Des liens profonds unissent les Amitiés kurdes de Lyon et Rhône Alpes et les Amitiés kurdes de Bretagne

C’est par un beau samedi ensoleillé de septembre que les Amitiés kurdes de Bretagne nous convoquèrent pour leur assemblée générale à la Maison internationale de Rennes

écrit Thierry Lamberthod, président et fondateur des Amitiés kurdes de Lyon et Rhône Alpes (AKL), qui a effectivement participé à cette AG comme adhérent des AKB, qu’il avait rejointes dès 2011.

Membre actif depuis le 18 mai 2011, il participe chaque année à différentes missions au Kurdistan de Turquie (Bakûr) avec cette double casquette des AKB et des AKL, renouant ainsi une collaboration qui débuta dans les années 90 avec des pionniers aujourd’hui disparus (Jean-Pierre Lachaize et sœur Marie-France de la Cimade de Lyon). En rendant hommage à Arlette, disparue le 12 septembre 2018, Thierry rappela les liens tissés au sein des AKB :

j’ai découvert le Kurdistan en sa compagnie et tout de suite nous avons formé un quatuor amical avec Anne-Marie et Josette. Je n’oublierai jamais ses récits au Kurdistan en compagnie de sœur Marie-France. Arlette, nous continuerons ton action au côté du peuple kurde et de ceux qui se battent pour un monde meilleur.

Cette assemblée générale, c’est le temps des retrouvailles pour Thierry Lamberthod :

je retrouve mes compagnons de délégations au Kurdistan du Nord ainsi que de nombreuses personnalités ayant accompagné ces 25 ans de luttes aux côtés des Kurdes… Vient alors le temps de convier les participants de cette AG à la présentation officielle et à la dédicace du livre d’André Métayer, “25 années aux côtés du peuple kurde”. Je pose trois questions à André Métayer, président-fondateur des Amitiés kurdes de Bretagne.

Interview d’André Métayer

André, 25 ans après la création des AKB, quel regard portes-tu sur le soutien au peuple kurde en France ?

Un regard ému… Partout, en Bretagne, en France et même au-delà, il y a des hommes et des femmes qui se sont levés pour dire : ça suffit, ça suffit. Un regard un peu triste quand on constate le peu d’avancée obtenu par cette armée pacifique sur la résolution de la question kurde. Un regard néanmoins plein de confiance : le combat continue comme jamais, la relève est assurée (“Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place”). Et comme l’écrit Selahattin Demirtas : la roue finira bien par tourner.

Dans ces 25 ans de militantisme as-tu noté des avancées dans la cause qui nous anime ?

C’est l’histoire du verre à moitié vide et à moitié plein. Oui bien sûr, le Kurdistan n’est plus un mot inconnu, interdit. Je relate dans “25 années aux côtés du peuple kurde” l’étonnement des Kurdes venus de toute part à Douarnenez en 2003 pour le festival de cinéma, devant “Kurdistan”, touchés de voir ce mot encore interdit dans leur propre pays, s’afficher partout, même sur le macadam, tagué au pochoir pour indiquer … la bonne direction à prendre. Mais cette avancée significative est fragile et le mot Kurdistan risque de se banaliser. L’indifférence peut banaliser une cause juste.

Selon toi que faudrait-il faire pour amplifier ce soutien et dans quelle direction devons-nous nous orienter afin d’aboutir à une solution politique à la question kurde ?

Il faut clarifier la question de la lutte armée menée dans un pays de non-droit. Tous les défendeurs de la paix que nous sommes, tous les adeptes de la négociation dont nous faisons partie doivent approfondir leur réflexion et répondre à cette question : si j’étais kurde, militant pour l’acquisition de droits reconnus dans la déclaration universelle des droits de l’homme, je ferais quoi ? Je serais où ? En prison ? En exil ? Ou “à la montagne” ?

Il faut, c’est ma conviction découlant devant l’évidence que la Turquie n’est plus un État de droit, -et ce depuis des décennies – que le PKK soit rayé de la liste des organisations terroristes. J’écrivais déjà, en 2010 :

Toute la politique nationaliste de la Turquie est basée sur la nécessité de diaboliser, à l’intérieur des frontières, toute opposition qui revendique des droits et de la discréditer aux yeux de l’opinion internationale. La martingale qui a, jusqu’alors, marché au grand casino du bluff a été de faire inscrire le PKK, fondé en 1978, sur d’hypothétiques listes d’organisations terroristes et de considérer comme terroristes tous ceux et toutes celles qui refusent d’entrer dans cette logique. C’est au nom d’une certaine solidarité entre pays de l’OTAN qu’on assiste à certains dérapages comme ceux, récents, en Italie, en France et en Belgique et on peut se demander : à qui le tour maintenant ?