Agressions turques à Brest : ‘ils’ ont osé frapper un journaliste

Un commando turc est venu samedi dernier provoquer violemment des militants de différentes organisations démocratiques brestoises et kurdes rassemblés pacifiquement, à l’appel des Amitiés kurdes de Bretagne, pour protester contre l’intervention militaire de la Turquie en Syrie, dans la région kurde appelée Rojava.

Sabri, Ali, Abidin et Ibrahim ont été jetés à terre et proprement tabassés. Ils souffrent de contusions multiples. L’un est sérieusement blessé à l’œil, un autre souffre de troubles auditifs, un troisième a dû se faire recoudre une lèvre tuméfiée. Aucun Européen n’a été touché, les consignes ont été suivies à la lettre. Il s’agit donc bien d’une opération télécommandée, planifiée et conduite comme telle. Les relais locaux de l’ambassade de Turquie et du MIT (services secrets turcs) ont bien fonctionné. Il fallait montrer les muscles et régler au passage le compte de celui qui était venant de Lorient en soutien solidaire mais aussi pour couvrir cette manifestation en tant que journaliste : Sabri Bölek.

Sabri Bölek

Sabri ! Tout le monde connait la bonhomie, la gentillesse de ce maçon de 44 ans qui a été obligé de fuir son pays et de demander à la France l’asile politique. Réfugié à Lorient, il n’a pas oublié son métier de journaliste qui lui valut de passer près de sept années en prison, de 1994 à 2000, pour délit d’opinion. Il était jeune correspondant du quotidien kurde Özgür Gündem, couvrant l’actualité des villes d’Igdir, Agri, Erzurum et Kars, quand il eut à connaitre les exactions commises par l’Etat turc et les dénonça. Comme aujourd’hui, pour plus de 150 d’entre eux en Turquie, Sabri a connu la prison dans des conditions qu’il tait pudiquement. Pour lui l’essentiel est dans la défense de la liberté, des libertés, à commencer par la liberté d’expression. Sabri relaie régulièrement dans les medias kurdes l’actualité bretonne quand elle défend la cause kurde et livre son point de vue de journaliste sérieux, documenté, n’hésitant pas à nous faire partager ses photos, évidemment gratuitement, ce dont je le remercie chaleureusement. Même à Brest, il a fait son métier jusqu’au bout. Il est revenu blessé, choqué, mais avec une vidéo qui sera très utile pour décrypter l’agression, une agression stupide et dérisoire qui se retourne contre les agresseurs.

Le contre-feu que les Turcs de Brest tentent d’allumer

Dans la presse locale, on apprend qu’un Brestois d’origine turque qui buvait un café en terrasse du bar Le Lafayette dimanche 11 février aurait été agressé par les manifestants kurdes qui défilaient en protestation aux évènements de la veille.

Cet homme qui prenait des photos et des vidéos de la manifestation avec son téléphone portable nie être “un espion du consulat turc de Nantes”. Ce paisible client veut porter plainte mais tient à garder l’anonymat. Pas de chance pour lui, il a été reconnu : c’est lui qui, en 2013, est venu perturber une soirée sur le thème “Kurdistan” organisée au cinéma art et essai « Les Studios ». Il a fallu une intervention de plusieurs d’entre nous pour l’empêcher de frapper l’un de nos invités, le représentant en Europe du parti pro-kurde. Cet homme était tellement violent qu’il a fallu faire appel aux forces de l’ordre.

André Métayer

Communiqué du CDK du Grand Ouest

Nous sommes consternés après l’agression préméditée par les militants fascistes soutenus directement par le gouvernement turc contre nos camarades à Brest. Nous apportons notre soutien total aux blessés, Notre émotion est grande. Nous félicitons le courage de tous ceux qui militent pour la cause kurde. Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette agression lâche et dénonçons un acte ignoble. Nous attendons de l’Etat français que toute la lumière soit faite pour éclaircir les circonstances de cette attaque non pas spontanée, mais déjà réfléchie et préparée de façon très méthodique. Vive la solidarité internationale !

Pour la coordination du Conseil démocratique kurde du Grand Ouest (Nantes, Rennes), Sinan Zer