Interpellations de Kurdes à Rennes : les Amitiés kurdes de Bretagne réagissent

Ce n’est pas la première fois que le Kurde sert de monnaie d’échange pour faciliter les relations franco-turques, diplomatiques ou commerciales. Les Kurdes de Rennes n’échappent pas à la règle ! La Direction centrale de la police judiciaire – et plus précisément la sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et de la délinquance financière (SDLCODF) – était déjà descendue à Rennes, en mai dernier, pour auditionner, sans résultat, une cinquantaine de nos concitoyens kurdes rennais, au moment où – coïncidence- les Présidents français et turc finalisaient à Paris des accords visant à “augmenter de 50%, à 15 milliards d’euros, le volume des échanges commerciaux d’ici 2012”.

S’agit-il aujourd’hui de préparer un voyage de la présidence française du G.20 en Turquie ? Quoi qu’il en soit, des Kurdes ont été, mardi 7 décembre, interpellés à l’heure du laitier et leurs domiciles perquisitionnés : ordinateurs, téléphones portables, relevés bancaires ont été saisis ainsi que les économies trouvées en espèces chez l’un d’entre eux qu’on a menotté devant ses enfants. Placés en garde à vue pour une durée pouvant aller jusqu’à 72 heures, ils ont tous été remis en liberté au bout de trente huit heures sans “qu’aucune charge (ne soit) retenue contre eux en ce qui concerne, comme le note Ouest France, d’éventuels liens avec le PKK”, toujours présenté comme une organisation terroriste, le mot qui fait peur et qui est lâché pour faire peur.

Rappelons une fois de plus que l’inscription du PKK sur une liste des organisations terroristes ne repose sur aucune base juridique.

L’avocat Selahattin Demirtaş, Député de Diyarbakir, co-président du parti pro-kurde BDP (Parti pour la Paix et la Démocratie) et Président du groupe parlementaire BDP ainsi que tous les députés kurdes que nous avons rencontrés, tous les maires kurdes démocratiquement élus, dont le très respecté Osman Baydemir, maire de Diyarbakir, avec qui nous sommes en relations constantes, refusent, même au prix de leur liberté, de considérer le PKK comme une organisation terroriste.

Comment ne pas voir qu’une majorité de Kurdes se reconnaisse et s’identifie à lui ? Seuls ceux qui ne connaissent pas cette réalité peuvent croire qu’une solution existe en niant la nécessité d’un dialogue avec le PKK ou en voulant l’éliminer de la scène politique. Même le gouvernement turc admet qu’il négocie avec le détenu et Président du PKK Abdullah Öcalan et les enquêteurs de la SDLCODF feignent de s’étonner que son portait orne les murs d’AMARA, la Maison du Peuple kurde !

Le PKK n’est ni plus ni moins une organisation terroriste que ne l’ont été l’ANC de Nelson Mandela en son temps ou le Conseil national de la Résistance dans une période difficile de notre histoire.

André Métayer