Abdullah Demirbas, Gülcihan Simşek et les autres… toujours en prison

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A-_Demirbas-2.jpgAbdullah Demirbas, maire d’arrondissement de Diyarbakir, en détention provisoire depuis le 24 décembre 2009, fait partie des victimes des grandes rafles qui ont touché plus de 2 000 Kurdes : maires, anciens maires, élus locaux et régionaux, cadres administratifs, syndicalistes, avocats, militants politiques et associatifs.

Pour Abdullah Demirbas, une libération pour raisons médicales s’impose

Abdullah Demirbas, que nous connaissons particulièrement et dont nous avons pu apprécier le militantisme responsable, souffre d’une très grave maladie cardiaque, une thrombose veineuse profonde (TVP) nécessitant des soins médicaux urgents que l’administration pénitentiaire lui refuse. Une libération pour raisons médicales s’impose. Le cas d’Abdullah Demirbas n’est pas un cas isolé et notre ami Kadir (de Redon), qui purge une peine de 11 ans de prison à Izmir, se plaint des yeux, maladie fréquente chez les détenus dans des conditions d’isolement complet : c’est le syndrome du mur blanc comme seul horizon. L’IHD (Association des Droits de l’Homme de Turquie) signale que 42 prisonniers politiques incarcérés dans les prisons turques sont dans un état très grave, notamment ceux atteints du syndrome de Wernicke-Korsakoff, de paralysie et de cancer. Guler Zere, privée de soins en milieu carcéral durant 14 ans, vient de succomber à un cancer généralisé, six mois après une grâce présidentielle et une libération sciemment tardive : une nouvelle façon d’appliquer la peine de mort en Turquie.

Une délégation des Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) qui s’est rendue au Kurdistan de Turquie pour célébrer le Newroz à Hakkari en mars dernier, avait aussi pour but de visiter, dans les prisons de Diyarbakir, Abdullah Demirbas ainsi que les anciens maires de Hakkari, Viransheir et Bostaniçi : Kazim Kurt, Emrullah Cin et Gülcihan Simşek, avec laquelle nous sommes en correspondance suivie.

parents_Simcek.jpgSolidarité autour et avec Gülcihan Simşek

Gülcihan Simşek est détenue sans jugement depuis 13 mois ; elle reste combative même en prison : elle a déjà goûté au “mitard” pour avoir organisé des grèves de la faim. La délégation a profité de son passage à Van pour rendre visite à sa famille ; ce fut un grand moment d’émotion passé avec cette famille meurtrie dont la dignité force l’admiration. Gülcihan est considérée comme une icône mais ni elle, ni sa famille ne demandent un régime de faveur : la défense est collective et les collectes d’argent profitent à tout un chacun ; il en est de même pour les choses plus futiles à nos yeux : “vos jolies cartes postales font le tour du dortoir carcéral ; toutes les co-détenues en profitent” nous a écrit Gülcihan en réponse à notre opération “cartes postales” (qui continue) ; en prison, chaque geste d’attention , chaque geste d’affection compte, même les plus simples.

AKB devant la porte de la prison de Diyarbakir.

La demande de “parloir”, que nous avons présentée au ministère de la Justice, avec l’appui de parlementaires français et de l’ambassade de France à Ankara, nous a été refusée au motif “qu’au regard des dispositions du règlement des visites aux détenus et prévenus, (notre) demande de visite n’a pas pu être accordée”.

Nous ferons aucun commentaire mais, devant la prison, Jean Claude Riou, chef de la délégation AKB, a tenu une conférence de presse pour manifester réprobation et soutien :

Devant cette prison où sont enfermés femmes et hommes, militants de la paix et des droits humains, nous tenons à les saluer et à dire que leur seul crime est d’avoir considéré que la liberté d’expression est la première des conditions pour se reconnaître mutuellement et entrer dans les voies de la paix ; on n’arrête pas le peuple et ses élites quand leur marche est pour la reconnaissance de leurs droits fondamentaux ; n’est-il pas de l’ordre de la raison de vouloir, pour construire, rassembler toutes les bonnes volontés sur des valeurs communes qui respectent les différences et valorisent les ressemblances ?

André Métayer
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