Procès de Diyarbakir

Le procès des 151 présumés coupables a tenu sa 1ère séance devant la 6ème Cour d’assises de Diyarbakir ce 18 octobre.

Les détenus et prévenus libres ont dû, avant de gagner le palais de justice, fendre une foule énorme venue les acclamer : rappelons qu’il s’agit de 151 maires, anciens maires, élus locaux, cadres du BDP, le parti pro kurde, présidents d’associations, tous militants pour “la Paix et la Démocratie”, accusés d’être membres d’une organisation prétendue “terroriste”.

Le procès a commencé par une bataille de procédure : à l’appel de leur nom, les prévenus ont répondu “présent” en kurde, indiquant par là même leur volonté de plaider en langue kurde, ce qui leur a été refusé.

De nombreux observateurs, journalistes, diplomates, maires, syndicalistes et avocats, venus de tous les coins de la Turquie et de l’étranger, se mêlent à la foule de militants kurdes ; le Mouvement de la Paix, la FIDH, Amnesty International sont présents ainsi que d’autres ONG.

Selon l’agence Bianet, seuls 16 journalistes, 50 observateurs et 50 avocats ont été admis dans la salle, ce qui a provoqué une vive altercation.

Le procès à été ajourné jusqu’à vendredi.

La délégation venue de France (Paris, Marseille, Isère, Corse) conduite par Joël Dutto, ancien Vice-président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, conseiller municipal de Marseille et conseiller communautaire Marseille Provence Métropole, présente à Diyarbakir dès ce 18 octobre, a tenu une conférence de presse devant le Palais de justice et fait une déclaration à laquelle nous souscrivons.

André Métayer

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Déclaration de la délégation venue de France

151 personnalités kurdes, des hommes et des femmes, dont une grande partie est emprisonnée depuis 17 mois, comparaissent depuis lundi devant la 6ème chambre de Diyarbakir. Représentants de plusieurs organisations de France venus en tant qu’observateurs, nous sommes d’abord inquiets de voir des maires et des conseillers municipaux – dont certains ont été élus avec plus de 60% des voix – être traduits en justice comme de vulgaires malfaiteurs. D’autres aident la population pour l’éducation des enfants, la formation professionnelle des adolescents ou la nourriture des familles.

Dès l’ouverture du procès, les avocats ont demandé – comme cela se fait dans les pays de l’Union européenne – que la défense des accusés puisse se faire dans leur langue maternelle, le kurde. Ils ont également dénoncé la violation du droit et des lois turques par des organes de police pratiquant les gardes à vue, les perquisitions et surtout, les écoutes téléphoniques en l’absence de tout mandat rogatoire ou de toute demande de juges.

Dans ces conditions, ce procès est entaché d’irrégularités, d’autant que les avocats – comme ils l’ont dit – n’ont eu accès que tardivement aux dossiers et de façon partielle.

Nous sommes d’autant plus préoccupés que ce procès ne concerne pas que la population kurde mais tous les habitants de la Turquie, d’autant que de nombreuses arrestations ont eu lieu depuis et que d’autres procès sont en cours. Vivre ensemble dans le respect des différences nous paraît être la base de toute conception démocratique au sein d’une société. La liberté, la paix et la démocratie, c’est ce que réclament les 151 prévenus. Une revendication que nous soutenons. Leur demande de pouvoir assurer la défense en langue kurde vient d’être refusé par le président du tribunal, qui suit ainsi l’avis du ministère public, c’est à dire le pouvoir central. De même, les prévenus incarcérés resteront en prison. A Diyarbakir, devant le tribunal, nous dénonçons ces décisions qui ne sont pas celles d’une justice indépendante et augurent mal des suites de ce procès qui n’est pas sans rappeler ceux menés par la junte militaire turque au début des années 80. Ici, à Diyarbakir, nous apportons notre soutien à ces maires, ces élus, ces militants politiques et associatifs injustement poursuivis. En France et plus largement en Europe, nous poursuivrons notre combat pour leur liberté, pour la reconnaissance des droits du peuple kurde et pour la démocratie en Turquie.

Le Mouvement de la Paix est aussi signataire de cette déclaration.

Je souscris à cette déclaration

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