prisons de Turquie
La libération de tous ces détenus politiques est exigée sans condition, ni exception. Gültan Kişanak, qui participe aux négociations, saura plaider particulièrement leur cause . Maire destituée de Diyarbakir, condamnée à 11 ans et 3 mois d’emprisonnement pour “appartenance à une organisation illégale” et à trois autres années d’emprisonnement pour “propagande en faveur d’une organisation illégale”, autrice du livre “Kürt Siyasetinin, Mor Rengi” (La couleur pourpre de la politique kurde) qu’elle a écrit en prison, – une ode au combat des femmes -, Gültan Kişanak, en liberté depuis mai 2024, n’a rien perdu de sa pugnacité.
Les négociations semblent avancer sur ce point, la décision du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More de se dissoudre et d’abandonner la lutte armée rendant possible, juridiquement, de considérer comme obsolète l’argument de collusion avec une entreprise terroriste qui envoyait en prison nombre de militants sans qu’il soit prouvé formellement une réelle appartenance. Déjà les détenus maintenus en détention, nonobstant ayant purgé la totalité de leur peine, ont été libérés ou sont en voie de l’être. Une autre décision touchant la libération de détenus gravement malades est attendue incessamment. Le compte n’y est pas, bien sûr. Mais les négociations continuent et personne n’a encore claqué la porte.
André Métayer