Faire cesser au plus vite les grèves de la faim : des vies sont en jeu

Depuis que la députée Leyla Güven ait envoyé un signal fort le 7 novembre 2018, une grève de la faim jusqu’à la mort est entamée par de nombreux Kurdes, notamment dans les prisons turques mais aussi à Strasbourg, siège du Parlement européen, dans une relative indifférence de l’opinion publique malgré un soutien de la presse régionale qu’on souhaiterait plus constant. Nous avons un peu honte d’en parler car cela heurte notre sensibilité, notre conscience. Il faut évidemment que cette grève cesse : des vies sont en jeu, des séquelles irréversibles guettent déjà des grévistes déterminés à aller jusqu’au bout. Leurs revendications ne sont pas déraisonnables et une intervention du CPT (Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants) pourrait faire cesser un régime carcéral appliqué à Abdullah Öcalan, soumis à un isolement complet depuis 2011 (hormis une visite autorisée d’une demi-heure d’un membre de sa famille en 2016) en toute illégalité par rapport au droit international.

Il faut trouver une issue et, seule, une pression internationale peut contraire le président Erdoğan, qui vient de subir un revers électoral – revers relatif mais réel – à faire cesser une situation contraire au droit et à la morale qui relève de l’arbitraire et de la cruauté.

Intervention du HDP auprès du conseil de l’Europe

Une délégation composée de Hisyar Ozsoy et Feleknas Uca, membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) et de Fayik Yagizay, représentant du HDP, a rencontré Thorbjørn Jagland, secrétaire général du Conseil de l’Europe et lui a réitéré sa demande d’intervention auprès du président turc Erdoğan pour qu’une solution soit trouvée à la question qui a déclenché les grèves de la faim, celle de la situation d’isolement complet qui est imposée à Abdullah Öcalan. Thorbjørn Jagland a fait part de ses précédentes démarches auprès du ministre des Affaires étrangères de Turquie, Mevlut Cavusoğlu. La délégation a souligné que les grèves de la faim avaient atteint des niveaux critiques et a demandé au secrétaire général du Conseil de l’Europe d’engager un dialogue avec la Turquie en vue de résoudre le problème.

Lettre au président de la République française

b._revollon.jpgUn Collectif de soutien[[Zin pour les femmes – Centre démocratique du Peuple kurde à Strasbourg – MRAP Strasbourg – Les Amis du Peuple kurde en Alsace – PCF 67 – Mouvement de la Paix 67 – Justice et Liberté – Partizan – NPA – ACAP – CCA – MJCF 67 – Solidaires Alsace – FSU 67 – PCOF 67]] aux grévistes de Strasbourg ne cesse d’interpeller les associations de défense des droits humains, la presse, les élus et les organisations politiques. Aujourd’hui il s’adresse, sous la plume de Bernard Revollon, co-président des Amis du peuple kurde en Alsace, au président de la République française :
Strasbourg, le 10 avril 2019
Objet : grévistes de la faim à Strasbourg
Monsieur le Président,
Depuis le 17 décembre 2018, 14 personnes kurdes sont en grève de la faim à Strasbourg, pour exiger la cessation de l’isolement de leur leader Abdullah Öcalan sur l’île-prison d’Imrali, isolement totalement contraire aux lois internationales de la détention (Monsieur Öcalan n’a plus reçu de visite de ses avocats depuis 2011 et d’un membre de sa famille depuis septembre 2016). Les grévistes de la faim demandent l’envoi par le Comité de Prévention de la Torture (CPT) du Conseil de l’Europe d’une délégation à Imrali. Leur état de santé est gravement altéré. Aussi je vous demande de bien vouloir intervenir auprès du gouvernement turc pour qu’il accorde, dans un 1er temps, un régime de détention normal à Monsieur Öcalan, et auprès du CPT pour qu’il réponde positivement à la demande des grévistes de la faim kurdes. Des vies sont en jeu. Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, notre dévouement à la cause humanitaire.
Pour le collectif de soutien : Bernard Revollon.

André Métayer