Les Kurdes sont prêts pour des négociations en vue d’une paix juste et durable

Remzi Kartal, co-président du Kongra-Gel, la plus haute personnalité kurde en Europe, réfugié politique en Belgique, a reçu du ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, une notification d’une interdiction administrative du territoire au motif qu’il constituerait « une menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure de la France ».

Les Amitiés kurdes de Bretagne ont réagi et se sont mobilisées pour faire rapporter cette décision. Persuadées que la France commet une grave erreur vis-à-vis de Remzi Kartal, de la communauté kurde en France et de tous les artisans de la paix, elles exigent le retrait de cet arrêté et demandent que des contacts directs s’établissent entre les autorités françaises et le co-président du Kongra-Gel en vue de faciliter l’ouverture de négociations entre belligérants pour une paix juste et durable que les Kurdes appellent de leurs vœux depuis de nombreuses années.

Dans un communiqué (ci-dessous), la Coordination nationale Solidarité Kurdistan envoie, à son tour, une adresse ferme et très argumentée en direction du gouvernement français l’appelant non seulement à « lever immédiatement cet arrêté » mais également à « établir des liens directs avec le co-président du Kongra Gelê, acteur incontournable de tout processus de paix ».

André Métayer

Remzi Kartal est le bienvenu en France

Avec stupéfaction, nous avons appris la décision de priver R. Kartal d’entrer et de séjourner en France.
R. Kartal est personnalité éminente du mouvement kurde en Europe. Il co-préside le Kongra Gelê (Congrès du Peuple du Kurdistan). Pour le ministre de l’Intérieur, G. Darmanin, cette formation est liée au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) justifiant l’arrêté au motif qu’il constituerait « une menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure de la France ».

Cet arrêté de 23 avril 2021 n’a été porté à sa connaissance que le 30 mai 2023. Durant ces deux années, R. Kartal a poursuivi ses activités sans porter atteinte à l’ordre public. Il s’agit d’une décision politique arbitraire.

Cette interdiction infondée traduit le double langage des autorités français. D’un côté, la criminalisation d’un dirigeant kurde dont Ankara souhaite obtenir l’extradition et de l’autre des propos encensant R. Kartal qui, selon l’arrêté, « jouit d’une aura auprès de la diaspora kurde en France et en Europe ».

Il a été élu député en 1991. Menacé d’arrestation, après la levée de son immunité, il fut exfiltré, avec d’autres parlementaires en 1994. Depuis, l’Etat turc s’acharne sur lui en dépit de son statut de réfugié politique acquis en Belgique. En 2017, il a fait l’objet d’une tentative d’assassinat à Bruxelles par un escadron de la mort venu de Turquie. Ismaïl Hakki Musa, ancien ambassadeur de Turquie en France, impliqué dans le triple assassinat de 2013, était à la manœuvre.

R. Kartal n’a commis aucun crime si ce n’est de vouloir poser politiquement la question kurde au sein des instances internationales.

Homme de paix, R. Kartal a participé aux négociations, dites du processus d’Oslo, entre le gouvernement turc et le PKK, brutalement stoppées par R.T. Erdogan en 2015. Alors que la France plaide pour la paix au Moyen-Orient, ce refus de recevoir R. Kartal est incompréhensible au regard des liens noués dans la lutte contre Daesh et résulte indéniablement de pressions turques auxquelles Paris n’est pas insensible.

Non seulement, le gouvernement de la France serait bien inspiré de lever immédiatement cet arrêté mais gagnerait, comme cela vient de se faire en Syrie du nord, d’établir des liens directs avec le co-président du Kongra Gelê, acteur incontournable de tout processus de paix.