Sirri Sakik, député kurde de Mus (1992/1994 et depuis 2007), sera à Rennes samedi prochain

C’était le 2 mars 1994. La police encercle le siège de la Grande Assemblée de Turquie pour se saisir de députés kurdes du DEP (Parti de la Démocratie) qui viennent de perdre leur immunité parlementaire : Orhan Dogan, aujourd’hui décédé et Hatip Dicle sont poussés dans les escaliers du Parlement à coups de pieds et de poings et embarqués manu militari dans une voiture de police ; Nizamettin Toguç, Naif Güneş, Mahmut Kılınç, Zübeyir Aydar, Ali Yiğit et Remzi Kartal seront exfiltrés vers l’Europe tandis que Leyla Zana, Ahmet Türk, Sirri Sakik, Mahmut Alinak, Selim Sadak, Sedat Yurttaş, retranchés à l’intérieur du Parlement, seront à leur tour interpellés deux jours plus tard : accusés de séparatisme et d’atteinte à l’intégrité de l’Etat, passibles de la peine capitale, ils seront jugés et condamnés sévèrement par la Cour de sûreté de l’État d’Ankara le 8 décembre 1994. Orhan Dogan, Hatip Dicle, Leyla Zana, Selim Sadak, condamnés à 15 années d’emprisonnement, ne retrouveront la liberté qu’en juin 2004 ; Sirri SAKIK sera moins lourdement condamné mais écopera néanmoins d’une peine de trois ans d’emprisonnement pour propagande séparatiste, peine confirmée le 26 octobre 1995 par la Cour de cassation.

Sirri Sakik sera là pour accueillir ses camarades à leur sortie de prison, le 9 juin 2004 :

cette libération est bien tardive, déclara Sirri Sakik, nous avons tous payé un lourd tribut pour obtenir plus de démocratie ; nous avons été accusés de trahison mais les événements nous donnent raison aujourd’hui.

Sirri Sakik n’a jamais cessé le combat militant : né le 1 août 1957 à Mus, au Kurdistan de Turquie près du lac de Van, non loin de la frontière iranienne, père de trois enfants, journaliste, élu député de Mus en 1992, il le sera à nouveau en 2007 sous l’étiquette du parti DTP (Parti pour une société démocratique) dont il est membre fondateur ; à sa dissolution, il rejoindra naturellement le BDP (Parti pour la Paix et la Démocratie).

4.jpgSiégeant à la Grande assemblée de Turquie, ce bouillant député n’hésite pas à “aller au charbon” et à défendre ses convictions avec une vigueur que ses adversaires politiques ne lui pardonnent pas ; mêmes dans ses relations courtoises avec des délégations étrangères, il sait se montrer ferme quant il s’agit de la question kurde : ainsi, interrompant Gérard Larcher, Président du Sénat français parlant de “minorité” à propos des Kurdes alors qu’il effectuait en septembre dernier une visite officielle en Turquie, Sirri Sakik apporta une précision qui obligea le Président à s’excuser :

Pour nous, les Kurdes, nous ne sommes pas une minorité ; nous sommes les fondateurs de la Turquie. Nous avons certes des problèmes mais nous en débattons et essayons de les résoudre. Et le Président de la Grande Assemblée Nationale de Turquie, Mehmet Ali Şahin, d’ajouter : Les Kurdes sont une partie importante de la société que nous avons tous en commun.

Il était important que ces choses là soient dites devant cette délégation de sénateurs français appartenant pour la plupart au groupe d’amitié France-Turquie.

André Métayer

Sirri SAKIK sera à RENNES samedi prochain 23 octobre

11 h 30 à la Maison internationale de Rennes, 7 quai Chateaubriand : rencontre avec la presse, les militants associatifs, syndicaux et politiques

13h30 à la Maison du Champ de Mars, cours des Alliés : conférence et dialogue avec la communauté kurde de Bretagne.