Les plaintes étouffées de la prison d’Izmir… çà se passe en 2009

64 détenus de la prison d’Izmir ont porté plainte devant le Procureur de la République contre le directeur de la prison, son adjoint, le psychologue et deux responsables des relations sociales, coupables, à leur yeux, d’outrepasser les droits que leur confèrent leurs fonctions : ces personnels pénitenciers s’arrogeraient de pouvoirs arbitraires et exorbitants.

Tous ces détenus sont incarcérés, en cellule d’isolement, depuis de longs mois, voire depuis des années, dans les quartiers de haute sécurité d’Izmir de type F dont la mise en place était, aux dires des autorités turques, justifiée pour les raisons d’ordre politique, juridique, sanitaire ou sécuritaire mais qui sont, en réalité, une autre façon de condamner à la peine de mort des hommes et des femmes enfermées pour des raisons politiques en les détruisant mentalement et physiquement.

Cette situation carcérale qui favorise toutes les brimades, humiliations, mauvais traitements de la part d’un personnel qui peut agir en toute impunité est connue et a fait l’objet, dans les années 2000, de mouvements de protestation qui ont causé la mort de plus d’une centaine de “grévistes de la faim”. Mais rien n’a changé.

Les faits dénoncés sont gravissimes :

“les mauvais traitements vont croissant et les droits détenus, même ceux prévus par le législateur, sont bafoués, les sanctions disciplinaires pleuvent et sont infligées de façon arbitraire, émanant d’une autorité invisible ; les demandes concernant les besoins les plus humains ne sont pas satisfaites et nous font craindre pour notre vie ; le chaos étant permanent et l’anonymat la règle, les décisions notifiées ne sont pas signées ; cette situation influe sur notre psychisme et l’attitude méprisante et menaçante des responsables psycho-sociaux ne fait qu’aggraver les tensions”.

Aucun dialogue, aucun lien social, aucun droit à réclamation : silence, toi, “le poseur de bombe”.

Les plaintes précédentes n’ont pas abouties et les responsables mis en cause n’ont jamais été entendus par un juge, ce qui revient à dire qu’ils agissent sous couvert de l’autorité judiciaire.

Les plaintes de 64 détenus de la prison d’Izmir, dont nous connaissons les identités, nous rappellent que ce système carcéral perdure avec son cortège d’exactions maintes fois dénoncées.

Le procureur de la République de Turquie, saisi de l’affaire, a rendu son verdict :

1- sur la responsabilité du directeur et du directeur adjoint de la prison
2- sur la responsabilité du personnel psycho-social de la prison…
Il y a lieu au nom de l’intérêt public de prononcer un classement sans suite.
La présente décision sera notifiée aux plaignants et aux mis en cause.

C’est ainsi que le personnel du pénitencier d’Izmir peut continuer à étouffer les plaintes des détenus : il a l’appui du Parquet.

André Métayer